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dimanche 10 février 2013

Un livre/ Un film : Boileau-Narcejac, Les diaboliques




Résultat de l'énigme n°57

Le roman : Boileau-Narcejac : Celle qui n'était plus (ou les Diaboliques)
Le film  :   Henri- Georges Clouzot : Les diaboliques
Félicitations à Dasola, Dominique, Eeguab, Pierrot Bâton, Nanou








 Boileau-Narcejac
Sous ce double nom se cachent deux auteurs, Pierre Boileau (1906-1989) et Thomas Narcejac (1908-1998). Tous deux épris de littérature policière et auteurs de romans d'aventures, ils se rencontrent et s'associent en 1948. Inséparables, leurs rôles sont néanmoins nettement définis : Pierre Boileau bâtit l'intrigue, Thomas Narcejac rédige, étoffe, met au propre le texte définitif. La plupart de leurs romans ont été portés à l'écran notamment par Clouzot et Hitchcock. Le cycle des Sans Atout consacre un genre policier pour les enfants : une intrigue sophistiquée, débrouillée rondement par l'intelligence aiguë d'un jeune garçon.
( présentation éditions Gallimard)

Fernand Ravinel et sa maîtresse Lucienne, une femme autoritaire, à la forte personnalité, ont décidé de se débarrasser de Mireille, l'épouse de Fernand, pour toucher l'assurance sur la vie qu'elle a contractée en faveur de son mari. Lucienne, qui est médecin, administre un somnifère à la jeune femme et tous deux l'immergent dans une baignoire pour la noyer. Le forfait accompli, les deux complices transportent le cadavre et le jettent dans un étang à proximité de la maison des Ravinel. Mais le lendemain le corps a disparu et voilà que Mireille est aperçue partout et qu'elle laisse des messages à son mari! Celui-ci est fou de terreur…

Le titre du roman de Boileau-Narcejac était à l'origine :  Celle qui n'était plus (1952). Après le succès du film il va porter le titre choisi par Clouzot en hommage à Barbey D'Aurevilly : Les diaboliques.(1955)
 Le film  s'éloigne du roman : Clouzot a choisi un lieu clos, un établissement scolaire, pension privée, dont Michel est le directeur et Christina, son épouse, la propriétaire. Michel maltraite sa femme et ne se prive pas de l'humilier en public; il fait de même avec Nicole qui est un de ses professeurs dans l'établissement. Christina et Nicole décident de le tuer en le noyant dans une baignoire puis en le jetant dans la piscine. Mais le corps disparaît et la fragile Christina est terrifiée…

Christina (Vera Clouzot) et Nicole (Simone Signoret)

Dans leur préface de l'édition du roman en Livre de poche (1965), Boileau et Narcejac déclarent que le film est une adaptation très éloignée de leur roman.
Entre Celle qui n'était plus.. et le film que ce roman a inspiré à H.G. Clouzot, les Diaboliques, il n'y a qu'un lien, si mince qu'on pourrait croire le film étranger au livre, si solide qu'on est pourtant obligé de reconnaître leur profonde parenté. C'est qu'en vérité ils développent exactement la même idée mais avec des moyens différents et l'on peut aller jusqu'à dire que plus le film s'efforcerait de rester fidèle au livre, plus il était contraint de s'en éloigner.
Loin de s'en plaindre, ils constatent que le réalisateur a traduit en images ce qu'ils avaient voulu montrer par des mots :  D'une part la solitude du héros  (un homme dans le livre, une femme dans le film) qui est écrasé par des "apparences qu'il ne comprend plus", qui perd pied avec la réalité, car "le monde est un masque" et  "le mensonge corrompt invisiblement les aspects les plus familiers de la vie".
Ainsi donc, il vrai que monsieur Clouzot s'est délibérément dégagé de notre roman. Il a pris son bien où il trouvait, comme tous les grands créateurs. Mais il est également vrai qu'ils ne nous ont pas trahis, car ce que nous tentions d'apporter de neuf, c'est exactement ce qu'il a développé, approfondi, illustré, avec cette force , ce punch qui caractérisent sa manière. Merci Monsieur Clouzot."

Voilà une affirmation qui devrait répondre définitivement à la question de la trahison dans l'adaptation d'une oeuvre littéraire au cinéma.