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vendredi 23 octobre 2015

Moscou : Zenaïda Serebriakova : peintre franco-russe Galerie Tretiakov

Zenaida Serebriakova – Le déjeuner des enfants – 1914 – Galerie Tretiakov, Moscou

En rendant visite à l’Or, dans son blog, quand je suis revenue de Russie, je suis tombée nez à nez avec le tableau de Zenaïda Serebriakova : Le déjeuner des enfants que je venais juste de découvrir la galerie Tetriakov à Moscou.
Voilà le  texte qu’il a inspiré à L’Or :
Rien ne symbolise plus l’automne que ce tableau là. Dès que je l’ai vu, pour moi, il était l’image même de septembre et de la rentrée scolaire. Les repas se prennent à nouveau à l’intérieur, les enfants sont à table, ils dégustent une chaleureuse soupe d’automne, chaude et bienfaisante pour les petits bidons. Demain ils reprendront l’habitude de se lever plus tôt, d’enfiler leurs chaussures et de mettre leurs lourds cartables sur le dos. » lire la suite ICI  

Moscou Galerie Tetriakov : musée d'art russe détail du fronton
Galerie Tetriakov : détail
Moscou : La place des trois tableaux de Zinaïde Serebriakova  sur le mur de la galerie Tetraikov
La place des trois tableaux de Srebriakova sur le mur de la galerie Tetriakov

Quant à moi, ce qui m’a touchée dans cette oeuvre comme dans les deux autres tableaux qui sont exposés à Tetriakov, c’est la beauté des personnages et la force qui émane d’eux, une quiétude, une plénitude qui renvoient à une image du bonheur, de la joie de vivre. Ainsi, ces deux enfants aux yeux noirs qui  fixent le peintre -leur mère- avec sérieux, tandis que l’aîné plus rêveur contemple son verre comme s’il contenait un secret, ainsi ce cadre rassurant, paisible, celui de la table familiale, autour de la soupe du soir servie par une main que j’imagine être celle de la grand mère; ce décor délicat, cette vaisselle à la fois raffinée et simple, ces couleurs pastels rehaussés par le jaune plus vif du broc à eau; tout concourt à nous donner une image de sérénité.


Zenaïda Serebriakova : autoportrait  Galerie Tretiakov, Moscou
Et il en est de même de son autoportrait, cette jeune femme à sa toilette, si gracieuse avec sa longue chevelure et ses yeux noirs, les mêmes que que l’on retrouve chez les deux enfants tournés vers nous dans Le déjeuner, avec cette lueur malicieuse qui luit dans ses yeux, ce léger sourire mutin,  image de la beauté et de la séduction mais naturelle et saine.

peintre franco-russe Zenaïda Serebriakova :  Les lavandières tableau exposé à la Galerie Tretiakov, Moscou
Zenaïda Serebriakova :  Les lavandières Galerie Tretiakov, Moscou
Quant à Les lavandières, Serebriakova ne cherche pas à montrer un métier pénible et des femmes du peuple pauvres, usées par le travail. Au contraire, elles peint des jeunes femmes robustes, aux vêtements vivement colorés et elle les magnifie en les prenant en contre-plongée de manière à ce qu’elles apparaissent, souveraines, se détachant sur le ciel bleu. C’est une peinture résolument optimiste,  qui charme et procure du bonheur. On parle à son propos de peinture réaliste romantique!

Peintre franco-russe Zenaïda Serebriakova : autoportrait exposé à la Galerie Tretiakov, Moscou (détail)
Zenaïda Serebriakova : autoportrait  Galerie Tretiakov, Moscou (détail)

Zinaïda Ievguenina Serebriokov est une peintre franco-russe; elle est née en Ukraine en 1884 ; sa mère était d’origine française, et sa famille les Lanseray compte des artistes connus en France comme en Russie. Nicolas Lanceray, son grand père, est un des architectes de Saint Péterbourg, son père Ievgueni Serebriakova est un sculpteur célèbre.
 Elle perd toute sa fortune avec la révolution de 1917 et sa propriété Neskoutchnié (Sans Soucis) lui est confisquée. Son mari Boris est emprisonné par les Bolchéviques et meurt du typhus en 1919. Elle  doit élever toute seule ses quatre enfants. En 1924, elle se rend à Paris pour une commande de peintures murales mais elle ne peut rentrer en Russie et est séparée de ses enfants et de sa mère. Plus tard, elle parviendra à faire venir deux de ses enfants dont sa fille cadette Ekaterina et son fils aîné, Alexandre, peintre reconnu et décorateur d'intérieur qui l’aidera à subvenir au besoin de la famille restée en Russie ; elle  ne reverra plus les autres Tatiana et Evguiéni pendant 36 ans, ce qui sera pour elle un tourment constant. Le temps du bonheur est passé. Sa peinture deviendra plus grave mais c'est toujours avec respect qu'elle peint ses modèles et les met en valeur.
A Paris, Zinaïda Serebriokova refuse l’influence de l’avant-garde française et continue à peindre d’une manière classique comme le feront les peintres soviétiques à la même époque. Aussi, même si beaucoup admire ses oeuvres, ses tableaux ne se vendent pas très bien. Pourtant la période française de Zinaïda Serebriakova est très riche. Elle voyage au Maroc et en Afrique, est inspirée par les femmes et des hommes de l’Atlas, par les paysages aux couleurs ardentes; elle peindra aussi un cycle de tableaux consacrés à la Bretagne et aux marins. La France influence donc son oeuvre. Elle obtient la nationalité française en 1947. Elle meurt  Paris en 1967. 

Zenaïda Serebriakova Marocain en bleu Marrakech 1932 (collection privée?)
Une rétrospective de ses oeuvres a lieu en 1960 à Moscou, Léningrad et Kiev. Elle y est reconnue comme un grand peintre. À partir de 1966, ses tableaux sont de plus en plus exposés en Union Soviétique, surtout dans les grandes villes russes. Mais en France où elle a passé tant d’années et exercé son art si longtemps, on la connaît fort peu alors qu’elle appartient à la fois au patrimoine russe et français. Beaucoup de ses tableaux sont dans des collections privées semble-t-il. Je ne crois pas qu’il y en ait dans les musées français. Pas de rétrospective en vue et l’on ne peut que le regretter!

dimanche 18 octobre 2015

Dostoievski /Visconti : Les nuits blanches ET Le peintre Vassili Sourikov



Les nuits blanches de Dostoievski est une longue nouvelle qui se déroule à Saint Pétersbourg pendant quatre nuits et une matinée, dans une atmosphère que la lumière des nuits blanches rend irréelle. Un jeune homme solitaire se promène dans les rues et sur les ponts de la ville quand il rencontre une jeune fille en pleurs.  Celle-ci lui raconte qu'elle est désespérée parce que son fiancé ne vient pas au rendez-vous que tous deux s'étaient fixés un an auparavant. Le jeune homme accompagne la jeune fille pendant ces quatre nuits et en tombe amoureux ; mais celle-ci oubliera-t-elle celui qu'elle aime?

 La nouvelle commence comme un conte et l'on peut penser que ces rencontres sous une lumière  magique se termineront romantiquement. Or, Dostoievski est tout sauf romantique : C’est un nuit de conte, ami lecteur, une de ces nuits qui ne peuvent survenir que dans notre jeunesse. Le ciel était si étoilé, le ciel était si clair que lorsque vous leviez les yeux sur lui, vous ne pouviez, sans même le vouloir, que vous demander : est-il possible que sous un ciel pareil, vivent toutes sortes de gens méchants et capricieux? Cela aussi c’est une question bien jeune, ami lecteur, mais puisse Dieu vous l’inspirer le plus souvent possible.

Cette histoire est, en effet,  celle de la désillusion et de la solitude. Elle est racontée par un narrateur âgé qui s'étonne de la jeunesse et de la naïveté de ces personnages. Et c'est évident pour lui, ils apprendront bien vite que la vie n'est pas ce qu'ils croient et que le mal existe! Comme Dostoievski lui même l'apprendra auprès des bagnards quand il sera déporté en Sibérie en 1849.
La jeune fille, Nastenka,  innocente, naïve, qui vit seule avec sa grand mère aveugle, ne connaît pas le monde. Elle rêve qu'elle se marie avec l'Empereur de Chine car le rêve est sa seule liberté. Lorsqu'elle tombe amoureuse, c'est du seul homme qu'elle a rencontré, le locataire de sa grand mère.  Elle s'est fiancée avec lui en secret et espère qu'il reviendra la chercher dans un an comme il l'a promis. On peut dire que cet homme est le seul moyen pour elle d'échapper à un univers borné qui ressemble bien à une prison. Mais est-elle victime d'une illusion? En tout cas même si elle naïve, elle sait bien jouer la coquette et sa conduite envers le jeune homme montre que les femmes ne sont qu'inconstance et cruauté.
Quant au jeune homme si solitaire, si timide, enfermé dans ses rêves, il ne peut participer au monde extérieur et ne peut vivre que d'illusions. Il parle bien -  évidemment l'écrivain lui prête sa voix - et c'est "un conteur magnifique" comme le lui dit la jeune fille. Il se berce de mots et de beaux sentiments. J'avoue qu'il m'a profondément agacée avec ses larmoiements sur lui-même même si ceux-ci sont incontestablement littéraires c'est à dire bien écrits!. La solitude dont il désespère, il ne cesse pourtant de la cultiver, il s'en pare, il s'en vante même avec une sorte  de souffrance orgueilleuse. Et finalement il en est fier! C'est une Emma Bovary masculin et russe et Dostoïevski est encore plus méchant que Flaubert envers son personnage! On ne peut donc le plaindre quand il se retrouve seul. Il est surtout victime de lui-même, de son incapacité à vivre sa vie et de son orgueil. Finalement loin de nous attendrir, le personnage nous amène à réfléchir sur nous-mêmes et à nous interroger sur le sens que nous voulons donner à notre vie.

La préface de Michel de Castillo

Je me suis interrogée au cours de cette lecture, sur la gêne et l'irritation que j'ai ressenties en découvrant ce personnage masculin. Et c'est Michel del Castillo qui m'a donné la meilleure des réponses. Je le cite.
La tristesse du livre, sa noirceur tiennent d'abord à cette parodie de la grandeur d'âme et de la pure passion. Tel un acide, l'ironie corrode les phrases sonores dont le jeune dostoïevski a longtemps fait son miel. La partition retentit de stridences qui écorchent les oreilles. Avec une délectation ricanante, Dostoievsky emplie les lieux communs, multiplie les références et les clins d'oeil, déchaîne les cordes des envolées pathétiques. Ce faux roman d'amour, ce faux romantisme... ce reptile déguisé en rêveur, cette ville elle-même, artificielle, illusoire, monstrueuse, cachant ses pustules derrière ses marbres et ses palais, jusqu'à ces nuits qui ne sont ni des jours ni des nuits, mais des cauchemars blafards, tout est marqué sous le sceau de l'inauthenticité.

C'est ce que signifie ces avertissements donnés à Nastenka par le jeune homme :

"Il existe à Saint Pétersbourg des recoins assez étranges. Ces recoins, ils ne semblent pas visités même par le soleil... Dans ces recoins ma chère Nastenka, semble survivre une tout autre vie, très différente de celle qui bouillonne autour de nous... Et cette vie est un mélange d'on ne sait quoi de purement fantastique, de violemment idéal avec quelque chose d'autre.. de morne, de prosaïque, d'ordinaire, pour ne pas dire : d'invraisemblablement vulgaire.."

Et s'il y a ironie, on peut dire qu'elle est féroce lorsque dans le dénouement le jeune homme s'exclame :  "Mon Dieu! une seule minute de béatitude! N'est-ce pas assez pour toute une vie d'homme?"

Le peintre Sourikov et la Boyarina Morozova

La première de couverture de la collection Babel Actes Suds offre un très joli portrait, détail d'une grand tableau historique de Vassili Ivanovitch Sourikov que j'ai vu à Moscou dans la galerie Tetriakov.

Moscou La galerie Tetriakov : musée de peinture russe
La galerie Tetriakov

Vassili Ivanovitch Sourikov; la Boyarina  Morozova (1887) (cliquez sur les images)

Le tableau montre la boyarina chargée de chaînes amenée dans la citadelle où elle mourra. C'est un moment de l'Histoire religieuse russe. Le patriarche de Moscou Nikon pour uniformiser toutes les églises orthodoxes de Russie et de Grèce avait  réformé la liturgie en 1666-1667.  Une réforme qui provoqua un schisme (Raskol) entre les "vieux-croyants" ( les starovères)  et les autres. Conduite en prison la boyarina qui se tient du côté des schismatiques fait un signe d'opposition : elle lève deux doigts en l'air pour montrer que c'est ainsi que les "vieux croyants" continueront à se signer et non avec trois doigts pour symboliser la Trinité comme le préconisait le patriarche. A partir de 1685, les "vieux-Croyants" furent persécutés, des dizaines de milliers de d'entre eux furent exécutés, condamnés au bûcher ou emprisonnés à vie. La persécution dura jusqu'en 1905 date à laquelle Nicolas II signa une loi garantissant la liberté de la religion..

C'est dans la foule des "Vieux-croyants" que l'on retrouve la jeune fille de la première de couverture de Les nuits blanches. On peut voir, d'après ce tableau, que les vieux croyants se recrutent dans toutes les classes de la société, mendiants, femmes et hommes du peuple, riches et nobles.

Moscou  : Galerie Tretiakov :  Vassili Ivanovitch Sourikov; Boyarina  Morozova (détail)
Galerie Tretiakov :  Vassili Ivanovitch Sourikov; Boyarina  Morozova (détail)

Si on la regarde de plus près, on perçoit sa tristesse lorsqu'elle regarde la boyarina, ce qui ne laisse aucun doute sur son appartenance au groupe des "vieux-croyants".

Moscou Galerie Tretiakov :  Vassili Ivanovitch Sourikov; Boyarina  Morozova (détail)
Galerie Tretiakov :  Vassili Ivanovitch Sourikov Boyarina  Morozova (détail)

Mais dans la foule, à gauche, certains ricanent. A voir ces visages caricaturaux, on ne doute pas un instant de quel côté le peintre balance!

Galerie Tretiakov :  Vassili Ivanovitch Sourikov; Boyarina  Morozova (détail)

Vassili Ivanovitch Sourikov

Galerie tretiakov Moscou Vassili Sourikov : Autoportrait
Vassili Sourikov : Autoportrait

Le peintre Vassili Sourikov est né en 1848. Il a appartenu au mouvement  réaliste et au groupe des peintres ambulants (ou itinérants) qui apparut en Russie à partir de 1863 pour réagir contre les méthodes et l'enseignement de l'Académie des Beaux-Arts de Saint Pétersbourg. Parmi eux pour neciter que le plus célèbre : Répin.  Ils privilégient une peinture de caractère historique et social et ont des idéaux libertaires, démocratiques..

Autres oeuvres de Vassili Sourikov à la galerie Tétriakov de Moscou 
 et au musée russe de Saint Pétersbourg


Moscou Galerie Tétriakov Vassili Sourikov Le matin de l'exécution des Streltsy (1881)
Galerie Tétriakov Le matin de l'exécution des Stretsly (1881)
La scène se passe sur la place Rouge, devant l'église de Basile-Le-Bienheureux. On voit les murailles du Kremlin, symboles du pouvoir autocrate. Les  Streltsy, ce sont les boyards moscovites, qui se sont rebellés contre le pouvoir du Tsar Pierre 1er, profitant de son séjour en Europe. Revenu à Moscou, Pierre le Grand a une réponse terrible. Des milliers de conjurés sont exécutés et le tsar transfère sa capitale dans la ville qui fait bâtir au bord de la Néva : Saint Pétersbourg. Le tsar, à droite, monté sur son cheval, regarde la scène.

Moscou : Vassili Invanovitch Sourikov Le matin de l'exécution des Stresly (1881) détail
Galerie Tétriakov Le matin de l'exécution des Streltsy (1881) détail


La conquête de la Sibérie par Yermak par Vassili Sourikov  Les Russes (à gauche) fusillent sans pitié avec leurs armes à feu attaquent leurs ennemis qui se défendent avec des arcs et des flèches. 
La conquête de la Sibérie par Yermak. Huile sur toile par Vassili Sourikov (1895). Musée russe (Saint Petersbourg)

Vassili Sourikov : La prise de la forteresse de neige Musée russe Saint Pétersbourg
Vassili Sourikov : La prise de la forteresse de neige Musée russe Saint Pétersbourg
Toujours une grande compostition mais cette fois-ci pour montrer la gaieté du peuple russe au cours d'une amusante bataille dans la neige .
Saint Pétersbourg Musée russe Sourikov : La prise de la forteresse de neige
Vassili Sourikov : La prise de la forteresse de neige Musée russe Saint Pétersbourg(détail)

Musée russe Le monument à Pierre le grand sur la place du Sénat à Saint Pétersbourg le fameux cavalier de bronze statue de Falconet.
Le monument à Pierre le grand sur la place du Sénat à Saint Pétersbourg

Saint pétersbourg Musée russe  Vassili Sourikov : le vieux soldat
Musée russe  Vassili Sourikov : le vieux soldat

Moscou Vassili Sourikov : portrait de sa fille Olga
Galerie Trétiakov  Vassili Sourikov : portrait de sa fille Olga

Luchino Visconti

Luchino Visconti
Luchino Visconti de Modrone est le fils du duc Giuseppe Visconti de Modrone. La famille Visconti régna sur Milan jusqu’au XVème siècle et appartient donc à la grande aristocratie italienne proche de la famille royale. Elle possède un palais à Milan, une villa renaissance sur le bord du Lac de Côme et un château à Plaisance. Il est réalisateur de cinéma, metteur en scène de théâtre et écrivain;

Passionné de chevaux (il s’occupait d’une écurie de sa propriété et était champion d’équitation), il l’est aussi d’opéra et de musique et rencontre les plus grands musiciens de l’époque dans le salon de sa mère (Puccini, Toscanini); la famille a une loge particulière à la Scala. Il était lui-même violoncelliste.  Ce qui explique l’importance de la musique dans son oeuvre cinématographique. De plus, dans leur propriété au bord du lac de Côme, la villa Erba, son père aimait monter des pièces de théâtre. Les enfants Visconti interprétaient de nombreux personnages.  Le rôle préféré de Luchino était Hamlet (modestement!) et avant d'être attiré par le cinéma, il se passionnait pour le théâtre.

Il débuta sa carrière en 1936 comme assistant de Jean Renoir avec les Bas-fonds et Partie de campagne. On peut dire qu'il a été à bonne école! C'est en France, avec Renoir, que Luchino clarifie ses idées au sujet du fascisme et de Mussolini et adhère totalement aux idées esthétiques mais aussi politiques du Front Populaire. C'est parmi les intellectuels parisiens et dans ce contexte de liberté qu'il affirme et accepte entièrement son homosexualité.
Son premier film est Ossessione en 1942 (Les amants diaboliques) d’après le roman Mc Caine : Le facteur sonne toujours deux fois.

Le Notti Bianche :  Les nuits blanches

Les nuits blanches: Maria Schell et Marcello Mastroïani

Les nuits blanches (1957) est une adaptation du roman de Dostoievski. Visconti déplace l’action de Saint Pétersbourg à Livourne, dans le quartier Venezia, dont il reconstitue un quartier en studio à Cinecitta.
Pourquoi Livourne? Par ses canaux et ses ponts, la ville est censée rappeler Saint Pétersbourg.
Pourquoi en studio? Parce qu’il permet à Visconti de réaliser son projet de réunir théâtre et cinéma. Le brouillard est rendu par des voiles de tulle comme au théâtre. Les jeux d’ombre et de lumière doivent paraître artificiels et faux, offrant ainsi un décor onirique au récit qui est filmé en noir et blanc. Ceci n’empêche pas le réalisme. De même que Dostievski situait le récit de Les nuits blanches dans un quartier populaire et  pauvre, de même le quartier ou vivent les personnages de Visconti est lépreux, mal famé et les habitants modestes mais.. d'une manière très esthétique. Le récit est fidèle à l’histoire mais ni au sens ni à la psychologie des personnages du roman. 
Marcello Mastroiani (Mario) est un jeune homme, trop beau, trop sûr de lui, prompt à prendre mouche et en aucun cas il n'est le rêveur déconnecté du monde, cultivant sa différence, s’enivrant de mots et de sentiments faux, et s’apitoyant sur lui-même dans une pose affectée. Au contraire, il paraît très prosaïque. En fait, il s’efface même, par moments, devant le personnage féminin, Natalia, incarnée par Marie Schell qui prend plus d’importance que lui, à la différence du roman. Il faut dire que Maria Schell était alors au sommet de sa gloire et est particulièrement mise en valeur.  Son interprétation  exacerbe le romantisme de l’histoire.
On peut dire, donc que Visconti n’a été fidèle à l’écrivain que par la forme mais non par le fond.










Le livre : Les nuits blanches de Fédor Dostoïevski
Le film : Nuits blanches de Luchino Visconti
Bravo à Aifelle, Dasola, Eeeguab, Kathel, Keisha, Thérèse, Valentine, 
Merci à tous pour votre participation.

mercredi 23 septembre 2015

Moscou : La maison-musée de Léon Tolstoï et L'église Saint Nicolas des Tisserands

Léon Tolstoï de Ilia Répine  peint en 1887 musée des Beaux Arts Pouchkine Moscou
Léon Tolstoï de Ilia Répine musée des Beaux Arts Pouchkine Moscou
Léon Tolstoï a habité durant les années 1882-1901, dans la rue qui porte son nom aujourd'hui, une isba située près de l'église Saint Nicolas des Tisserands. Tolstoï, avant de se brouiller avec la religion, fréquentait cette église. Il reste seulement quelques-unes de ces maisons en bois où habitaient à l'époque les familles aisées de la ville. Celle de Léon Tostoï, entourée d'un grand parc, en est un beau spécimen. De plus, à l'intérieur sont conservés tous les meubles, les tableaux, les photographies, les souvenirs de la famille Tolstoï comme si elle y vivait toujours!

La maison des Tolstoï

La maison de Tolstoï, côté jardin

La maison Tolstoï : la salle à manger

Moscou  La maison de Tolstoï  la chambre à coucher  des époux au mur le portairt de Sophie et de sa plus jeune fille
 La maison de Tolstoï : la chambre à coucher des époux
Dans la chambre à coucher, Sophie, l'épouse de Léon Tolstoï recevait ses amies. Le lit était caché par un paravent. Au mur, le tableau représente Sophie,  avec la plus jeune de ses filles. L 'oeuvre est  de  Tatiana, la fille aînée des Tolstoï.
Moscou La maison de Tolstoï : dans la chambre , les jouets  des plus jeunes.
La maison de Tolstoï : la chambre et les jouets des trois petits derniers.

A côté de la chambre des parents,  dormaient et jouaient trois petits derniers.

Moscou La maison de Tolstoï  : Nappe avec les autographes des mais des Tolstoï , signatures rebrodées par Tatiana
La maison de Tolstoï  : Nappe dans la chambre de Tatiana
Tatiana, la fille aînée des Tolstoï, était peintre. Dans sa chambre qui était l'une des plus grandes de la maison, elle recevait ses amis peintres, Ilia Répine, Nicolaï Ghé, Nicolaï Kasatkin, attirés par son caractère énergique et sa convivialité joyeuse. Elle était adorée des petits frères et soeurs dont elle s'occupait. C'est elle qui savait le mieux apaiser les tensions existant entre son père et sa mère. Sur cette nappe les visiteurs et la famille Tolstoï ont signé leur nom que Tatiana a rebrodé. Un témoignage de la vie sociale et intellectuelle de l'époque.

La maison de Tolstoï  Chambre de Tatiana : portraits
De nombreux portraits peints par Tatiana mais aussi au mur, des portraits d'elle exécutés par ses amis.

Moscou La maison de Tolstoï  Le salon où les Tolstoï recevaient leurs illustres amis.
La maison de Tolstoï  Le salon
Le salon ou Tolstoï recevait ses amis, Tchékhov, Gorki, Rachamaninov, Rimsky-Korsakov, Chaliapine, Répine, Pasternak...

Moscou La maison de Tolstoï La chambre de Marie, une des filels de Léon Tolstoï
La maison de Tolstoï La chambre de Marie
Marie la seconde fille de Tosltoï était la plus proche de son père et s'entendait bien avec lui sur le plan spirituel et intellectuel; Elle reprenait ses manuscrits,  s'occupait des papiers, écrivait les réponses à aux nombreux correspondants de son père.  A Iasnaïa Polinia, la propriété de Tolstoï à la campagne, c'est elle qui enseignait aux enfants des paysans. Le comte Léon Tolstoï était contre le servage et avait libéré ses serfs. Il leur avait même donné ses terres mais ceux-ci refusèrent en pensant que le barine voulait les voler.
 maison de Tolstoï La salle d'étude des enfants.
Les époux Tolstoï avaient 13 enfants dont cinq sont morts en bas âge. C'est beaucoup pour quelqu'un qui prônait l'abstinence car il considérait l'acte sexuel comme bestial et dangereux."La passion sexuelle est un mal terrible qu'il faut combattre et pas encourager comme nous le faisons." C'est la démonstration qu'il fait dans La sonate à Kreutzer, un roman qui fait preuve d'une misogynie à toute épreuve!  Sa femme, Sophie, lui a répondu en écrivant un livre qui s'intitule : A qui la faute? Je l'ai lu. Si  elle n'a pas le talent de son mari, elle ne manque pas, cependant, de répartie et son roman est tout à fait intéressant et intelligent. Voir mon billet ICI. Les époux ne s'entendaient pas et se sont déchirés cruellement jusqu'à la mort de l'écrivain qui n'a plus voulu revoir sa femme..

Moscou La maison de Tolstoï .Le bureau de Léon Tolstoï
Moscou La maison de Tolstoï .Le bureau de Léon Tolstoï
 La maison de Tolstoï Le parc vu de l'intérieur

L'église Saint Nicolas des Tisserands

 L'église Saint Nicolas des Tisserands est un petit bijou, peut-être mon église préférée de Moscou et j'en ai visité pas mal. Une petite merveille que la corporation des Tisserands fit construire en 1679. Elle faisait partie de la paroisse de Léon Tolstoï, c'est pourquoi je vous la présente en même temps.

Moscou L'église Saint Nicolas des Tisserands l'ensemble
Moscou L'église Saint Nicolas des Tisserands
Moscou L'église Saint Nicolas des Tisserands la façade

Moscou L'église Saint Nicolas des Tisserands l'entrée

Moscou L'église Saint Nicolas des Tisserands les coupoles
Moscou L'église Saint Nicolas des Tisserands  le clocher

mardi 22 septembre 2015

Moscou : Le cimetière Novodiévitch

Tatian Samoïlova dans Quand passent les cigognes, film de Kalatozov

Aujourd'hui j'ai passé ma première journée à Saint- Pétersbourg dans le musée de l'Ermitage situé dans le palais d'Hiver que je vous présenterai bientôt. Après le beau soleil et le ciel radieux de Moscou, nous avons été accueillis par la pluie, la grisaille et par une température nettement plus fraîche. Mais le temps semble vouloir se mettre au beau et nous allons continuer notre visite demain Mercredi par la Forteresse Pierre et Paul (là où Dostoïevsky a été emprisonné!). En attendant poursuivons ici notre visite de Moscou.

Jouxtant le monastère de Novodiévitch dont je vous ai montré des images hier, enfermé derrière des remparts en briques rouges,  s'étend le cimetière du même nom. C'est là que sont enterrés les "recalés du Kremlin", comme le dit le Routard non sans humour  (Kroutchev, Eltsine..) et  bien d'autres personnages célèbres, en particulier des écrivains.  Il faut dire que, autour du mausolée de Lénine,  sur la place Rouge, fermé pendant la fête de la ville de Moscou,  sont inhumés contre le mur du Kremlin, tous les grands noms de l'histoire de l'union soviétique ( Staline, Brejnev...).

Le cimetière de Novodiévtich est très vert avec ses beaux arbres et les allées ombragées lui donnent un caractère relativement paisible, s'il n'y avait pas autant de visiteurs.
Moscou : le cimetière de Novodiévtich où sont enterrés de grands noms russes
 le cimetière de Novodiévtich à Moscou

Alors là, j'ai commencé à chercher les noms des écrivains et j'ai trouvé :

Cimetière Novodiévtich : La tombe de Gogol

Moscou Cimetière Novodiévtich : La tombe de Boulgakov l'auteur de Le maître et la marguerite
Cimetière Novodiévtich : La tombe de Boulgakov
Et puis j'ai reconnu aussi d'autres personnages célèbres : Constantin Stanilavsky, acteur, directeur  et professeur de théâtre. Il a inventé la fameuse méthode Stanilasvsky.

Cimetière Novodiévtich : La tombe de Stanislavski acteur, directeur de théâtre
Cimetière Novodiévtich : La tombe de Stanislavsky

Et aussi : 

Moscou Cimetière Novodiévtich : La tombe de Galina Oulanov danseuse étoile de l'opéra de Moscouu
Cimetière Novodiévtich : La tombe de Galina Oulanov
Galina Oulanova, une danseuse étoile  russe que j'ai vue à l'opéra de Marseille quand j'étais enfant! Finalement, je ne savais pas que dans ce cimetière j'allais retrouver mes propres souvenirs... enfin autres que littéraires!

Galina Oulanova

Moscou Cimetière Novodiévtich:  probablement la tombe de Tatiana Samoïlova, l'interprète de Quand passent les cigognes?
Cimetière Novodiévtich: Tatiana Samoïlova?

Sur cette tombe modeste tellement jolie et sans nom, j'ai cru reconnaître les photos de Tatiana Samoïlova, l'adorable interprète de "Quand passent les cigognes"? Vous vous souvenez de ce film? Je l'avais tant aimé et vu plusieurs fois! J'ai vérifié, elle est bien morte à Moscou et est enterrée dans ce cimetière.

Moscou : Cimetière Novodiévtich : La tombe de Youri Nikouilin
Cimetière Novodiévtich : La tombe de Youri Nikouilin
Youri Nikouilin! Alors, là, je ne connaissais pas mais sa tombe était très entourée par les visiteurs russes! Youri Nikouilin est un acteur et un clown très populaire.

Et puis, et puis...  pour tout vous dire, le plan que j'avais du cimetière étant très vague, j'en ai eu assez de déchiffrer les caractères cyrilliques sur toutes les tombes pour me rendre compte ou non s'il y avait un type célèbre en dessous! Alors j'ai abandonné et je me suis promenée.

Cimetière de Novodiévtich
Et puis je ne voulais pas rater  la visite de la maison de Léon Tolstoï dans le même quartier! En partant, j'ai pris une photo d'où l'on voit l'étang près du cimetière et au loin des tours dont l'architecture n' a rien à envier à celles de Londres ou de la Défense!