Merci à Aifelle pour la découverte de ce beau livre Les buveurs de lumière de Jenni Fagan paru aux éditions Métailié.
Il s’agit d’une dystopie et oui encore ! Cette rentrée littéraire en est prolixe, placée comme elle est sous le signe de la catastrophe écologique, du réchauffement, de la montée des eaux avec toutes les conséquences qui peuvent en découler. C'est la deuxième que je lis après Monde sans oiseaux.
Le lecteur est transporté au Nord de l’Ecosse, dans la ville de Clachan Fells, dans une région aux hivers déjà rigoureux en temps normal ! Mais il ne s’agit plus de normalité. Les glaces du pôle en fondant ont refroidi le gulf steam qui ne peut plus jouer son rôle régulateur. Un gigantesque iceberg aussi grand qu’un montagne s’est détaché et se dirige vers les côtes écossaises. Un épisode glaciaire qui touche le monde entier commence. Les températures ne cessent de descendre ! Le froid, la pénurie alimentaire, l’obscurité d’une nuit démesurée… La mort en perspective. C’est dans cette ambiance de fin de monde que vont se retrouver des personnages d’un milieu modeste, tous un peu marginaux, qui vont tenter de survivre, chacun dans leur caravane à peine mieux isolée qu’une boîte de conserve.
Et pourtant, curieusement, le livre est plein d’espoir. Il rayonne, en effet, de chaleur humaine et ceci sans jeu de mots car dans ce froid polaire ces personnages tenus à l’écart de la « bonne » société, sont d’une grande humanité. Ainsi est Dylan, le géant déboussolé qui vient de perdre sa mère et sa grand mère et le cinéma familial (en faillite) où s’est déroulé toute sa vie. Tous s’acceptent malgré leur différence, leurs faiblesses, ils s’entraident, ils font front. Ils sont décidés à lutter. On a l’impression en fréquentant cette petite poignée d’irréductibles que tout serait possible si les êtres humains le voulaient. Pourtant vous ne trouverez aucune trace de sensiblerie ou d’utopie dans ce livre. Ce monde est dur, les gens « comme il faut »rejettent ce qui n’est pas conforme à la norme. La petite Stella l’apprend à ses dépens d’une manière bien cruelle.. Et l’on meurt de froid dans la neige.
Et puis, autre source de bonheur dans ce roman, la beauté incroyable de la nature. Au moment où elle tue, elle expose les merveilles de ses arbres gelés, encapuchonnés de neige, de ses pénitents de glace, sa forêt de stalactites rutilantes, ses aurores boréales, ses trois soleils brillant faiblement dans le ciel. Un monde de blancheur scintillant, une profusion de beautés que le style poétique de l’écrivaine nous met sous le nez comme pour nous dire que la Terre est si belle qu’elle ne doit pas disparaître.