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Van Gogh : poirier en fleurs |
Je présenterai bientôt un recueil de nouvelles de Yordan Raditchkov : Les récits de Tcherkaski. Yordan Raditchkov est considéré comme l'un des plus grands écrivains bulgares. Mais pour vous donner une idée de son écriture, voici le texte d'un autre recueil intitulé : Barbe de Bouc. J'adore !
" Mon père, cependant, cracha dans ses mains et empoigna la hache. Alors ma tante se mit à pousser des cris perçants, me traîna dans la neige jusqu'à l'arbre et s'interposa entre le poirier et mon père. " Je vais le couper ! " criait mon père et il faisait de grands gestes avec la hache. " Tu ne le toucheras pas ! " menaçait ma tante. " Je vais le couper !" disait mon père qui s'escrimait avec sa hache, " Je n'ai pas besoin d'un poirier stérile devant ma maison ". Ma tante ne cédait pas et elle jurait sur ce qu'elle avait de plus sacré que le poirier allait produire des fruits cette année, que cela ne faisait rien s'il était resté stérile de nombreuses années. - Bon, mais s'il n'a pas de fruits ? demandait mon père. Ma tante promettait en son nom et au nom du poirier qu'il donnerait des fruits, mais que s'il n'en donnait pas, alors mon père pouvait bien le couper avec sa hache en automne. Au printemps, le poirier se couvrit de fleurs et eut beaucoup de fruits. Plus tard, j'appris que toute l'histoire autour de la hache avait été inventée par ma tante pour que le poirier ait peur et donne des fruits. "
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Camille Pissarro : le noyer |
Et ce texte Les Noms extrait du recueil Le pot acoustique
"La soeur aînée de ma mère s'était mariée dans le village de Jivovtsi, dans l'ancien district de Berkovitsa. C'était une femme grande et svelte qui paraissait très douce. Son mari s'appelait Tseko. Ils avaient trois filles : Galouna, Veneta et Tsvetana. Galouna s'était mariée la première. Son époux s'appelait Yosko. Ils avaient une fille, elle-même baptisée Yochka. Pour moi ces noms ont toujours respiré la douceur et la bonté. Lorsque toutes ces femmes souriaient, des fossettes apparaissaient sur leurs joues.
Leur verger était dominé par un vieux noyer dont les fruits avaient une écorce molle. Dans la cour, se trouvait un puits qui abritait un très vieux poisson, devenu presque chauve avec les années. Le tout -parents, noms, noyer, puits et poisson - était situé sur la rive gauche de la rivière Ogosta. Les vieilles personnes l'appelaient l'Ogost sans prendre conscience qu'elle portait le nom d'Octave Auguste. Ainsi avait-on transmis le nom de la rivière depuis l'époque romaine à nos jours.
A ce jour, ma mère la désigne encore par son nom ancien".
( dans Les Belles Etrangères : 14 écrivains bulgares Edition : L'esprit des péninsules)
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Yordan Raditchkov : 1929-2004 |
j'aime beaucoup ce poirier qui a eu peur de la hache !
RépondreSupprimerOui, moi aussi ce poirier me fait rire !
SupprimerHum, j'ai peur que ce livre ne soit difficile à trouver. A voir mais j'ai déjà une bonne liste d'auteurs bulgares
RépondreSupprimerC'est un écrivain un peu surprenant ! Parfois j'aime beaucoup, d'autre fois moins.
SupprimerJ'adore l'extrait sur le poirier !
RépondreSupprimerDe même ! J'adore !
SupprimerLe premier extrait est irrésistible. A ma grande surprise ma bibliothèque l'a, ainsi que le prochain recueil de nouvelles que tu veux lire.
RépondreSupprimerJe ne sais pas si tu vas aimer ! Parfois c'est plein d'humour et de poésie; parfois je le trouve tellement surprenant que je ne sais trop qu'en penser.
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