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jeudi 20 novembre 2025

Ken Follett : Les Armes de Lumière

 

J’ai lu Les Armes de Lumière ( 2023) de Ken Follett sans savoir que ce livre est le dernier volet d’une saga historique intitulée Kingsbridge qui a pour cadre cette petite ville du Devon
Jusqu’alors je n’avais lu que le premier livre de cette saga Les Piliers de la terre (1990) qui se déroule au Moyen-âge, au XII siècle, au temps des bâtisseurs de cathédrales.

Un monde sans fin paru en 2008 est le second volume suivi de Une colonne de feu (2017). Un cinquième volume Le Crépuscule et l’Aube paru en 2020 est une préquelle aux quatre autres volumes.

Les Armes de Lumière se déroule à Kingsbridge à la fin du XVIII siècle marqué par la révolution française, ce qui agit par contre coup sur la société anglaise. Le gouvernement anglais réprime par des lois draconiennes et injustes toute tentative de révolte du peuple et toute initiative, même pacifique, pour améliorer son sort. Les condamnations à mort ou aux travaux forcés sont légion. Le récit se poursuit pendant les guerres napoléoniennes à l’origine des difficultés de l’industrie du textile dont les débouchés en Europe auprès de la clientèle riche diminuent. Les conflits aggravent donc les conditions de travail des ouvriers du textile, fileuses, tisserands, déjà impactées par l’adoption de nouveaux métiers à filer ou à tisser. Ces machines actionnées par des roues à eau puis par des moteurs à vapeur, entraînent la perte d'emplois pour de nombreux travailleurs, ce qui donne lieu à des mouvements de colère tels que ceux des Luddites. Un des personnages du roman est un luddite. Il détruit les machines, ce qui entraîne sa condamnation.

D’autre part, les enrôlements forcés d’hommes dans l’armée anglaise pour lutter contre les français se multiplient, plongeant des familles dans la misère en les privant de leur soutien financier. Voilà pour la situation historique.


Goya : allégorie de l'industrie, fileuse de coton au rouet.


Sal Clitheroe est fileuse à domicile. Son mari, Harry, travaille au champ pour le compte du châtelain de Badfort, sir Riddick, dont le fils aîné Will est un être insensible, méprisant et hargneux. Son entêtement cause la mort de Harry. Sal se retrouve veuve avec son fils Kit qui a sept ans et est embauché au château. Mais Sal se révolte contre les mauvais traitements que subit l’enfant et elle est exilée à Kingsbridge. Là, elle est embauchée par Amos, le drapier, dans son entreprise. C’est une femme courageuse, active, qui cherche à défendre les intérêts des ouvriers en créant un syndicat. Son fils Kit, doué d’une intelligence vive et précoce, va se révéler extrêmement habile dans la conception et la maintenance des machines.

Amos vient d’hériter de la manufacture de son père et de ses dettes ! Il s’aperçoit que son héritage va tomber dans les mains du grand patron Hormbeam s’il ne le rembourse pas aussitôt. Horbeam est un adversaire redoutable et impitoyable qui peu à peu concentre entre ses mains toute la richesse de la ville et le pouvoir politique et juridique. Aidé de Spade, un tisserand génial et inventif,  et aussi par les  membres de son église presbytérienne, Amos parvient à sauver la manufacture mais s’endette pour des années. C’est un patron humain, qui essaie de concilier le travail de ses ouvriers et l’emploi de machines modernes nécessaires pour s’adapter à la concurrence et accroître le rendement. 

 

Machine à filer le coton début du XIX siècle

 

Dans l'image ci-dessus on voit une fillette placée sous la machine, derrière les fils. Elle est chargée de réparer si un fil casse, ce qui permet à l'ouvrière de ne pas baisser la cadence. Ce sont, en général des enfants qui sont affectés à ces réparations.  Dans le roman de Ken Follett, c'est Kit qui assure ce travail en duo avec sa mère, Sal.

 Parmi les autres personnages, il y a aussi Elsie, fille de l’évêque, amoureuse malheureuse d’Amos. Elle se bat pour créer une école pour que les enfants pauvres puissent apprendre à lire et à écrire. Et encore beaucoup d’autres qui gravitent autour, comme la coquette et frivole Jane qui est le grand amour d’Amos, le mari d'Elsie,  sa mère Arabella ou encore Roger Riddick, le fils cadet du châtelain.…

La part historique du roman est très intéressante et Ken Follett a l’art de faire vivre une époque et de nous y plonger comme si nous étions contemporains. On vit les évènements, on assiste aux prémices de la révolution industrielle, on participe à la bataille de Waterloo dans ses moindres détails. Les personnages sont nombreux, complexes et on s’attache à leur vie, à leur combat. Un bon roman historique donc même si je préfère la période du  Moyen-âge et donc Les Piliers de la terre.