Paul-César Helleu : Femme lisant musée des Beaux-Arts de Rouen |
C'est à Rouen au musée des Beaux-Arts, que j'ai vu deux oeuvres de Paul-César Helleu, un peintre lié à Marcel Proust. L'une, ci-dessus à la section des impressionnistes, l'autre dans l'exposition Whistler, l'effet papillon, ci-dessous.
Paul-César Helleu : Madame Helleu exposition Whistler, l'effet papillon |
Paul-César Helleu est né à Vannes en 1859. Il fait ses études aux Beaux-Arts de Paris et est très influencé par Manet. Il devient vite l'ami de peintres impressionnistes, Claude Monet, Edgard Degas et du sculpteur Rodin ainsi que des peintres américains : John Singer Sargant dont il partage l'atelier, James Abbot Whistler. En 1885, il se fait remarquer au Salon par son tableau de : Femme lisant. Il devient un peintre, portraitiste et aquarelliste reconnu dès 1887. 1900 voit l'apogée de sa carrière.
Il est en correpondance avec Marcel Proust qu'il inspire au même titre que Whistler pour son personnage d' Eltsir.
D'après Adrien Gouffray (voir Ici) "Elstir est supposé être la contraction de deux noms, ceux de Paul-César Helleu et de James Whistler (1834-1903), selon les propos tenus par sa fille, Paulette Howard-Johnston. Il incarne la figure du peintre dans les volumes d’À la recherche du temps perdu, de Marcel Proust. "
"Comme Marcel Proust avait fixé Paul-César Helleu dans ses écrits en la personne d’Elstir, malheureusement, Helleu ne parviendra à le faire pour Marcel Proust que sur son lit de mort. Madame Céleste Albaret, la gouvernante de Marcel Proust, relate justement cet épisode : « Ce même dimanche, vers deux heures de l’après-midi, à la demande du professeur Robert Proust, le peintre Helleu, que Mr Proust aimait beaucoup et qui, à cette époque, avait dû renoncer à la peinture en raison de sa vue, vint faire une pointe sèche. Il me déclara qu’il allait mettre toute son âme à ce portrait ».
Paul-César Helleu : Marcel Proust sur son lit de mort |
Pour moi, je n'ai jamais vu que ces deux tableaux lors de ma visite au musée des Beaux-Arts de Rouen. Aussi ai-je cherché d'autres oeuvres et l'on voit bien combien Helleu est dans la mouvance de Whistler, dans l'univers mondain que fréquente Marcel Proust, plein de raffinement, d'élégance, un monde d'apparence et de faux-semblant...
La comtesse de Greffulhe : La duchesse de Guermantes
Paul-Cesar Helleu : la comtesse de Geffulhe |
"Mme de Guermantes était coiffée d’un canotier fleuri de bleuets ; et ce qu’ils m’évoquaient, ce n’était pas, sur les sillons de Combray où si souvent j’en avais cueilli, sur le talus contigu à la haie de Tansonville, les soleils des lointaines années, c’était l’odeur et la poussière du crépuscule, telles qu’elles étaient tout à l’heure, au moment où Mme de Guermantes venait de les traverser, rue de la Paix. D’un air souriant, dédaigneux et vague, tout en faisant la moue avec ses lèvres serrées, de la pointe de son ombrelle, comme de l’extrême antenne de sa vie mystérieuse, elle dessinait des ronds sur le tapis, puis, avec cette attention indifférente qui commence par ôter tout point de contact avec ce que l’on considère soi-même, son regard fixait tour à tour chacun de nous, puis inspectait les canapés et les fauteuils mais en s’adoucissant alors de cette sympathie humaine qu’éveille la présence même insignifiante d’une chose que l’on connaît, d’une chose qui est presque une personne ; ces meubles n’étaient pas comme nous, ils étaient vaguement de son monde, ils étaient liés à la vie de sa tante."
Jacques-Emile Blanche : la comtesse de Greffulhe |
Nadar : la comtesse de Greffulde |
Le comte de Greffulhe : Le duc de Guermantes
Nadar : Le comte de Greffulhe |
Le comte de Greffulhe qui a inspiré le personnage du duc de Guermantes était un personnage imbu de lui-même, méprisant, colérique, autoritaire et violent. Il battait sa femme, lui crachait au visage et interdisait qu'on lui donne à manger si elle arrivait en retard au dîner. Il entretenait de nombreuses maîtresses. Sa seule passion en dehors des femmes était la chasse.
Philippe Lazlo : Le comte Henri de Greffulde |
Du côté de Guermantes
"Elle venait de voir entrer son mari, et par les mots qu’elle prononçait, faisait allusion au comique d’avoir l’air de faire ensemble une visite de noces, nullement aux rapports souvent difficiles qui existaient entre elle et cet énorme gaillard vieillissant, mais qui menait toujours une vie de jeune homme. Promenant sur le grand nombre de personnes qui entouraient la table à thé les regards affables, malicieux et un peu éblouis par les rayons du soleil couchant, de ses petites prunelles rondes et exactement logées dans l’œil comme les « mouches » que savait viser et atteindre si parfaitement l’excellent tireur qu’il était, le duc s’avançait avec une lenteur émerveillée et prudente comme si, intimidé par une si brillante assemblée, il eût craint de marcher sur les robes et de déranger les conversations. Un sourire permanent de bon roi d’Yvetot légèrement pompette, une main à demi dépliée flottant, comme l’aileron d’un requin, à côté de sa poitrine, et qu’il laissait presser indistinctement par ses vieux amis et par les inconnus qu’on lui présentait, lui permettaient, sans avoir à faire un seul geste ni à interrompre sa tournée débonnaire, fainéante et royale, de satisfaire à l’empressement de tous, en murmurant seulement : « Bonsoir, mon bon », « bonsoir mon cher ami », « charmé monsieur Bloch », « bonsoir Argencourt », et près de moi, qui fus le plus favorisé quand il eut entendu mon nom : « Bonsoir, mon petit voisin, comment va votre père ? Quel brave homme ! » Il ne fit de grandes démonstrations que pour Mme de Villeparisis, qui lui dit bonjour d’un signe de tête en sortant une main de son petit tablier.
Formidablement riche dans un monde où on l’est de moins en moins, ayant
assimilé à sa personne, d’une façon permanente, la notion de cette
énorme fortune, en lui la vanité du grand seigneur était doublée de
celle de l’homme d’argent, l’éducation raffinée du premier arrivant tout
juste à contenir la suffisance du second. On comprenait d’ailleurs que
ses succès de femmes, qui faisaient le malheur de la sienne, ne fussent
pas dus qu’à son nom et à sa fortune, car il était encore d’une grande
beauté, avec, dans le profil, la pureté, la décision de contour de
quelque dieu grec. "
Alice Louise Guérin qui devint l'épouse de Paul Helleu et son modèle musée Bonnat Bayonne |
Paul-César Helleu : Madame Helleu à son secrétaire |
Paul-César Helleu : jeune femme avec parasol sur la jetée |
Paul-César Helleu : Jeune fille en blanc portrait présumé de la princesse de Ligne |
Marcel Proust : Les Plaisirs et les jours