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samedi 18 octobre 2025

Challenge Bulgarie : Bilan Final

Sofia
 

 Au sommet de la colonne, la sculpture en bronze d’une femme représente Sophie (Sofia en bulgare) : une couronne de lauriers dans sa main droite et une chouette en équilibre sur son bras gauche, elle incarne la sagesse (Sophia en grec) et le destin.

 *

 Voici le bilan final du Challenge pour la Bulgarie ! Vous avez été dix à y participer en comptant Sacha qui a initié un autre challenge bulgare au mois de Septembre et le bilan est de 50 livres dont certains titres reviennent plusieurs fois. Je ne peux parler de tous mais au moins de ceux qui ont remporté le plus de lecteurs : Viktor Paskov, Kapka Kassabova, Maria Kassimova-Moisset, Theodora Dimova sont en tête.

 

Les auteurs contemporains 

 


Ce sont les auteurs contemporains qui ont été les plus lus avec en tête Viktor Paskov (1949-2009)  et sa ballade pour Hoenig qui revient six fois. S'il a été unaniment salué par tous, Sacha, pourtant, émet quelques réserves tout en reconnaissant ses qualités :

Fanja : Une belle surprise côté Bulgarie. Un roman court qui tourne la tragédie en comédie et y mêle beaucoup de tendresse et un soupçon de fantastique, avec des personnages qui savent rester dignes dans la pauvreté extrême. Une belle histoire d'amitié et de solidarité, de passion aussi, autour de la musique et de l'art de la lutherie. 

Sacha : "Portrait de la vie quotidienne d’un quartier très pauvre où chacun tente de survivre et de ne pas sombrer dans la folie, cette Ballade pour Georg Henig recèle de magnifiques passages sur la vie de quartier, l’amitié et la solidarité, comme sur l’art de la lutherie. Si je lui ai trouvé des longueurs et une certaine lourdeur psychologique (Victor Paskov semble prisonnier de la nostalgie, y compris d’un temps qu’il n’a pas connu lui-même), j’ai été sensible à ce vibrant hommage aux artistes/artisans d’art et à cette immersion dans la Bulgarie d’après-guerre. "

 


 Kapka Kassabova ( née en 1973) revient six fois, appréciée par tous, mais c'est Miriam qui semble être une inconditionnelle de cette écrivaine et qui a lu le plus de titres de l'auteur :  Elixir, Lisière, l'Esprit du lac, Anima. 

 Lisière, Alexandra : Kapka Kassabova sait aussi capter l'attention du lecteur. Lisière est un récit riche d’informations géographiques, historiques, culturelles et ethnographique que j'ai eu grand plaisir à découvrir. Mais c’est surtout l’humain qui interpelle dans cet ouvrage. Ces destins brisés par les guerres idéologiques, religieuses, économiques… On est choqué par les cruautés des uns et bluffé par la capacité de résilience de autres. 

 Anima, Miriam : "Anima raconte la vie pastorale dans ces montagnes des Balkans. Vie pastorale où le nomadisme est encore très prégnant : nomadisme des origines, nomadisme des Roms, et tout simplement transhumance annuelle à la recherche des pâturages d’estive. L’autrice situe les différentes tribus nomades dans cette mosaïque de populations qui constitue les Balkans. Bulgares, mais aussi turcophones, hellénophones. En filigrane, le souvenir des tapis, des yourtes venus d’Asie Centrale ou d’Anatolie. 

 


Ensuite  Maria Kassimova-Moisset  : Rhapsodie balkanique a été lu 5 fois mais il n'a pas fait l'unanimité

Enthousiaste: 

Patrice  : "C’est un roman très fort, un témoignage à valeur universelle sur les préjugés, le poids de la religion, des conventions, mais aussi un livre mettant en scène des personnages forts auxquels il est difficile de ne pas s’attacher. Une très belle découverte pour cette rentrée littéraire et une vraie maîtrise pour un premier roman."

OU non

Anne-Yes "C’est une lecture qui aurait du me plaire et qui pourtant m’a ennuyée. Je n’ai pas accroché, sans que j’arrive vraiment à pointer pourquoi. La fin m’a parue abrupte."

Ingammic : "Le récit se construit par fragments au fil d’allers-retours temporels, et est régulièrement entrecoupés d’intermèdes où l’auteure entretient des conversations imaginaires avec ses personnages, inspirés de ses ascendants -Miriam était sa grand-mère paternelle. (...). Ces passages m’ont agacée, en me donnant l’impression que Maria Kassimova-Moisset s’imposait dans le texte pour fournir des explications superflues sur sa démarche, interrompant mon immersion dans l’intrigue." 

 

 

Theodora Dimova : Les dévastés a été citée trois fois et Sacha a aussi lu  Mère.  

Miriam :  Hommes exécutés, femmes en deuil, déportées… une réalité bien triste. Et pourtant je suis restée scotchée à écouter leur voix, à imaginer leurs histoires. Un roman très touchant, très sensible.

Sacha : Surtout, j’ai été soufflée par la plume de Théodora Dimova (et sa traduction de toute beauté). Les dévastés est à lire d’urgence !

 


 
  

Elitza Guieorgieva les cosmonautes ne font que passer :  ce roman a été cité trois fois

Alexandra : Les cosmonautes ne font que passer est un ouvrage plus profond qu’il n’y parait au premier abord. C’est un roman initiatique sur la perte de l’innocence. Il y a l'avant (avant l’effondrement des régimes communistes en Europe et la fin de la dictature en Bulgarie) et l'après (qui n’est pas très emballant non plus).

Keisha : "Voilà un livre qu'on ne lâche pas, au ton décontracté et malicieux, dévoilant sans appuyer les réalités des changements en Bulgarie et le passage de l'enfance à l'adolescence de l'héroïne dont on ne connaît pas le nom, tiens. Cela se savoure comme un bonbon acidulé, tout en souriant et parfois soupirant. "

 


Rene Karabash : Vierge jurée trois lecteurs

Passage à l'est : "Ces deux aspects – le style, la structure – rendent le roman bien plus intéressant et riche que ne le fait le résumé qui m’avait d’abord donné l’impression qu’il s’agissait d’un livre de fiction sur la condition féminine dans une société autre – et plus archaïque – que celle de la France

 


Yordan Raditchkov : Les récits de Tcherkaski  (2)

Patrice "Si je ne suis pas forcément ce genre de lecteur qui se laisse porter par le côté magique de certaines nouvelles, j’ai apprécié le style et la construction de celles-ci, certains éléments de l’histoire se répétant d’une nouvelle à l’autre. Sa façon de décrire les paysans et le milieu dans lequel ils vivent vaut à lui seul le détour. "

 


 

 Abraham Wagenstein  (2)

Claudialucia : "Ainsi nous apparaît ce vieux quartier de Plovdiv, avec le pittoresque de ses populations mêlées, avec ses commerces débordants de denrées orientales, et le peuple si divers, si bariolé, le grand père et ses amitiés, ses disputes et ses réconciliations, toute une vie chaleureuse et dense évoquée dans un style prolixe, vivant, plein de sève." 

  


 

Anton Dontchev : (2) avec un beau roman historique Les Cent frères de Manol

Miriam "J’ai aimé ces personnages nombreux, ces contes, ces mythes, tragédie  sans  cesse recommencée. J’ai aimé ce récit complexe loin du manichéisme où même le pire tortionnaire révèle son humanité et les héros, leurs faiblesses."

Keisha est seule à avoir lu Le roi d'argile de Dobromir Baïtchev qu'elle nous recommande : "une lecture coup de coeur pour moi et à remercier l'éditeur j'ai laissé traîner ce livre sur les étagères près de deux ans, honte à moi, mais une fois commencé, je ne l'ai pas lâché."  Seule aussi Fanja a lu Gieorgui Gospodinov ; seul Patrice avec Albena Dimitrova Sacha  avec Zinaïda Polimenova ;  Passage à l'Est avec  Sevda Sevan  : "Cette légèreté de la touche de l’autrice dans l’agencement du récit marque également son rapport à l’Histoire, qui est toujours présente mais sans être particulièrement incarnée par les personnages." et un policier Claudialucia avec Elena Alexieva.

 

Les auteurs classiques 

 

Ivan Vazov

 

 Les écrivains classiques sont beaucoup moins représentés Yordan Yovkov  (1880-1937)  et Ivan Vazov  ( 1850-1927)

 


 

Yordan Yovkov : Un compagnon

Sacha : "Yordan Yovkov nous fait vivre l’absurdité de la guerre et nous émeut grâce à ce cheval qui ne paie pas de mine, mais qui s’attire le respect et l’affection des hommes par sa loyauté sans faille. C’est un récit intemporel et touchant qui méritait bien cette mise en valeur éditoriale et qui donne envie de lire d’autres nouvelles de Yovkov."

 

 

 Ivan Vazov : sous le joug

Je(claudialucia) suis la seule à l'avoir lu. Je le recommande chaudement surtout si vous allez en Bulgarie. Vous trouverez Ivan Vazov partout, les plaques des noms des rues, les portraits dans les musées, les statues sur les places, c'est le nom du grand théâtre de Sofia. J'ai eu l'impression que ne pas connaître Ivan Vazov en Bulgarie, c'est comme ne pas connaître Victor Hugo en France !  

Claudialucia : "Tous les ingrédients sont là pour faire de ce roman un plaisir de lecture, émotion, aventures, héroïsme, trahisons, dangers, amitié, amour et rire mais aussi connaissance d’un peuple, de ses coutumes et ses croyances, rencontre de ses héros et de ses disparus, de sa révolte contre le joug ottoman qui le soumet, de la souffrance d'une répression injuste et sanguinaire.  Un beau roman. "  

 

Sofia : Théâtre Ivan Vazov
  

Et ne pas oublier "notre" Jules Verne avec Le Pilote du Danube et Kereban le têtu

 

*** 

Anne-Yes 

 Rhapsodie balkanique de Maria Kassimova-Moisset

 

Claudialucia

 Challenge Bulgarie : Littérature Histoire Art qui se joint à moi ?

Les Héros nationaux bulgares : Hristov Botev, Vassil Levski, Hadji Dimitar

Sofia la cathédrale Nevsky et le musée des icônes

Sofia : les édifices religieux : églises, mosquée, synagogue 

 Les peintres bulgares  : Vladimir Dimitrov-Maïstora dit Le Maître et Radi Nedelchev 

 Les peintres bulgares de Plovdiv  (1) : Vladimir Dimitrov Le Maître et Radi Nedelchev

Les peintres bulgares de Plovdiv (2) : Dimiter Kirov et Georgi Bojilov-Slona

Каракачани : En Bulgarie, les karakatchans, un peuple nomade d'origine grecque
 
 Le monastère de Rila

Elena Alexieva : Le prix Nobel  

Theodora Dimova : les dévastés 

Anton Dontchev : Les cent frères de Manol

 Elitza Guieorgieva : Les cosmonautes ne font que passer

Kapka Kassabova : Elixir 

Victor Paskov : Ballade pour Georg Hanig

Yordan Raditchkov  : Le poirier/ Les noms

Yordan Raditchkov : les récits de Tcherkaski

Ivan Vazov : sous le joug

Jules Verne : Le pilote du Danube 

Jules Verne : Kereban le têtu 

Yordan Yovkov Un compagnon mon billet 

Yordan Yolkov Soirée étoilée mon billet

 Wagenstein Abraham : Abraham Le poivrot (1)

Wagenstein Abraham : Abraham le Poivrot :  Plovdiv (2)

 

Fanja

Le pays du passé de Gueorgui Gospodinov 

 Paskov  Viktor : La Ballade de Goerg Henig


Ingammic 

Rhapsodie balkanique de Maria Kassimova-Boisset 

 

Alexandra Je lis je blogue
 

Elitza Guieorgieva : Les cosmonautes ne font que passer 

 Kapka Kassabova : Lisière

Viktor Paskov Ballade pour Georg Henig  

 

Keisha : 

Le roi d'argile de Dobromir Baïtchev

 Elitza Guiergieva :  Les cosmonautes ne font que passer

Miriam 

Carnets bulgares 

 Monastère de Rila (1)

 Monastère de Rila Les fresques (2)

 Monastère de Rila : promenade et musée (3)

Theodora Dimova : Les dévastés 

Anton Dontchev : Les cent frères de Manol

Kapka Kassabova Elixir ou la vallée de la fin des temps

Kapka Kassabova : L'esprit du lac 

Kapka Kassabova : Lisière 

Kapaka Kassabova : Anima 

Rene Karabash : La vierge jurée 

Marie Kassimova-Moisset :  Rhapsodie balkanique 

Alexandre Levy : Carnets de la Strandja : d'un mur à l'autre 1989-2019 

Paskov Victor : La ballade pour Georg Henig

Jules Verne : Kereban le têtu 

Jules Verne : Le pilote du Danube 

Angel Wagenstein :  Adieu Shangaï

Angel Wagenstein : Le pentateuque ou les cinq livres d'Israel

  

Passage  à L'Est :

 Quelque part dans les Balkans  :  Sevda Sevan

Rene Karabash : Vierge Jurée

Patrice  

Albena Dimitrova : Nous dînerons en français

Yordan Raditchkov : les récits de Tcherkaski 

 Maria Kassimova-Moisset : Rhapsodie balkanique

Sacha  

 Sacha initie un challenge bulgare dans son blog : voir ici

 Theodora Dimova : Les dévastés

Theodora Dimova : Mères 

Rene Karabash : Vierge jurée

Maria Kassimova-Moisset : Rhapsodie balkanique

Viktor Paskov : La Ballade pour Georg Henig

Zinaïda Polimenova : Nucleus, ce qui reste quand il n'y a plus rien

  Yordan Yovkov : Un compagnon





 

chez Sacha

 

mercredi 24 septembre 2025

Challenge Bulgarie Bilan 2

Dimitrov Le Maître : le Mariage Musée de Sofia


Vladimir Dimitrov-Le Maître : Le mariage (détail)


Je vois que certaines d'entre vous ignorent que le challenge Bulgarie continue dans mon blog, et oui, en même temps que celui de Sacha que je lis aussi ! 

 C'est pourquoi je publie le bilan 2 aujourd'hui et je prolonge le challenge jusqu'au 15 OCTOBRE pour laisser le temps de continuer nos lectures tranquillement.

Je ferai un dernier bilan de nos lectures communes après cette date.


Anne-Yes 

 Rhapsodie balkanique de Maria Kassimova-Moisset

 

Claudialucia

 Challenge Bulgarie : Littérature Histoire Art qui se joint à moi ?

Les Héros nationaux bulgares : Hristov Botev, Vassil Levski, Hadji Dimitar

Sofia la cathédrale Nevsky et le musée des icônes

Sofia : les édifices religieux : églises, mosquée, synagogue 

 Les peintres bulgares  : Vladimir Dimitrov-Maïstora dit Le Maître et Radi Nedelchev 

 Les peintres bulgares de Plovdiv  (1) : Vladimir Dimitrov Le Maître et Radi Nedelchev

Les peintres bulgares de Plovdiv (2) : Dimiter Kirov et Georgi Bojilov-Slona

Каракачани : En Bulgarie, les karakatchans, un peuple nomade d'origine grecque
 
 Le monastère de Rila

 

Elena Alexieva : Le prix Nobel  

Anton Dontchev : Les cent frères de Manol

 Elitza Guieorgieva : Les cosmonautes ne font que passer

Kapka Kassabova : Elixir 

Victor Paskov : Ballade pour Georg Hanig

Yordan Raditchkov  : Le poirier/ Les noms

Yordan Raditchkov : les récits de Tcherkaski

Ivan Vazov : sous le joug

Jules Verne : Le pilote du Danube 

Jules Verne : Kereban le têtu 

Yordan Yolkov Un compagnon mon billet 

Yordan Yolkov Soirée étoilée mon billet

 Wagenstein Abraham : Abraham Le poivrot (1)

Wagenstein Abraham : Abraham le Poivrot :  Plovdiv (2)

 

Fanja

Le pays du passé de Gueorgui Gospodinov 

 Paskov  Viktor : La Ballade de Goerg Henig


Ingammic 

Rhapsodie balkanique de Maria Kassimova-Boisset 

 

Je lis je blogue
 

Elitza Guieorgieva : Les cosmonautes ne font que passer 

 Kapka Kassabova : Lisière

Viktor Paskov Ballade pour Georg Henig  

 

Keisha : 

Le roi d'argile de Dobromir Baïtchev

  

Miriam 

Carnets bulgares 

 Monastère de Rila (1)

 Monastère de Rila Les fresques (2)

 Monastère de Rila : promenade et musée (3)

 

Theodora Dimova : Les dévastés 

Anton Dotchev : Les cent frères de Manol

Kapka Kassabova Elixir ou la vallée de la fin des temps

Kapka Kassabova : L'esprit du lac 

Kapka Kassabova : Lisière 

Kapaka Kassabova : Anima 

René Kabestan : La vierge jurée 

Marie Kassimova-Moisset :  Rhapsodie balkanique 

Alexandre Levy : Carnets de la Strandja : d'un mur à l'autre 1989-2019 

Paskov Victor : La ballade pour Georg Henig

Jules Verne : Kereban le têtu 

Jules Verne : Le pilote du Danube 

Angel Wagenstein :  Adieu Shangaï

Angel Wagenstein : Le pentateuque ou les cinq livres d'Israel

  

Passage  à L'Est :

 Quelque part dans les Balkans  :  Sevda Sevan

 

Patrice  

Albena Dimitrova : Nous dînerons en français

Yordan Raditchkov : les récits de Tcherkaski 

 

Sacha  

 Sacha initie un challenge bulgare dans son blog : voir ici

 Theodora Dimova : Les dévastés

Theodora Dimimova : Mères 

René Kabestan : Vierge jurée

Maria Kassimova-Moisset : Rhapsodie balkanique

Viktor Paskov : La Ballade pour Georg Henig

Zinaïda Polimenova : Nucleus, ce qui reste quand il n'y a plus rien

  Yordan Yovkov : Un compagnon





 

chez Sacha

mercredi 17 septembre 2025

Angel Wagenstein : Abraham Le Poivrot, loin de Tolède (1)

  

Angel Wagenstein est un cinéaste et écrivain bulgare.

Né dans une famille bulgare d'origine juive séfarade, Angel Wagenstein a passé son enfance en exil à Paris (France) où sa famille s’est réfugiée pour fuir la répression des autorités bulgares de l'époque à l’égard des membres des mouvements socialistes et communistes. Il retourne dans son pays à la faveur d'une amnistie et, encore lycéen, milite dans une organisation antifasciste alors interdite. Des actes de sabotage lui valent d'être interné dans un camp de travail dont il s'évade pour rejoindre les rangs des Partisans. Dénoncé, arrêté, torturé et condamné à mort en 1944, il ne doit son salut qu'à l'arrivée de l'Armée rouge

À la fin de la guerre, il suit des études cinématographiques à Moscou (Russie) et signe par la suite les scénarios d'une vingtaine de longs-métrages, récompensés par de nombreuses distinctions internationales, dont, en 1959, le Prix spécial du jury du Festival de Cannes pour Étoiles, qui met en scène les amours d'un militaire allemand avec une déportée juive bulgare. Il a aussi réalisé des documentaires et des films d'animation.

Dans les années 1990, Angel Wagenstein s’est lancé dans l’écriture de romans. "Le Pentateuque ou les Cinq livres d'Isaac" - qui évoque avec humour la destinée des juifs d’Europe centrale - est un succès immédiat. Plus qu’avec ses productions cinématographiques, Angel Wagenstein est devenu un écrivain reconnu dans l'ensemble de l'Europe. Ses livres ont été traduits dans de nombreuses langues européennes ainsi qu'en hébreu. Source : Wikipédia


Abraham Le Poivrot

Zlati Boyadzhiev : Plovdiv la vieille ville


Abraham le poivrot, loin de Tolède est, après Le Pentateuque ou les cinq livres d’Isaac, le deuxième volet de la trilogie d’Angel Wagenstein sur le destin des Juifs d’Europe.  Le troisième volet Adieu Shanghai clôt la trilogie.

Abraham le poivrot, loin de Tolède  : Albert Cohen, Bulgare exilé à Israël, iconologue,  rentre à Plovdiv, sa ville natale, le temps d’un colloque au monastère de Batchkovo, " le plus ancien monastère conservé dans ces régions, bâti voilà neuf cent ans." C’est un spécialiste de l’école byzantine d’iconographie et de ses ramifications tant slaves que caucasiennes. 
 
Pour qui lit ce livre, comme je l’ai fait, en visitant Plovdiv, le plaisir est décuplé de se retrouver  avec le personnage face aux images des saints « fixés pour l’éternité sur les murs de la vieille église » dans les montagne des Rhodopes

« Les montagnes alentour exécutent avec enthousiasme leur oratorio automnal en orange, mordoré et rouge, sobrement soutenue par les ténébreuses basses des pins. »

Ou dans les vieilles rue du quartier Orta Mezar
"Tout ceci se passait voilà bien longtemps, lorsque Plovdiv comptait plus de tavernes que d’habitants et que la clarinette de Manouche Aliev emplissait jusque tard dans la nuit le cour des hommes de pont, de tristesse et de  joie."

Albert Cohen rencontre une amie d’école, Araxi, son amour d’enfance, partie en exil à Paris il y a bien longtemps, avec sa mère, la belle Mme Marie Vartanian, et qu’il n’avait jamais revue depuis. L’on apprendra ce qu’elle est devenue au temps du communisme qui a précipité la fin du vieux quartier tel qu’il était alors. Il revoit aussi un vieux photographe, Costas Papadopoulos, gardien de la mémoire de l’ancien Plovdiv, dont les  photographies jouent un grand rôle dans la mémoire collective, et font renaître la vie d’un quartier cosmopolite autour de sa synagogue. Comme revit aussi le grand-père d’Albert, Abraham, maître ferblantier, surnommé le Poivrot. Le récit tourne autour de cet homme hors du commun qui invente des histoires rocambolesques dont il est le héros pour son petit-fils et qui, entre pastis et rakis, philosophe sur la vie avec ses amis. 

 

Tsanko Lavrenov : Plodiv ( détail)

Souvent, la mémoire s’incarne dans un défilé de photos prises par Papadopoulos, images figées qui prennent vie et et se raniment sous la plume de Wagenstein.

La voilà, la taverne sous la treille, en face des vieux bains turcs, le premier havre du Poivrot, mais aussi son préféré dans sa longue navigation parmi les lagunes inexplorées de l’archipel des tavernes de Plovdiv. Et les vendeurs ambulants de douceurs orientales, balsusuk, kadingübek, kadayif, sans oublier le mahallebi d’un blanc nacré qui embaume la rose, aussi frémissante que le sein d’une jeune parturiente! Les voilà, les sveltes Turques qui ont enfilé le salira et chaussé les socques, toutes de noir vêtues, le visage couvert du Tasman immaculé qui ne laisse voir que deux yeux malicieux, pleins de vie. Et voilà aussi, les selliers, les étameurs, et la ferrailleurs, près du pont de bois, les marchands d’abricots secs, de pistaches, et d’amandes caramélisées.

Boyadzhiev : Le marchand de vinaigre Plovidv 

 

Ainsi nous apparaît le quartier, avec le pittoresque de ses populations mêlées, avec ses commerces débordants de denrées orientales, et le peuple si divers, si bariolé, le grand père avec ses amitiés, ses disputes et ses réconciliations, toute une vie chaleureuse et dense évoquée dans un style prolixe, vivant, plein de sève. 

 

Zlati Boyadzhiev le pope


Zlatti Boyadzhiev le pope(détail)
  

Une comparaison s’établit entre le Plovdiv d’aujourd’hui «  impersonnel et froid » et celui d’hier où toutes les  religions et les nationalités vivent ensemble dans une sorte syncrétisme bon enfant qui préside à l’éducation du petit Albert. Il y a des scènes hilarantes où le garnement est pris entre le pope qui lui assène « une claque pédagogique », le Hodja et le Rabin qui font de même ! A côté de ces trois figures religieuses, il y a, bien sûr, le maître d’école dont le rôle auprès des enfants n’est pas moins important. 

L’humour de l’auteur va souvent de pair avec la nostalgie quand il évoque un monde disparu qui n’est plus peuplé, pour lui, que par des ombres. Abraham Le Poivrot est une réflexion sur le souvenir et la mémoire qui déforme les faits si bien que l’on ne sait plus si la réalité que l’on recrée correspond à la vérité. Mais remarque l’auteur : « nos représentations et nos souvenirs déformés ne constituent-ils pas une réalité, mais une réalité autre, parallèle et imaginaire. » 

Humour aussi dans le sous-titre, loin de Tolède :  l'écrivain  donne quelques "précisions historiques" sur les origines de sa grand-mère, dont les ancêtres, les Mazal, ont été chassés d'Espagne au temps de Ferdinand et Isabelle, les Catholiques,  et du sinistre dominicain Thomas de Torquemada. Comparant sa grand-mère à "un arbre pourvu de racines profondément enfouies ", l'écrivain explique comment celle-ci, "comme toutes les grands-mères juives dans les Balkans" utilise un langage assez étrange et savoureux, hérité du ladino (latin populaire), du Spanol  et qu'elle-même nomme judesmo (juif). Aussi quand la grand-mère fait une scène à son mari,  poivrot et infidèle, ce n'est pas triste :

"Au nom de la vérité, il nous faut reconnaître notre incapacité à restituer, dans toute leur authenticité, les mots qui suivirent. Car le dialecte qu'utilisait la senore Mazal à l'occasion de semblables échanges interethniques s'avérait un indescriptible mélange de mots slaves aux terminaisons espagnoles, et inversement, d'archaïsmes en hébreu ponctués de jurons turcs, le tout dans une confusion obstinée des genres masculin et féminin, ce plat linguistique étant par ailleurs généreusement arrosé d'une sauce ladino." 
 

Un beau livre qui est à la fois plein d’humour, de vie et de chaleur humaine.
 

 


 


Angel Wagenstein : Abraham Le poivrot, loin de Tolède :  Plovdiv (2)

dimanche 11 mai 2025

Bulgarie : Le poète et révolutionnaire Hristo Botev et les héros bulgares : Hajdi Dimitar et Vassil Levski

 

Vassil Levski et Hristo Botev en exil  de Vassil Goranov

 Parmi les héros nationaux que je rencontre depuis que je lis pour ma visite en Bulgarie, il y a des noms qui reviennent toujours, célébrés comme des héros qui ont fait l’histoire et ont oeuvré pour la liberté de la Bulgarie sous la domination de l'empire ottoman. J’ai cherché à mieux les connaître. Or, les articles sur le net sont nombreux.


 Le poète et révolutionnaire Hristo Botev ( 1848-1876)

 

Hristo Botev

Chaque 2 Juin, la mémoire de Hristo Botev est célébré dans le pays  ainsi que de tous ceux qui sont morts pour la Liberté. Les sirènes retentissent  pendant trois minutes et l’on observe le silence quel que soit l’endroit où l’on se trouve. Cette année ce sera l'anniversaire de la 149 ième année de sa mort.

Hristo Botev est né à Kalofer en 1848 et est mort à Okolchitsa (près de Vratsa, dans les montagnes du nord-ouest de la Bulgarie) en combattant contre les Turcs à la tête d'une troupe de volontaires bulgares venus de Roumanie qui était alors un grand centre d’émigrés bulgares chassés hors de leur pays par les Turcs. Botev s’y était réfugié en 1867.  

Le 16 Mai 1876, après l’échec de l'insurrection mal préparée qui eut lieu en Avril 1876 et qui fut impitoyablement écrasée par les Ottomans (lire le très beau Sous le joug de Ivan Vazov), le voïvode Hristo Botev s’illustre par un coup d’éclat. A la tête d’une petite troupe, il embarque avec les siens sur le bateau Radetsky. Ils feignent d'être des ouvriers et cachent leurs uniformes et leurs armes dans de grandes caisses censées contenir leurs outils de travail. Le 17 mai,  Botev dévoile son identité au capitaine et se fait débarquer sur les côtes bulgares du Danube à Kozlodouï. Il pense que lui et sa troupe vont être rejoints pas des centaines de paysans révolutionnaires mais il n’en est rien. Aucun renfort ne vient les épauler au cours de leur marche à travers les villages bulgares. Réfugiés sur le Mont Okolchitsa, ils combattent les Turcs, un combat démesuré quant aux effectifs. Le 20 mai du calendrier Julien, c’est à dire le 2 Juin du calendrier grégorien, Botev est tué par une balle.

 Ivan Vazov recevant la nouvelle de la traversée du Danube sur le Radetsky effectuée par Botev écrit le poème qui a pour titre « Radetzki » à un moment où l'espoir est encore possible. Ce poème mis en musique est connu de tous les Bulgares comme « Le doux Danube blanc s’agite… ». 

 




"RADETZKI" de Ivan Vazov  (extraits)

Le doux Danube blanc s'agite,
      

bruit gaiement et fort


et "Radetzki" fier va vite
      

sur les ondes d'or.

 

Mais sitôt que l’on entendit :
      

"Kozlodoui lа-bas !",
 

l 'écho de corne retentit,
     

 un drapeau flotta.
 

Des jeunes bulgares vaillants
    

 y paraissent ardents 

-
au front - signes de lion brillants,
  

   les yeux éclatants.
 

Le bateau approche vite
      

la rive espérée,


le Danube blanc s'agite -
     

 les flots jouent, très gais.
 

Il y avait beaucoup de temps
     

 qu'il n'avait porté


de tels braves hommes luttant
      

pour la liberté.
 

 (…)

Mes frères! - Botev déclara
     

 D’une voix de tonnerre 

-
le peuple nous accueillera
      

d'une joie fière!
 

Bientôt d'un tir nous saluerons
      

notre grand Balkan

 -
une bataille de sang ferons
      

contre les tyrans!
 

Nous ne sommes point une armée,
    

  experts militaires,


mais nos âmes sont enflammées
      

pour mener la guerre.
 

Bientôt le Turc éprouvera
      

notre force noire,


et le lion brave guidera
    

  nos plus grands espoirs.
 

Et partout retentit un cri
      

vers le grand Balkan:


"Que vive notre Bulgarie,
      

à mort les tyrans!"

 

Hadji Dimitar

 

Hajdi Dimitar

 

Je n’ai  pu lire que des extraits de la poésie de Botev qui célèbre les exploits et la mort des héros nationaux. Les poésies les plus populaires de Botev sont celles dédiées à  Hadji Dimitǎr et Vassil Levski (La Pendaison de Vassil Levski). 

" L'aigle, le faucon, les bêtes sauvages s'approchent fraternellement de Hadji Dimitǎr gisant dans son sang, et des sylphides de blanc vêtues viennent panser la plaie et baiser les lèvres du jeune voïvode, qui entre dans l'immortalité. Car, écrit Botev, « celui qui meurt en combattant pour la liberté, celui-là ne meurt pas »".

Dimitar Nikolov Asenov est né le   à Sliven dans une famille marchande. Âgé de 2 ans sa famille l’emmène en pèlerinage à Jérusalem. C’est pour cette raison qu’on le surnomme hajdi (titre aussi octroyé aux chrétiens orthodoxes de l'Est ayant fait le pèlerinage à Jérusalem). Il meurt  le ,  mortellement blessé pendant les combats.  Plus connu sous le nom de Hadji Dimitar il est l'un des plus importants voïvodes bulgares, ainsi qu'un révolutionnaire combattant la domination turque.

 

-bas dans le Balkan, il est toujours vivant.
 

Mais il gît et gémit,

 il est couvert de sang ;


Sa poitrine est percée d'une affreuse blessure.


Frappé dans sa jeunesse, il vit, notre héros.



Vassil Levski : l'apôtre de la liberté

 

 

Vassil Levski est considéré comme "l'apôtre de la libération bulgare", le plus grand de tous les héros bulgares.

Vassil Ivanov Kountchev, plus connu sous le nom de Vassil Levski,  (Levski : semblable au Lion) est né le 18 juillet 1837 à Karlovo et meurt le 18 février 1873 à Sofia. Il fut un révolutionnaire et idéologue de la révolution nationale bulgare dans la lutte nationale contre l'occupant ottoman. C'est un ami de Hristo Botev avec lequel il a partagé une vie d'exil et de misère en Roumanie en 1868.

 Il organise la révolution et incite toutes les couches de la Il fut arrêté en 1872 par les autorités ottomanes et condamné à la peine de mort par pendaison. Cinq ans après sa pendaison et après l'Insurrection d'la  guerre russo-turque de 1877-1878 permit la libération de la Bulgarie du joug ottoman. Le traité de San Stefano le mit en place un État bulgare autonome.

La pendaison de Vassil Levski de Hristo Botev

 

Vassil Levski de  Detchko Uzunov (peintre bulgare)

Oh, ma mère, chère patrie,     
 pourquoi pleures-tu si pitoyablement, si doucement ?      
Corbeau, et toi, oiseau maudit,      
sur la tombe de qui croasses-tu si laidement ?  



 Oh, je sais, je sais, tu pleures, mère,
parce que tu es une esclave noire,      
parce que ta voix sacrée, mère,      
est une voix sans aide, une voix dans le désert.  


 

 Pleurer ! Là, près de la ville de Sofia,
j'ai vu une potence noire,      
et l'un de vos fils, Bulgarie,      
y est pendu avec une force terrible.  



Le corbeau croasse de façon hideuse et menaçante,

les chiens et les loups hurlent dans les champs,      
les vieillards prient Dieu avec ferveur,     
les femmes pleurent, les enfants hurlent.  


     

L'hiver chante sa chanson maléfique,      

les tourbillons chassent les épines à travers le champ,      
et le froid, le gel et les pleurs sans espoir      
apportent du chagrin à votre cœur.