Pages

Affichage des articles dont le libellé est Le jeu sérieux de Södeberg. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Le jeu sérieux de Södeberg. Afficher tous les articles

lundi 12 mai 2014

Analdur Indridason : La rivière noire/ Kristin Baldursdottir : l'esquisse d'un rêve /Södeberg : Le jeu sérieux



Je suis comme le Lapin d'Alice, toujours en retard, à courir après l'heure et après les livres que je n'ai pas encore commentés. Mais voilà, ils s'entassent, ils s'entassent et si je ne fais pas quelque chose je vais mourir ensevelie. Alors je vais imiter quelques amies blogueuses qui m'en ont donné l'idée et je réunis plusieurs titres dans ce billet, des lectures  faites il y a déjà un ou deux mois et plus!

L'ISLANDE

La rivière noire de Arnaldur Indridason




Arnaldur Indridason est né à Reykjavik en 1961. Diplômé en histoire, il est journaliste et critique de cinéma. Il est l’auteur de romans noirs couronnés de nombreux prix prestigieux, publiés dans trente-sept pays.

Avec La rivière noire d'Arnaldur Indridason nous partons en Islande et retrouvons l'équipe d'Erlendur à Reikjavik mais sans Erlendur parti dans le Nord sur les traces de son enfance et de son frère perdu. L'auteur a voulu s'intéresser cette fois à l'une de ses collaboratrices, Elinborg.
Le thème  : un jeune homme est découvert mort dans son appartement ; il a dans la poche de sa veste des cachets de Rohypnol, la drogue du viol. Un châle découvert sous le lit oriente l'enquête vers une jeune femme que le violeur a entraînée chez lui mais qui ne se souvient de rien. Est-elle la meurtrière?
Mon avis : 
L'intrigue est assez complexe et l'enquête est une occasion pour l'auteur de dénoncer les dysfonctionnements de la justice islandaise qui ne semble pas considérer le viol comme un crime; ceux qui sont arrêtés subissent une peine légère de prison et ressortent peu de temps après, libres de recommencer. C'est ce qui m'a intéressée dans le roman.
j'ai trouvé par contre, que le personnage d' Elinborg, même si nous entrons dans son intimité, était beaucoup moins réussi que celui d'Erlendur. L'écrivain a fixé quelques traits de son caractère, comme son amour de la cuisine, mais le tout paraît assez  superficiel et répétitif. Un livre moins réussi donc, à mon avis, que les précédents du même auteur : La femme en vert ou La cité des jarres.

Kristin Baldursdottir : l'esquisse d'un rêve Karitas Livre 1




Avec L'esquisse d'un rêve (Karitas livre 1) mais je n'ai pas lu Karitas livre 2 : l'art de la vie) nous restons encore en Islande. Il ne s'agit plus pourtant d'un livre policier mais d'une saga familiale qui dépeint la vie d'une famille pauvre vivant dans une ferme au nord-ouest de l'Islande. Après la disparition en mer du père, marin, la famille entreprend un long voyage en bateau pour atteindre la ville d'Akureyri,  au nord du pays, où la mère veut envoyer ses enfants à l'école persuadée de l'utilité des études.
Mon avis :
Le roman présente une description magistrale d'une Islande populaire au début du XX siècle et des difficiles conditions de vie et de travail des saleuses de harengs dont les mains corrodées par le sel, présentent des plaies qui ne se referment pas. L'héroïne, Karitas, exceptionnellement douée pour le dessin, n'aurait aucune chance d'échapper à sa condition si elle n'était remarquée par une artiste venue s'installer près de chez elle et qui l'envoie étudier aux Beaux-Arts à Copenhague.
L'écrivaine brosse de beaux portraits de femmes, de la mère qui maintient l'unité de la famille, animée par une volonté farouche, économisant chaque sou pour payer les chaussures, envoyer ses enfants à l'école, de Karitas  (qui semble avoir eu pour modèle la propre grand mère de l'auteure) et de ses soeurs, en particulier de la fière Halldora qui refuse d'épouser l'homme de sa vie parce qu'il a trop tardé à faire sa demande.
Un roman très plaisant à lire qui permet de faire connaissance d'une Islande maintenant disparue et de réfléchir au rôle de la femme dans ce pays au début du XX siècle.


Voir la très intéressante interview de Kristin Baldusdottir sur la condition féminine en Islande de nos jours. A noter : les femmes ont obtenu le droit de vote en Islande en 1915, en France en 1947!! Oui, je sais nous étions et nous sommes toujours un pays affreusement conservateurs! Mais tout n'est pas rose en Islande non plus pour les femmes actuelles dont la situation a connu une régression certaine.




SUEDE

Le jeu sérieux de Södeberg




Hjalmar Söderberg , romancier, auteur dramatique, poète et journaliste, est né à Stockholm le 2 juillet 1869. Il meurt en 1941 à Copenhague. Contemporain de Strindberg, il fut aussi réputé que lui dans les pays scandinaves où il demeure l’un des écrivains du XIXe siècle les plus lus. En France, pendant longtemps on ne connaissait que sa pièce, Gertrud, que Dreyer a adaptée pour le cinéma. La parution de Égarements en 1895 provoque le scandale, et lui vaut d’être accusé de pornographie. En 1907, Söderberg est obligé de quitter la Suède. Il s’installe au Danemark, et cet exil marque le début de son détachement vis-à-vis de la littérature. Journaliste, il a critiqué le nazisme avec véhémence, écrivant longuement à ce sujet dans le quotidien libéral, très anti-nazi, suédois Göteborgs Handels- och Sjöfartstidning.

Présentation de l'éditeur :
Dans Le Jeux sérieux, Söderberg fait un magnifique portrait de femme, d’une exceptionnelle liberté, d’une étonnante universalité. Lydia vit pour l’amour, comme Gertrud, elle n’accepte aucune compromission. L’écrivain ne porte aucun jugement, il regarde vivre son personnage, et ce regard la magnifie, la rend inoubliable. Lorsque le roman commence, Lydia a 18 ans, elle est amoureuse d’Arvid Stjärnblom, qui l’aime également. Elle a confiance en lui, elle est prête à l’attendre, attendre qu’il termine ses études, qu’il trouve sa voie… Mais Arvid « ne supporte pas que quelqu’un l’attende ». La jeune fille finit par épouser un vieil homme riche. Arvid, de son côté, épouse sa maîtresse qui attend un enfant. Le temps passe, rythmé par l’histoire mondiale : les journaux commentent l’Affaire Dreyfus, la scission entre la Suède et la Norvège, la crainte d’une guerre mondiale… Arvid est devenu un grand critique musical. Un jour, à l’opéra, Lydia occupe la loge voisine de la sienne… Avant de se donner à lui, la jeune femme lui écrit une lettre où elle explique pourquoi elle s’est mariée, son désir d’être fidèle à son mari battu en brèche par l’ignoble comportement de cet homme lorsqu’elle lui a annoncé qu’elle attendait un enfant. Et surtout, elle lui annonce qu’elle va quitter son mari pour vivre pleinement leur histoire d’amour.
« — Te souviens-tu que je t’ai demandé, l’après-midi au Continental, si tu aimais ta femme ? — Oui. — Te souviens-tu de m’avoir répondu : “Je l’aime à la manière luthérienne” ? — Oui. Lydia pâlit. Mais sa pâleur était lumineuse. — Viens, dit-elle. Moi, tu peux m’aimer à la manière païenne ! »
« Le Jeu sérieux est le seul roman d’amour qui compte dans notre littérature », a écrit un critique suédois. Oserons-nous aller au-delà de ce jugement et dire simplement que Le Jeu sérieux est un des plus beaux romans d’amour de la littérature mondiale ?

Mon avis :
Avec Le jeu sérieux, je comprends que Södeberg ait pu choquer les mentalités de l'époque car le portrait de cette jeune femme Lydia est surprenant. Il s'agit d'une femme libre, qui refuse l'hypocrisie et se donne à Arvid par amour dès lors qu'elle pense ne plus rien devoir à son mari dont le comportement brutal et l'égoïsme l'ont déçue. Mais que dire de ses infidélités répétées vis à vis d'Arvid et surtout de la manière dont elle paraît se jouer de lui? Et c'est là qu'elle cesse d'être seulement une femme libre pour devenir énigmatique aux yeux de son amant mais aussi du lecteur. On dirait bien un jeu du chat et de la souris, elle trompe, dissimule, demande pardon, l'obtient pour mieux mentir encore. Pourquoi? Est-elle libre ou sournoise voire dépravée, se réjouissant de la souffrance qu'elle inflige? C'est ce qui donne son explication au titre qui est un oxymore car s'il s'agit d'un jeu, il ne cesse d'être cruel et trouble.