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jeudi 22 novembre 2012

Dickens et Collins : L'abîme





Je pensais lire un livre de Dickens en choisissant ce titre L'abîme  et je m'aperçois que c'est un livre rédigé à quatre mains puisqu'il s'agit d'une collaboration entre Dickens et Wilkie Collins, ce dernier étant à la fois l'ami mais aussi le disciple admiratif de son illustrissime aîné et grand écrivain. Mais ici ils signent tous les deux!
L'histoire? Elle pourrait être à la fois de Dickens ou de Collins puisque l'on y retrouve des thèmes chers à l'un et à l'autre traités cependant différemment : chez Dickens un enfant orphelin ou abandonné ou chez Collins une innocente victime - plus souvent une femme- spoliée et sur laquelle plane un mystère. Ils sont aux prises avec un homme machiavélique - la figure du méchant- et rejetés par la société. S'ensuivent des aventures qui tiennent en haleine le lecteur et l'amène à un dénouement souvent heureux pour les plus faibles.

Un enfant  a été confié à l'Hospice des enfants trouvés. Quelque temps après, une inconnue aborde Sally, une jeune employée qui travaille à l'hospice et lui demande quel est le nom de baptême donné à ce bébé, avouant qu'elle en est la mère et qu'elle a été contrainte à l'abandonner. Sally, touchée par sa détresse, lui donne le nom du petit garçon : Walter Wilding. Quelques années après, la mère enfin libre, revient chercher son enfant. Tous deux vivent quelques années de bonheur, rapprochés par une affection commune. A sa mort, la mère lègue à son fils une maison d'habitation et un commerce de vin. Mais Walter en mauvaise santé doit s'associer avec George Vendale, un de ses amis, charmant et sympathique jeune homme. Ce dernier est amoureux d'une jeune suissesse, Marguerite, nièce d'un certain Obenreizer. Les deux histoires, celle de Walter et de George,  sont étroitement liées. Mais Walter Wilding engage pour gouvernante madame Goldstraw qui n'est autre que Sally. Celle-ci lui apprend un terrible secret....

L'oeuvre est assez bizarre dans la mesure où elle est  divisé en quatre actes comme s'il s'agissait d'une pièce de théâtre avec une scène de début intitulé  : le rideau se lève et une autre, en clôture, le rideau tombe mais elle a le plus souvent les caractéristiques du roman. D'autre part, cette collaboration entre Dickens et Collins est assez surprenante car on à l'impression que les deux hommes n'ont pas écrit ensemble mais à la suite l'un de l'autre, un peu comme dans le jeu des cadavres exquis. Si bien que nous ne savons plus trop parfois où le roman va nous entraîner, du Londres pauvre et sordide aux montagnes suisses dangereuses avec leurs abîmes vertigineux. Il semble que les deux écrivains aient rivalisé d'imagination, et l'intrigue tire un peu à hue et à dia. Notons au passage que Marguerite cesse d'être la potiche qu'elle paraît être au début du roman pour se révéler ensuite forte et audacieuse pour sauver celui qu'elle aime. Intéressant aussi le fait que l'on parvienne à discerner quelle est la griffe de l'un ou de l'autre selon les chapitres. Wilkie Collins dans les scènes qui se passent en Suisse, se révéle un maître du suspense, du retournement de situations. Charles Dickens excella dans les portraits satiriques et caricaturaux comme celui de Joey Laddle ou de monsieur Obenreiser ou de sa gouvernante Madame Dor.
Ainsi pour donner un exemple précis la scène  intitulée Le rideau se lève évoque le commerce dont a hérité Walter Wilding dans un quartier sordide de Londres. C'est une description réaliste à la Dickens
Au fond d'une cour de la Cité de Londres, dans une petite rue escarpée, tortueuse, et glissante, qui réunissait Tower Street à la rive de la Tamise, se trouvait la maison de commerce de Wilding et Co., marchands de vins. L'extrémité de la rue par laquelle on aboutissait à la rivière (si toutefois on avait le sens olfactif assez endurci contre les mauvaises odeurs pour tenter une telle aventure) avait reçu le nom d'Escalier du Casse-Cou. La cour elle-même n'était pas communément désignée d'une façon moins pittoresque et moins comique: on l'appelait le Carrefour des Éclopés.

L'ironie de Dickens s'exerce jusque dans le nom qu'il donne aux rues mais atteint son apogée quand il prête à Walter Wilding, après cette description répugnante, ces quelques mots  :
 "Pensez-vous qu'un jeune homme de vingt-cinq ans qui peut se dire en mettant son chapeau : ce chapeau couvre la tête du propriétaire de cette propriété...., pensez-vous que cet homme n'ait point le droit de se déclarer satisfaits de lui-même, sans être orgueilleux? Le pensez-vous?"

En conclusion L'abîme n'est certainement la meilleure oeuvre de Charles Dickens ni de Wilkie Collins mais c'est un curiosité littéraire  amusante.


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