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jeudi 1 décembre 2016

Elena Ferrante : l'amie prodigieuse


Dans  L’amie prodigieuse, Elena Greco, fille du portier de la mairie, se prend d’amitié pour Lila Cerullo, fille de cordonnier dans un quartier pauvre de Naples dans les années 1950. Lila est l’amie « prodigieuse », qui la subjugue par son intelligence. Extrêmement douée, la petite Lila a un caractère affirmé, une  indépendance et une personnalité forte que rien ne semble pouvoir brimer. Pourtant au moment du choix, Lila se verra interdire le collège par des parents intraitables alors que Lena poursuivra ses études jusqu’au lycée grâce à l’intervention de l’institutrice.
L’amie prodigieuse est l’histoire d’une amitié profonde mais complexe entre les deux fillettes qui grandissent devant nous, mais aussi le récit d’une séparation inéluctable, Lena s’éloignant peu à peu de son entourage qui parle encore le dialecte. Sa maîtrise de la langue italienne et de la culture fait d’elle une étrangère dans son propre milieu.

C’est Lena, âgée, devenue écrivaine, qui raconte cette histoire et fait revivre  le quotidien des familles pauvres dans un quartier où la violence est de mise entre adultes mais aussi entre les enfants. Nous faisons connaissance avec toutes ces familles qui sont non seulement marquées par la misère mais aussi par les souvenirs de la guerre, du fascisme et des exactions commises pendant le conflit. Le marché noir qui a permis à certains de s’enrichir sur le dos des autres est loin d’être oublié et peut encore pousser au crime. Mais le point de vue est celui d’une enfant qui ne comprend pas tous les sous-entendus et peuple son quartier de personnages échappés des contes comme l’ogre, Don Achille Carracci. Peu à peu, en grandissant et en s’instruisant, le regard de Lena, adolescente, s’éclaire et les zones sombres de son enfance prennent une autre signification. Quant à Lila, elle ne peut échapper au déterminisme social et à son statut de fille pauvre mais belle et son intelligence supérieure doit être mise sous éteignoir. C’est Mozart qu’on assassine !

J’ai beaucoup aimé les talents de conteuse de Elena Ferrante et sa manière de décrire des personnages populaires vrais, sans misérabilisme mais aussi sans concession. Ni mépris, ni angélisme. Un ton si juste que l’on se demande si la Lena du roman n’est pas l’Elena qui signe le livre. Pas de réponse à cette question puisque Elenaa Ferrante semble être un personnage mystérieux qui se cache sous son pseudonyme. (voir article du Figaro ICI)

Un bon livre, plein de sensibilité qui, je m’en suis aperçue à la fin du roman, n’est pas terminé et se poursuit dans les tomes suivants : Le nouveau nom et Celle qui fuit et celle qui reste (sortie en Janvier 2017).

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