Les invisibles de Nasser Djemaï
A
la mort de sa mère, Martin part à la recherche de son père qu'il n'a
jamais connu avec pour seul renseignement l'adresse d'un foyer pour
vieux travailleurs immigrés. Il va certes découvrir l'identité de son
père mais aussi le quotidien de travailleurs à la retraite, ceux qui ont
participé à la croissance des Trente Glorieuses. Ils sont devenus des
"Chibanis" ( des hommes aux cheveux blancs). Ils sont "invisibles"
dans la société française qui les ignore ou les rejette, et ils sont
devenus des étrangers sur leur terre natale. Pour réaliser sa pièce
l'auteur Nasser Djemaï, metteur en scène français, d'origine algérienne,
a recueilli pendant de longs mois le témoignage de vieux travailleurs
immigrés.
Cette
pièce est un hommage à tous ces ouvriers exploités, volontairement
ignorés, ces fantômes qui ont permis à la France de se relever de ses
cendres au lendemain de la seconde guerre mondiale. Mais Nasser Djemaï
veut tellement nous faire partager tous les détails de l'histoire de ces
hommes que la pièce devient, à mon avis, trop démonstrative.
L'auteur ne veut rien omettre des grandes dates de l'histoire : les
massacres de 1945, l'enrôlement obligé dans l'armée française, les
répressions pendant la guerre d'Algérie… il insiste sur l'exploitation
scandaleuse des immigrés. Le propos me semblerait plus convaincant si
Djemaï ne voulait pas tout dire dans une seule pièce. Et c'est dommage
car les dialogues sonnent juste et la situation des chibanis nous
touche. La distribution est homogène, les acteurs portent le texte avec
conviction et talent.
Texte commun de Claudialucia et de Wens.
Les invisibles de Nasser Djemaï.
Théâtre du Chêne Noir.
Du 7 au 28 juillet à 16 heures.