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lundi 14 septembre 2020

Pat Barker : Le silence des vaincues Rentrée littéraire 2020

Le silence des vaincues de Pat Barker 

Qui a dit que la rentrée littéraire n’était pas intéressante ? Pas moi en tout cas ! Le silence des vaincues est un coup de coeur.

 J’en aime le sujet : la guerre de Troie revue par une femme, Briséis, la captive d’Achille, son trophée, l’enjeu de sa rivalité avec Agamennon, la raison de sa colère et de son refus de se battre ! Et je trouve audacieux et intelligent de la part de Pat Barker cette Iliade débarrassée des ors de la légende, du grandissement épique qui auréole les guerriers grecs ou troyens. Les héros sont ramenés à leur condition d’hommes, les combats ne sont plus orchestrés par les dieux. Pat Barker refuse l’épopée parce qu’elle magnifie la guerre et elle nous ramène à ce que nous sommes, près de la terre ! Ce thème est introduit dès l’incipit du roman qui claque comme une gifle :
« Le GRAND ACHILLE, LE BRILLANT ACHILLE, le bouillant Achille, le divin Achille… Comme les épithètes s’accumulent ! Nous ne l’appelions jamais par aucun de ces noms; nous l’appelions « le boucher ».

La guerre, donc, vue à hauteur de femme : tuerie de masse, ivresse du meurtre et de la violence, la guerre et ses horreurs sans gloire qui révèle les pires instincts, folie, cruauté, qui peint les combattants tels qu’ils sont, couverts de sang et de souillures organiques, cervelles éparses, intestins déversés. Et le sort des des vaincues, toujours le même, éventration des femmes enceintes, assassinat de leurs enfants, viol, servitude sexuelle, esclavage, humiliations, maltraitance, avilissement, désespoir… Pat Barker nous révèle une autre réalité sous la richesse affichée des vainqueurs. Achille mange dans une vaisselle d’or mais la saleté et la misère règnent dans le camp des Grecs, odeurs délétères des latrines et de l’hôpital, amoncellement des dépôts d’ordure qui entraîne la peste, réinterprétation du récit homérien qui décrit l'épidémie comme une vengeance du dieu Apollon offensé en la personne de son prêtre Chrysès.

 Ajoutez à ces propos, un roman passionnant, addictif, plein de compassion, qui nous fait découvrir des êtres vivants, complexes, tourmentés, divisés, tout en nous plongeant au coeur de l’humanité, de ses souffrances, de ses contradictions. C’est aussi une grande réussite de l’écrivaine d’avoir évité le manichéisme, d’avoir su montrer la fragilité de ces « héros » devenus machines à tuer. Achille, enfant abandonné par sa mère, la déesse Thétys, quand il était enfant, souffrant toujours d’un manque affectif, Patrocle, empathique, mais se transformant en tueur sur le champ de bataille. Les rapports ambivalents des deux amis, entre domination, soumission et amour indéfectible. 

L’écrivaine connaît son Iliade sur le bout des doigts et nous fait partager le plaisir érudit, mis à la portée de tous, même de ceux qui ne connaissent par l’oeuvre d’Homère, de retrouver les personnages illustres, Hécube, Hélène, Cassandre, Ulysse, Nestor, Ajax…et d’assister aux grands sommets de l’histoire de Troie : la visite de Priam à Achille pour réclamer son fils Hector mort sur le champ de bataille, celle de de Chrysès, le prêtre d’Apollon, venu chercher sa fille Chryséis, la dispute entre Agamemnon et Achille, sa mort … Mais en même temps, elle démystifie tous ces personnages et nous parle des victimes, de ces femmes obscures, livrées à la soldatesque, battues, survivant dans la peur et dans la violence. 

C’est ainsi que le récit de Pat Barker offre une vision féminine ( féministe ? mais pas obligatoirement, tous les pacifistes peuvent se reconnaître dans cette proposition) de la guerre de Troie mais elle décrit aussi avec réalisme ce que sont toutes les guerres. A travers l’Iliade, elle nous parle de notre époque ou plutôt de toutes les époques et donne une vision universelle de la guerre avec sa corrélation, la violence faite aux femmes. Elle nous oblige à réfléchir à notre humanité qui n’a jamais pu et su éviter que les conflits dégénèrent en boucherie et qui n’a jamais su gagner en sagesse ! 

Un beau roman, au style efficace, sensible et vibrant, qui, tout en nous renvoyant à l’actualité, donne pour la première fois la parole aux femmes, reines déchues, filles violées, arrachées à l’enfance, esclaves battues, victimes d’hier et d’aujourd’hui. Une belle réussite !

jeudi 7 août 2014

Aristophane : Lysistrata



La comédie d'Aristophane, Lysistrata, est jouée en 411 av. JC, dix-huit mois après la défaite des Grecs en Sicile. Athènes se relève mal de cette déroute, affaiblie par les pertes en hommes. D'autre part la guerre du Péloponnèse qui oppose Athènes à Sparte avec de brèves trêves dure depuis 431. (Elle ne finira qu'en 404 avec la victoire de Sparte)

Lysistrata Aubrey Beardsley (1896)

Aristophane écrit cette pièce pour dénoncer les horreurs de cette guerre fratricide et dire le bienfaits de la paix. Il imagine que les femmes qui vont intervenir pour contraindre leurs époux à conclure la paix puisque ceux-ci sont incapables d'être raisonnables.




Lysistrata*, une jeune athénienne prend la tête de ce mouvement en donnant rendez-vous à ses amies au pied de l'Acropole. Elle a un plan qu'elle va soumettre à l'assemblée :  pour convaincre les hommes de mettre fin à la guerre, les femmes doivent faire la grève du sexe en se refusant à leur mari tant  que ceux-ci n'auront pas signé la paix. Elles se barricadent ensuite sur l'Acropole où est déposé le trésor d'état et refusent que celui-ci soit utilisé pour la guerre. Elles prennent ainsi le pouvoir et décident de gérer le budget de la ville comme elles le font pour celui de la maison. Evidemment, les épouses de toutes les régions de la Grèce feront de même. Ce n'est pas sans mal que Lysistrata va obtenir des femmes qu'elles privent de sexe leur mari car c'est se priver aussi elles-mêmes d'où leurs réactions horrifiées :

Lysistrata : et bien il vous faut renoncer au zob.
Kalonike : Je ne pourrai jamais! non, que la guerre aille son train!
Myrrhine : Ni moi non plus corbleu! Que la guerre aille son train!


La pièce d'Aristophane est une grosse farce qui à première vue ne parle que du sexe d'une manière crue, directe et obsessionnelle. Les jeux de mots, les sous-entendus obscènes, les gestes grivois, les phallus en érection arborés par les maris, tout dans cette comédie peut choquer un public contemporain et une société marquée par le christianisme mais il faut la replacer dans son temps : "la comédie tirait directement  son origine des rites phalliques liés au culte de la fécondité humaine, animale et végétale; elle portait trace ainsi des temps ou la fertilité, la continuation de la vie sont souci majeur pour les sociétés constituées"* 


Lysistrata est aussi bien plus que cela; c'est avant tout une pièce qui oeuvre en faveur de la paix en montrant l'absurdité de la guerre et les douleurs qu'elle engendre. Elle est aussi une pièce qui redonne la parole aux femmes.

Lysistrata. - Je vais te satisfaire. Précédemment, dans la dernière guerre, nous avons supporté votre conduite avec une modération exemplaire; vous ne nous permettiez pas d'ouvrir la bouche. Vos projets étaient peu faits pour nous plaire; cependant ils ne nous échappaient pas, et souvent au logis nous apprenions vos résolutions funestes sur des affaires importantes. Alors, cachant notre douleur sous un air riant, nous vous demandions : « Qu'est-ce que l'assemblée a résolu aujourd'hui? Quel décret avez-vous rendu  au sujet de la paix ? - Qu'est-ce que cela te fait ? disait mon mari : tais-toi ;» et je me taisais.
Aussi me taisais-je. Une autre fois, vous voyant prendre une résolution des plus mauvaises, je disais : « Mon ami, comment pouvez-vous agir si follement ? » Mais lui me regardant aussitôt de travers, répondait : « Tisse ta toile, ou ta tête s'en ressentira longtemps ; la guerre est l'affaire des hommes  !»
Le magistrat - Par Jupiter ! il avait raison.
 
Lysistrata. - Raison ? Comment, misérable! il ne nous sera pas même permis de vous avertir, quand vous prenez des résolutions funestes? Enfin, lasses de vous entendre dire hautement dans les rues « Est-ce qu'il n'y a plus d'hommes en ce pays - Non, en vérité, il n'y en a plus, » disait un autre ; alors les femmes ont résolu de se réunir, pour travailler de concert au salut de la Grèce. Car qu'aurait servi d'attendre? Si donc vous voulez écouter nos sages conseils, et vous taire à votre tour, comme nous faisions alors, nous pourrons rétablir vos affaires.

En effet la déraison est l'apanage des hommes; ce qui est prouvé puisqu'ils ne peuvent pas être convaincus par le discours et n'entendent raison que par la privation sexuelle. Les femmes vont prêcher la paix, comme elles en ont le droit en tant que mère et épouse. Elles remettent aussi en cause les abus du pouvoir, la corruption et la conception de la justice et de la démocratie comme cela apparaît à travers la métaphore de la laine du fil et des fuseaux :

Le magistrat - Ainsi donc, pauvres folles, vous pensez terminer les affaires les plus critiques avec de la laine, du fil et des fuseaux ! 
Lysistrata. - Oui ; si vous aviez le moindre bon sens, vous prendriez, en politique, exemple sur notre manière de travailler la laine. 
Le magistrat - Comment cela ? Voyons. 
Lysistrata - De même que nous lavons la laine pour en séparer le suint, il fallait d'abord expulser de la ville à coups de verges les pervers, et séparer la lie ; puis ceux qui se tiennent et s'agglomèrent ensemble pour s'emparer des charges, les diviser et leur fendre la tête ; ensuite jeter tout pêle-mêle dans une corbeille pour le bien commun, et carder indistinctement étrangers domiciliés, hôtes, amis, débiteurs du trésor ; quant aux villes peuplées de colons de ce pays, les regarder chacune séparément comme autant de pelotons posés devant nous, puis, prenant leur fil à toutes, le tirer jusqu'ici et n'en faite qu'un seul, pour former de tout cela une grosse pelote et en tisser un manteau pour le peuple. 
Le magistrat - N'est-il pas étrange qu'elles prétendent tirer et pelotonner tout cela, elles qui ne prennent aucune part à la guerre ?
 Lysistrata - Oh ! misérable, ne supportons-nous plus du double de ce fardeau, nous qui d'abord enfantons des fils pour les voir partir à l'armée ?

Ainsi Aristophane va très loin dans sa critique puisqu'il dénonce la lie de la société grecque, ceux qui  font régner la corruption et il nous rappelle en cela notre société ( les malversations, les fausses factures, les mensonges etc... de certains de nos hommes politiques) mais aussi ceux qui s'associent, s'agglomèrent ensemble, pour s'emparer des charges et des pouvoirs et servir leurs propres intérêts (le cumul des mandats, tous les postes administratifs élevés que l'on se distribue en haut lieu). Les femmes proposent une véritable conception de la démocratie, le bien commun, qui englobe même les étrangers domiciliés ( Un certain président avait promis chez nous de donner le droit de vote aux étrangers! promesse non tenue, bien sûr!). Enfin il s'agit de réaliser une union de tous, une grosse pelote,  pour le bien de tous, un manteau pour le peuple.

Et comme nous sommes dans une comédie, bien sûr, elles obtiennent la fin de la guerre et les hommes, eux, ont enfin … ce qu'ils veulent! La pièce d'Aristophane est un beau plaidoyer pour la paix mais aussi pour les femmes et la démocratie. Il n'est pas étonnant qu'elle ait inspiré de nombreuses oeuvres depuis car elle est malheureusement toujours d'une grande actualité quant aux thèmes développés!

********

* Lysistrata : littéralement "celle qui délie l'armée" ou "qui démobilise les armées" traduit dans la collection de poche par Victor-Henri Debidour par Démobilisette, ce que je n'aime pas du tout. J'ai aussi utilisé en citation la traduction de Brotier mais que je trouve trop édulcorée.

**préface VH Debidour

Ceci est une Lecture commune avec Maggie, Océane et Margotte.

Chez Eimelle

dimanche 8 juin 2014

Homère : L'odyssée

Ulysse contant ses aventures accompagné d'un aède

Je n'ai pas l'intention de présenter l'Odyssée, ce long poème d'Homère, l'un des livres les plus importants de notre patrimoine littéraire; il fait partie de ceux qui ont construit les mythes fondateurs de notre civilisation. Je souhaite plutôt en conseiller la lecture à ceux ou celles qui ne l'ont pas encore lu. On en retarde souvent la lecture! Pourquoi? Peut-être parce que l'on connaît trop bien les récits si souvent rencontrés, peut-être parce que l'on a peur de s'ennuyer?  
Et bien il faut savoir que le livre du divin Homère est passionnant et que son style ou plutôt sa traduction quand elle est réussie est d'une grande poésie, pleine d'images, et possède un rythme, une mélodie, un souffle épique qui portent le lecteur.


Cratère : L'Odyssée

Il y a eu un grand nombre des traductions du poème d'Homère. Pour ma part, je possède deux exemplaires de l'Odyssée que je vais vous présenter. Non, ce ne sont pas des livres précieux ni très anciens mais je les aime.

Le premier appartenait à mes parents et est paru en 1948 au club du livre, collection Les portiques, aux presses de l'Entreprise à Paris. La traduction est de Victor Bérard et la préface de Jean Bérard. C'est dans ce livre que j'ai lu pour la première fois l'Odyssée et éprouvé la beauté du texte et des images. Depuis j'ai su que cette traduction avait de nombreux détracteurs : elle s'éloigne un peu trop du texte si j'en crois les critiques et n'est donc pas fidèle. Certains la trouvent lourde..



 Le second exemplaire est paru en 1973 à Paris chez l'éditeur Jean de Bonnot dans un traduction de Leconte de Lisle (1861). Il paraît que le poète est très fidèle au texte mais beaucoup pense que la traduction de Philippe Jaccottet qui date de 1955  est la plus réussie et la plus élégante.

Pour ma part, comme je ne connais pas la traduction de Jaccotet, je continue donc à avoir une préférence pour celle de Bérard; ce que j'aime en elle c'est la musicalité des vers (hexamètres) et le goût pour l'archaïsme des mots et de la phrase. Mais n'ayant jamais étudié le grec, je ne saurais vous dire si j'ai raison. Je vous donne juste un petit aperçu.


 
Le buste de Homère


Le poème d'Homère commence par une invocation à la Muse : chant 1

Victor Bérard 
C'est l'homme aux mille tours, Muse, qu'il faut me dire, Celui qui tant erra quand de Troade*, il eut pillé la ville Sainte, Celui qui visita les cités de tant d'hommes et connut leur esprit, Celui qui, sur les mers, passa par tant d'angoisses, en luttant pour survivre et ramener ses gens.  Hélas! même à ce prix, tout son désir ne put sauver son équipage : ils ne durent la mort qu'à leur propre sottise, ces fous qui, du Soleil, avaient mangé mes boeufs; c'est lui, le Fils d'en haut, qui raya de leur vie, la journée du retour.
Viens , ô fille de Zeus, nous dire à nous aussi, quelqu'un de ces exploits. 
* Troie

Leconte de Lisle

Dis-moi, Muse, cet homme subtil qui erra si longtemps, après qu'il eut renversé la citadelle sacrée de Troie. Et il vit les cités de peuples nombreux, et il connut leur esprit ; et, dans son coeur, il endura beaucoup de maux, sur la mer, pour sa propre vie et le retour de ses compagnons. Mais il ne les sauva point, contre son désir; et ils périrent par leur impiété, les insensés ! ayant mangé les boeufs de Hèlios Hypérionade. Et ce dernier leur ravit l'heure du retour. Dis-moi une partie de ces choses, Déesse, fille de Zeus.


L’Odyssée, traduction Philippe Jaccottet


 Ô Muse, conte-moi l’aventure de l’Inventif, celui qui pilla Troie, qui pendant des années erra, voyant beaucoup de villes, découvrant beaucoup d’usages, souffrant beaucoup d’angoisses dans son âme sur la mer pour défendre sa vie et le retour de ses marins sans en pouvoir sauver un seul, quoi qu'il en eût ; par leur propre fureur ils furent perdus en effet,ces enfants qui touchèrent aux troupeaux du dieu d'En Haut, le Soleil qui leur prit le bonheur du retour...
À nous aussi, Fille de Zeus, conte un peu ces exploits !

Et vous quelle version préférez-vous?




La traduction de Jaccottet



 
La réponse est : 
L'Odyssée d'Homère le  porcher se nomme Eumée.
Le film ; Ulysse de Mario Camerini avec Kirk Douglas, Sylvana Mangano, Antony Quinn....
Félicitations à nos Pénéloppe qui sont aujourd'hui :  Aifelle, Asphodèle, Dasola, Miriam, Pierrot Bâton,Thérèse...

 Samedi14 Juin, l'énigme est chez Eeguab


samedi 18 juin 2011

L'été grec de Jacques Lacarrière (citation)

Le masque d'Agamemnon

Retour de Grèce! Dans le musée national archéologique d'Athènes, j'ai découvert les trésors de la civilisation mycénienne. Les masques d'or, en particulier, qui recouvraient le visage des défunts sont absolument stupéfiants.  Constitués par une feuille d'or qui prend l'empreinte du visage et en épouse les creux et les reliefs, ils donnent l'impression d'une réelle présence. Derrière le masque, on devine l'homme. Ils exercent sur ceux qui les regardent une fascination qui ne tient pas de la morbidité mais d'un autre sentiment. Voilà ce qu'en dit  Jacques Lacarrière dans L'été grec.

A l'encontre des masques égyptiens d'or massif (qui ne sont jamais des portraits mais une représentation idéalisée du mort devenu Osiris), à l'inverse des portraits du Fayoum (si fidèles que l'on peut reconstituer à leur seule vue l'âge, l'appartenance sociale, les fonctions du défunt), ces masques mycéniens sont à la fois d'étincelants portraits et des allégories de la mort souveraine. Souveraineté rendue encore plus apparente encore par cet ultime effort pour préserver le visage des hommes des altérations du néant mais aussi souveraineté de la vie sur la mort car nul doute que ces rois, ces despotes brutaux gavés de guerre, de chasse et de razzia n'aient cru continuer de régner sur leur peuple depuis leur tombe. Ils continuent manifestement de régner, de chasser, d'ordonner quelque part, entre le monde des ombres et celui des vivants et cette pérennité fantomatique, cette survie posthume marquent encore la Grèce classique (l'oeuvre d'Eschyle notamment) plus de dix siècles après la fin du règne de Mycènes.
 (...)  Si l'on veut tuer un roi mycénien, il faut le tuer deux fois, comme vivant et comme mort,  en ligotant son ombre par des rites appropriés. Ainsi dans son Agamemnon, Eschyle fait-il de Clytemnestre, meurtrière de son mari, un être écartelé entre la joie de la vengeance et la terreur de savoir qu'à Mycènes les morts ne meurent jamais entièrement. Dans son effort, dans son espoir dément d'abolir le règne posthume de son époux, elle mutile son cadavre en lui tranchant le sexe. Mais même ainsi, elle ne pourra vraiment le tuer : l'ombre continuera de vivre dans la tombe mais de vivre impuissante, sans action sensible sur les vivants.

 Les enfants des tombes royales de Mycènes

Ces masques proviennent de tombes royales. Dans l'une d'elles, à côté des adultes, deux jeunes morts. Leurs  jambes et leurs bras ont été recouverts de feuilles d'or, ce qui nous donne un aperçu de leur taille respective. Deux petits enfants revenus de la mort, présences éphémères et fragiles, dont l'or dessine une silhouette imprécise mais émouvante.


 Merci à Chiffonnette

mercredi 15 juin 2011

Musée du Petit Palais d'Avignon : L’histoire de Thésée et du Minotaure

Crète, le culte du taureau (3)
Livre : Avignon Musée du Petit Palais  Editeur : Réunion des musées nationaux  Paris 1999
Le musée du Petit Palais à Avignon abrite la collection Campana riche de nombreux tableaux de la Renaissance.
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Petit Palais, Avignon
L’histoire de Thésée et du Minotaure est racontée par un peintre d’origine française, qui partit à Florence au début du XVI° siècle. Son nom est inconnu, c’est pourquoi on l’appelle du nom de la collection du palais : Le Maître des Cassoni Campana.
Qu’est-ce qu’un cassone? C’est un riche coffre de mariage décoré par un peintre. Chacun des épisodes du mythe de Thésée est ainsi peint sur les quatre panneaux du coffre.

Le premier tableau décrit les amours monstreuses de Pasiphaé avec le taureau. Il s’agit d’une  sorte de bande dessinée où se déroulent de gauche à droite mais aussi du premier plan au dernier, différentes scènes narrant l’histoire. Il faut donc lire notre BD à la fois linéairement mais aussi en profondeur.
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Pasiphaé séduit le taureau (détail)
Au premier plan, à gauche, Pasiphaé, du balcon de son palais, aperçoit le Taureau blanc; elle descend dans le parc, vêtue d’une riche robe rouge et verte, couverte d’une chasuble dorée virevoltant autour d’elle, vêtement contemporain de l’artiste. Les cheveux blonds retenus par un ruban de couleur bleu, les pieds chaussés de spartiates et s’appuyant légèrement sur un bâton, elle s’approche du taureau.
 Derrière elle, désobéissant à Poséidon, Minos refuse de sacrifier le bel animal et tue un taureau brun. Dans l’arrière-plan ce dernier, consumé par les flammes, est sacrifié au Dieu sur un table d’offrande. 
A droite, toujours au premier plan, Pasiphaé tend une touffe de fleurs au taureau. Un second plan, à gauche, peint Pasiphaé, égarée par la passion, demandant conseil à Poséidon armé d’un trident. Puis Pasiphaé, sur les conseils du Dieu qui retient l’animal, se glisse dans le corps d’une vache fabriquée par Dédale et séduit le taureau. De leur union naîtra le Minotaure, monstre à tête de taureau et au corps humain, qui se nourrit de chair humaine.
L’arrrière plan, au loin, tout en douceur et nuances subtiles, dessine une ville aux tours ajourées. Elle s’étage sur une colline.  Dans le lointain apparaissent presque estompées des montagnes diaphanes. Leurs pieds sont baignés par la mer sur laquelle les contours à peine esquissés de petits voiliers voguent allègrement. 

Le paysage, à l’inverse des hommes aux passions violentes et dont se jouent les Dieux, est tout de sérénité. Il est très composite : cyprès entourant le palais rappelant l’Italie dans les peintures de la Renaissance, ville, au loin, de style nordique, aux glacis bleutés. Aucune note de réalisme. La Crète, si ce n’est par le récit, est absente ici.
pays-69_110_carnet_801_2.1302967610.jpgLe deuxième panneau du Maître des Cassoni Campana raconte le combat de Minos contre Athènes. Le roi Minos pour venger son fils Androgée parti à Athènes  et tué par Egée attaque les Athéniens et emporte la victoire. Il exige que la Grèce livre un tribut de sept jeunes filles et de sept jeunes gens à la Crète pour être sacrifiés au Minotaure. 

La lecture se fait de gauche à droite, de l’arrière plan au premier. A l’arrière, on aperçoit les Crétois assiégeant Athènes ceinte de remparts crénelés et arborant des clochers et des tours, une ville située dans les brumes du Nord de la France. Au premier plan, sur une éminence qui domine la ville, Minos sur son cheval blanc lève son épée pour terrasser un adversaire. Au centre un groupe armé, à cheval, hérissé de lances et d’étendards, à droite de jeunes athéniens  amenés prisonniers  en Crète par des soldats. La troupe disparaît ensuite dans un défilé de montagne.
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Le labyrinthe : troisième panneau
Le troisième panneau  du Maître des Cassoni Campana au musée du Petit Palais d'Avignon peint l’arrivée de Thésée, le fils d’Egée, débarquant en Crète avec les autres prisonniers. S’éloignant de la nef, Thésée, en armure, met pied à terre. C’est le plus original et le plus énigmatique de tous les tableaux. 
La composition est, en effet, très curieuse. Le peintre brouille les pistes en représentant la même scène deux fois. D’abord, en plan d’ensemble, dans le lointain, devant un palais, Thésée parle aux deux filles de Minos et de Pasiphaé, Phèdre et Ariane. Au premier étage du palais on distingue deux petites silhouettes à peine perceptibles. Ensuite, mais cette fois, de près et en gros plan, Thésée s’entretient avec les jeunes filles. La même scène ? Non car les gestes de jeunes gens se sont modifiés. Les personnages au premier étage ont changé de fenêtre comme pour épier les jeunes gens : Il s’agit d’un homme et d’une femme. Qui sont-ils?  Que font-ils ?
A droite, le récit continue avec la même singularité : Ariane et Phèdre sont assises devant l’entrée du labyrinthe. Ariane tient un fil à la main. Le dédale est curieusement représenté, tronqué à mi hauteur de manière à apercevoir ce qui se passe au centre. Thésée est en train de terrasser le minotaure qui  apparaît vu par le peintre un peu comme un centaure, avec un corps d’animal et un torse humain. 
Puis l’artiste se joue des répères chronologiques : derrière le labyrinthe deux scènes, l’une représente Thésée s’enfuyant avec les deux jeunes filles après avoir tué le monstre. L’autre, peint le minotaure dévorant des êtres humains. Il est fait prisonnier et il est entraîné par des soldats qui le conduisent vers... le labyrinthe ?
 On a l’impression que les deux scènes sont contemporaines et se passent après l’exploit de Thésée. Ce qui est impossible. En fait, on s’aperçoit que la scène tourne autour du labyrinthe qui est cylindrique. Si, après la fuite de Thésée, on lit le récit vers la droite on retourne vers le passé. Si au contraire on le  lit vers la gauche, on part vers le futur. L’avenir, c’est la nef qui attend Thésée et ses compagnes, c’est le bateau dont Thésée a oublié de retirer la voile noire et qui  s’éloigne en direction de la Grèce...

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Thésée terrasse le Minotaure (détail)

ariane-a-naxos-cassoni-campana.1302967814.jpgEnfin, la quatrième et dernier panneau du Maître des Cassoni Campana est l'histoire d’Ariane abandonnée à Naxos. Un lit avec baldaquin où ont dormi les trois jeunes gens figure en gros plan sur la gauche. Thésée et Phèdre, debout et habillés, s’enfuient vers la nef, laissant Ariane nue, endormie dans le lit. A l’arrière plan, on voit la nef s’éloigner, contourner la côte et arriver en vue d’une cité, Athènes. Egée qui guette le retour de son fils, voyant la voile noire, croit que celui-ci est mort. Il se jette de la tour, petit pantin désarticulé. Ariane, elle, est recueillie par Dyonisos que l’on voit arriver de loin avec son cortège de personnages mythiques, faunes, bacchantes, et animaux fabuleux.

Billet paru dans Voix Nomades, blog de voyages aujourd'hui disparu.
  Deux interprétations du mythe du Minotaure
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De la Grèce Antique à Picasso

Phèdre de Racine

Crète, le culte du taureau (2)
 
Sarah Bernhart dans Phèdre

La fille de Minos et de Pasiphaé : c’est ainsi que Phèdre, Phaidra, la Brillante, la Phèdre de Racine, princesse crétoise, faisant allusion a sa double hérédité, dépeint le combat qui se livre en elle entre le mal et le bien, entre l’ombre et la lumière.
 La pièce de Jean Racine est une tragédie où l’obscurité le dispute au jour, où les monstres de la Grèce antique s’affrontent. Le Minotaure qui est né des amours contre-nature de Pasiphaé  avec un taureau est présent dans la tragédie classique à travers le personnage de Thésée auréolé de gloire pour avoir combattu et tué le monstre. A travers Phèdre, c'est toute l'histoire de la Crète qui nous est donnée à voir même si la pièce peut-être lue sous un autre angle, chrétien celui-là et plus précisément janséniste.
Lumière : Phèdre, la fille de Pasiphaé, petite fille du soleil, coupable d’amour incestueux envers Hippolyte, le fils de Thésée, cherche à fuir son crime

 :
Misérable et je vis? et je soutiens le vue
                                 
 De ce sacré soleil dont je suis descendue       
Ombre : Phèdre responsable de la mort de son beau fils Hippolyte veut se réfugier dans la mort :
Où me cacher? Fuyons dans la nuit infernale... 


mais elle sait qu’elle y retrouvera son père Minos, juge aux Enfers
Mais que dis-je? Mon père y tient l’urne fatale    
                                   
Minos juge aux enfers tous les pâles humains
Ombre et lumière : Dans ce combat, il faut, pour que la lumière triomphe que Phèdre, la Brillante, entachée de noirceur, mette fin à sa vie
Et  la mort, à mes yeux, dérobant la clarté

Rend au jour qu’ils souillaient toute sa pureté.


Ombre et Lumière. Crète. Le rouge des fresques des palais minoens éclaboussent ta blancheur, les taureaux noirs aux cornes d’or veillent sur toi, même s’ils ne livrent plus de combats. Tu as tué tes monstres mais l’ombre de Minos et de Pasiphaé s’étend toujours sur toi.


Mika Waltari : Sinouhé l'Egyptien

La Crète, le culte du Taureau (1)

Musée de Héraclion :  Tête de taureau

Dans son roman, Sinouhé l’Egyptien, Mika Waltari, écrivain Finlandais, entraîne son héros, Sinouhé, dans un voyage qui l’amène de l’antique Egypte où il vit à la Crète. Si toute la première partie du roman se déroule dans l'Egypte ancienne, au milieu du menu peuple que Mika Waltari nous fait découvrir à travers les tribulations de son héros, la suite du roman donne un bon aperçu de la civilisation crétoise. En effet, le jeune homme, Sinouhé, tombe amoureux d’une prêtresse du taureau, acrobate, qu’il ne pourra, malgré son amour, arracher au culte qui la dévore. Tout en donnant son interprétation personnelle du mythe du minotaure, Mika Waltari, cet  érudit philosophe, nous offre de cette civilisation crétoise (et égyptienne aussi) une peinture étonnante et passionnante. 
Un livre très intéressant et plaisant si vous voulez vous mettre dans l’ambiance avant votre voyage en Crète ou dans l’Egypte ancienne...
Tous les pays du pourtour méditerranéen ont voué un culte au taureau,  incarnation de la force virile, de la fécondité,  et l’ont déifié dans des jeux qui étaient aussi des célébrations rituelles. Dans la civilisation crétoise le taureau est partout comme en témoignent les objets, les statuettes, les fresques trouvés dans les site archéologiques qui lui sont dédiés au cours des millénaires. La visite du musée archéologie d’Héraclion, splendide, passionnante,  permet de s’initier à ce culte qui marque la civilisation minoenne.
Dès l’époque prépalatiale (c’est à dire 2600-2000 av. JC) apparaissent des petits objets cultuels comme ce vase en forme de taureau avec des acrobates accrochés à ses cornes ( salle1 vitrine 4) prouvant  que les jeux de taureaux étaient déjà célébrés dans ces temps reculés.
A l’époque paléopalatiale qui suit (2000-1700), périodes des constructions des grands palais comme Cnossos, Mallia, Phaistos, le culte du  taureau se poursuit à travers les masques pourvus de  cornes que les prêtres portaient pendant les cérémonies (salle 2 : vitrines 20 et 24), les  rhytons en forme de tête taureau (salle 3 vitrines 38) ou de taureau entier ( vitrines 34 et 36)
Après le catastrophique tremblement de terre de 1700 qui détruisit les palais, de nouveaux palais sont reconstruits sur les mêmes sites...
C’est l’époque néopalatiale qui est la plus brillante de la Crète. Dans les neuf salles du musée consacrées à cette période  la représentation du taureau est omniprésente.
 Un des objets les plus admirables, est sans doute, la tête de taureau sculptée dans une pierre noire de la salle 4 (vitrine 51) Son muffle cerné d’une  bande blanche en nacre semble luisant et doux au toucher. Ses yeux en cristal de roche et ses cornes dorées lui donnent vie.
Musée de Héraclion  :L’acrobate en ivoire

L’acrobate en ivoire (vitrine 56), mutilé (il lui manque une jambe) est incomplet puisqu’il représente un jeune homme bondissant au-dessus d’un taureau disparu.  Quoiqu’il en soit c’est une oeuvre émouvante par sa finesse et sa gracilité. Il attire l’attention tant le personnage est saisi dans le mouvement, suspendu dans l’espace. Il s’’envole, étonnant de légéreté. La scène est d’une telle précision que l’on n’a aucun mal  à visualiser ce saut fantastique, l’imagination suppléant sans peine à remplacer l’animal absent.

musée d’Héraclion : fresque du palais de Cnossos

La fresque n° 15  salle 14 du musée d’Héraclion provenant du palais de Cnossos peint avec beaucoup de précision le déroulement des jeux avec le taureau, véritables cérémonies religieuses au cours desquelles les prêtres et prêtresses de ce culte risquaient leur vie en sautant au-dessus de l'animal. Hommes et femmes participaient à ce jeu, tous habillés de la même manière, d’un pagne avec un noeud sacré dans les cheveux. L’acrobate devait saisir le taureau lancé au galop par les cornes comme on le voit sur cette scène, exécuter un double saut périlleux pour se  rétablir sur ses pieds à l’arrière de la bête. Il fallait une adresse, une dextérité sans pareille, pour accomplir ce tour de force. Même si les cornes du taureau étaient rognées, le jeu n’en restait pas moins dangereux. Il pouvait entraîner des blessures ou des accidents mortels comme de nos jours, d’ailleurs, les corridas et les jeux de lâchers de vachettes qui se pratiquent dans certaines villes d’Espagne ou du midi de la France. Les jeunes filles et les jeunes hommes, entraînés dès l’enfance, étaient consacrés à ce culte d'où, peut-être, l'explication du mythe du Minotaure, dévoreur de chair humaine.


   

samedi 4 juin 2011

Dimanche poétique : Gérard de Nerval et la Grèce Delfica de Gérard de Nerval




 
Ils reviendront, ces Dieux que tu pleures toujours !
Le temps va ramener l'ordre des anciens jours;
La terre a tressailli d'un souffle prophétique...

Cependant la sibylle au visage latin
Est endormie encor sous l'arc de Constantin
-Et rien n'a dérangé le sévère portique. Delfica

Le connais-tu, Dafné, cette ancienne romance,
Au pied du sycomore, ou sous les lauriers blancs,
Sous l'olivier, le myrte, ou les saules tremblants,
Cette chanson d'amour qui toujours recommence ?...

Reconnais-tu le Temple au péristyle immense,
Et les citrons amers où s'imprimaient tes dents,
Et la grotte, fatale aux hôtes imprudents,
Où du dragon vaincu dort l'antique semence ?...

Ils reviendront, ces Dieux que tu pleures toujours !
Le temps va ramener l'ordre des anciens jours;
La terre a tressailli d'un souffle prophétique...

Cependant la sibylle au visage latin
Est endormie encor sous l'arc de Constantin
-Et rien n'a dérangé le sévère portique.

Temple de Zeus Athènes : et rien n'a dérangé le sévère portique...

Les compagnons Troubadours du dimanche de Bookworm :
Alex : Mot-à-mots Alinea66 : Des Livres... Des Histoires...Anne : Des mots et des notes, Azilis : Azi lis, Cagire : Orion fleur de carotte, Chrys : Le journal de Chrys, Ckankonvaou : Ckankonvaou, Claudialucia : Ma librairie, Daniel : Fattorius, Edelwe : Lectures et farfafouilles, Emmyne : A lire au pays des merveilles, Ferocias : Les peuples du soleil, George : Les livres de George, Hambre : Hambreellie, Herisson08 : Délivrer des livres?, Hilde : Le Livroblog d'Hilde , Katell : Chatperlipopette, L'Ogresse de Paris : L'Ogresse de Paris, L'or des chambres : L'Or des Chambres, La plume et la page : La plume et la page, Lystig : L'Oiseau-Lyre (ou l'Oiseau-Lire), Mango : Liratouva, MyrtilleD : Les trucs de Myrtille, Naolou : Les lectures de Naolou, Océane : Oh ! Océane !, Pascale : Mot à mot, Sophie : Les livres de Sophie, Wens : En effeuillant le chrysanthème, Yueyin : Chroniques de lectures

Retour de Grèce : Athènes, une brassée d'images


L'Acropole vue de l'Agora

L'Erechtheion

 Les cariatides de l'Erechtheion


 Le Parthénon

Athéna Nike
 
Les Propylées   
  

L'Agora grecque

  
Eglise byzantine : agora grecque                                                       Temple de Dyonisos : agora



La tour des Vents : agora romaine

 La tour des Vents (détail)

 Fresque Mycènes : musée archéologique

Masque de Théâtre : musée archéologique