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mardi 27 août 2024

Edouard Peisson : Parti de Liverpool

 

Parti de Liverpool d’Edouard Peisson raconte l’odyssée de l’Etoile-des-Mers un splendide paquebot qui est chargé par les promoteurs de La Transocéanique d’accomplir le trajet jusqu’à New York en un temps record. On sait que Peisson s’est inspiré du Titanic pour écrire cette histoire mais il s’agit d’un roman et, à ce titre, l’écrivain a choisi un point de vue original pour conter librement l'histoire, celui de personnages fictifs, le commandant Davis, de son second Haynes ainsi que des hommes d’équipage.

Le commandant Davis est un vieux loup de mer ! En dix-sept ans, il n’a jamais eu un accident et il est entouré d’une légende, on dit de lui  : « Chanceux comme le capitaine Davis ». En réalité, la chance n’a rien à voir :  Davis  allie une haute compétence et des connaissances liées à une longue expérience,  à la prudence, à un sens de l’organisation qui ne laisse rien au hasard, à son besoin de tout contrôler. Toute sa vie est consacrée à la mer. Il n’a pas de famille, pas d’amis, sauf son second, Haynes, qui a compris la bonté qui se cache sous ses dehors bourrus de vieil ours. Nous faisons aussi connaissance des lieutenants :  Herwick 1er lieutenant, Simon 2e lieutenant et Gérard, 3e. Nous apprendrons à les connaître, surtout Simon le plus sympathique d’entre eux. Et puis il y a Grayson, le chef mécanicien qui a une importance capitale dans la marche du navire comme nous l’apprennent tous les romans d’Edouard Peisson. Enfin, les hommes d’équipages sont triés sur le volet par le second, « la fine fleur de Liverpool » quant aux matelots !

Le capitaine d’armement de la Transocéanique, Jorgan, a transmis les ordres : il faut que la navire maintiennent les 28 noeuds (ce qui a l’époque était une vitesse extrêmement élevée) et qu’il batte les records de la traversée transatlantique. Toutes les nations et les journaux ont les yeux fixés sur eux.

 Un roman à suspense
 
Edouard Peisson : un écrivain marseillais


Et bien même si l’on sait ce qui va se passer, même si l’on attend la collision avec l’iceberg, Edouard Peisson parvient à entretenir le suspense tout au long du livre. En particulier, quand le navire traverse les bancs de brouillard à l’aveugle au risque de couper en deux les doris des pêcheurs ou d’éventrer un chalutier, l'écrivain distille une savante angoisse. On retrouve ici les craintes des marins-pêcheurs de Capitaine courageux de Kipling mais vus du côté de l’équipage du paquebot qui est sur le qui-vive, doit doubler les quarts : « On ne mangeait plus, on ne parlait plus, on ne dormait plus. » et qui accusent d’insouciance les pêcheurs tellement acharnés à leurs lignes.

« Quelles bordées d’injures, quelles menaces lorsqu’un vapeur les rangeait de trop près. Un, quelques années plus tôt, n’avait-il pas tiré un coup de fusil sur le Saturnia ? Ah! Davis se souviendrait longtemps des gestes grotesques de l’homme noir dans la brume grise épaulant son arme et de la colère d’un passager qui criait : «  je porterai plainte ». Davis l’avait pris haut : «  si vous étiez dans son sabot, qu’est-ce que vous feriez ? » .

 Un roman psychologique et social
 
L'intérieur du Titanic

 

Mais si le récit est conduit d’une manière haletante, ce n’est pas sur le suspense que Peisson fonde les ressorts de l’intrigue mais plutôt sur les problèmes psychologiques que se pose le commandant car lire un roman de Peisson (je viens de finir Le sel de la mer) c’est rencontrer des hommes, c’est être confronté à la complexité des relations humaines et aussi de ce métier, de tout ce qui se joue dans un voyage au long cours.  Maintenir les 28 noeuds, oui, mais à quel prix ? Davis ne doit-il pas tenir compte de l’épuisement des « chauffeurs », ceux qui travaillent dans les soutes et dans des conditions  pénibles , éprouvantes ? Un commandant doit-il avoir à choisir entre l’obéissance à sa compagnie, gagner à tout prix cette course, et la sécurité de ses passagers, de son équipage et des pêcheurs qu’il croise sur sa route. Et lorsque des icebergs sont annoncés et constituent une menace, ne faut-il pas se dérouter, baisser la vapeur, prendre la décision de ne pas remplir sa mission ? On partage l’inquiétude du commandant, ses doutes, et, s’il prend conseil de ses subordonnés, en définitive, il reste seul face à cette responsabilité écrasante de commander un navire qu’il n'a pas encore eu le temps de connaître, avec la charge morale de plusieurs centaines de vie humaine. Peisson dénonce en même temps la responsabilité des commanditaires et de leur intermédiaire Jorgan, bien à l’abri dans leur bureau, qui n’hésitent devant rien pour accroître leur prestige et leurs bénéfices.

Le roman présente donc un aspect social qui rappelle que Edouard Peisson,  qui a été capitaine sur des cargos et des vapeurs et connaît bien la mer, a appartenu au groupe initié par Henri Poulaille  « des écrivains  prolétariens »  ; Ceux-ci dans les années 1930 sont définis au sens large comme des écrivains « s’intéressant au prolétariat et écrivant sur lui ».

« Il ne distingua d’abord qu’un grouillement d’hommes à demi-nus, puis brusquement l’obscurité fut trouée par la grande lueur d’un foyer ouvert à côté de lui; des flammes jaillirent et des charbons ardents roulèrent sur le sol jusqu’au chauffeur qui les repoussa du pied. L’homme plongea un crochet dans la braise qui siffla et jeta des étincelles, puis, la poitrine déchirée par un han profond à chaque coup, il envoya dans le fourneau de grandes pelletées de charbon. Enfin, d’un coup de pelle, il referma la porte, laissa tomber son outil sur le sol, et, de l’extrémité du foulard qui lui serrait le cou, il  s’épongea le front. »

On notera le contraste qui existe entre cette description des travailleurs qui ne voient rien de la mer, enfermés dans ce lieu obscur, brûlés par les flammes, et la description des passagers qui s’amusent, dansent et boivent du champagne dans des salons luxueux et lumlineux, l'enfer et le paradis !

« Des femmes de tous les côtés, bien attifées, bien préparées, toutes souriantes, qui paraissaient toutes jolies. De riches toilettes, des bijoux, des bras nus et couverts de bracelets, des cous ornés de colliers et des mains grasses et blanches, vivantes d’un vie à elles, parées de brillants et de perles. (…)  Une belle lumière mettait en valeur les toilettes, faisant étinceler les bijoux et donnait à la chair une tonalité chaude. »

 Un hommage aux gens de la mer



Enfin quand le drame arrive, l’Etoile des mers ayant percuté un iceberg, la description de la scène du naufrage est hallucinante :  la panique engendre la folie, chacun se battant pour sa survie, les hommes écrasant les femmes, molestant les officiers qui cherchent à imposer un semblant d'ordre : 

« Enfin la première chaloupe apparut. La foule hurlante eut un mouvement irrésistible vers elle. Parmi les cris on entendit les ossements craquer. D'autres embarcations apparurent et ce fut autour de chacune d’elles des luttes sauvages, des corps à corps . »

Peisson rend ici hommage à l’équipage du navire, le chef mécanicien et ses hommes qui attendent le dernier moment pour fuir, quand le navire ne peut plus être sauvé, les télégraphistes qui restent en poste pour recevoir les télégrammes de secours, collecter les ultimes nouvelles, les officiers qui gardent leur sang froid et organisent l'évacuation et, bien sûr, le commandant et son second qui veillent sur tous.

Un livre que j’avais lu dans la collection de poche quand il est paru et que j’ai, à nouveau, trouvé passionnant !

 


 


 

dimanche 25 août 2024

Rudyard Kipling : Capitaines courageux

 

Je relis pour le challenge Booktrip en mer Capitaines courageux de Rudyard Kipling que j’avais lu, enfant, dans la Bibliothèque verte.

Kipling imagine l’histoire d’une jeune garçon riche et vaniteux, Harvey Cheyne, en croisière sur un  paquebot parti de New York pour se rendre en Europe où il doit parfaire son éducation.  Harvey est le fils du propriétaire de chemins de fer américain à la tête d’une fortune colossale et d’une mère, charmante, qui le couve outrageusement mais n’a aucune autorité sur lui. Un jeune garçon qui méprise le monde du travail, se révèle volontiers arrogant et fat.

"Harvey, comme un certain nombre de jeunes gens fort à plaindre, n'avait de sa vie reçu un ordre direct, jamais, du moins, sans qu'il s'accompagnât de commentaires interminables et parfois larmoyants sur les bienfaits de l'obéissance et le bien fondé de la requête."

Alors qu’il est malade après avoir fumé un cigare qu’on lui a donné pour se moquer de ses vantardises  et le mettre à l’épreuve, il  tombe par dessus bord, déséquilibré par le roulis. Il est repêché par Manuel, un pêcheur, qui le ramène sur la goélette Sommes Ici, un terre-neuvier, venant de Gloucester. 

 

Capitaines courageux Manuel sauve Harvey

Là, Harvey fait connaissance de Dan, le mousse, fils du capitaine Disko Troop, qui a déjà une grande connaissance de la mer. Harvey, qui croit que l’argent achète tout, somme le capitaine de le ramener à ses parents lui promettant une grosse récompense. Mais il va vite déchanter ! Il est hors de question pour tous, le capitaine et  l’équipage, de sacrifier une saison de pêche pour lui. Le voilà engagé comme mousse et contraint de travailler. Heureusement, avec l’aide de Dan, il apprend le métier de pêcheur, affronte les difficultés, la fatigue, les longues heures de travail, le froid et la pluie et les tempêtes. Parfois quand ils pêchent, Dan et lui, à bord d’un doris, petite embarcation à fond plat que l’on empile sur le pont avant de les descendre de la Goélette, le brouillard les isole au risque d’être écrasé par un de ces grands paquebots qui fonce à l’aveugle dans cette purée de pois ou de se perdre loin du Sommes Ici.

"C’était un petit tintement esseulé. L’atmosphère épaisse semblait le prendre comme une pincée ; et dans les temps d’arrêt Harvey entendit le cri voilé d’une sirène de paquebot. Il en savait assez sur le Banc pour comprendre ce que cela voulait dire. Il lui revint, avec une horrible netteté, comment un jeune garçon en jersey couleur cerise — il détestait maintenant les vestons de fantaisie avec tout le mépris d’un pêcheur — comment un jeune garçon ignorant, tapageur, avait une fois déclaré que ce serait « épatant » si un steamer coulait un bateau de pêche. Ce jeune garçon-là avait une cabine particulière avec bain chaud et bain froid, et dépensait dix minutes chaque matin à faire son choix sur un menu doré sur tranche. Et ce même jeune garçon — non, son frère plus âgé de beaucoup — était en ce moment debout, à quatre heures, dans l’aurore à peine distincte, en cirés ruisselants et craquetants, en train d’agiter, littéralement pour le salut de sa vie, une cloche plus petite que celle avec laquelle le stewart annonçait le premier déjeuner, tandis que quelque part à portée de la main une proue d’acier haute de trente pieds chargeait à vingt milles à l’heure ! Et le plus amer, c’est qu’il y avait là des gens en train de dormir dans des cabines sèches et tapissées, appelés à toujours ignorer qu’ils avaient massacré un bateau avant leur petit déjeuner. Aussi Harvey agitait-il la cloche."

Il partage donc les dangers de la pêche à la morue, le vertige des profondeurs au-dessus de ces hauts-fonds sans limite au large de Canada mais il apprend aussi ses joies, lorsque le poisson mord, lorsque l’on repère avant les autres un banc de morues extrêmement dense, il découvre les rivalités entre les  Terre-Neuvas de différentes nationalités (anglaise, française, basque, portugaise) mais aussi leur rude solidarité. Il  connaît l’amitié, les chansons de marins mélancoliques que l’on chante ensemble pendant les heures de relâche.  Et c’est ainsi qu’il devient lui aussi un homme et rejoint ces capitaines courageux de la chanson à laquelle est emprunté le titre !

"Jusqu’à la fin de ses jours jamais Harvey n’oubliera le spectacle. Le soleil était juste au-dessus de l’horizon qu’ils n’avaient pas vu depuis près d’une semaine, et sa lumière rouge venait en rasant frapper les voiles de cape des trois flottilles de goélettes à l’ancre — une au nord, une vers l’ouest, et une au sud. Il devait y en avoir près d’un cent, de toutes formes et constructions possibles, avec, loin là-bas, une française aux voiles carrées, toutes s’entre-saluant et se faisant des révérences. De chaque bateau s’égrenaient les doris, telles les abeilles d’une ruche encombrée ; et la clameur des voix, le grincement des cordages et poulies, l’éclaboussement des rames, portaient à des milles sur l’ample soulèvement des houles. Les voiles prenaient toutes les couleurs, noir, gris-perle, blanc, à mesure que montait le soleil ; et des bateaux toujours plus nombreux émergeaient des brumes vers le sud.

La mer autour d’eux se couvrit comme d’un nuage et s’assombrit, puis ce fut en un friselis d’averse l’arrivée de tout petits poissons d’argent, et sur un espace de cinq ou six acres la morue commença à sauter comme la truite en mai ; derrière la morue trois ou quatre larges dos d’un gris-noir partageaient l’eau en gros bouillons."

 

Des flottilles de goélettes à l'ancre


Kipling connaît bien tous les détails de ces pêches en Terre Neuve qui est un des lieux les plus poissonneux du monde  au large du Canada,  campagnes pendant lesquelles les marins restaient éloignés de la terre et de leur famille pour de longs mois. Il décrit tous les étapes de leur travail car après la  journée de pêche il faut encore préparer les morues, les vider, trancher les têtes, couper la morue en deux,  et les saler.

"Pen et Manuel se tenaient enfoncés jusqu’aux genoux parmi la morue dans le parc, brandissant des couteaux ouverts. Long Jack, un panier à ses pieds, des mitaines aux mains, faisait face à l’oncle Salters à la table, et Harvey contemplait la fourche et le baquet.
« Hi ! » cria Manuel, en se baissant sur le poisson et en ramenant une morue, un doigt sous son ouïe et l’autre dans son œil.Il l’étendit sur le rebord du casier ; la lame du couteau jeta un éclair accompagné d’un bruit de déchirement, et le poisson fendu de la gorge à la queue, avec une entaille de chaque côté du cou, tomba aux pieds de Long Jack.
« Hi ! » fit Long Jack, recourbant en cuiller sa main emmitainée.
Le foie de la morue tomba dans le panier. Une autre torsion et les mains de nouveau en cuiller envoyèrent au diable tête et issues, et le poisson vidé glissa aux mains de l’oncle Salters qui renifla, d’un air farouche. Un nouveau déchirement, la grande arête vola par-dessus le pavois, et le poisson, sans tête, vidé, grand ouvert, tomba dans le baquet avec un « flop », envoyant de l’eau salée dans la bouche étonnée de Harvey. "

Comme on le voit, ce roman d’initiation reprend le thème du  poème de Kipling et le met en récit : «  Tu seras un homme mon fils ». Et, ma foi, si c’est un livre de morale comme l’on n’ose plus en écrire (et c’est bien dommage ! ), reconnaissons qu’il est bien écrit, pleine de vie, de diversité, et qu’il m’a plu tout autant que quand j’étais enfant... Plus, peut-être, parce que maintenant je suis plus sensible qu'avant aux descriptions d'où les longues citations !  Je les aime et elles me font lire en images !

Voir Keisha Ici  







dimanche 4 août 2024

François Edouard Raynal : Les naufragés ou Vingt mois sur un récif des îles Auckland.

 

 

Ayant emprunté à la bibliothèque le recueil intitulé dans les Naufragés Témoignages vécus aux éditions Omnibus, je n’ai eu le temps de lire, avant de partir en voyage, que  L’aventure sanglante du Batavia  et les Robinsons des îles Auckland, ce dernier ayant paru sous le titre originel de Les naufragés ou Vingt mois sur un récif des Îles Auckland.

Je dois dire que c’est ce dernier que j’ai préféré non seulement pour les aventures qui y sont contées mais parce que l’auteur François Edouard Raynal possède une belle plume descriptive et vivante, et nous livre d’intéressantes réflexions sur l’homme, sa capacité de résistance, ses efforts pour garder son humanité malgré le doute et le désespoir. Le récit du Batavia, beaucoup moins littéraire, ne lui cède en rien au niveau des aventures mais est glaçant car les rescapés échoués sur l'île tombent sous la coupe d’un espèce de psychopathe qui fait régner la terreur,  le viol et le meurtre et se livre à la piraterie!

 

Emplacement des îles Auckland

 

Loin d'être seulement un témoignage Les naufragés ou Vingt mois sur un récif des Îles Auckland, est donc un objet littéraire qui se lit comme une extraordinaire aventure de naufrage. C’est lui qui a inspiré à Jules Vernes son roman, L’île mystérieuse.


François Edouard Raynal


François Edouard Raynal  écrit ce récit et le publie en1870. Français, il était chercheur d’or en Australie ( ce qui explique ses multiples savoir-faire et son entraînement à la survie) quand un de ses amis lui propose une mission sur l’île Campbell dans le but de découvrir une mine aurifère ou, à défaut, une réserve naturelle de phoques. Raynal part sur le Grafton avec ses compagnons : Il y a l’américain Tom Musgrave, qui est le capitaine du navire. Bon marin, il a une grande valeur intellectuelle et morale, nous dit Raynal. Les deux hommes sont du même milieu. Les autres sont des hommes du peuple qui se révèleront courageux et inventifs : le norvégien, Alexandre dit Alick Mac-Larren, l’anglais, George Harris et le portugais, Henri dit Harry Forgès. 

 

Les îles Auckland en Nouvelle-Zélande


L’expédition s’étant révélée infructueuse sur l’île Campbell, le Grafton prend le chemin du retour mais, poussé par la tempête, il s’échoue dans la nuit du 2 au 3 Janvier 1864 sur l’une des îles de l’archipel néo-zélandais des Auckland. C’est dans ce lieu inhabité, ingrat, battu par les vents, à l’hiver glacial, que les cinq hommes vont passer vingt mois de leur vie dans de rudes conditions, en proie à l’angoisse mais ne perdant pas courage.

 

La hutte construite par les naufragés


Ce récit eut beaucoup de succès à sa parution et il fut longtemps, en France, offert comme livre de prix dans les écoles. On comprend pourquoi ! Les aventures racontées ne pouvaient que plaire, la construction de la cabane étayée par des arbres pour résister aux tempêtes, la chasse aux lions de mer qui un jour les attaquent, la famine quand ces animaux quittent l’île pendant l’hiver, la fabrication du savon par Raynal, la  reprise des vêtements élimés, la confection de chaussures en peau de phoque… Tout est passionnant. Les hommes établiront même une forge pour construire un bateau quand les secours n’arrivent pas.


Les lions de mer attaquent la barque


On a parfois reproché à ce récit d’être (trop?) moral. Mais personnellement, c’est cette partie que j’ai trouvée particulièrement intéressante. On sait ce qui est arrivé aux naufragés du Wager, de la Méduse, du Batavia, et bien d’autres…
Raynal a tout de suite conscience du danger qui les guette, de partir à la dérive, de sombrer dans l’anarchie, l’individualisme, la violence et la folie. Aussi, il propose à ses compagnons de nommer non pas un chef mais plutôt un « père » qui sera là pour apaiser les querelles, régler les différents. C’est Tom Musgrave qui est désigné. Tous ensemble ils rédigent une constitution qu’ils écrivent sur les pages de la Bible pour la rendre sacrée. La journée est consacrée au travail en commun, à la chasse, la soirée est dédiée aux leçons. Chacun peut apprendre de l’autre. Harry, analphabète, apprend à lire mais il enseigne à son tour le portugais. Il est ainsi valorisé. Un jour, François Edouard Raynal fabrique de l’alcool à partir de baies. Quand il voit l’effet du breuvage sur les hommes, il vide tous les récipients dans la mer. Conserver sa dignité, se maintenir propre, raccommoder ses vêtements, oeuvrer pour la collectivité, apprendre de l’autre, célébrer l’office, les aident à rester des êtres humains. C’est peut-être moralisateur mais pourtant c’est vrai et c’est ce qu’ils ont fait.

Une belle histoire et qui fait plaisir car, à  l’inverse du roman de William Golding Sa majesté des mouches, elle montre que les hommes peuvent réussir à ne pas tomber dans l’abjection  même quand ils sont éloignés des lois de leur pays et de leur civilisation  mais pourtant c'est difficile et cela ne va pas tout seul !



Les îles Auckland


Port Carnley a été le lieu de naufrage du Grafton dans Les naufragés ou Vingt mois sur un récif des Îles Auckland, l'archipel est incorporé au territoire néo-zélandais en 1863.
 

Les toponymes de la baie Musgrave, du mont Raynal (644 m) et de la pointe Raynal au sud d'Epigwaitt sur les îles Auckland commémorent la vie des naufragés du Grafton.
 

Dans les collections du Museum of New Zealand (Te Papa Tongarewa) à Wellington se trouvent des photographies14, un morceau de la quille et deux boîtes.
 

Divers objets de cette aventure ont été offerts par F.-E. Raynal à la bibliothèque de Melbourne : une paire de bottes en peau de phoque, une aiguille à voile en os d'albatros, des soufflets de forge en peau de phoque. Certains se trouvent aujourd'hui dans la collection du muséum de Melbourne. ( wikipédia)



 

Chez Fanja

lundi 29 juillet 2024

Avignon festival 2024 : Les secrets du radeau de la Méduse

Géricaut le radeau de la Méduse

 

 LES SECRETS DU RADEAU DE LA MÉDUSE

 


 Présentation par le théâtre

Tout le monde connaît le tableau, personne ne connaît l’histoire…
Nombreux sont ceux qui connaissent le chef-d’œuvre de Théodore Géricault Le Radeau de la Méduse, mais combien sont-ils à être au fait de la succession d’évènements tragiques qui conduisirent à ce terrible naufrage ? Combien sont-ils à avoir pu éclairer la lanterne du peintre ? Pierre-Laurent Coste est l’un d’eux, et pour cause, puisqu’il en est un des survivants. Et il a beaucoup de révélations à faire…
 
Le 2 juillet 1816 la frégate La Méduse chargée d'acheminer du matériel, des fonctionnaires et des militaires à Saint Louis du Sénégal s’échoue sur un haut fonds, à quelques encablures de la côte. 

    •    Mal dirigé par le capitaine Duroy de Chaumareys, qui n’a plus navigué depuis vingt ans et ne reçut le commandement du navire qu’en vertu de ses relations dans la cour de Louis XVIII, pressé par un gouverneur avide de mettre la main sur les ressources de ce qui n’est pas encore une colonie française, le navire n’a pas su éviter les bancs de sable d’Arguin pourtant bien connus de tous les marins habitués de la région.
    •    Alors, 147 soldats et membres de l’équipage s’entassent tant bien que mal sur un radeau, tandis que les officiers et les hauts fonctionnaires fuient en chaloupes…
    •    C’est le récit de ce drame que le matelot Pierre-Laurent Coste, l’un des rares rescapés du radeau, qui s’est embarqué tout joyeux pour l’aventure, livre au jeune peintre Géricault.

Voir des extraits du texte de Franck Ferrand sur la Méduse  radio classique


"D’ascendance noble, monsieur Hugues Duroy de Chaumareys, avec ses belles médailles, compte parmi les grands officiers de la marine royale. Il a sous ses ordres quatre navires : l’excellente frégate La Méduse, la corvette l’Écho, un brick un peu lourd, L’Argus, et enfin une flûte trop lente, la Loire, qui retardait tout le convoi, ce qui fait que le capitaine Chaumareys a cru bon de les distancer.
L’équipage pourtant ne fait pas entièrement confiance aux qualités du capitaine. Bonapartistes et républicains se côtoient à bord du navire. On est alors en juin 1816, le frère de Louis XVI règne désormais sous le titre Louis XVIII. Napoléon est reparti pour la deuxième fois après son retour de l’île d’Elbe.

C’est la période de la Restauration. Tous les anciens officiers, toutes les personnes qui ont émigré pendant la Révolution sont de retour. Le capitaine Chaumareys en fait partie bien entendu et n’est pas très sûr de lui parce qu’il n’a pas navigué depuis longtemps. Par ailleurs, il adopte une attitude étrange pour un capitaine de son acabit : il autorise un certain nombre de passagers civils à donner des ordres à sa place à l’équipage."

"Quelle est la mission confiée au convoi la Méduse ? Il s’agit de mener à bon port la petite population envoyée par le nouveau gouvernement de sa Nouvelle Majesté reprendre possession du Sénégal. Le Sénégal était tombé dans l’escarcelle des Anglais à la faveur des guerres napoléoniennes. Il vient tout juste d’être rétrocédé à la France à l’issue du congrès de Vienne. " 

"Donc, il s’agit d’une mission politique importante mais non vitale. Le seul vrai danger du voyage réside dans le caractère incertain de la côte mauritanienne et notamment du fameux banc d’Arguin, une gigantesque bande de sable à fleur d’eau que les cartes de l’époque indiquent mal. Le seul moyen de l’éviter à coup sûr est de prendre très au large sitôt repérer le Cap blanc, de réduire l’allure et de sonder fréquemment.  Par Franck Ferrand "

 

Mon avis


Les secrets du radeau de la méduse : Geoffrey Gallènes


 Cette année 2024 au festival d'Avignon, il y avait deux pièces sur le radeau de la Méduse. L'une se présentait comme une conférence sur l'oeuvre du peintre Géricaut, l'autre, celle que j'ai vue, intitulée Les secrets du radeau de la méduse raconte l'histoire du naufrage et l'horreur vécue par les survivants. Il dénonce, raconté par un simple matelot, la responsabilité et la lâcheté du capitaine et des officiers, tous des nobles proches du pouvoir royal, qui, à bord de leur chaloupe, ont abandonné 147 personnes entassé sur le radeau. Parmi eux des soldats républicains. Il n'y aura que 10 rescapés dont, on s'en doute, aucune femme. 

Le survivant Pierre-Laurent Coste qui est censé raconter l'histoire au peintre, est interprété d'une manière hallucinante par Geoffrey Gallènes, seul en scène, qui donne à voir magnifiquement tous les autres personnages de la pièce. On se sent happé par la présence de ce comédien qui fait revivre ce voyage au bout de l'Enfer. On comprend toutes les souffrances endurées, la soif, - on en arrive à boire son urine-, la famine, le cannibalisme, les maladies, les blessures et l'action incessante du soleil et de l'eau de mer qui brûle, creuse les plaies et dessèche les corps. Une scène en particulier est atroce, vire à la folie, celle du combat pour la survie. Trop nombreux sur le radeau, il leur faut tuer pour faire leur place. Tous sont pris de frénésie et s'égorgent jusqu'à épuisement. Le comédien parvient à nous faire sentir la douleur de ce jeune matelot, doux et timide, amoureux de la belle Angélique embarquée sur le bateau et qu'il voit disparaître, et qui soudain se retrouve semblable à une bête féroce tuant pour ne pas être tué. Une excellente interprétation et une pièce très intéressante pour nous faire comprendre et revivre les douleurs morales et physiques qui se cachent derrière le tableau de Géricault et une réflexion sur l'Homme et les limites de son humanité.

 

Théâtre des LUCIOLES – Salle Fleuve – du 29 juin au 21 juillet à 10h15 

LES SECRETS DE LA MEDUSE de Geoffrey Callènes et Antoine Guiraud

Distribution : Geoffrey CALLENES
Mise en scène : Antoine GUIRAUD




lundi 13 mai 2024

Emmanuel Lepage, Sophie Michel et René Follet : Les voyages de Jules

 

J’avais trouvé magnifique la bande dessinée d’Emmanuel Lepage, René Follet et Sophie Michel : Les voyages d’Ulysse, aussi j’ai continué la lecture avec Les voyages de Jules qui est le troisième tome de la trilogie et où l’on retrouve les héros de cette histoire.
Dans ce livre le peintre Jules Toulet que nous avions rencontré précédemment écrit son journal pour Anna, la femme de sa vie où il raconte en même temps que son enfance  comment est née sa passion pour la mer et à qui il doit sa formation de peintre. C'est auprès de son maître vénéré Ammon Kasacz qu’il s’est initié à son art. Et si sa vie l’a amené à quelques trahisons liées à sa jeunesse, son insouciance, il a la satisfaction de revoir son vieux maître et de l’assister dans sa mort avec Anna et Salomé. 



Cette passion pour la mer se double d’une passion pour la littérature et c’est avec beaucoup de plaisir que j’ai retrouvé toutes les oeuvres dédiées à la mer qui l’ont marqué : Robinson Crusoé, bien sûr, mais aussi Pêcheurs d’Islande, Le vieil homme et la mer, Moby Dick, Moonfleet, La complainte du vieux marin, L’île au trésor, Vingt mille lieues sous les mers…

 



Les illustrations sont très belles mais j’ai moins aimé  ce dernier livre que Les voyages d’Ulysse, peut-être parce que le texte qui imite la calligraphie de Jules ou d’Ammon -au cours des lettres qu'ils échangent -laissent moins de place aux illustrations, détournent de la contemplation et finalement l’ensemble m’a paru un peu brouillon, moins poétique et  moins réussi que le précédent.



Voir les voyages d'Ulysse  ICI

 

 


samedi 20 avril 2024

Jules Verne : Le phare du bout du Monde


"Au moment où le disque solaire ne montrait plus que sa partie supérieure, un coup de canon retentit à bord de l’aviso Santa-Fé, et le pavillon de la République Argentine, se déroulant à la brise, fut hissé à la corne de la brigantine. Au même instant jaillit une vive lumière au sommet du phare construit à une portée de fusil en arrière de la baie d’Elgor, dans laquelle le Santa-Fé avait pris son mouillage.
Deux des gardiens, les ouvriers réunis sur la grève, l’équipage rassemblé à l’avant du navire, saluaient de longues acclamations le premier feu allumé sur cette côte lointaine.
Deux autres coups de canon leur répondirent, plusieurs fois répercutés par les bruyants échos du voisinage. Les couleurs de l’aviso furent alors amenées, conformément aux règles des bâtiments de guerre, et le silence reprit cette Île des États, située au point où se rencontrent les eaux de l’Atlantique et du Pacifique."


C’est ainsi que, dans le roman de Jules Verne, s’allument les premiers feux du Phare du Bout du Monde dans l’île aux Etats où Jules Vernes place son récit. L'écrivain situe l'action en 1859 mais il prend pour modèle le phare de San Juan del Salvamento édifié en 1884 par la République argentine et qui fut remplacé en 1902 par le Phare Nuevo mieux situé.

L’île des Etats et le phare du Bout du Monde

 

Le phare du Bout du Monde

Le roman commence au mois de décembre, au début de la belle saison, et trois gardiens restent sur place pour veiller au bon fonctionnement du phare. Vasquez est le chef. Un peu plus âgé que ses compagnons, Felipe et  Moriz, Vasquez est doté d’une solide expérience, d’un bon sens et d’une bonhomie souriante. Ils savent tous trois que rester seuls pendant trois mois avant la relève, sur une île aussi isolée, ne va pas être de tout repos. Mais le phare est un asile solide, les provisions sont abondantes,  et ils sont motivés par leur mission qui est de sauver des vies humaines, la navigation étant extrêmement dangereuse dans ces eaux houleuses, hérissées d’écueils, en proie à  de violentes et soudaines tempêtes.

"La tour était d'une extrême solidité, bâtie avec les matériaux fournis par l'île des États. Les pierres d'une grande dureté, maintenues par des entretoises de fer, appareillées avec une grande précision, emboîtées, les unes dans les autres à queue d'aronde, formaient une paroi capable de résister aux violentes tempêtes, aux ouragans terribles qui se déchaînent si fréquemment sur cette lointaine limite des deux plus vastes océans du globe. Ainsi que l'avait dit Vasquez, le vent ne l'emporterait pas, cette tour."

Jules Verne nous explique le fonctionnement d’un phare à cette époque :

" La lanterne était donc munie de lampes à double courant d’air et à mèches concentriques. Leur flamme, produisant une intense clarté sous un petit volume, pouvait dès lors être placée presque au foyer même des lentilles. L’huile leur arrivait en abondance par un système analogue à celui des Carcel. Quant à l’appareil dioptrique disposé à l’intérieur de la lanterne, il se composait de lentilles à échelons, comprenant un verre central de forme ordinaire, qu’entourait une série d’anneaux de médiocre épaisseur et d’un profil tel que tous se trouvaient avoir le même foyer principal. Dans ces conditions, le faisceau cylindrique de rayons parallèles produit derrière le système de lentilles était transmis au dehors dans les meilleures conditions de visibilité. "

Il nous fait découvrir cette île inhabitée aux côtes déchiquetées, où les plaines du centre cèdent la place vers l’ouest à des hautes falaises et à des pics escarpés qui rendent la circulation dans l’île difficile.


Une histoire de pirates


 Cependant, si les deux premiers chapitres nous décrivent le départ de l'aviso La Santa Fé, l’installation de Vasquez et ses collègues et posent le cadre du récit, la description du travail et de la vie des gardiens va être de courte durée car c’est un récit d’aventures que Jules Verne nous propose et assez haut en couleurs !  Rapidement nous nous apercevrons que l’île n’est pas aussi inhabitée qu’il le paraît !
Le troisième chapitre intitulé La Bande Kongre nous présente des pirates qui ont fait naufrage sur l’île et attendent de pouvoir mettre la main sur un bateau pour repartir. Pendant la durée de construction du phare, ils ont vécu cachés dans une caverne entassant les provisions et les richesses des navires naufragés. Quand ils parviennent à prendre possession d’un bateau échoué encore en état de naviguer mais nécessitant des réparations, ils décident de s’installer à l’abri dans la baie d’Elgor,  d’attaquer les gardiens et de s'emparer du phare. Désormais les chapitres vont présenter en alternance les agissements des pilleurs d’épave qui sont aussi des naufrageurs et la résistance de Vasquez.   

Une leçon de navigation

Un trois-mâts


Si l’on apprend relativement peu de la vie dans un phare, par contre les pirates qui sont d’excellents navigateurs nous en apprennent beaucoup sur la navigation dans des eaux tumultueuses et sur les types de bateaux de l’aviso, le bateau de guerre qui assure la relève et est prêt à intervenir avec ses canons, à la Goélette, la Maule, que vont réparer les pirates : 

 "Dans cette position, on voyait son pont depuis le gaillard d’avant jusqu’au rouf de l’arrière. Sa mâture était intacte, mât de misaine, grand mât, beaupré, avec leurs agrès, ses voiles à demi carguées, sauf la misaine, le petit cacatois et la flèche qui avaient été serrés."

au  trois-mâts, aux baleiniers, aux steamers qui passent devant l'île ou s'y échouent.
 

"Le premier était un steamer anglais venant du Pacifique, qui, après avoir remonté le détroit de Lemaire, s’éloignait, cap au nord-est, probablement à destination d’un port d’Europe. Ce fut en plein jour qu’il passa à la hauteur du cap San Juan.
Le second navire était un grand trois mâts dont on ne put connaître la nationalité. La nuit commençait à se faire, lorsqu’il se montra à la hauteur du cap San Juan pour longer la côte orientale de l’île jusqu’à la pointe Several. "



Un vocabulaire riche sur les parties du navire : 

"Les lames avaient tout saccagé. Elles avaient arraché les planches du pont, démoli les cabines de la dunette, brisé les gaillards, démonté le gouvernail, et le choc sur les récifs avait achevé l’oeuvre de destruction."


"Il vint alors examiner la carène du côté du large. Le bordé ne paraissait pas avoir souffert. L’étrave, un peu enfoncée dans le sable, semblait intacte, de même l’étambot, et le gouvernail adhérait toujours à ses ferrures."

"Dans toute la portion comprise entre l’étrave et l’emplanture du mât de misaine, aucune avarie ne fut
constatée. Varangues, membrure, bordé étaient en bon état; chevillés en cuivre, ils ne se ressentaient pas du choc de l’échouage sur le banc de sable"
 

sur les voiles  "On hissa la trinquette et le foc… »  « Carcante fit établir  la misaine, la brigantine qui est la grande voile dans le gréement d’un goélette, puis hisser le hunier à bloc. "


 

 Henri Paasch, Illustrated Marine Encyclopedia, 1890, croquis de la poupe. 1. quille ; 2. aileron ; 3. massif d'étambot / courbe d'étambot ; 4. étambot ; 5. garniture pour bois ; 6. petites barres d'arcasse ou barres de contre-arcasse ou contre-lisses ; 7. barre d'hourdi, lisse de hourdi ou grande barre d'arcasse ; 8. jaumière ; 9. allonge de poupe (voûte) ; 10. bord (voûte) ; 11. apôtre d'étambot ; 12. jambette de voûte ; 13. allonge de côté (voûte) ; 14. couples de l'arrière ; 15. estain ; 16. couples dévoyés ou élancés ; 17. Couples droits.

 Un étambot : Partie du navire qui continue la quille à l'arrière et où se trouve le gouvernail.

 

La varangue (16) fait la jonction entre la quille (9) et les couples(14)

Une varangue est une des pièces de charpente d'un bateau, servant, dans les fonds, de liaison transversale entre la quille et les deux couples de chaque côté, à la base de la coque1.( wikipedia)

Bref ! Un livre qui entre très bien dans la thématique de Book Trip en mer.

 

 


 

dimanche 14 avril 2024

Emmanuel Lepage, Sophie Michel et René Follet : Les voyages d'Ulysse

 

En cherchant Ar-men un livre d’Emmanuel Lepage que Fanja m’avait conseillé, je suis tombée, en l’absence de  celui-ci, sur deux autres titres : Les voyages d’Ulysse et les voyage de Jules, tous les deux sur le monde la mer.

Les voyages d’Ulysse est le second volume d’une trilogie qui finit avec Les voyages de Jules et commence avec un livre que je n’ai pas trouvé en bibliothèque Les voyages d’Anna. Il va donc falloir me passer du premier pour parler de ce magnifique volume. 


Salomé Ziegler : La capitaine de l'Odysseus


Nous sommes dans les années 1885 à 1906.  Jules Toulet un peintre-dessinateur, hanté par la rupture avec la femme qu’il aime, Anna, se fait enrôler sur un voilier, l’Odysseus, dont le capitaine est une femme, Salomé Ziegler. Il paiera sa traversée en produisant une toile par semaine. Bien vite, il découvre que Salomé est à la recherche des oeuvres d’un grand peintre, spécialiste des antiquités grecques, Ammon Kasacz. Peu à peu, la jeune femme lui confie son passé et surtout son enfance heureuse et libre avec son frère Théo, entre ses parents, son père médecin et sa mère Athénais qui leur raconte les aventures d’Ulysse qui enflamment les jeunes imaginations. Après la mort accidentelle de sa mère, plus rien ne sera comme avant. 

 

Athénaïs, la mère de Salomé peinte par Ammon Kasacz

Je vous laisse découvrir les péripéties de la vie aventureuse et libre de Salomé qui apprend son métier de capitaine avec son mari Vassilios avant que celui-ci ne soit handicapé.  

 

Salomé sous les ordres de Vassilios
 

Mais il faut savoir que Salomé met, sans le vouloir, le feu aux tableaux du peintre Ammon Kasacz, ami de sa famille. Le portrait de sa mère disparaît dans l'incendie et son père est inconsolable.  La capitaine part alors à bord de l’Odysseus à la recherche du vieux peintre et de ses tableaux disséminés partout, Istanbul, Alexandrie, Athènes, Gibraltar, Ithaque, Santorin, la mer Méditerranée, celle qu'Ulysse a parcouru pendant vingt ans avant de retrouver son île.

 

La colère de Poséidon

 Un voyage maritime accompagné par Ulysse et ses compagnons car, à son tour, Salomé convoquent les personnages d’Homère auprès de son équipage, Circé, les sirènes, le monde des morts, le spectre de la mère d’Ulysse et celui d'Athanaïs...

 

Ulysse rend visite au Royaume des morts
 

... les tempêtes, les naufrages, la colère des Dieux, Poséidon, … Les univers s’interpénètrent, effaçant les frontières entre le passé et le présent, entre la réalité et la légende…


La colère de Poséidon


Les illustrations sont somptueuses et présentent à la fois l’univers des deux peintres Jules Toulet et celui de Omman Kasacz, alternant entre grand format sur deux pages

 

Le bateau d'Ulysse

et des planches avec des cadrages très variées aux couleurs tour à tour sombres ou violentes selon les évènements ou plus douces pour peindre l'enfance

 

La capitaine Salomé

 

 et partout, toujours, la mer, omniprésente, les navires peints avec précision, celui d’Ulysse, celui de Salomé, avec un luxe de détails

 

Le bateau de Salomé

 

  et le carnet de Ammon Kasarazc à la fin du livre comme un adieu.  Un très bel album.

 

L'Odysseus