Pages

mardi 30 septembre 2025

Les peintres de Plovdiv (1) : Tsanko Lavrenov et Zlati Boyadzhiev

Tsanko Lavrenov : le vieux Plovdiv on y voit la maison Guieorguiadi et porte Hissar Kapia

 

Plovdiv : Maison Guieorguiadi à droite et porte Hissar Kapia


Plovdiv est appelé "la ville des peintres" car toutes les  belles maisons issues de la Renaissance nationale qui exposent leurs oeuvres sont aussi des musées. Au plaisir de découvrir la richesse architecturale, la beauté des intérieurs, s'ajoute donc la découverte d'oeuvres picturales et d'artistes différents mais tous liés par l'amour de leur ville.

 Les plus grands figures de la peinture plovdivienne sont Tsanko Lavrenov (1896-1978) et Zlati Boiadjiev (1903-1976) pour la première génération. (1)

 Georgi Bojilov-Slona (1935-2001), Dimitar Kirov(1935_ ),Dimitri Kazak-Nero (1933_1992), sont les artistes de la seconde génération et sont aussi exposées  dans les vieilles maisons de Plovdiv. (2)

 

Tsanko Lavrenov


Maison de Kirkor Mesrobovich : musée Lavrenov


Plovdiv : Exposition Lavreno  

 

Aleksandar-Stefan Ivanov dit Tsanko Lavrenov est né à Plovdiv en 1896 dans une famille de commerçants aisés et il est mort dans sa ville en 1978.  Ses œuvres sont exposées dans l'ancienne maison de Kirkor Mesrobovich, construite en 1846 et située dans la vieille ville de Plovdiv. 

La peinture de Tsanko Lavrenov est caractéristique de l'art national bulgare du XX siècle. La première guerre mondiale l'a empêché de s'inscrire aux Beaux-arts de Sofia.  Par la suite, il part étudier à Vienne dans une école privée pendant un an en 1921. Il y découvre l'art nouveau et l'expressionnisme qui influenceront son oeuvre. Puis il revient à Plovdiv où il décide de se consacrer à la peinture  tout en aidant ses soeurs dans le magasin familial.  Ses thèmes sont liés à sa ville natale qu'il cherche à peindre entre tradition et modernisme. Il a peint aussi tout une série de monastères et des vues des Balkans. Parce qu'il n'est pas passé par les Beaux-Arts, son art ne doit rien à l'académisme et me semble être un (savant) art naïf, en tout  cas quelque chose d'unique.

 voir ici

Plovdiv  Tsanko Lavrenov : concert dans la maison  marchand Argir Kuyumdzhioglu

la maison  Argir Kuyumdzhioglu



Plovdiv : Tsanko Lavrenov


Curieuse peinture intitulée Plovdiv de Noël ! A droite, le peintre habillé à l'européenne présente un tableau représentant des hommes et des femmes d'un milieu bourgeois aisé, riches marchands, pope. Au-dessus de leur tête est inscrit Noël. A gauche, un autre homme en costume traditionnel présente un tableau figurant des femmes en train de brûler et cette inscription : Prostituées ! Au centre deux hommes à cheval. Je ne sais pas qui ils sont mais leur classe sociale est évidente. En arrière-plan, la veille ville de Plovdiv sur ses collines.


Musée des Beaux-Arts de Sofia : Tsanko Lavrenov : la ville de Plovdiv


Musée des Beaux-Arts de Sofia : Tsanko Lavrenov : la ville de Plovdiv (détails)


Plovdiv Tsanko Lavrenov : monastère Simonos Petre sur le mont Athos



Plovdiv Lavrenov : Monastère de Rila : l'église


Plovdiv Lavrenov : Monastère de Zograf


Plovdiv : Tsanko Lavrenov : Monastère de la Tranfiguration


Tsankor Lavrenov : La foire

La foire est un étonnant tableau qui peint avec précision et un luxe de détails, dans un même espace, différentes scènes qui forment comme autant de petits tableaux. L'impression d'ensemble, la foule, le mouvement, les danses, les manèges, la musique, donnent une impression de vie et de réalité. Il s'agit d'un tableau extrêmement "bruyant" et dans lequel tous les mouvements circulaires évoquent la rotation de la planète. Même les maisons à l'arrière-plan semblent subir l'attraction et être prêtes à s'envoler.  Tous les personnages sont disposés en cercles auxquels s'ajoutent encore les chapiteaux ronds des manèges, et au premier plan, alors que les personnages sont stables, ce sont leurs jeux comme celui de la roulette, à droite et du tir à la carabine sur une cible ronde, au centre, qui rejoignent le mouvement circulaire.  Bien que le style soit très différent, j'ai pensé à Chagall et aussi au futurisme italien, aux tableaux de Gino Severini. Lorsque l'on regarde attentivement le tableau, la foule cesse d'en être une, chaque personne s'individualise et l'on peut remarquer que toutes les classes sociales sont représentées, les différents métiers, tous les âges aussi...

 

Chagall Triomphe de la musique

 

Lavrenov : la foire (détails)


Gino Severini : Danseuse de Pigalle


Zlati Boyadzhiev
 
 
Zlati Boyadzhiev : Berger (1927) Musée de Sofia ( première période)

 
Zlati Boyadzhiev est né dans le village de Brezevo près de Plovdiv en 1903 et il meurt à Plovdiv en 1976.  Il suit des études de peinture à l’Académie royale des Beaux-Arts de Sofia en 1932. Il se lie d’amitié avec Tsankor Lavrenov en 1926 et tous deux font partie des peintres qui ont pris la ville de Plovdiv comme sujet. Il explore aussi la vie rurale et peint des scènes quotidiennes. Son séjour en Italie l’ouvre à la peinture de la Renaissance dont on retrouve l’influence dans ses portraits. ll explore aussi les techniques de la peinture des icônes. Plus tard, il sera aussi influencé par la peinture flamande. Ses oeuvres sont exposées à Plovdiv dans la maison de style Renaissance nationale (XIX siècle) du docteur Stoyan Chomakov. 



maison docteur Stoyan Chomakov : musée Zlati Boyadzhiev



maison docteur Stoyan Chomakov : musée Zlati Boyadzhiev


 
Première période 1932-1951
 
 
Zlati Boyadzhiev: L'artiste et sa femme (1941)  Maison docteur Stoyan Chomakov

 
Il y a deux périodes dans la peinture de Zlati Boyadzhiev : de 1932 à 1952 sa manière est  classique ou néo-classique. J'ai vu quelques oeuvres de la première période à Sofia.
 
 
 
Zlati Boyadzhiev: Automne 1941 Sofia
 
 
 
 Zlati Boyadzhiev : Hiver à Plovdiv (1939)musée des Beaux-Arts de Sofia

 
Deuxième période ( 1951-1976) 


 Zlati Boyadzhiev : La ville de Plovdiv : vers l'abattoir (musée de Sofia) (1960)

 
En 1951 il est victime d’un accident cérébral et perd l’usage de sa main droite, il ne peut plus ni parler, ni lire. Sa femme Tsena le soutien dans ses efforts pour récupérer l’usage de la parole et pour écrire et peindre de la main gauche.
En 1953, Zlati Boyadzhiev recommence à peindre mais son style et sa manière de peindre sont complètement transformés. Son art se rapproche du style naïf et la  ligne brisée et la  superposition de la peinture  s’apparentent à l’impressionnisme. Il peint des compositions complexes avec une foule de personnages en mouvement, dans des couleurs vives qui n'est pas, parfois, sans rappeler Jérome Bosch.


 Zlati Boyadzhiev : danse traditionnelle

 
 
Zlati Boyadzhiev  : Le mariage  Plovdiv Maison docteur Stoyan Chomakov


 
Zlati Boyadzhiev : Jeux d'hiver à Plovdiv (détail)




Zlati Boyadzhiev : Jeux d'hiver à Plovdiv (détail)Maison docteur Stoyan Chomakov


 
 
 Zlati Boyadzhiev : la mort du cochon Maison docteur Stoyan Chomakov