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dimanche 24 mars 2013

Un livre/ Un film : Perrault , Grimm et Bettelheim...



Résultat de l'énigme n°60

Félicitations à tous ceux qui ont trouvé, soit les auteurs, soit le texte, soit le film! Dasola, Keisha, Marc, Maggie, Miriam, Pierrot Bâton, Syl

Les contes : Charles Perrault et les frères Grimm
                     Le texte est extrait de La Barbe Bleue de Perrault
Le film :  Agnès Jaoui : au bout du conte
 Charles Perrault : Le petit chaperon rouge illustré par Gustave Doré

La psychanalyse des contes de fée de Bruno Bettelheim
 
Il y a bien des manières d'interpréter les contes de fées mais j'ai particulièrement apprécié La Psychanalyse des contes de fées de Bruno Bettelheim dont la lecture est passionnante et qui nous ouvre des horizons sur ces lectures que certains pensent puériles ou  frivoles.
Les contes traditionnels appartiennent à la tradition orale et se sont perpétués au cours des âges, racontés le soir aux veillées, adoptant des variantes selon les époques et les pays. En France, c'est Charles Perrault qui, au XVIIème siècle, leur donne un forme écrite. En Allemagne, au XIXème siècle, les frères Grimm, Jacob et Wilhelm, collectent les contes et les légendes de leur pays et  les publient..
Après Freud et Jung, Bruno Bettelheim, dans La psychanalyse des contes de fée, analyse la portée symbolique des contes et étudie comment ils explorent les zones les plus profondes de l'inconscient. Bettelheim pense que les contes de fée répondent aux angoisses et aux questions que l'enfant se pose sur le monde qui l'entoure. En ce sens, ils exercent un fonction thérapeutique indispensable à l'enfance.
Les contes de fée ont pour caractéristiques de poser des problèmes existentiels en termes brefs et précis. L'enfant peut ainsi affronter ces problèmes dans leur forme essentielle, alors qu'une intrigue plus élaborée lui compliquerait les choses. Le conte de fées simplifie toutes les situations. Ses personnages sont nettement dessinés; et les détails, à moins qu'ils ne soient importants sont laissés de côté. Tous les personnages correspondent à un type; ils n'ont rien d'unique.

Pour Bettelheim le petit chaperon rouge correspond à la peur d'être dévorée. La fillette à un stade prépubertaire de son développement doit résoudre le conflit entre sa sexualité naissante et le complexe oedipien représenté par le loup, image double du séducteur et du père. Dans certains versions du conte (Grimm) le père se dédouble sous les traits du chasseur pour assurer son rôle bienfaisant de protecteur. Dans un but moralisateur et de mise en garde, Perrault, lui, annonce clairement la couleur (ce que lui reproche Bettelheim). Le loup ne conserve pas son aspect animal; par des sous-entendus assez clairs, il est  présenté sous une forme humaine et le chaperon rouge qui se glisse dans son lit est tout étonnée de voir "comment sa Mère-Grand était faite en son déshabillé".
Bettelheim écrit :
On supprime toute la valeur du conte de fées si on précise à l'enfant le sens qu'il doit avoir pour lui. Perrault fait pire que cela : il assène ses arguments. Le bon conte de fées a plusieurs niveaux de signification. Seul l'enfant peut découvrir la signification qui peut lui apporter quelque chose sur le moment. Plus tard, en grandissant, il découvre d'autres aspects des contes qu'il connaît bien et en tire la conviction que sa faculté de comprendre a mûri, puisque les mêmes contes prennent plus de sens pour lui.

De même Blanche Neige correspond aux conflits entre mère et fille à l'âge de l'adolescence. La jalousie de la mère envers la jeunesse de sa fille correspond à sa propre perte de séduction. La rivalité entre la mère narcissique et la fille en plein conflit oedipien se révèle ainsi. Le dédoublement existant dans les contes entre la mère (bonne) et la marâtre (cruelle) permet à l'enfant de pouvoir régler ce conflit sans ressentir de culpabilité par rapport à la mère dont l'image reste intacte.

C'est ce qui explique que l'on puisse retrouver les contes partout, dans tous les pays, et à n'importe quelle époque, y compris la nôtre.  
Tout conte de fées est un miroir magique qui reflète certains aspects de notre univers intérieur et des démarches qu'exige notre passage de l'immaturité à la maturité. Pour ceux qui se plongent dans ce que le conte de fées a à communiquer, il devient un lac paisible qui semble d'abord refléter notre image ; mais derrière cette image, nous découvrons bientôt le tumulte intérieur de notre esprit, sa profondeur et la manière de nous mettre en paix avec lui et le monde extérieur, ce qui nous récompense de nos efforts. »

Intemporels, ils n'en prennent pas moins la coloration de la société où ils sont racontés. Perrault mais aussi Grimm ont édulcoré le conte de tradition orale  pour l'adapter à leur société plus policée où l'on doit respecter certaines règles de bienséance. Ils ont supprimé des passages comme dans Le petit chaperon rouge où  l'on voit l'enfant dévorer les organes génitaux de la grand mère, métaphore de son passage de la fillette nubile à la femme capable de procréer. Chez Perrault, la société du XVII apparaît, décrite dans ses moeurs, ses divertissements, ses biens matériels. La Barbe Bleue permet de découvrir l'intérieur d'un bourgeois fortuné, avec ses meubles, sa riche vaisselle, ses raffinements. Il en est de même avec La Belle et la Bête de  Jeanne-Marie Le prince de Baumont au XVIIIème siècle où l'on voit la vie d'un marchand, les aléas de la navigation pour le commerce, la ruine financière qui en découle.
Il était une fois un homme qui avait de belles maisons à la Ville et à la Campagne, de la vaisselle d’or et d’argent, des meubles en broderies et des carrosses tout dorés (...)
 Barbe Bleue, pour faire connaissance, les mena avec leur mère, et trois ou quatre de leurs meilleures amies, et quelques jeunes gens du voisinage, à une de ses maisons de campagne, où on demeura huit jours entiers. Ce n'était que promenades, que parties de chasse et de pêche, que danses et festins, que collations : on ne dormait point, et on passait toute la nuit à se faire des malices les uns aux autres ; enfin tout alla si bien, que la cadette commença à trouver que le maître du logis n'avait plus la barbe si bleue, et que c'était un fort honnête homme. Dès qu'on fut de retour à la ville, le mariage se conclut.

Agnès Jaoui. Au bout du conte.
Le chaperon rouge, le loup et la marraine fée

Il était une fois "Au bout du conte". Agnès Jaoui réalise, elle, une transposition du conte dans notre société dans le but de nous faire rire. Et l'on s'aperçoit que ça marche et même plutôt bien!  Pour notre plus grand plaisir, Agnès Jaoui et Jean Pierre Bacri revisitent l'univers des contes de Perrault et de Grimm transposé dans le Paris actuel. Tous les personnages de l'univers des contes traditionnels sont réunis. Le roi règne sur un empire industriel qui pollue l'atmosphère, son épouse, la reine, reste la plus belle grâce aux progrès de la chirurgie esthétique. Leur fille, Blanche Neige,  se transforme en chaperon rouge pour être séduite par un loup qui prend les traits d'un séduisant Barbe Bleue. Si la princesse fouille dans les SMS de ce dernier, il n'est pas étonnant qu'elle y découvre les messages sinon les cadavres d'autres femmes. On n'ouvre pas les portes interdites. Elle est aussi, à la suite d'une nuit de désespoir où elle boit et se drogue, la Belle au Bois dormant réveillée par son Prince charmant! Elle abandonne son prince-musicien qui a une fâcheuse tendance à perdre ses mocassins (hilarante transposition de la pantoufle de vair) sur le coup de minuit pour enfourcher son carrosse-scooter. Dans ce petit monde la marraine fée (intermittente du spectacle) dans son palais, pavillon de banlieue, règne sur des nains de jardin. Elle n'est pas très douée pour le maniement des nouvelles baguettes magiques que sont les ordinateurs ou les automobiles. Au milieu de ce monde, circule Pierre qui n'aime pas les enfants et ne croit pas aux contes de fée. En fait il ne croit pas en grand chose. Mais quand on lui rappelle que le jour de sa mort,  annoncée par une voyante, approche la carapace du vieux bougon solitaire se fendille : " et si jamais….".  Dans cette comédie chorale enlevée, aux dialogues ciselés, les acteurs sont tous excellents avec une palme spéciale pour Jean-Pierre Bacri, chacune de ses apparitions déclenchant  rires et sourires. Une comédie enlevée.
Au bout du conte avec Agnès Jaoui, Agathe Bonitzer, Dominique Valadié, Valérie Crouzet, Nina Meurisse, Jean-Pierre Bacri, Benjamin Biolay, Arthur Dupont, Laurent Poitrenaud…qui vécurent heureux et…

Texte commun de Wens et Claudialucia