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mardi 10 novembre 2020

Voyage Picardie/ Pas de Calais avec Victor Hugo : Abbeville Collégiale Saint Vulfran

Abbeville : Collégiale Saint Vulfran Eugène Boudin
 
Victor Hugo  continue son voyage. Après la visite des falaises du Tréport, de Mers, d'Ault, il se rend à Saint Valery d'où il prend une patache qui l'amène à Abbevile. Il y arrive la nuit.
Lisez ce texte pour le plaisir de le savourer ! Quant à moi, je ne m'en lasse pas !

Un quart d’heure après j’étais en route pour Abbeville. J’ai toujours aimé ces voyages à l’heure crépusculaire. C’est le moment où la nature se déforme et devient fantastique. Les maisons ont des yeux lumineux, les ormes ont des profils sinistres ou se renversent en éclatant de rire, la plaine n’est plus qu’une grande ligne sombre où le croissant de la lune s’enfonce par la pointe et disparaît lentement, les javelles et les gerbes debout dans les champs au bord du chemin vous font l’effet de fantômes assemblés qui se parlent à voix basse ; par moments on rencontre un troupeau de moutons dont le berger, tout droit sur l’angle d’un fossé, vous regarde passer d’un air étrange ; la voiture se plaint doucement de la fatigue de la route, les vis et les écrous, la roue et le brancard poussent chacun leur petit soupir aigu ou grave ; de temps en temps on entend au loin le bruit d’une grappe de sonnettes secouée en cadence, ce bruit s’accroît, puis diminue et s’éteint, c’est une autre voiture qui passe sur quelque chemin éloigné. Où va-t-elle ? d’où vient-elle ? la nuit est sur tout. À la lueur des constellations qui font cent dessins magnifiques dans le ciel, vous voyez autour de vous des figures qui dorment et il vous semble que vous sentez la voiture pleine de rêves.  Victor Hugo Voyage 1837

Abbeville : Collégiale Saint Vulfran
 
Si l’arrivée à Abbeville de Victor Hugo ressemble à un conte de fées, la vision que j’en ai eue ne m’a pas fait le même effet ! Dès l’entrée dans la ville commence le règne de la voiture et pourtant nous n’étions pas à l’heure de la sortie des bureaux et, en cette période de vacances, pas de lycées, de collèges ou d’écoles ouverts. Nous en avons déduit que c’était le quotidien de ce centre ville, des embouteillages partout, dans toutes les rues, y compris sur la place de la collégiale Saint Vulfran que nous voulions voir. 
Entrée de la place saint Vulfran

Place de la collégiale

Aucun effort pour chasser la voiture hors de la cité, pour donner à cette église gothique plus d’espace, plus d’aération ! Au contraire un parking et des constructions serrées qui la cernent, bâtiments d’une grande laideur qui enjambent les rues ! Toutes mes excuses aux Abbevillois pour ce que je vais dire, mais moi qui déplorais les embouteillages sur le bord du Rhône à l'heure de pointe, moi qui pensais qu’Avignon n’était pas assez « verte », c’est parce que je n’avais jamais vu le centre d'Abbeville! Dans les années 80, la place du palais des papes était, elle aussi, envahie par l'automobile juste avant la construction du parking souterrain mais... il y a près de quarante ans !

Par contre la collégiale vaut le détour et j'ai regretté de ne pas avoir eu le temps de visiter le musée Boucher de Perthes mais nous étions là pour notre "tournée" des églises gothiques !

Abbeville Portail central vu à la verticale du bas : l'entrelacs de ses dentelles

 Elle est très richement ornée et intéressante aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur et j'ai énormément aimé la statuaire. Elle est avec l’abbatiale Saint Riquier et la chapelle Saint Esprit de Rue un bel exemple du gothique flamboyant. Edifiée au XII siècle, elle contient les reliques de Saint Wulfram de Sens apporté par le comte de Ponthieu.  C’est vers la fin du  XV siècle que fut réalisé le décor gothique flamboyant. Mais l’église ne fut achevée qu’au XVII siècle, sa construction étant retardée par les guerres de religion et les invasions espagnoles. Le monument subit plusieurs restaurations : au XIX siècle pour la consolider, et après la deuxième guerre mondiale car elle fut en partie détruite par le pilonnage de l’artillerie allemande suivi d’un incendie.

Abbeville Collégiale Saint Vulfran Statuaire Portail sud

Portail Sud Marie Cléophas et ses quatre fils dont Saint jacques le Mineur

Le portail sud est celui des trois Marie : au centre la vierge Marie. A gauche Marie Cléophas et Marie Salomé à droite

Marie Salomé et ses fils Saint jacques le Majeur et Saint Jean l'évangéliste
 source

Portail central : Saint Paul et lion

A l'intérieur, on remarquera que la nef présente deux parties distinctes : la nef centrale gothique dont la voûte culmine à 35 mètres, édifiée au XV et au début du XVI siècle qui offre l'élévation de ses hauts piliers gothiques et de ses élégantes ogives. Et une partie qui date du XVII siècle et contient le choeur, présente une très belle voûte en bois semblable à la coque d'un navire.


La partie côté choeur


Les deux parties de la construction


La nef centrale côté portail central


Le portail central intérieur très ouvragé et la chaire

Une belle visite et ensuite, vite ! Nous partons pour l'abbatiale gothique de Rue !

vendredi 6 novembre 2020

Picardie/ Pas de Calais : Voyage avec Victor Hugo sur les falaises du Tréport à Ault

 

Dans le tome II de son Livre En voyage : France/Belgique, Victor Hugo  écrit une longue lettre à sa femme Adèle le 8 septembre 1837. Il est à Dieppe et il lui raconte la promenade à pied accomplie la veille à partir du port du Tréport à Cayeux en passant par Mers, Ault et Saint Valery.

Ma journée d’hier, chère amie, a été bien remplie. J’étais au Tréport, je voulais voir le point précis où finit la dune et où commence la falaise. Belle promenade, mais pour laquelle il n’y a que le chemin des chèvres et qu’il fallait faire à pied. J’ai pris un guide et je suis parti. Il était midi. 

Courageux, papa Hugo ! Si j'ai fait le même parcours, c'est d'une manière moins glorieuse, en voiture.

Le Tréport : la falaise
 

Le Tréport : le phare

Le Tréport à marée basse

Du Tréport on peut apercevoir, en face, la falaise de Mers-les-Bains.

Falaise de Mers-les-Bains vue du Tréport et au-delà la ville d'Ault

C'est du Tréport que Victor Hugo part avec son guide pour gagner la falaise de Mers -les-Bains.
Les deux villes sont séparées par une longue plage de sable.

À une heure j’étais au sommet de la falaise opposée au Tréport. J’avais franchi l’espèce de dos d’âne de galets qui barre la mer et défend la vallée au fond de laquelle se découpent les hauts pignons du château d’Eu ; j’avais sous mes pieds le hameau qui fait face au Tréport. 

La ville de Mers au pied de la falaise :  vue du Tréport

Et c'est du haut de la falaise de Mers qu'il admire l'église du Tréport

Eglise du Tréport

La belle église du Tréport se dressait vis-à-vis de moi sur sa colline avec toutes les maisons de son village répandues sous elle au hasard comme un tas de pierres écroulées. Au delà de l’église se développait l’énorme muraille des falaises rouillées, toute ruinée vers le sommet et laissant crouler par ses brèches de larges pans de verdure. La mer, indigo sous le ciel bleu, poussait dans le golfe ses immenses demi-cercles ourlés d’écume. Chaque lame se dépliait à son tour et s’étendait à plat sur la grève comme une étoffe sous la main d’un marchand. Deux ou trois chasse-marées sortaient gaîment du port. Pas un nuage au ciel. Un soleil éclatant.

Le Tréport : son église

Et puis ce texte qui prouve, si besoin est, que Victor Hugo ne manque pas d'humour !

Au-dessous de moi, au bas de la falaise, une volée de cormorans pêchait. Ce sont d’admirables pêcheurs que les cormorans. Ils planent quelques instants, puis ils fondent rapidement sur la vague, en touchent la cime, y entrent quelquefois un peu, et remontent. À chaque fois ils rapportent un petit poisson d’argent qui reluit au soleil. Je les voyais distinctement et de très près. Ils sont charmants quand ils ressortent de l’eau, avec cette étincelle au bec.
Ils avalent le poisson en remontant, et recommencent sans cesse. Il m’a paru qu’ils déjeunaient fort bien.
Moi j’avais mal déjeuné par parenthèse. Comme c’était un port de mer, j’avais mangé du beefsteack bien entendu, mais du beetsteack remarquablement dur. À la table d’hôte, où les plaisanteries sont rarement neuves, on le comparait à des semelles de bottes. J’en avais mangé deux tranches, et pour cela j’étais fort envié à la table d’hôte, l’un enviait mon appétit, l’autre mes dents. J’étais donc comme un homme qui a mangé à son déjeuner une paire de souliers. Moi, j’enviais les cormorans.

Bateau de pêche entouré d'une nuée d'oiseaux

 Suit cette étrange vision et splendide description à la Hugo (j'adore !) de l'arrivée à Ault par le haut de la falaise, un paysage tel que je n'ai pu le voir ! Et oui, quand on est en voiture !
 
Une heure après, toujours par le sentier tortueux de la falaise, j’approchais du Bourg-d’Ault, but principal de ma course. À un détour du sentier, je me suis trouvé tout à coup dans un champ de blé situé sur le haut de la falaise et qu’on achevait de moissonner. Comme les fleurs d’avril sont venues en juin cette année, les épis de juillet se coupent en septembre. Mais mon champ était délicieux, tout petit, tout étroit, tout escarpé, bordé de haies et portant à son sommet l’océan. Te figures-tu cela ? vingt perches de terre pour base, et l’océan posé dessus. Au rez-de-chaussée des faucheurs, des glaneuses, de bons paysans tranquilles occupés à engerber leur blé, au premier étage la mer, et tout en haut, sur le toit, une douzaine de bateaux pêcheurs à l’ancre et jetant leurs filets. Je n’ai jamais vu de jeu de la perspective qui fût plus étrange. Les gerbes faites étaient posées debout sur le sol, si bien que pour le regard leur tête blonde entrait dans le bleu de la mer. À la ligne extrême du champ une pauvre vache insouciante se dessinait paisiblement sur ce fond magnifique. Tout cela était serein et doux, cette églogue faisait bon ménage avec cette épopée. Rien de plus frappant, à mon sens, rien de plus philosophique que ces sillons sous ces vagues, que ces gerbes sous ces navires, que cette moisson sous cette pêche. Hasard singulier qui superposait les uns aux autres, pour faire rêver le passant, les laboureurs de la terre et les laboureurs de l’eau. 


Falaise de Bourg d'Ault

À deux heures et demie, j’entrais au Bourg-d’Ault. On passe quelques maisons, et tout à coup on se trouve dans la principale rue, dans la rue mère d’où s’engendre tout le village, lequel est situé sur la croupe de la falaise. Cette rue est d’un aspect bizarre. Elle est assez large, fort courte, bordée de deux rangées de masures, et l’océan la ferme brusquement comme une immense muraille bleue. Pas de rivage, pas de port, pas de mâts. Aucune transition. On passe d’une fenêtre à un flot.
Au bout de la rue en effet on trouve la falaise, fort abaissée, il est vrai. Une rampe vous mène en trois pas à la mer, car il n’y a là ni golfe, ni anse, pas même une grève d’échouage comme à Étretat. La falaise ondule à peine pour le Bourg-d’Ault.

Falaise d'Ault

La mer ronge perpétuellement le Bourg-d’Ault. Il y a cent cinquante ans, c’était un bien plus grand village qui avait sa partie basse abritée par une falaise au bord de la mer. Mais un jour la colonne de flots qui descend la Manche s’est appuyée si violemment sur cette falaise qu’elle l’a fait ployer. La falaise s’est rompue et le village a été englouti. Il n’était resté debout dans l’inondation qu’une ancienne halle et une vieille église dont on voyait encore le clocher battu des marées quelques années avant la Révolution, quand les vieilles femmes qui ont aujourd’hui quatre vingts ans étaient des marmots roses.
Maintenant on ne voit plus rien de ces ruines. L’océan a eu des vagues pour chaque pierre ; le flux et le reflux ont tout usé, et le clocher qui avait arrêté des nuages n’accroche même plus aujourd’hui la quille d’une barque.

Photo extraite du Journal du Dimanche Voir article ici

Nous étions garés sous la flèche rouge, (image de droite) et, en effet, l'on voyait bien comment la falaise grignotait la ville peu à peu. (image de gauche)

Depuis la catastrophe du bas village, tout le Bourg-d’Ault s’est réfugié sur la falaise. De loin tous ces pauvres toits pressés les uns sur les autres font l’effet d’un groupe d’oiseaux mal abrité qui se pelotonne contre le vent. Le Bourg-d’Ault se défend comme il peut, la mer est rude sur cette côte, l’hiver est orageux, la falaise s’en va souvent par morceaux. Une partie du village pend déjà aux fêlures du rocher.
Ne trouves-tu pas, chère amie, qu’il résulte une idée sinistre de ce village englouti et de ce village croulant ? Toutes sortes de traditions pleines d’un merveilleux effrayant ont germé là. Aussi les marins évitent cette côte. La lame y est mauvaise ; et souvent, dans les nuits violentes de l’équinoxe, les pauvres gens du Tréport qui vont à la pêche dans leur chasse-marée, en passant sous les sombres falaises du Bourg-d’Ault, croient entendre aboyer vaguement les guivres de pierre qui regardent éternellement la mer du haut des nuées, le cou tendu aux quatre angles du vieux clocher.

Ault : église Saint Pierre (photo wikipédia)
 

Cet endroit est beau. Je ne pouvais m’en arracher. C’est là qu’on voit poindre et monter cette haute falaise qui mure la Normandie, qui commence au Bourg-d’Ault, s’échancre à peine pour le Tréport, pour Dieppe, pour Saint-Valery-en-Caux, pour Fécamp, où elle atteint son faîte culminant, pour Étretat où elle se sculpte en ogives colossales, et va expirer au Havre, au point où s’évase cet immense clairon que fait la Seine en se dégorgeant dans la mer.
Où naît la falaise, la dune meurt. La dune meurt dignement dans une grande plaine de sable de huit lieues de tour qu’on appelle le désert et qui sépare le Bourg-d’Ault, où la falaise commence, de Cayeux, village presque enfoui dans les sables, où finit la dune.

Plage vue du haut de Ault en direction de Cayeux





mercredi 4 novembre 2020

Voyage en Picardie/ Pas de Calais : Amiens (2) Les hortillonnages

Amiens : les hortillonnages, promenade en barque Photo Aurélia Frey

Les hortillonnages d’Amiens où l’histoire d’une déception

Les hortillonnages d’Amiens sont des jardins gagnés sur les marais à l’est de la ville. Dès le moyen-âge, l’homme a aménagé cette terre au prix d’un travail constant et a approvisionné la cité jusqu’au siècle dernier. L’acheminement des produits de la terre se faisait en barque à fond plat et aux bords relevés nommées barque à cornet.

Barques à cornet photo Aurélia Frey

  Les hortillonnages s’étendaient sur 300 hectares entrecoupés de 65 km de canaux (rieux) et traversés par la Somme.

De nos jours, il ne reste plus que sept hortillons (maraîchers) qui vendent leurs légumes au marché sur l’eau à Saint Leu.  
Des visites en barque à travers les canaux font le bonheur des touristes (voir ici https://www.somme-tourisme.com/amiens-et-autres-histoires/les-hortillonnages-dedale-de-jardins-sur-leau)

Les hortillonnages d'Amiens

Mais pour mon Amiénois d’origine, (celles qui ont lu son blog En effeuillant le chrysanthème ont reconnu Wens, bien entendu !)  il n’était pas question de jouer au touriste.
« je vais te faire voir les hortillonnages comme je les ai vus dans mon enfance et nous irons au bord des étangs où j’allais pêcher. »
  A nous, la nature  sauvage, le miroitement et le friselis de l’eau sur les étangs livrés à la faune aquatique contrastant avec les jardins bien ordonnés des hortillons regorgeant de fruits et de légumes pimpants, les barques qui passent dans un silencieux clapotis sur les rieux ombragés…

Oui, mais quand l’Amiénois est arrivé dans un lieu connu de lui seul, il n’y avait plus que des barrières, des propriétés privées qui interdisaient l’accès aux étangs privatisés eux aussi ! Force fut d’aller se promener sur le chemin de halage  (goudronné ! entendez-vous bien, l’horreur !)...

Chemin de halage
 

... sur le bord de Somme où la seule barque qui passe est munie d’un moteur de hors bord... Scandale ! Mon Amiénois se souvient que, dans son enfance, les maraîchers manoeuvraient les lourdes barques chargées d'énormes légumes à la force des bras, en poussant sur une perche.

la Somme

... où les étangs ne peuvent que s’apercevoir à travers un trou de verdure.


Plus de promenades sur ces terres boboïsées, rachetées aux maraîchers. Et sur les bords de ces étangs, plus les terrains de pêche de l’enfant de jadis! 

A la place des jardins maraîchers

Et oui,  Sous le pont de Camon, coule la Somme. Vienne la nuit, sonne l’heure, les jours s’en vont, je demeure.... 
Heureusement la cathédrale, elle, est immuable !
(Voir Amiens 1)
 

La Somme vue du chemin de halage
 

Quant à moi, faute de comparaison, j’ai apprécié cette jolie découverte des hortillonnages ou du moins de ce qu'il en reste, la beauté de l'eau et des reflets sur les étangs aperçus de la berge, les jolis ponts incurvés sur les rieux, la courbe de la Somme lente et paisible.

Etang vu du chemin de halage

Rieux et étang vus du chemin de halage

Mais la promenade en barque, je ne l’ai vue qu’à travers les photos de ma fille, Aurélia.  Las! C'est une visite que j'aurais faite volontiers.

Promenade guidée en barque à moteur électrique photo Aurélia Frey
 
Les hortillonnages : Promenade guidée en barque photo Aurélia Frey

Les hortillonnages : Promenade guidée en barque photo Aurélia Frey

Les hortillonnages : Promenade guidée en barque photo Aurélia Frey

mardi 3 novembre 2020

Picardie/ Pas de Calais : Amiens (1)

                                                          Cathédrale d'Amiens : la grande rosace et l'étage des rois

Evidemment, une visite à Amiens pendant ce voyage s'imposait surtout quand, dans mon entourage proche, je compte un Amiénois pur sang ! Et pour mon Picard-Occitan qui n'était plus retourné aux sources depuis plus de cinquante ans, la première visite fut dédiée à "la plus belle cathédrale gothique du monde"  ou, avec un grand effort de modestie de sa part, à "la plus belle cathédrale de France" !

La cathédrale d'Amiens: les trois portails de la façade (ouest) ont été édifiés entre 1220 et 1230
 
Et c'est vrai qu'elle est belle, à la fois par l'harmonie  de ses dentelles et de sa statuaire, la blancheur de sa pierre, la pureté de ses lignes et l'étrange sobriété qui émane d'elle malgré la richesse de son ornementation, partage entre le gothique classique du début et le gothique flamboyant de ses rosaces.

Portail nord : la statuaire des saints

Le portail nord de la façade est dédié à Saint Firmin qui figure sur son trumeau. De chaque côté du portail des statues de saints et sur le soubassement des médaillons à quatre feuilles décrivant les travaux agraires associés aux signes du zodiaque. A l'inverse de la cathédrale de Reims consacrée aux chevaliers, la cathédrale d'Amiens rappelle ainsi l'importance du monde rural au moyen-âge.

Portail nord : les saisons et leurs travaux  

Le signe du bélier, début du printemps, on retourne le terre

 
Portail nord : les saisons et leurs travaux

L'hiver, au coin de l'âtre

Le portail central : le beau Dieu et le jugement dernier

Sur le trumeau du portail central, la statue du Christ bénissant surnommée : le Beau Dieu. Elle fait partie d'un ensemble sculpté dans la première moitié du XIII siècle qui représente le Jugement dernier.

Portail central : Le Beau Dieu
 
Enfin le portail sud de la façade est dit de la Mère de Dieu. La statue de la Vierge se dresse, hiératique, semblable à cela à la statuaire de la cathédrale de Chartres. Elle terrasse et foule aux pieds le Mal, sorte de monstre à tête humaine. Elle est très différente de la Vierge dorée qui orne le côté sud du transept  de la cathédrale. Déhanchée, celle-ci esquisse un sourire et regarde son enfant tendrement.

Amiens Vierge  portail sud de la façade

La vierge dorée :  portail transept sud

L'intérieur de la cathédrale dont les dimensions en font une des plus vastes de France surprend par son élévation qui correspond, bien sûr, à une recherche spirituelle. La hauteur de ses piliers donne une impression d'envol sans effort, de légèreté, de grâce.  



Vitraux du choeur Est

Nef centrale : rosace de la façade ouest

Elle possède des stalles en bois de toute beauté.

Les stalles en bois  

Les stalles en bois de la cathédrale d'Amiens, exceptionnelles, représentent le plus vaste ensemble d'ébénisterie gothique et mettent en scène 4000 personnages. Malheureusement  les stalles et le choeur étaient fermés au public.

Haut relief représentant la légende de Saint Jacques Majeur


haut relief (détail) au-dessus du tombeau de Ferry de Beauvoir

haut relief (détail) au-dessus du tombeau de Ferry de Beauvoir

Amiens 2 (suite)