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vendredi 30 octobre 2015

Andrea Camilleri : La couleur du soleil

Le Caravage : la nativité avec Saint François et Saint Laurent
"En revanche, il me dit que la nativité palermitaine du Caravage avait été volée en 1969..."


J’ai voulu découvrir Camilleri puisque le mois italien d’Eimelle m’a permis de lire de nombreux billets sur cet auteur italien.
La couleur du soleil commence comme un livre policier, genre auquel Camilleri s’est intéressé.  Lors d’un voyage en Sicile, il accepte un rendez-vous avec un inconnu et est amené dans le plus grand secret, les yeux bandés, sur les pentes de l’Etna. Là, dans une grande villa, un homme de belle prestance, Carlo, lui fait découvrir des documents appartenant à sa femme décédée. Pour le remercier d’avoir apporté du réconfort à son épouse pendant sa maladie, Carlo laisse Camilleri libre, pendant quelques heures, de lire et de recopier des fragments de ces textes précieux car il ne s’agit de rien d’autre que du journal authentique du Caravage. L’écrivain est ensuite reconduit sans avoir connaissance ni de l’endroit où il est allé, ni de la véritable identité de son interlocuteur que l’on nous laissera deviner par la suite..
La couleur du soleil sont les notes forcément fragmentaires des derniers jours du Michelangelo Merisi da Caravaggio ou Le Caravage, de ses pérégrinations à travers la Sicile. Le récit commence à Malte où il a été fait chevalier de Grâce, titre honorifique qui lui permet d’échapper à sa condamnation à mort à la suite d’un meurtre au cours d’une rixe; puis de nouveaux esclandres l’obligent à fuir en direction de Syracuse, puis de Girgenti (Agrigente) et Licati, Messine et Palerme, poursuivi par la justice.
Pendant les séjours dans ces villes, il reçoit maintes commandes qu’il exécute avant d’être à nouveau obligé de partir et c’est ainsi que nous découvrons les oeuvres de cette période tourmentée et les pensées que lui prête Camilleri sur ces peintures qu’un court livret, à la fin du livre, nous permet de découvrir. Mais Camilleri s’intéresse aussi à ce qui peut expliquer ses oeuvres, au glissement vers la folie du personnage, à ce soleil noir qui l’aveugle et envahit ses jours comme ses nuits, à ces visions terrifiantes qu’il ne distingue pas de la réalité, cette souffrance, ces tourments incessants suivis par des crises de violence.

" J’ai commencé à travailler  à la Décollation  de Saint-Jean Baptiste et la lumière noire du soleil noir ne me quitte plus. Je ne vois pas un tantin de différence entre le jour et la nuit."

Michelangelo Caravaggio : La décollation de Saint-jean Baptiste

"Il lui semblait que Lazare se prêtait assez mal à la résurrection et à la vie nouvelle qui l’attendait. Comme il m’en demandait la raison, je lui répondis que la mort avait peut-être été pour Lazare un affranchissement des maux de cette terre. Et que, de ce fait, recouvrer la vie ne lui serait peut-être pas agréable."
 
Italie : Le Caravage : La résurrection de Saint Lazare Musée antional de Messine
Le Caravage : La résurrection de Saint Lazare


J'ai aimé en apprendre un peu plus sur la vie du Caravage dont je savais bien peu de choses, en somme, sinon qu'il avait eu une vie agitée. J’ai aimé le style de ce texte écrit dans un vieil italien « rocailleux » censé représenter la langue du Caravage, que le traducteur, Dominique Vittoz, a su préserver dans la traduction en moyen-français, pittoresque et goûteuse, surtout dans le vocabulaire 
Ainsi nous voyons le peintre se « belutant le cerveau », en proie à la « mésaise ». Et nous l’abandonnons quand il s’embarque à Naples déguisée en moine, « pour enquinauder la mort, un court instant »
Par contre, j’ai été déçue par l’aspect fragmentaire du récit. Par moments, il ne s’agit que de bribes disparates comme si le copiste, pressé par le temps, n’avait pu tout recopier si bien que lorsque je commençais à m'intéresser, le fragment s'interrompait. Je sais bien que c’est un choix voulu par l’auteur et que cela donne au récit un certain réalisme comme si Le Caravage s'adressait vraiment à nous, mais ... cela m’a laissée sur ma faim.

Quatrième de couverture
Et si le Caravage, grand peintre italien à l’existence tumultueuse, avait laissé un journal? Et si Camilleri, écrivain brillant et érudit, avait été mystérieusement guidé vers la découverte de ce précieux manuscrit? Et si ces pages, qui nous replongent dans un seizième siècle finissant, nous donnaient de nouvelles clés pour comprendre les foucades de l’homme et les prouesses de l’artiste?
 Andrea Camilleri nous offre ici de vivre de l’intérieur le dernier voyage aventureux du Caravage fuyant la justice des Chevaliers de Malte. Avec le brio de l’écrivain rompu au genre historique comme au policier, il sait imaginer pour ce génie du clair-obscur une voix d’une authenticité confondante.


Andrea Camilleri
Né en 1925 près d'Agrigente, en Sicile, metteur en scène de théâtre, réalisateur de télévision, scénariste, Andrea Camilleri s'est fait connaître tardivement comme romancier, mais avec un succès foudroyant. Auteur culte de la série des enquêtes du commissaire Montalbano, il écrit parallèlement des romans inspirés par des documents d'archives. Chez Fayard sont parus : La Concession du téléphone, La Saison de la chasse (Prix de traduction Amédée Pichot), Un filet de fumée, Le Roi Zosimo, Le Cours des choses, Privé de titre, Les Enquêtes du commissaire Collura et Petits Récits au jour le jour.





dimanche 25 octobre 2015

Carlo Goldoni : L'éventail


Carlo Goldoni
Contrairement à La Locandiera, Les Rustres, Il Campielo ou La trilogie de la Villégiature, je n’avais jamais lu et je n’ai jamais vu sur scène la pièce de Goldoni intitulée : L’éventail.
Comme le titre l’indique, c’est un éventail qui est le prétexte à l’intrigue; il suscite toutes sortes de quiproquos retentissants et en passant de main en main relance sans cesse l’action d'où toute une série de rebondissements. Un éventail donc qui va attiser la suspicion, les commérages, la jalousie, les ruptures, les scènes de ménage, les bagarres,  les crises de désespoir et …

Au départ, la pièce n’est qu’un simple canevas de Commedia dell’arte, sans dialogue écrit, que Goldoni avait proposé aux comédiens italiens. La pièce obtint peu de succès et Goldoni à qui elle était chère décida de la réécrire entièrement. De Paris où il résidait alors, il envoya le texte aux comédiens vénitiens qui la représentèrent avec succès  au Théâtre San Luca de Venise en 1765.

Le ressort comique est bien rôdé et le rythme rapide et enlevé, la critique sociale même si elle n’est pas nouvelle, est réussie et l’on retrouve ici les thèmes chers à Goldoni.

Dans un lieu unique, fermé, une place comme dans Il Campielo, (mais nous sommes dans un village du Milanais pas à Venise) se retrouve tout un échantillon de la société, du haut en bas de l’échelle :  les nobles, -  un comte de vieille noblesse mais désargenté et un baron, moins titré mais riche comme dans La Locandiera-, les commerçants ayant pignon sur rue, -l’apothicaire et l’hôtelier- , les petits commerces -mercerie, cordonnerie-, (là encore toute une hiérarchie apparaît au sein de la même classe sociale, les uns méprisant les autres et affirmant leur supériorité) et puis les serviteurs, et encore plus bas, les paysans comme la jolie Jeannine et son rustre de frère, Noiraud.
Et chacun joue son rôle social, le comte de Rocca-Marina, ruiné, offrant sa protection pour soutirer des faveurs aux uns et aux autres, est un personnage caricatural mais finaud, tirant toujours son épingle du jeu, bernant ses amis comme ses ennemis. Evariste, l’amoureux de Candide,  Couronné, l’aubergiste, Crépin, le cordonnier et le  baron del Cedro en feront les frais!
Chacun joue son rôle ou le refuse comme Jeannine qui est sous la coupe de son frère depuis que ses parents sont morts mais revendique (thème féministe que l’on retrouve souvent dans Goldoni) sa liberté et surtout celle de choisir elle-même son mari. Et comme c’est une fille de caractère, elle obtiendra ce qu’elle voudra!

Ces personnages avec leurs travers, leurs faiblesses et leurs qualités représentent donc la condition humaine et Goldoni, s’il fait rire parfois à leur dépens, ne les juge ni ne les condamne. Ce sont eux qui présentent l’intérêt de la pièce et si l’intrigue paraît légère, ne vous y fiez pas! elle est toujours nourrie chez Goldoni par la vérité des caractères et par une peinture des moeurs qui pour être malicieuse n’en est pas moins réaliste et vraie!

Dans la version Commedia dell’arte, le cordonnier Crépin était probablement Arlequin ou Carlin et  l’aubergiste Couronné, Brighella ou Scapin.

Carlin ou Arlequin
Brighella


Critique d’une représentation de L’Eventail dans Libé

« L’intrigue est aussi mince qu'implacable : la belle Candida laisse choir de son balcon un éventail qui se brise. Evaristo, son amoureux, lui en rachète un. Et imagine, plutôt que de le lui offrir en mains propres, de le confier à Giannina, la paysanne forte tête. Trois heures plus tard, l'objet aura volé de main en main et, tel un talisman malin, déclenché une suite de mini catastrophes.
De bagarres en quiproquos, de ruptures en ratages, l'éventail fonctionne comme le révélateur d'un monde qui se ment à lui-même. Lorsqu'il revient enfin entre les mains de Candida et que tout est bien qui finit bien, reste un fond de mélancolie, comme si, au jeu de la vérité, la communauté avait vacillé sur ses bases. »
Voir la suite



mercredi 21 octobre 2015

Olivier Barde-Cabuçon : Humeur noire à Venise


Humeur noire à Venise de Olivier Barde-Cabuçon est le troisième livre des aventures plombières du chevalier de Volnay, commissaire aux morts étranges à Paris. C’est le titre que Louis XV a accordé au jeune homme pour le remercier de lui avoir sauvé la vie en 1757.Volnay se rend à Venise avec le moine ( je ne sais pourquoi ce personnage s’habille en moine puisque c’est un mécréant, il faut lire les livres précédents pour le comprendre, je suppose), un moine qui n’est autre que le père du jeune homme, en proie à une dépression après le départ de la femme qu’il aime. Volnay espère ainsi chasser l’humeur noire de son compagnon et il répond aussi à l’appel au secours de Chiara son ex-amoureuse dont le cousin, le comte de Trissano, issu d’une grande famille vénitienne, est menacé de mort. 

Les mystères de Venise

Venise, une ville de roman noir
Nous voilà donc à Venise et sachez que l’intrigue comme la ville va nous entraîner dans un tourbillon d’aventures dont on n’a pas besoin de savoir si nous y croyons ou non!   Si bien que la jeune Violetta qui se rend dans la ville travestie en garçon (pour remplacer son frère afin d’éponger une dette d’honneur en se mettant au service d’une grande famille patricienne) nous paraît tout à fait naturelle. D’autant plus que, comédienne, elle cite Shakespeare (de quoi bien s’entendre avec le moine) et que nous voilà plongés en même temps dans une comédie Shakespearienne et pas n’importe laquelle, « La nuit des rois »! Après tout, nous sommes à Venise, ville des mystères, du complot, des apparences, des reflets et des masques.

Venise, la ville des reflets
Ceci dit, dans Humeur noire, ce n’est pas l’intrigue policière même si elle est passablement compliquée, qui nous mène par le bout du nez mais..  Venise! J’ai même parfois l’impression que l’écrivain passionné par son sujet ( c’est un spécialiste du XVIII siècle et manifestement il connaît la Serinissime comme sa poche) n’hésite pas à ralentir l’action pour expliquer la ville : sa naissance qui l’extrait des eaux en l’asseyant sur des millions de pieux de bois, arbres innombrables arrachés aux forêts; son histoire, son fonctionnement politique, ses intrigues, ses palais luxueux rongés par l’humidité mais aussi par le manque d’argent des nobles et leur goût du paraître. Nous apprenons aussi l’opposition entre la mer et les Terres fermes, entre le commerce maritime et l’agriculture, et le combat incessant que mène la ville pour sa survie. 
Un belle promenade dans Venise : nous glissons en gondole dans les rios; nous pénétrons dans de somptueux palaispar l'entrée des maîtres bien différente de celle des domestiques et assistons à l'envers du décor,  nous y rencontrons Goldoni et les petites orphelines! visitons l'arsenal, avec ses hangars, ses ateliers, ses bassins d'amarrage et où tous les corps de métiers sont représentés, sommes reçus au palais des Doges

 Et peut-être irai-je lire les débuts des aventures de Volnay qui se passent en France et où le jeune homme se bat en duel avec Casanova; Rien de moins!

Ils s'enfoncèrent dans les canaux intérieurs au milieu des chants  et des accents de guitare. De petits plongeons signalaient des rats se jetant à l'eau pour traverser le rio. Les vielles maisons aux murs humides et aux pieds crevassés par l'eau saumâtre se succédaient, leurs façades lépreuses parfois illuminées par un rai de lumière. Au-dessus, le linge séchait et les chats s'assoupissaient sur les balcons ou les bords des fenêtres.
Venise : un rio
Les rayons du soleil précédant le coucher avaient laissé place au bleu le plus pur avant de se dissoudre dans le noir de la nuit. Le moine se glissa dans la rue, échappant un peu plus loin au contenu des restes d'un pot de nuit qu'une perfide petite vieille jetait par la  fenêtre sans souci du passant qu'il était. Cela le fit rire.
Venise bruissait de vie, de mouvements, de plaisirs et de lumières. (...)
Soudain le moine retrouva tout ce qu'il avait oublié, quelques-uns des mille trésors de la vie qui font chanter le coeur : la lumière du soir, le rire d'un enfant qui efface soudain les peines, la beauté d'une âme, le regard perçant d'une femme, une mélodie, un air d'opéra, la grâce d'uneballerine, l'esprit de fête.

Venise : coucher de soleil sur la lagune
Venise : San Marco, la nuit

mardi 20 octobre 2015

Venise, le chapiteau sculpté du palais des Doges : Promenade avec Tiziano Scarpa

Venise Le palais des Doges acque alta
Septième colonne : le chapiteau raconté par Tiziano Scarpa (le second sur la photo)

La septième colonne du Palais des Doges

J'avais écrit en 2010, à la suite d'un voyage à Venise en Décembre qui m'avait permis de voir pour la première fois l'acqua alta, un billet que je devais à Tiziano Scarpa et à son petit livre Venise est un poisson. L'écrivain y parle du chapiteau sculpté de la septième colonne du palais des Doges. Et voilà que je reviens à ce billet dans mon blog et que je constate que toutes mes photos ont disparu. C'est pourquoi je le publie à nouveau aujourd'hui.
C'est le livre en main, ouvert à la page 36, sur le beau texte de Tiziano Scarpa,  que je me suis placée face au Palais des Doges sur la piazzetta dei Leoncini qui prolonge la place Saint Marc, avec dans mon dos, la bibliothèque Marciana.

Venise Palais des Doges : chapiteau sculpté septième colonne en partant du coin du palais
Palais des Doges : chapiteau sculpté
A la septième colonne en partant du coin du palais, j'ai trouvé le chapiteau orné de bas-relief  dont parle Scarpa. Il faut le lire dans le sens contraire des aiguilles d'une montre comme un dessin animé muet, qui raconte la plus triste et désolante histoire d'amour qui ait jamais été racontée.

1 : un jeune homme voit une jeune fille à la fenêtre.

2 :  Le premier rendez-vous

Venise Palais des Doges : Le premier rendez vous chapiteau de la septième colonne du palais des Doges
Palais des Doges : Le premier rendez-vous

3 : La jeune fille lui caresse le front

Plais des Doges la jeune fille lui caresse le front chapiteau sculpté septième colonne a partir du coin du palais
Palais des Doges la jeune fille prend l'initiative : elle  lui caresse le front

4 : ils s'embrassent

Venuse Palais des Doges Le premier baiser chapiteau sculpté de la septième colonne en partant du coin du palais
Palais des Doges Le premier baiser

5 : Ils font l'amour

Venise Le Palais des Doges  Ils font l'amour  chapiteau sculpté Septième colonne à partir du coin du palais
Le Palais des Doges  Ils font l'amour

6 : Naissance d'un bébé

Vensie septième colonne du  palais des Doges  chapiteau sculpté la naissance du bébé
Le palais des Doges  chapiteau sculpté la naissance du bébé

7 : l'enfant a grandi

VeniseLe palais des Doges  chapiteau sculpté l'enfant a grandi le bonheur familial
Le palais des Doges  chapiteau sculpté l'enfant grandit image du bonheur familial

8 : L' enfant est mort

Vensie Le palais des Doges  chapiteau sculpté l'enfant est mort Le malheur
Le palais des Doges  chapiteau sculpté l'enfant est mort Tragédie, douleur des parents

Il y a trois choses que je voudrais te signaler dans cette pitoyable histoire. la première, c'est que même au Moyen-Age, les jeunes filles prenaient l'initiative et draguaient. La deuxième, c'est qu'au Moyen-âge on faisait l'amour avant de se marier. La troisième, c'est que tout se passe dans une posture contrite et verticale. Les personnages sont toujours placés de façon symétrique, les gestes se répondent en parallèle, ils sont fagotés dans des robes et tuniques qui tombent à la verticale. Sauf dans le cinquième panneau. Sous les draps de lit froncés par des vagues de tissus, dans un plissement d'ondes marines, emportés par une tempête d'étoffe, les deux amoureux sont couchés sur une espèce de losange, un rectangle posé de travers  :  c'est un lit qui s'est déplacé de biais, le matelas est rhomboïdal.  C'est la passion qui a baladé le lit dans la chambre à coucher, qui l'a fait rouler en sautillant petit à petit sur le sol. L'amour est diagonal : il bouleverse les canons esthétiques, il met en déroute les rigides chorégraphies d'un bas-relief gothique.  (Tiziano Scarpa)





Republier dans le cadre du mois italien d'Eimelle

lundi 19 octobre 2015

Antonio Tabucchi : Les oiseaux de Fra Angelico , Le couvent San Marco à Florence

Fra Angelico  :Archange Gabriel de l'Annonciation

Fra Giovanni dit Fra Angelico


couvent San marco  Autoportrait supposé de Fra Angelico dans la déposition de croix
Autoportrait supposé de Fra Angelico dans La déposition du Christ
Guidolino di Pietro rentre chez les dominicains au couvent de Fiesole, situé sur les hauteurs de Florence, en 1408. Il a alors 21 ans. Selon l'usage de l'ordre, il change de patronyme pour un nom religieux : Fra Giovanni. Ses contemporains, en raison de la haute spiritualité de sa peinture ainsi que de la profusion d'anges dont il aime parer ses oeuvres, le surnommeront Fra Angelico.
Les règles strictes et la vie de pénitence de l'ordre religieux resteront profondément ancrées chez le peintre pour qui le renoncement au monde et à soi-même permettent d'atteindre la pureté, tant d'un point de vue spirituel que dans l'expression de son travail.
Encouragé par ses supérieurs, Fra Angelico abrège ses études théologiques pour se consacrer exclusivement à la peinture, les dominicains considérant l'art comme un moyen efficace de transmettre la foi et la vérité
. Suite sur Histoire de l'Art


 Les oiseaux de Fra Angelico d'Antonio Tabucchi

 


Dans la nouvelle de Tabucchi Les oiseaux de Fra Angelico, Fra Giovanni da Fiesole, qui se nomme toujours dans son for intérieur Guidilino, son prénom de baptême, s’affaire à son jardin, dans le clos du couvent San Marco. C’est occupé à une humble tâche de jardinage comme le veut la règle de l’ordre des dominicains,  qu’il voit apparaître un oiseau pour le moins étrange :
C’était une créature rose et menue, délicate avec de petits bras osseux d’un jaune pareil à des coqs plumés, deux pattes très maigres elles aussi, aux jointures proéminentes et aux phalanges calleuses comme chez les poules d’Inde.
Et pourtant les ailes de cette créature sont extraordinaires :
Incroyables voiles en forme de triangle, deux ailes gigantesques partaient de ses omoplates (…) faites de plumes couleur ocre, jaune et turquoise, mais aussi d’un vert émeraude pareil à celui du marin pêcheur, elles s’ouvraient en éventail jusqu’au ras de la terre.
Deux autres oiseaux arrivent le lendemain, l’un « pareil à une grand libellule, » l’autre "en forme de balle" " c'était un être tout en rondeur auquel manquait la base du corps"
Leur laideur n’égale que leur fragilité et leur immense fatigue après le long voyage qu’ils ont entrepris.  Fra Giovanni comprend que Dieu les lui a envoyés pour figurer dans ses tableaux et il s'empresse d'obéir. Il les peint  et « les frères tous en choeur s’exclamaient « oh! »
Car ce que peint Fra Angelico dépasse l’imagination. Regardez !

Fra Angelico : L'annonciation

Puis, en dernier, il peignit l’oiseau qui était arrivé le premier.. Il peignit d’abord un portique avec des colonnes et des chapiteaux corinthiens, puis le raccourci d’un jardin derrière une palissade. Enfin il fit poser l’oiseau, et comme il lui demandait une génuflexion, la créature prit appui sur un siège pour ne pas tomber; il lui demanda aussi de croiser les mains sur la poitrine en signe de révérence et lui dit : Je te couvrirai d’une tunique rose car ton corps est trop ingrat. Je ne  dessinerai pas la Vierge avant demain (…) Je vais faire une Annonciation.

Voilà ce qu'est devenu l'oiseau qui ressemble à un coq déplumé!

Et le deuxième oiseau, celui pareil à une grande libellule?

Couvent San Marco Florence Fra Angelico : Le jardin de Gethsémani (cellule 34)
Fra Angelico : Le jardin de Gethsémani (cellule 34)
Il ajouta une figure supplémentaire à une fresque pourtant achevée, celle de la trente-quatrième cellule où il avait peint le Christ au jardin de Gethsémani. L’oeuvre semblait déjà finie, comme s’il ne restait plus d’espace disponible; mais il trouva une surface vacante au-dessus des arbre de droite et c’est là qu’il peignit la grande libellule qui avait le visage de Nerina, avec ses ailes translucide et dorées; dans sa main il mit un calice, dont elle ferait offrande au Christ.

 Et le troisième, celui qui ressemble à une boule? Je ne peux vous le montrer mais si vous allez un jour au couvent San Marco vous le retrouverez dans la celulle 23; c'est l'ange qui rive les clous qui transpercent les mains et les pieds du Christ  "pour soulager la douleur de la Vierge et pour lui faire comprendre que la souffrance de son fils est la volonté de Dieu.."

Quel sens donner à cette nouvelle? 

Je propose une interprétation qui est la mienne, donc celle d'une athée  :  l'écrivain signifie que l'artiste transcende la réalité et qu'il peut créer le Beau même à partir de choses et d'êtres qui ne le sont pas et inspirer ainsi la spiritualité et la paix.
Un croyant pourrait interpréter autrement : l'artiste tient son art de Dieu, il utilise ce don qui lui est accordé pour créer la beauté, inspirer la spiritualité et la paix.


dimanche 18 octobre 2015

Dostoievski /Visconti : Les nuits blanches ET Le peintre Vassili Sourikov



Les nuits blanches de Dostoievski est une longue nouvelle qui se déroule à Saint Pétersbourg pendant quatre nuits et une matinée, dans une atmosphère que la lumière des nuits blanches rend irréelle. Un jeune homme solitaire se promène dans les rues et sur les ponts de la ville quand il rencontre une jeune fille en pleurs.  Celle-ci lui raconte qu'elle est désespérée parce que son fiancé ne vient pas au rendez-vous que tous deux s'étaient fixés un an auparavant. Le jeune homme accompagne la jeune fille pendant ces quatre nuits et en tombe amoureux ; mais celle-ci oubliera-t-elle celui qu'elle aime?

 La nouvelle commence comme un conte et l'on peut penser que ces rencontres sous une lumière  magique se termineront romantiquement. Or, Dostoievski est tout sauf romantique : C’est un nuit de conte, ami lecteur, une de ces nuits qui ne peuvent survenir que dans notre jeunesse. Le ciel était si étoilé, le ciel était si clair que lorsque vous leviez les yeux sur lui, vous ne pouviez, sans même le vouloir, que vous demander : est-il possible que sous un ciel pareil, vivent toutes sortes de gens méchants et capricieux? Cela aussi c’est une question bien jeune, ami lecteur, mais puisse Dieu vous l’inspirer le plus souvent possible.

Cette histoire est, en effet,  celle de la désillusion et de la solitude. Elle est racontée par un narrateur âgé qui s'étonne de la jeunesse et de la naïveté de ces personnages. Et c'est évident pour lui, ils apprendront bien vite que la vie n'est pas ce qu'ils croient et que le mal existe! Comme Dostoievski lui même l'apprendra auprès des bagnards quand il sera déporté en Sibérie en 1849.
La jeune fille, Nastenka,  innocente, naïve, qui vit seule avec sa grand mère aveugle, ne connaît pas le monde. Elle rêve qu'elle se marie avec l'Empereur de Chine car le rêve est sa seule liberté. Lorsqu'elle tombe amoureuse, c'est du seul homme qu'elle a rencontré, le locataire de sa grand mère.  Elle s'est fiancée avec lui en secret et espère qu'il reviendra la chercher dans un an comme il l'a promis. On peut dire que cet homme est le seul moyen pour elle d'échapper à un univers borné qui ressemble bien à une prison. Mais est-elle victime d'une illusion? En tout cas même si elle naïve, elle sait bien jouer la coquette et sa conduite envers le jeune homme montre que les femmes ne sont qu'inconstance et cruauté.
Quant au jeune homme si solitaire, si timide, enfermé dans ses rêves, il ne peut participer au monde extérieur et ne peut vivre que d'illusions. Il parle bien -  évidemment l'écrivain lui prête sa voix - et c'est "un conteur magnifique" comme le lui dit la jeune fille. Il se berce de mots et de beaux sentiments. J'avoue qu'il m'a profondément agacée avec ses larmoiements sur lui-même même si ceux-ci sont incontestablement littéraires c'est à dire bien écrits!. La solitude dont il désespère, il ne cesse pourtant de la cultiver, il s'en pare, il s'en vante même avec une sorte  de souffrance orgueilleuse. Et finalement il en est fier! C'est une Emma Bovary masculin et russe et Dostoïevski est encore plus méchant que Flaubert envers son personnage! On ne peut donc le plaindre quand il se retrouve seul. Il est surtout victime de lui-même, de son incapacité à vivre sa vie et de son orgueil. Finalement loin de nous attendrir, le personnage nous amène à réfléchir sur nous-mêmes et à nous interroger sur le sens que nous voulons donner à notre vie.

La préface de Michel de Castillo

Je me suis interrogée au cours de cette lecture, sur la gêne et l'irritation que j'ai ressenties en découvrant ce personnage masculin. Et c'est Michel del Castillo qui m'a donné la meilleure des réponses. Je le cite.
La tristesse du livre, sa noirceur tiennent d'abord à cette parodie de la grandeur d'âme et de la pure passion. Tel un acide, l'ironie corrode les phrases sonores dont le jeune dostoïevski a longtemps fait son miel. La partition retentit de stridences qui écorchent les oreilles. Avec une délectation ricanante, Dostoievsky emplie les lieux communs, multiplie les références et les clins d'oeil, déchaîne les cordes des envolées pathétiques. Ce faux roman d'amour, ce faux romantisme... ce reptile déguisé en rêveur, cette ville elle-même, artificielle, illusoire, monstrueuse, cachant ses pustules derrière ses marbres et ses palais, jusqu'à ces nuits qui ne sont ni des jours ni des nuits, mais des cauchemars blafards, tout est marqué sous le sceau de l'inauthenticité.

C'est ce que signifie ces avertissements donnés à Nastenka par le jeune homme :

"Il existe à Saint Pétersbourg des recoins assez étranges. Ces recoins, ils ne semblent pas visités même par le soleil... Dans ces recoins ma chère Nastenka, semble survivre une tout autre vie, très différente de celle qui bouillonne autour de nous... Et cette vie est un mélange d'on ne sait quoi de purement fantastique, de violemment idéal avec quelque chose d'autre.. de morne, de prosaïque, d'ordinaire, pour ne pas dire : d'invraisemblablement vulgaire.."

Et s'il y a ironie, on peut dire qu'elle est féroce lorsque dans le dénouement le jeune homme s'exclame :  "Mon Dieu! une seule minute de béatitude! N'est-ce pas assez pour toute une vie d'homme?"

Le peintre Sourikov et la Boyarina Morozova

La première de couverture de la collection Babel Actes Suds offre un très joli portrait, détail d'une grand tableau historique de Vassili Ivanovitch Sourikov que j'ai vu à Moscou dans la galerie Tetriakov.

Moscou La galerie Tetriakov : musée de peinture russe
La galerie Tetriakov

Vassili Ivanovitch Sourikov; la Boyarina  Morozova (1887) (cliquez sur les images)

Le tableau montre la boyarina chargée de chaînes amenée dans la citadelle où elle mourra. C'est un moment de l'Histoire religieuse russe. Le patriarche de Moscou Nikon pour uniformiser toutes les églises orthodoxes de Russie et de Grèce avait  réformé la liturgie en 1666-1667.  Une réforme qui provoqua un schisme (Raskol) entre les "vieux-croyants" ( les starovères)  et les autres. Conduite en prison la boyarina qui se tient du côté des schismatiques fait un signe d'opposition : elle lève deux doigts en l'air pour montrer que c'est ainsi que les "vieux croyants" continueront à se signer et non avec trois doigts pour symboliser la Trinité comme le préconisait le patriarche. A partir de 1685, les "vieux-Croyants" furent persécutés, des dizaines de milliers de d'entre eux furent exécutés, condamnés au bûcher ou emprisonnés à vie. La persécution dura jusqu'en 1905 date à laquelle Nicolas II signa une loi garantissant la liberté de la religion..

C'est dans la foule des "Vieux-croyants" que l'on retrouve la jeune fille de la première de couverture de Les nuits blanches. On peut voir, d'après ce tableau, que les vieux croyants se recrutent dans toutes les classes de la société, mendiants, femmes et hommes du peuple, riches et nobles.

Moscou  : Galerie Tretiakov :  Vassili Ivanovitch Sourikov; Boyarina  Morozova (détail)
Galerie Tretiakov :  Vassili Ivanovitch Sourikov; Boyarina  Morozova (détail)

Si on la regarde de plus près, on perçoit sa tristesse lorsqu'elle regarde la boyarina, ce qui ne laisse aucun doute sur son appartenance au groupe des "vieux-croyants".

Moscou Galerie Tretiakov :  Vassili Ivanovitch Sourikov; Boyarina  Morozova (détail)
Galerie Tretiakov :  Vassili Ivanovitch Sourikov Boyarina  Morozova (détail)

Mais dans la foule, à gauche, certains ricanent. A voir ces visages caricaturaux, on ne doute pas un instant de quel côté le peintre balance!

Galerie Tretiakov :  Vassili Ivanovitch Sourikov; Boyarina  Morozova (détail)

Vassili Ivanovitch Sourikov

Galerie tretiakov Moscou Vassili Sourikov : Autoportrait
Vassili Sourikov : Autoportrait

Le peintre Vassili Sourikov est né en 1848. Il a appartenu au mouvement  réaliste et au groupe des peintres ambulants (ou itinérants) qui apparut en Russie à partir de 1863 pour réagir contre les méthodes et l'enseignement de l'Académie des Beaux-Arts de Saint Pétersbourg. Parmi eux pour neciter que le plus célèbre : Répin.  Ils privilégient une peinture de caractère historique et social et ont des idéaux libertaires, démocratiques..

Autres oeuvres de Vassili Sourikov à la galerie Tétriakov de Moscou 
 et au musée russe de Saint Pétersbourg


Moscou Galerie Tétriakov Vassili Sourikov Le matin de l'exécution des Streltsy (1881)
Galerie Tétriakov Le matin de l'exécution des Stretsly (1881)
La scène se passe sur la place Rouge, devant l'église de Basile-Le-Bienheureux. On voit les murailles du Kremlin, symboles du pouvoir autocrate. Les  Streltsy, ce sont les boyards moscovites, qui se sont rebellés contre le pouvoir du Tsar Pierre 1er, profitant de son séjour en Europe. Revenu à Moscou, Pierre le Grand a une réponse terrible. Des milliers de conjurés sont exécutés et le tsar transfère sa capitale dans la ville qui fait bâtir au bord de la Néva : Saint Pétersbourg. Le tsar, à droite, monté sur son cheval, regarde la scène.

Moscou : Vassili Invanovitch Sourikov Le matin de l'exécution des Stresly (1881) détail
Galerie Tétriakov Le matin de l'exécution des Streltsy (1881) détail


La conquête de la Sibérie par Yermak par Vassili Sourikov  Les Russes (à gauche) fusillent sans pitié avec leurs armes à feu attaquent leurs ennemis qui se défendent avec des arcs et des flèches. 
La conquête de la Sibérie par Yermak. Huile sur toile par Vassili Sourikov (1895). Musée russe (Saint Petersbourg)

Vassili Sourikov : La prise de la forteresse de neige Musée russe Saint Pétersbourg
Vassili Sourikov : La prise de la forteresse de neige Musée russe Saint Pétersbourg
Toujours une grande compostition mais cette fois-ci pour montrer la gaieté du peuple russe au cours d'une amusante bataille dans la neige .
Saint Pétersbourg Musée russe Sourikov : La prise de la forteresse de neige
Vassili Sourikov : La prise de la forteresse de neige Musée russe Saint Pétersbourg(détail)

Musée russe Le monument à Pierre le grand sur la place du Sénat à Saint Pétersbourg le fameux cavalier de bronze statue de Falconet.
Le monument à Pierre le grand sur la place du Sénat à Saint Pétersbourg

Saint pétersbourg Musée russe  Vassili Sourikov : le vieux soldat
Musée russe  Vassili Sourikov : le vieux soldat

Moscou Vassili Sourikov : portrait de sa fille Olga
Galerie Trétiakov  Vassili Sourikov : portrait de sa fille Olga

Luchino Visconti

Luchino Visconti
Luchino Visconti de Modrone est le fils du duc Giuseppe Visconti de Modrone. La famille Visconti régna sur Milan jusqu’au XVème siècle et appartient donc à la grande aristocratie italienne proche de la famille royale. Elle possède un palais à Milan, une villa renaissance sur le bord du Lac de Côme et un château à Plaisance. Il est réalisateur de cinéma, metteur en scène de théâtre et écrivain;

Passionné de chevaux (il s’occupait d’une écurie de sa propriété et était champion d’équitation), il l’est aussi d’opéra et de musique et rencontre les plus grands musiciens de l’époque dans le salon de sa mère (Puccini, Toscanini); la famille a une loge particulière à la Scala. Il était lui-même violoncelliste.  Ce qui explique l’importance de la musique dans son oeuvre cinématographique. De plus, dans leur propriété au bord du lac de Côme, la villa Erba, son père aimait monter des pièces de théâtre. Les enfants Visconti interprétaient de nombreux personnages.  Le rôle préféré de Luchino était Hamlet (modestement!) et avant d'être attiré par le cinéma, il se passionnait pour le théâtre.

Il débuta sa carrière en 1936 comme assistant de Jean Renoir avec les Bas-fonds et Partie de campagne. On peut dire qu'il a été à bonne école! C'est en France, avec Renoir, que Luchino clarifie ses idées au sujet du fascisme et de Mussolini et adhère totalement aux idées esthétiques mais aussi politiques du Front Populaire. C'est parmi les intellectuels parisiens et dans ce contexte de liberté qu'il affirme et accepte entièrement son homosexualité.
Son premier film est Ossessione en 1942 (Les amants diaboliques) d’après le roman Mc Caine : Le facteur sonne toujours deux fois.

Le Notti Bianche :  Les nuits blanches

Les nuits blanches: Maria Schell et Marcello Mastroïani

Les nuits blanches (1957) est une adaptation du roman de Dostoievski. Visconti déplace l’action de Saint Pétersbourg à Livourne, dans le quartier Venezia, dont il reconstitue un quartier en studio à Cinecitta.
Pourquoi Livourne? Par ses canaux et ses ponts, la ville est censée rappeler Saint Pétersbourg.
Pourquoi en studio? Parce qu’il permet à Visconti de réaliser son projet de réunir théâtre et cinéma. Le brouillard est rendu par des voiles de tulle comme au théâtre. Les jeux d’ombre et de lumière doivent paraître artificiels et faux, offrant ainsi un décor onirique au récit qui est filmé en noir et blanc. Ceci n’empêche pas le réalisme. De même que Dostievski situait le récit de Les nuits blanches dans un quartier populaire et  pauvre, de même le quartier ou vivent les personnages de Visconti est lépreux, mal famé et les habitants modestes mais.. d'une manière très esthétique. Le récit est fidèle à l’histoire mais ni au sens ni à la psychologie des personnages du roman. 
Marcello Mastroiani (Mario) est un jeune homme, trop beau, trop sûr de lui, prompt à prendre mouche et en aucun cas il n'est le rêveur déconnecté du monde, cultivant sa différence, s’enivrant de mots et de sentiments faux, et s’apitoyant sur lui-même dans une pose affectée. Au contraire, il paraît très prosaïque. En fait, il s’efface même, par moments, devant le personnage féminin, Natalia, incarnée par Marie Schell qui prend plus d’importance que lui, à la différence du roman. Il faut dire que Maria Schell était alors au sommet de sa gloire et est particulièrement mise en valeur.  Son interprétation  exacerbe le romantisme de l’histoire.
On peut dire, donc que Visconti n’a été fidèle à l’écrivain que par la forme mais non par le fond.










Le livre : Les nuits blanches de Fédor Dostoïevski
Le film : Nuits blanches de Luchino Visconti
Bravo à Aifelle, Dasola, Eeeguab, Kathel, Keisha, Thérèse, Valentine, 
Merci à tous pour votre participation.