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dimanche 19 juin 2016

Erskine Caldwell : La route au tabac



 Je n'ai pas le temps de faire un billet sur La route au tabac de Caldwell qui a été auteur que j'ai beaucoup fréquenté jadis. Je vous renvoie à une critique de Babelio que je trouve très intéressante : L'auteure signe Woland :

Nous sommes dans les années trente, dans la Géorgie profonde sur laquelle souffle l'ouragan de la Grande dépression. Ah ! cette "Crise", comme on l'appelait aussi à l'époque, quel excellent prétexte elle donne à Jeeter Lester, le père, pour continuer à creuser son propre tombeau et celui des siens ! Car, Grande dépression ou pas, Jeeter a toujours tellement réfléchi, tellement rêvé de ce qu'il pourrait faire sur son lopin de terre qu'il n'a jamais eu le courage de passer à l'acte et que, de tous temps, la Faim et la Misère se sont disputé ses quelques acres.
Babelio Woland Voir suite ICI

 Allez voir le billet de Wens qui vous dira son avis sur le film de Ford, La route au tabac, qui, contrairement à son autre film Les raisins de la colère  animé d'un souffle lyrique, n'est pas très réussi.

Aujourd'hui, c'est l'hécatombe : aucun(e) gagnant(e)! Pourquoi? Parce que (et pourtant je n'ai pas voulu que ce soit un piège) la ressemblance était trop grande (Tout au moins pour la situation initiale non pour l'univers des deux écrivains) entre Steinbeck Les raisins de la colère et  Erskine Caldwell : La route du tabac.

Seul Aifelle a pensé à Caldwell mais pour Le petit arpent du Bon Dieu. Bravo à elle et merci à tous!.


Le roman : Erskine Caldwell : la route au tabac
Le film :  John Ford  La route au tabac

samedi 18 juin 2016

Un livre/un film : énigme du samedi

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Pour ceux qui ne connaissent pas Un Livre/un film, l'énigme du samedi, je rappelle la règle du jeu.

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le 1er et le 3ème samedi du mois, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film. Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur.

Consignes  

Vous pouvez donner vos réponses par mail, adresse que vous trouverez dans mon profil : Qui suis-je? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme sera donné le Dimanche.

Voici  la dernière énigme de l'année.

Enigme N°129

Cet écrivain américain  a donné sa vision du Sud des Etats-Unis dans la première moitié du XX siècle. Ce roman douloureux montre la vie inhumaine des petits blancs en proie à la faim, leur misère physique et morale, leur déchéance, au moment de la grande dépression.


- Sacré nom de Dieu de bon Dieu, L., j' voudrais quelques bons navets, dit J.. Tout l'hiver j'ai mangé que de la farine et un peu de lard et j'ai bien envie de navets. Tous ceux que j'ai fait pousser sont pleins de ces sales vers à tripes vertes. Du reste, où c'est-il que tu les as trouvés ces navets, L. ? On pourrait peut-être faire un petit arrangement, tous les deux. J'ai toujours été honnête en affaires avec toi. Tu devrais me les donner, vu que j'en ai pas. J'irai chez toi dès demain matin, et je dirai à P. de cesser ses singeries. Elle devrait avoir honte de te traiter comme elle fait. J' lui dirai de te laisser prendre ce qui te revient. J'ai jamais entendu parler d'une femme qui préfère coucher sur un matelas par terre plutôt que d' coucher dans le lit que son mari a préparé pour elle. C'est pas des façons de traiter un homme une fois qu'il s'est donné la peine de vous épouser. Il est temps qu'elle le sache. J'irai dès demain matin lui dire de coucher avec toi.

samedi 4 juin 2016

Emile Zola : La bête humaine


La bête humaine d'Emile Zola est le dix-septième roman de la série des Rougon-Marcquart et étudie à travers le personnage de Jacques Lantier le milieu du chemin de fer et les lois de l'hérédité.

Jacques Lantier et Lison : film de Renoir

En effet, Jacques Lantier est le deuxième des trois enfants de Gervaise Macquart et d'Auguste Lantier  :  Claude, peintre  qui sera le héros de L'oeuvre, quatorzième volume de la série; et Etienne lantier, le jeune mineur de Germinal, en  treizième  position. Tous sont marqués par l'alcoolisme de leurs ancêtres et régissent à cette lourde hérédité de manière différente.
Jacques lui, est une bête humaine, un monstre que l'acte d'amour physique pousse au crime. Pour résister à son besoin de tuer,  il refuse de céder à son désir pour sa cousine Flore, sachant qu'elle serait en danger.  Il devient pourtant l'amant de Séverine Roubaud qui trompe son mari avec lui et se croit guéri parce qu'il n'éprouve pas de pulsions meurtrières à son égard. Mais l'avenir lui donnera tort.

Comme d'habitude avec Zola, le récit est extrêmement documenté et le lecteur apprend beaucoup dans ce livre sur le travail des employés du chemin de fer, en particulier des roulants; Jacques Lantier est  mécano à bord de sa locomotive, Lison, qu'il aime d'amour.

Lantier et Séverine film de Renoir
Le roman présente aussi une dimension de roman policier car un crime dont Lantier a été le témoin a eu lieu dans le train. C'est un véritable roman noir qui compte pas moins de deux meurtres, de deux suicides, des viols, des morts violentes et qui joue sur la fatalité liée à l'hérédité.
 Il prend aussi, comme dans beaucoup de roman de Zola, une dimension symbolique et fantastique. Ainsi le dénouement qui offre la vision de cette locomotive sans conducteur, qui s'emballe, transportant dans une course démente des soldats ("chair à canon") que l'on envoie se battre sur le Rhin. La guerre entre la France et la Prusse vient d'être déclarée.





Et oui, vous avez trouvé la réponse facile ce samedi grâce à ce bon vieux Zola : Aifelle, Dasola, Eeguab, Keisha, Miriam, Sybilline, Valentyne... 

merci à tous!

Le roman : La bête humaine de Zola 
Le film : La bête humaine Jean Renoir




Un livre/un film : Enigme du samedi



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Pour ceux qui ne connaissent pas Un Livre/un film, l'énigme du samedi, je rappelle la règle du jeu.

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le 1er et le 3ème samedi du mois, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film. Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur.

Consignes  

Vous pouvez donner vos réponses par mail, adresse que vous trouverez dans mon profil : Qui suis-je? et me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme sera donné le Dimanche.

 La prochaine énigme aura lieu le troisième samedi du mois de Juin le 18 :

Enigme 128

Ce roman qui appartient à une longue série, oeuvre monumentale d’un de nos grands écrivains, est paru à la fin du XIX siècle. IL offre un tableau des moeurs de son temps tout en étudiant les lois de l’hérédité. Avec cela, je crois que je vous ai bien mis sur la voie!


Il n’y avait plus de sifflet, à l’approche des signaux, au passage des gares. C’était le galop tout droit, la bête qui fonçait tête basse et muette, parmi les obstacles. Elle roulait, roulait sans fin, comme affolée de plus en plus par le bruit strident de son haleine.
À Rouen, on devait prendre de l’eau; et l’épouvante glaça la gare, lorsqu’elle vit passer, dans un vertige de fumée et de flamme, ce train fou, cette machine sans mécanicien ni chauffeur, ces wagons à bestiaux emplis de troupiers qui hurlaient des refrains patriotiques. Ils allaient à la guerre, c’était pour être plus vite là-bas, sur les bords du Rhin.

Qu’importaient les victimes que la machine écrasait en chemin! N’allait-elle pas quand même à l’avenir, insoucieuse du sang répandu? Sans conducteur, au milieu des ténèbres, en bête aveugle et sourde qu’on aurait lâchée parmi la mort, elle roulait, elle roulait, chargée de cette chair à canon, de ces soldats, déjà hébétés de fatigue, et ivres, qui chantaient.


samedi 30 avril 2016

Un Livre/Un film : énigme du samedi


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Pour ceux qui ne connaissent pas Un Livre/un film, l'énigme du samedi, je rappelle la règle du jeu.

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le 1er et le 3ème samedi du mois, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film. Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur.

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Nous partons en Norvège au mois de Mai. La prochaine énigme aura lieu le premier samedi du mois de Juin : le 4


Enigme N° 127 

Vous allez dire que je suis monomaniaque dans mes lectures et vous aurez raison! Mais au moins n'aurez-vous pas de difficulté pour trouver le nom de ce dramaturge norvégien  et le titre de sa pièce :


- Parle plus bas! Pense donc si T. t'entendait! Pour rien au monde je ne voudrais qu'il.. Personne ne doit savoir, personne en dehors de toi.

- Mais qu'est- ce donc?

-Viens là plus près. (Elle l'amène à s'asseoir sur le sofa à côté d'elle). Moi aussi il y a quelque chose dont j'ai lieu d'être heureuse et fière. C'est moi qui ai sauvé la vie de T. 

-Sauvé, comment cela sauvé?

-Je t'ai parlé de ce voyage en Italie, n'est-ce pas? T.  n'en aurait pas réchappé s'il n'était  allé là-bas.

-Et bien, oui! Ton père t'a donné l'argent nécessaire...

- Oui, c'est ce que croient T. et tout le monde. Mais...

-Mais...?

-Papa ne nous a pas donné un sou. C'est moi qui me suis procuré de l'argent.

-Toi? une somme pareille?

- Douze cents rixdales. Quatre mille huit cents couronnes. Qu'est-ce que tu en dis?


dimanche 17 avril 2016

Harper Lee : Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur



Il y a plus de cinq ans, j'avais écrit ce billet sur Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, pour le blogo-club de Sylire. Ce roman est un best seller américain que l'on fait étudier dans les écoles de nos jours aux Etats-Unis, et pour cause! Il s'agit d'un appel à la tolérance, d'une belle leçon contre le racisme; et puis aussi d'une vérité essentielle formulée ainsi : Avant de vivre en paix avec les autres, je dois vivre en paix avec moi-même. La seule chose qui ne doive pas céder à la loi de la majorité est la conscience de l’individu.

Harper Lee (source )

En Février 2016, la romancière Harper Lee, auteure du célèbre "Ne Tirez pas sur l'Oiseau moqueur" ("To Kill a Mockingbird" en anglais) est morte à l'âge de 89 ans. Ce livre, vendu à plus de 30 millions d'exemplaires, est considéré comme un classique de la littérature américaine.
Née en 1926 dans l'Alabama, elle avait été à l'école avec le futur écrivain Truman Capote. C'est lui qui, en 1959, la met sur la voie de la littérature. À cette époque, elle l'épaule dans l'enquête de ce qui va devenir "De sang froid".
Elle a publié "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur" en 1960. Ce livre, couronné du prix Pulitzer, restera longtemps l'unique ouvrage de son oeuvre. Toutefois, en juillet 2015, Harper Lee a publié "Go Set a Watchman", un livre écrit dans les années 50 et présenté comme une suite. (source )

Voir aussi l'article Harper Lee le retour à propos de son second livre ICI

Harper Lee à l'époque de Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur

Voilà ce que j'en écrivais en 2010 :  Quand j'ai lu il y a quelques années Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, j'avais été séduite par ce livre, par ce ton frais, empreint d'une apparente naïveté, par ce regard d'enfant qui porte un regard sur le monde qui l'entoure et découvre des choses qui le dépasse, qu'il ne comprend pas mais qu'il réprouve. La phrase de Charles Lamb que Harper Lee cite en exergue : Les avocats n'ont-ils pas commencé par être des enfants?" prend ici toute sa signification.
Quand j'ai su qu'il avait été choisi pour le commenter dans le Blogoclub, j'ai eu l'impression que je m'en souvenais comme si je l'avais lu la vieille. Or ce qui m'en restait et ce qui m'avait marquée avant tout c'est la figure du père, cet avocat courageux qui prend la défense d'un noir accusé d'un viol qu'il n'a pas commis mais qui est condamné d'avance dans la société raciste de cette petite ville américaine de l'Alabama. Nous sommes dans les années 35, à l'époque de la ségrégation. Et puis j'avais gardé cette impression un peu étrange d'avoir lu un Caldwell mais raconté par une petite fille.Très étrange même et pourtant combien efficace! Car le regard de Jean Louise dite Scout, pur de tout calcul et débarrassé de tout préjugé est prompt à discerner le dysfonctionnement d'une société qui prône l'égalité des droits pour tous, qui se dit une démocratie mais agit en contradiction totale avec ses principes. En fait, ce qui m'était resté en mémoire, c'est le sens profond et grave du livre, la dénonciation d'une société fondée sur le racisme et l'inégalité raciale avec comme antidote la grandeur de l'Homme lorsqu'il fait face aux préjugés, affronte la haine pour rester en accord avec sa conscience. C'est ce que fait Atticus, le père de Scout.
Vois-tu, Scout, il se présente au moins une fois dans la vie d'un avocat une affaire qui le touche personnellement. Je crois que mon tour vient d'arriver. Tu entendras peut-être de vilaines remarques dessus, à l'école, mais je te demande une faveur : garde la tête haute et ne te sers pas de tes poings. Quoi que l'on dise, ne te laisse pas emporter. Pour une fois, tâche de te battre avec ta tête ... elle est bonne, même si elle est un peu dure.
- On va gagner, Atticus ?
- Non, ma chérie.
- Alors pourquoi...
- Ce n'est pas parce qu'on est battu d'avance qu'il ne faut pas essayer de gagner.



En relisant le roman, je me suis intéressée de plus près à ce que j'avais un peu oublié, la vie quotidienne de Scout, la petite fille, "garçon manqué" comme on disait à l'époque, toujours en salopette, toujours prête à faire le coup de poing surtout pour défendre l'honneur de son père que les autres enfants appellent avec mépris, "l'ami des nègres", partageant les jeux de son frère Jem et de son "fiancé", le petit Dill. Scout de même que Jem sont décrits avec tendresse et humour par l'auteur et l'on ne peut s'empêcher de sourire devant  leur curiosité, leur imagination débridée, leur art de se mettre dans des situations inextricables. Mais l'on est touché aussi par ces beaux portraits d'enfants qui, certes ne sont pas parfaits et commettent beaucoup d'impairs, mais ont un sens de la justice et de l'honneur qui manquent aux adultes.  Leur père, Atticus, qui leur apprend les valeurs essentielles, le courage de ses opinions, le respect des autres, la maîtrise de soi, peut en être fier.
Enfants sans mère, Jem et Scout  reçoivent beaucoup d'amour de la part d'Atticus, de leur oncle Jack, de Calpurnia la femme de ménage noire mais aussi de Maudie, une vieille dame, amie de leur père. Ils s'intéressent de très près à leur voisin, le mystérieux Boo Radley qui vit enfermé dans sa maison pour ne plus en ressortir!
C'est l'occasion pour Lee Harper de brosser des personnages attachants, haut en couleur, avec des caractères et des idées très affirmées, parfois assez étonnants!
En écrivant ce premier livre qui fut aussi le seul Harper Lee réalise un coup de maître : écrire un chef d'oeuvre, un livre d'une telle force dans son apparente simplicité qu'il est devenu un classique incontournable aux Etats-Unis.



Dans l'adaptation de R. Mulligan, Gregory Peck interprète le rôle d'Atticus.

- Je préférerais que vous ne tiriez que sur des boîtes de conserves, dans le jardin, mais je sais que vous allez vous en prendre aux oiseaux. Tirez sur tous les geais bleus que vous voudrez, si vous arrivez à les toucher, mais souvenez-vous que c'est un péché que de tuer un oiseau moqueur.
Ce fut la seule fois où j'entendis Atticus dire qu'une chose était un péché et j'en parlai à Miss Maudie.
- Ton père a raison, dit-elle. Les moqueurs ne font rien d'autre que de la musique pour notre plaisir. Ils ne viennent pas picorer dans les jardins des gens, ils ne font pas leurs nids dans les séchoirs à maïs, ils ne font que chanter pour nous de tout leur coeur. Voilà pourquoi c'est un péché de tuer un oiseau moqueur.

- Miss Gates, c'est une gentille dame, non ? demandai-je.
- Tout à fait. Moi je l'aimais bien quand j'étais dans sa classe.
- Elle déteste Hitler...
- Qu'est-ce qu'il y a de mal à ça ?
- Aujourd'hui elle nous a expliqué comme il était méchant avec les Juifs. C'est pas bien de persécuter les gens, hein, Jem ? Je veux dire même en pensée ?
- Evidemment que non, Scout ! Qu'est-ce qui te prend ?
- Eh bien l'autre soir en sortant tu tribunal, Miss Gates... elle descendait les escaliers devant nous, tu l'as peut être pas vue... elle parlait avec Miss Stephanie Crawford. Je l'ai entendue dire qu'il serait temps que quelqu'un leur donne une bonne leçon, qu'ils se sentaient plus et qu'un de ces jours ils finiraient par penser qu'il pouvaient nous épouser. Jem, comment peut-on tellement détester Hitler si c'est pour se montrer odieux avec les gens de son pays ?


Le livre : Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur de Harper Lee (To kill a mocking bird)
Le film : Du silence et des ombres de Robert Mulligan


Félicitations à : Aifelle, Asphodèle, Caroline, Dasola, Eeguab, Keisha, Nathalie, Valentine

Merci à tous!

samedi 16 avril 2016

Un livre/un film : énigme du samedi

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Pour ceux qui ne connaissent pas Un Livre/un film, l'énigme du samedi, je rappelle la règle du jeu.

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le 1er et le 3ème samedi du mois, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film. Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur.

Consignes  

Vous pouvez donner vos réponses par mail, adresse que vous trouverez dans mon profil : Qui suis-je? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme sera donné le Dimanche.

La prochaine énigme aura lieu le samedi 30 du mois d'Avril pour pouvoir publier le billet le 1er mai avant notre départ à Oslo.

Enigme n° 126
Ce roman écrit par une auteure américaine, paru dans les années 1960, est un best-seller mondialement connu. Il est devenu un classique aux Etats-Unis.  L'action se passe dans les années 1930, à l'époque de la ségrégation.

Vois-tu, ,..., il se présente au moins une fois dans la vie d'un avocat une affaire qui le touche personnellement. Je crois que mon tour vient d'arriver. Tu entendras peut-être de vilaines remarques dessus, à l'école, mais je te demande une faveur : garde la tête haute et ne te sers pas de tes poings. Quoi que l'on dise, ne te laisse pas emporter. Pour une fois, tâche de te battre avec ta tête ... elle est bonne, même si elle est un peu dure.
- On va gagner, .... ?
- Non, ma chérie.
- Alors pourquoi...
- Ce n'est pas parce qu'on est battu d'avance qu'il ne faut pas essayer de gagner.

lundi 11 avril 2016

Ron Carlson : Cinq Ciels Mais qui m'a fait parvenir ce livre?


J'ai eu l'heureuse surprise de découvrir Cinq ciels de Ron Carlson dans ma boîte à lettres. Rien ne ne pouvait me faire plus plaisir, alors que je venais à peine de finir, de commenter et d'aimer Retour à Oapkine. Mais qui me l'a envoyé? Aucun mot n'indique sa provenance, si ce n'est qu'il vient de Leipzig? Alors merci mille fois à l'inconnu(e) qui a pensé à moi! Mais j'aimerais bien savoir qui je dois remercier!

Départ en Creuse

La Creuse Photo Aurélia Frey (source)

Une petite pause pour partir en Creuse voir le petit Liam.. et ses parents!

L'énigme du samedi 16 Avril



Malgré cette pause,  Wens et moi, nous vous donnons rendez-vous pour l'énigme du samedi 16 Avril.


Bon repos à ceux qui ont la chance d'être en vacances!  Bon courage aux autres! A bientôt!

dimanche 3 avril 2016

Honoré de Balzac : La duchesse de Langeais


La duchesse de Langeais a été publié en feuilleton en 1834 sous le titre Ne touchez pas à la hache, titre que Rivette a choisi pour son adaptation cinématographique. En 1843, La duchesse de Langeais (titre retenu par Baroncelli, réalisateur dont vous aviez à trouver le nom) fut intégré dans La comédie humaine, dans la section Histoire des Treize.

Le récit

La duchesse de Langeais de Baroncelli

Nous sommes en 1823. Le général Armand de Montriveau s’introduit dans un couvent de carmélites, sur une île espagnole pour retrouver sous le nom de soeur Thérèse, la femme qu’il aime, Antoinette de Langeais. Le récit se déroule ensuite en flash back à Paris, dans le Faubourg Saint Germain, au temps de la première Restauration.
La duchesse de Langeais, riche aristocrate au coeur froid, orgueilleuse imbue des privilèges de sa classe, poursuit une vie factice, faite de bals, d’amusements, de conversations mondaines et de flirts. Elle collectionne les admirateurs, s’amusant à les provoquer mais leur opposant une vertu irréprochable. C’est le jeu qu’elle joue avec Armand de Montriveau, ancien général d’Empire. Celui-ci cherche à la conquérir mais en vain, la coquette le séduit, l’affole puis se dérobe. Mais le général n’est pas homme dont on peut se moquer. Il enlève la duchesse décidé à se venger. Puis il l’épargne mais la duchesse a compris qu’elle l’aimait. Désormais elle supplie son amoureux de lui revenir. Pour lui, elle est prête à sacrifier sa réputation mais Armand la dédaigne à son tour. La duchesse s’enfuit alors et prend le voile. Il faudra cinq ans à Montriveau pour la retrouver et chercher à nouveau à l’enlever mais cette fois-ci d’un couvent!

Le romantisme

La duchesse de Langeais Illustration de Andre E. Marty
Si le roman La duchesse de Langeais part d’un fait réel, souvenir cuisant de Balzac repoussé par la duchesse de Castries à qui il avait avoué son amour, il est marqué par le romantisme de son époque. Il présente même un aspect gothique dès le premier enlèvement de la jeune femme, transportée dans un lieu inconnu par des hommes masquées, menacée d’être marquée au fer rouge comme dans un roman de Dumas. Les années de recherche à travers plusieurs pays d’Europe de l’amant inconsolable et le deuxième enlèvement sont autant d’éléments de cette atmosphère romantique. Montriveau et ses amis, prennent d’assaut les falaises de cette île qui protègent le monastère. Dans un décor et sous un éclairage éminemment gothiques, tout est en place pour conter une histoire terrible : les ombres de la nuit, le déguisement de Montriveau en religieuse, ses compagnons ayant chacun sur eux un poignard ( et détail incongru qui m’a fait sourire (?) : « une provision de chocolats »!), l’office des morts qui résonnent tandis qu’ils s’introduisent dans la cellule de Soeur Thérèse, la découverte de la morte à la lumière des cierges et le transport du corps jusqu’au navire…
Les personnages aussi rappellent d’autres héros romantiques, en particulier ceux de Stendhal.  Montriveau quand il est repoussé par la duchesse alors qu’elle s’est presque donnée à lui réagit comme un Julien Sorel  décrochant une arme pour tuer Mathilde de la Mole qui paraît le mépriser! L’orgueil et le sentiment de l’honneur sont très vifs chez les deux personnages. Le revirement de la duchesse de Langeais qui découvre soudain son amour quand elle va être marquée par son amant est semblable à la réaction de Mathilde exaltée d’avoir failli être tuée par son amant. Le ressemblance des deux femmes et des deux hommes s’arrêtent là : Mathilde à les défauts de sa classe sociale mais n’est pas prude, étroite d’esprit, confite en dévotion. Elle est intelligente, elle lit les philosophes, elle a des idées avancées. Julien Sorel n’appartient pas à la noblesse, il est ambitieux mais naïf et capable d’amour vrai, ce dont on peut douter pour Armand de Montriveau. Les personnages de Balzac ne sont pas sympathiques.
Et d’ailleurs le dénouement si terre à terre du roman me paraît être de la part de Balzac le refus de l’émotion, une réaction anti romantique voire cynique! Ultime petit coup de griffe décoché à la duchesse de Castries?
Ah! ça dit Ronquerolles à Montriveau quand celui-ci reparut sur le tillac, c’était une femme, maintenant ce n’est rien. Attachons un boulet à chacun de ses pieds, jetons-la à la mer, et n’y pense plus que comme nous pensons à un livre lu pendant notre enfance.
- Oui, dit Montriveau, car ce n’est plus qu’un poème.
-Te voilà sage. Désormais aie des passions; mais de l’amour, il faut savoir le bien placer, et il n’y a que le dernier amour d’une femme qui satisfasse le premier amour d’un homme. »

Le réalisme

Antoinette et Armand Dessin de Louis Edouard Fournier
Mais La duchesse de Langeais est aussi un peinture réaliste  de la noblesse au moment de la restauration et de l’avènement de Louis XVIII. Le but de l’auteur est de décrire la déchéance d’une classe sociale qui pour survivre devrait être grande. Son manque de hauteur, sa frivolité la condamnent. Les hommes de valeur jugés dangereux sont écartés du pouvoir et ne gouvernent que les hommes médiocres. Le Faubourg Saint Germain dont la duchesse de Langeais et ses chevaliers servants sont les représentants est animé d’une vie vaine, sans idées, sans aspirations. L’église règne en maître sur cette société, les femmes ont leur confesseur, tous suivent la messe, la plupart du temps non par conviction réelle mais parce qu’il faut suivre les  « usages du monde » et que la religion est un moyen de soumettre le peuple: La duchesse est très lucide à ce sujet et déclare:
Si nous voulons que la France aille à la messe, ne devons-nous pas commencer par y aller nous-mêmes? La religion, Armand, est, vous le voyez, le lien des principes conservateurs qui permettent aux riches de vivre tranquilles. La religion est intimement liée à la propriété.
Toutes les moeurs reposent sur l’hypocrisie.  Les femmes peuvent y tromper leur mari à condition que personne ne soit au courant : 
Une imprudence, c’est un pension, une vie errante, être à la merci de son amant; c’est l’ennui causé par les impertinences des femmes qui vaudront moins que toi, précisément parce qu’elles auront été très ignoblement adroites. Il valait cent fois mieux aller chez Montriveau, le soir, en fiacre, déguisée, que d’y envoyer ta voiture en plein jour. Tu es une petite sotte, chère enfant.
Les maris, eux, peuvent s’afficher avec leurs maîtresses avec plus de liberté et ils ont tout pouvoir sur la fortune de  leur femme. Balzac résume cela dans des formules lapidaires d’une méchanceté et d’une lucidité glaçantes! Voilà les conseils donnés à la duchesse par son oncle :
Renoncez à votre salut en deux minutes, s’il vous plaît de vous damner; d’accord! Mais réfléchissez bien quand il s’agit de renoncer à vos rentes. Je ne connais pas de confesseur qui nous absolve de la misère.
La situation de la femme certes n’est pas enviable. Elle est mariée contre son gré par son père et est désormais à la merci d’un époux qui peut tout se permettre et qui dans le cas de la duchesse n’est jamais entré dans son lit..
Si vous tentez à faire un éclat, je connais le sire, je ne l’aime guère. Le duc est assez avare, personnel en diable; il se séparera de vous, gardera votre fortune, vous laissera pauvre, et conséquemment sans considération. Les cent mille livres de rente que vous avez héritées dernièrement de votre grand tante maternelle payeront les plaisirs de ses maîtresses, et vous serez liée, garrottée par les lois, obligée de dire amen à ces arrangements-là.

Armand de Montriveau représente une autre sorte de noblesse; celle d’Empire; Après avoir d’abord été écarté avec le retour des Bourbons, il est ensuite réintégré dans l’armée et retrouve son grade. Mais il ne fait pas de compromis et a son franc parler, il peut être direct et même brutal. A la différence des autres, ce n’est pas un courtisan. Il annonce une nouvelle révolution si la noblesse ne sait pas évoluer.

 Une lutte amoureuse pour la domination

Ne touchez pas à la hache de Jacques Rivette
L’amour d’Antoinette et d’Armand apparaît le plus souvent comme un rapport de force. Chacun lutte pour la domination de l’autre. La duchesse n’aime pas Montriveau, elle veut qu’il soit à ses pieds, qui lui rende hommage, qu’il manifeste de la dévotion pour elle. C’est une coquette et une hypocrite. Elle aime jouer avec le feu, être prête à céder puis reculer au dernier moment en invoquant dieu, sa vertu, son devoir d’épouse. Mais elle n’a jamais eu l’intention de se donner à lui. Elle veut le dominer. Ensuite elle a l’intention de le repousser comme elle l’a fait pour les autres et  se moquer de lui. Le général, au début, en bon soldat, aime conquérir, prendre d’assaut. Le jeu l’amuse mais lorsque la forteresse se révèle imprenable, il dépite; quand enfin, il apprend par son ami Ronquerolles que la duchesse s’amuse de lui comme elle l’a fait tour les autres, il devient furieux et il l’enlève. Mais il ne s’abaissera pas au viol, il veut  faire pire, la marquer au fer rouge car il prouvera qu’elle lui appartient. Là encore le rapport entre eux est celui de la domination. Si dans la première partie de la lutte, la duchesse de Langeais était victorieuse, dans la seconde partie, le renversement de la situation la rend soumise et implorante et Montriveau intraitable. C’est elle qui perd. Lorsqu’il la retrouve au couvent, Montriveau ne lui demande pas son avis, il décide de l'enlever. Il se comporte toujours en officier qui veut remporter la victoire et forcer la citadelle. Seule la mort peut mettre fin à ces rapports passionnés, certes, mais finalement assez monstrueux.

C’est ce qui amène Balzac à distinguer la passion de l’amour :

L’amour et la passion sont deux différents états de l'âme que poètes et gens du monde, philosophes et niais confondent continuellement. L'amour comporte une mutualité de sentiments, une certitude de jouissances que rien n'altère, et un trop constant échange de plaisirs, une trop complète adhérence entre les coeurs pour ne pas exclure la jalousie. La possession est alors un moyen et non un but ; une infidélité fait souffrir, mais ne détache pas ; l'âme n'est ni plus ni moins ardente ou troublée, elle est incessamment heureuse ; enfin le désir étendu par un souffle divin d'un bout à l'autre sur l'immensité du temps nous le teint d'une même couleur : la vie est bleue comme l'est un ciel pur. La passion est le pressentiment de l'amour et de son infini auquel aspirent toutes les âmes souffrantes. La passion est un espoir qui peut-être sera trompé. Passion signifie à la fois souffrance et transition ; la passion cesse quand l'espérance est morte.

 voir le billet de Maggie






Le livre : La duchesse de Langeais de Honoré de Balzac
Le film : La duchesse de langeais de Jacques de  Baroncelli






Le prix Balzac est attribué aujourd'hui à : Aifelle, Dasola, Eeguab, Miriam


samedi 2 avril 2016

Un livre/Un film : énigme du samedi

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Pour ceux qui ne connaissent pas Un Livre/un film, l'énigme du samedi, je rappelle la règle du jeu.

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le 1er et le 3ème samedi du mois, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film. Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur.

Consignes  

Vous pouvez donner vos réponses par mail, adresse que vous trouverez dans mon profil : Qui suis-je? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme sera donné le Dimanche.

La prochaine énigme aura lieu le troisième samedi du mois, le 16 Avril

Enigme 125

Le roman dont vous devez découvrir le titre a été publié en pleine époque romantique. Rédigé par un grand auteur français qui s’est par la suite démarqué du romantisme, il peint la vie artificielle et vaine de la noblesse parisienne au temps de la première restauration sous Louis XVIII. Il raconte l’histoire d’une femme qui va finir ses jours au couvent, victime à la fois de son amour, des lois antiféministes qui régissent la société,  et  d’elle-même, car elle possède « un esprit éminemment orgueilleux, un coeur froid, une grande soumission aux usages du monde ».


Si vous tentez à faire un éclat, je connais le sire, je ne l’aime guère. (Votre mari) est assez avare, personnel en diable; il se séparera de vous, gardera votre fortune, vous laissera pauvre, et conséquemment sans considération. Les cent mille livres de rente que vous avez héritées dernièrement de votre grand tante maternelle payeront les plaisirs de ses maîtresses, et vous serez liée, garrottée par les lois, obligée de dire amen à ces arrangements-là.

Renoncez à votre salut en deux minutes, s’il vous plaît de vous damner; d’accord! Mais réfléchissez bien quand il s’agit de renoncer à vos rentes. Je ne connais pas de confesseur qui nous absolve de la misère.

Une imprudence, c’est un pension, une vie errante, être à la merci de son amant; c’est l’ennui causé par les impertinences des femmes qui vaudront moins que toi, précisément parce qu’elles auront été très ignoblement adroites. Il valait cent fois mieux aller chez (ton amant), le soir, en fiacre, déguisée, que d’y envoyer ta voiture en plein jour. Tu es une petite sotte, chère enfant.



dimanche 20 mars 2016

Thomas Hardy : Tess d'Uberville



Tess d’Uberville, l’un de plus beaux romans de Thomas Hardy, parut  en 1891. Il raconte l’histoire de la trop jolie Tess d’Uberville qui attire les convoitises des hommes. Placée par son père John Durbeyfield chez les Stoke-d’Uberville, elle est violée par le fils Alec qui l’abandonne quand elle devient gênante. Tess, déshonorée, accouche d’un bébé qui meurt à la naissance. Plus tard, elle cherche du travail chez les Clare, dans une laiterie loin de chez elle, pour fuir le  mépris et le rejet des gens qui connaissent son passé. Là, elle tombe amoureuse du fils Clare, Angel. Il la croit vierge et elle n’ose lui dire la vérité même quand elle est reconnue par un homme de son village qui l’insulte. Les jeunes gens se marient et lorsque Angel lui avoue la liaison qu’il a eue avec une femme plus âgée que lui à Londres, Tess lui pardonne et ose enfin se confier à lui. Angel, horrifié, blessé, la rejette et part au Brésil pour refaire sa vie. Tess est sans travail et sans ressource,  c’est le début de la déchéance pour elle. Ce que je vous laisse découvrir.

 Un darwinisme littéraire

Tess : Nastassja Kinsky
Thomas Hardy a un talent réel quand il s’agit de concocter des histoires cruelles. Jude l’Obscur est pour moi l’exemple le plus glaçant de cette cruauté, pour ne pas dire de cette noirceur. Je n’ai jamais rien lu d’aussi désespérant. Tess d’Uberville n’en est pas loin! Je lis dans une étude de Elizabeth Rallo-Ditche Nature et culture dans Tess d’Urberville que Hardy, applique à ses personnages les thèses darwinistes sur l’évolution et sur la sélection naturelle. Ce sont toujours les plus forts qui l’emportent.
« Beaucoup de critiques ont insisté sur le pessimisme de Darwin et de Hardy, celui-ci fait payer son héros à la fin des récits, le fait souvent mourir, l’intrigue est toujours tragique ou perverse. La Nature a un plan et celui-ci se réalise contre les sentiments et les volontés humaines. »

Dans Tess, l’écrivain prend le parti de la femme victime de la société et dénonce ici son inégalité au point de vue sexuel. Dans cette société puritaine, on pratique une morale à double entrée malgré le rigorisme religieux : les hommes sont volontiers pardonnés d’avoir une vie sexuelle en dehors du mariage, les femmes, elles, sont mises au ban de la société!  Toute la vie de Tess est marquée par La Faute même si elle est innocente. Cela semble être le sens du sous-titre donné au roman : Tess d’Uberville, A Pure Woman Faithfully Presented, Une femme pure, sans détours. 

Il faut payer


 Il n’est donc pas étonnant, dans ce roman divisé en sept époques, que l’une d’entre elles, s’intitule : Il faut payer,  et pas étonnant, bien sûr, que ce soit la femme qui paye et elle seule! Ce thème est récurrent chez Thomas Hardy. Dans Loin de la foule déchaînée, on y voit un jeune fille accouchant et mourant dans un fossé. Cette  dénonciation de l'hypocrisie religieuse et de l'inégalité entre hommes et femmes se double d’une critique sociale. Alec n’épouse pas Tess car il est d’une classe sociale supérieure. Le mépris des bourgeois parvenus comme les Stoke-d’Uberville pour les humbles (car Tess est la soeur littéraire de Jude, Tess l’Obscure) n’est en rien garant de leur moralité. La mère d’Alec dissuade son fils de se marier et chasse Tess. Dans Jude l’obscur, Thomas Hardy est encore plus radical et critique ouvertement le mariage et la religion.

 La nature : un monde rural

Le Dorset David Noton source

L’action de Tess d’Uberville décrit un milieu rural en pleine évolution avec l’apparition des machines agricoles qui vont éloigner l’homme de la nature. Elle se déroule comme d’habitude dans le comté imaginaire, créé par Hardy, nommé le Wessex, l’ancien royaume des Saxons de l’ouest. Il correspond au Dorset et à quelques comtés voisins. La nature y est prépondérante et elle dicte sa loi aux végétaux comme aux les êtres humains. 

"Dans cette grasse vallée de la Froom, aux chauds ferments où suintait la fertilité, en cette saison où on croyait entendre sous le bruissement de la fécondation, le flot impétueux de la sève; il était impossible que le plus simple caprice d’amour ne devînt passion."
Elizabeth Rallo-Ditche écrit 
« .. dans Tess, le sens animiste de la vie prévaut, les objets inanimés semblent avoir deux ou trois sens, sinon cinq, comme les êtres humains. Cet animisme est la vieille croyance du Wessex, bien plus ancienne que le Christianisme et les êtres vivent encore dans cette Nature particulière: il explique la relation entre les êtres de façon très différente. »

Tess comme toutes les femmes est en symbiose avec la Nature qu’elle sent intuitivement, une nature animée, vivante. 

 De tous ces lieurs de gerbes, les plus intéressants appartenaient à l’autre sexe en raison du charme acquis par la femme quand elle devient partie intégrante de la nature et du grand air. Un homme qui travaille aux champs y est une personnalité distincte; une femme s’y confond; elle est, pour ainsi dire, sortie d’elle-même; elle est comme imprégnée de l’essence de ce qui l’entoure: elle s’y est assimilé.

 Quand la jeune femme est en paix, la nature lui permet de sortir d’elle-même, d’élever son âme :
"C’est très facile de la sentir qui s’en va, il suffit de se coucher dans l’herbe la nuit et regarder une grosse étoile brillante; et, en fixant votre attention sur elle, vous vous trouvez bientôt à des centaines de lieues de votre corps, dont vous ne semblez plus avoir besoin du tout." Quand elle a honte, il lui semble que la nature est hostile. Plus tard, en arrivant à Stonehenge, Tess sacrifiée sur l’autel elle s’est allongée semble une païenne, incarnant un culte étroitement lié à la nature. Le style de Hardy donne une dimension poétique à ce récit qui est un mélange entre l’observation réaliste de la vie à la campagne avec la précision des travaux ruraux, des soins apportés aux bêtes, et une poésie animiste qui transcende tout, qui place la nature et l’être humain dans un seul creuset, participant à la même création.
Un très beau roman, un chef d’oeuvre à découvrir absolument si ce n’est déjà fait!




Bravo à ceux qui ont trouvé et merci de votre participation à tous : Aifelle,  Asphodèle, Dasola, Eeguab, Kathel, Keisha, Maggie, Syl

Le roman Tess d'Uberville de Thoma Hardy
Le film Tess d'Uberville de Roman Polansky

samedi 19 mars 2016

Un Livre/un film : Enigme du samedi



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Pour ceux qui ne connaissent pas Un Livre/un film, l'énigme du samedi, je rappelle la règle du jeu.

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le 1er et le 3ème samedi du mois, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film. Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur.

Consignes  

Vous pouvez donner vos réponses par mail, adresse que vous trouverez dans mon profil : Qui suis-je? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme sera donné le Dimanche.

La prochaine énigme aura lieu le premier samedi du mois d'avril , le 2.

Enigme N° 124

Ce roman écrit par un grand écrivain anglais est paru à l’époque victorienne.  Il traite de la condition féminine à travers une héroïne victime de la société de son temps, malheureuse et attachante.

De tous ces lieurs de gerbes, les plus intéressants appartenaient à l’autre sexe en raison du charme acquis par la femme quand elle devient partie intégrante de la nature et du grand air. Un homme qui travaille aux champs y est une personnalité distincte; une femme s’y confond; elle est, pour ainsi dire, sortie d’elle-même; elle est comme imprégnée de l’essence de ce qui l’entoure: elle s’y est assimilé.

Dans cette grasse vallée de la F. aux chauds ferments où suintait la fertilité, en cette saison où on croyait entendre sous le bruissement de la fécondation, le flot impétueux de la sève; il était impossible que le plus simple caprice d’amour ne devînt passion.












samedi 5 mars 2016

Un livre/un film : Enigme du samedi


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Pour ceux qui ne connaissent pas Un Livre/un film, l'énigme du samedi, je rappelle la règle du jeu.

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le 1er et le 3ème samedi du mois, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film. Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur.

Consignes  

Vous pouvez donner vos réponses par mail, adresse que vous trouverez dans mon profil : Qui suis-je? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme sera donné le Dimanche.

La prochaine énigme aura lieu le troisième samedi du mois de Mars , le 19 Mars

Enigme N° 123
Ce roman a été écrit pendant la deuxième guerre mondiale au moment où les allemands envahissent Paris et où les français partent sur les routes.  L'écrivaine y décrit d'une manière satirique et souvent acerbe la réaction de la population face à l'occupation.
La vieille madame A. et l'Allemand, lorsqu'ils se trouvaient face à face, faisaient tous deux un mouvement instinctif de retrait qui pouvait passer de la part de l'officier pour une affectation de courtoisie, le désir de ne pas importuner de sa présence la maîtresse de maison et ressemblait plutôt à l'écart d'un cheval de sang lorsqu'il voit une vipère à ses pieds, tandis que Madame A. ne se donnait même pas la peine de réprimer le frisson qui la secouait et demeurait raidie dans l'attitude d'effroi que peut causer une bête dangereuse et immonde. Mais cela ne durait qu'un instant : la bonne éducation est faite justement pour corriger les réflexes de la nature humaine.



dimanche 21 février 2016

Robert Nathan : Le portrait de Jennie



C’est en anglais que j’ai lu Portrait of Jennie de Robert Nathan, un petit livre trouvé chez un bouquiniste (et je n’en suis pas peu fière étant donné que j’ai toujours l’impression d’avoir tout oublié de cette langue et puis… non!). J’avais très envie de le lire parce que j’avais aimé l’adaptation du roman au cinéma.

Ligne des falaises de Truro (source)

Il s’agit d’une belle histoire d’amour, très romantique, où intervient le fantastique dans un décor réaliste, à Truro, une ville du Cape Cod dans le Massassuchets, au bord de la rivière Pamets qui va jouer un grand rôle dans le récit.
 Eben Adams est un artiste peintre qui a du mal à se faire connaître et vit pauvrement dans un logis miteux. Un soir de mélancolie, il rencontre un petite fille habillée à la mode ancienne. Elle s’appelle Jennie Appleton et paraît étrange, comme sortie de nulle part. Par l’intermédiaire de son ami Gus, il fait des recherches sur elle mais constate que ses parents sont morts dans un passé lointain qui ne peut être le présent de la fillette. Lorsqu’elle revient quelques jours après il s’aperçoit qu’elle a grandi et à chaque visite il note le même changement, comme si la fillette, bien vite devenue une jeune fille, cherchait à le rattraper. Un amour indéfectible naît entre eux fait de grands et fugitifs bonheurs et de souffrances et  de nostalgie. Le portrait que Adam fait de Jennie est si beau qu’il va lui ouvrir les portes de l’Art. Et je ne vous en dis pas plus sur l’histoire..

Jennifer Jones et Joseph Cotton dans Portrait fo Jennie

Ce livre est un petit trésor de finesse et de poésie. Le tout baigne dans une mélancolie que la nature vient souligner, la brume qui noie le grand parc désert, avec ses bancs vides, à la première apparition de l’enfant, l’hiver et la patinoire qui les réunit, la présence de l’océan avec ses mouettes et ses pêcheurs, sa rumeur infini, les saisons qui défilent au gré des  rencontres des jeunes gens. Et l’absence et la solitude qui s’insinuent et rythment la vie quotidienne du jeune homme.
Les personnages sont attachants, aussi bien Eben et Jennie que les amis, Gus, le chauffeur de taxi, ou Arne, le peintre avant-gardiste qui veut peindre pour tout le monde mais doute qu’on puisse le comprendre. Ce sont eux et leur amitié qui rattachent Eben Adam à la réalité et introduisent l’humour dans le récit. De même Mr Matthews le propriétaire de la galerie et sa collaboratrice Miss Spiney, dragon bougon au grand coeur.
Robert Nathan a l’art de rendre, à la fois, la fraîcheur, la naïveté, la vivacité de la délicieuse petite Jennie ou de dresser des caricatures pleines de vigueur et criantes de vérité comme celle de la logeuse d'Adam, la terrible Mrs Jeke.
Enfin, bien sûr, il y a l’art et les aspirations d’Eben Adam, non à devenir riche ou célèbre mais à exprimer ce qu’il y a de plus vrai et de plus profond à lui. Et il n’est pas étonnant que ce soit Jenny qui lui permette d’accéder à l’authenticité. La force de l’amour au service de l’art.



 Réponse à l'énigme n° 122
Pas trop facile aujourd'hui! Vous êtes bien peu à avoir lu le livre et vu le film. Et pourtant, les deux valent le coup.
Roman : Le portrait de Jennie de Robert Nathan
Film : Le portrait de Jennie  deWilliam Dieterle

Ont trouvé la réponse sont  : Aifelle, Asphodèle, Dasola, Eeguab, Keisha... Bravo!


samedi 20 février 2016

Un livre/Un film : énigme 122




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Pour ceux qui ne connaissent pas Un Livre/un film, l'énigme du samedi, je rappelle la règle du jeu.

Wens de En effeuillant le chrysanthème et moi-même, nous vous proposons, le 1er et le 3ème samedi du mois, un jeu sous forme d'énigme qui unit nos deux passions : La littérature et le cinéma! Il s'intitule : Un livre, Un film. Chez Wens vous devez trouver le film et le réalisateur, chez moi le livre et l'auteur.

Consignes  

Vous pouvez donner vos réponses par mail, adresse que vous trouverez dans mon profil : Qui suis-je? et  me laisser un mot dans les commentaires sans révéler la réponse pour m'avertir de votre participation. Le résultat de l'énigme et la proclamation des vainqueurs seront donnés le Dimanche.

La prochaine énigme aura lieu le troisième samedi  du mois le  5 mars

Enigme N° 122

L’oeuvre dont vous devez trouver le titre aujourd’hui est le roman le plus célèbre de cet auteur américain né à la fin du XIX siècle et mort dans les années 1980. Publié en 1940 et adapté à l’écran huit ans après, ce récit ancré dans le réel et pourtant fantastique conte une histoire d’amour romantique et mélancolique entre un jeune peintre peu connu et une jeune fille mystérieuse.


Il existe une faim pour une chose qui dépasse la faim du corps, et c'est de cette faim-là que je me repaissais. J'étais pauvre, mon oeuvre restait inconnue, je devais souvent me passer de manger ; j'avais froid aussi, en hiver, dans mon petit atelier du quartier ouest. Mais c'était là ce qui comptait le moins.
Quand je parle de chagrins, il ne s'agit ni du froid, ni de la faim. Il y a une souffrance pour l'artiste pire que celle que l'hiver ou la pauvreté peuvent lui infliger ; un hiver de l'esprit par lequel l'existence même de son génie, la sève vivante de son oeuvre semblent glacées, inertes, emprisonnées peut-être pour toujours dans une saison de la mort, et il se demande si jamais un printemps viendra l'en libérer.


dimanche 7 février 2016

Agatha Christie : Mon petit doigt m'a dit




Le roman d'Agatha Christie Mon petit doigt m'a dit  paru en 1968 est la traduction du titre anglais By the pricking of my thumbs, réplique d'une des sorcières dans Macbeth de Shakespeare. Le film de Pascal Thomasen en est l'adaptation avec les excellents Catherine Frot et André Dussollier qui incarnent les deux héros : Tommy et Tuppence Beresford, personnages récurrents d'Agatha Christie dans quatre de ses romans.
Maintenant retraités Tommy et Tuppence vont rendre visite à leur tante, redoutable vieille dame, installée dans une maison de retraite. C'est là que Tuppence Beresford rencontre Mrs Lancaster, une pensionnaire bizarre qui lui offre un verre de lait (récurrent aussi chez Agatha Christie) en prononçant des paroles étranges il est question d'un enfant mort, peut-être assassiné. Tuppence est intriguée mais, à la mort de la tante, quand elle retourne à la maison de retraite, Mrs Lancaster a disparu. Tuppence n'aura de cesse de la retrouver, ce qui n'ira pas sans dangers!

Un roman très agréable à lire avec des dialogues pleins d'humour. J'ai bien aimé aussi   la sympathique adaptation française au cinéma.



 Les perspicaces enquêteurs qui ont trouvé la réponse sont  : Aifelle Asphodèle, Eeguab,  Keisha, Dasola, Nanou, Valentine. Bravo!