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mercredi 12 juin 2013

Françoise Guérin : A la vue et la mort


Avec A la vue, à la mort, je découvre le livre qui précède Cherche jeunes filles à croquer, lu récemment, où j'avais fait connaissance à la fois du commandant Lanester et de Françoise Guérin, son auteur.

Dans A la vue, à la mort,  j'apprends ce qui explique la fragilité du commandant Lanester et pourquoi il suit une analyse avec Jacinthe Bergeret  : prénom fleuri pour une psy et qui  lui va comme un gant,   parfum sucré, un peu frivole, à l'inverse de sa personnalité.

Le récit nous amène à la suite du commandant Lanester et de son équipe sur les traces d'un tueur en série surnommé Caïn, allusion au dessin d'un oeil grand ouvert qu'il trace sur le lieu des crimes. Quand nous ouvrons le livre, l'enquête a commencé depuis un moment, deux cadavres avant...  mais nous, lecteurs, nous arrivons sur place seulement après le troisième, celui de trop pour Lanester qui en  perd…. la vue! Devenir aveugle pour des raisons fonctionnelles, alors qu'il n'a aucune lésion de l'oeil, est un coup dur pour notre personnage! Il va bien falloir qu'il accepte de fouiller dans son passé pour chercher à comprendre ce qui lui arrive. Nous sommes donc amenés à suivre en parallèle l'enquête policière et l'enquête psychologique qui permet de remonter dans l'enfance d'Eric Lanester mais aussi de son frère Xavier. Au fur et à mesure que nous découvrons ce qu'ils ont vécu nous sommes en mesure de mieux comprendre la cécité de Lanester. Mais pourquoi Caïn semble-il s'adresser particulièrement à lui? Comment expliquer les similitudes qui existent entre la mise en scène voulue par Caïn et ce qu'a vécu Lanester?

Françoise Guérin nous entraîne donc dans une histoire captivante où nous nous intéressons bien sûr à l'histoire policière mais tout autant à l'histoire de Lanaster : Comment recouvrera-t-il la vue? Sera-t-il un jour guéri de son enfance? Retrouvera-t-il son frère Xavier, malade mental, qui a disparu?  Les liens entre les deux frères sont-ils entièrement rompus? Va-t-il tomber amoureux de Léo? Ce sont toutes les questions que nous nous posons.

 Les personnages sont attachants parce qu'il y a, en eux, beaucoup de souffrance et de tristesse. Le roman parle de solitude, celle Lanaster et de son frère, du chauffeur polonais Jacek, (j'ai beaucoup aimé ce personnage et son chat Walesa ), celle de Bazin aussi et même de l'assassin. Ils sont tous secoués par la vie, vivent parfois à côté les uns des autres, sans se connaître vraiment et pourtant l'amitié et la solidarité se manifestent en cas de coup dur. Si vous ajoutez que l'humour est toujours présent et savoureux, vous comprendrez que ce livre m'a procuré un grand plaisir de lecture. Je voulais proposer que nous, lectrices, nous signassions (et oui, imparfait du subjonctif quand on s'adresse à un écrivain)  une pétition à envoyer à Françoise Guérin : Réclamons d'urgence la suite des aventures de Lanester! Mais j'ai appris chez Kathel ICI,  dans un commentaire, que c'est inutile : elle est déjà en train de l'écrire!

Picasso : la mère et l'enfant

Dans le roman, Eric Lanester trouve enfin le temps  de visiter le musée Picasso. Il s'arrête longuement devant un tableau qui lui rappelle sa mère et son frère Xavier. Je me suis demandée car la description me paraît bien correspondre si ce tableau était celui-là :

La mère et l'enfant de Pablo Picasso

Voir aussi les billets de   KeishaClara

Merci à Françoise Guérin pour le prêt de ce livre voyageur paru  aux Editions du Masque


PS : Je lis sur le site de Françoise Guérin que Cherche jeunes filles à Croquer est finaliste avec cinq autres titres du Prix Sang pour Sang Polar 2013 qui sera remis le 13 septembre 2013 dans le Nord-Isère :





lundi 29 avril 2013

François Guérin : Cherche jeunes filles à croquer



 Mais qui Cherche (des) jeunes filles à croquer ? C'est la question que pose l'enquête policière concoctée par Françoise Guérin. Nous devrons lire le roman jusqu'au bout et en suivre les péripéties haletantes pour le savoir. Par contre nous avons la réponse dès le début à  la question : qui sont-elles? Ces jeunes filles à croquer sont, en fait, des malades, anorexiques, redoutables car toujours en guerre contre la société, nocives envers elles-mêmes et leurs proches, et pourtant si fragiles qu'elles deviennent des proies faciles pour les prédateurs. C'est ainsi que le commandant Lanester et son équipe de criminologie analytique vont être amenés à enquêter, loin de Paris, dans la vallée du Mont-Blanc, sur la disparition de plusieurs de ces patientes soignées dans une clinique privée, spécialisée dans les troubles alimentaires.

J'ai lu avec beaucoup de plaisir ce roman qui nous tient en haleine quant à l'histoire policière elle-même et ses nombreux revirements. J'ai aimé faire connaissance des personnages et en particulier du  commandant Lanester dont le passé est pesant (je découvrirai les détails, je pense, en lisant le roman précédent) et qui sous son apparence de force et de compétence nous livre ses failles cachées. C'est lui qui raconte l'histoire c'est ainsi que commence le roman : " Je crois que je suis trop fragile pour continuer ce boulot". C'est un personnage que l'on suit avec sympathie non seulement dans son enquête mais dans sa vie privée. Détail amusant au début du roman, il doit amener son chat (qui est d'ailleurs une chatte) à la clinique vétérinaire pour le (la) faire opérer. Une chatte, donc, prénommée Walesa :

-Vanessa, comme la chanteuse? (demande le vétérinaire)
- Non, Walesa! comme le leader de Solidarnosc
- Ah! oui, le groupe de rock...
Je lève les yeux au ciel. Se peut-il qu'il n'ait jamais entendu parler du syndicat Solidarnosc?


Je vous livre ici ce passage pour vous faire goûter l'humour de Françoise Guérin que vous retrouverez tout au long du livre. Quant à l'équipe de Lanester? Les membres ne sont pas en reste et manient entre eux la dérision. Ils  ne sont pas de tout repos pour le commandant qui  a parfois l'impression de gérer une bande d'ados insupportables mais pleins de réparties et d'humour vachard.

De plus, le roman de Françoise Guérin, nous fait connaître l'anorexie, une maladie que l'on sait grave et dangereuse mais dont on ignore beaucoup d'aspects  tant qu'on n'en a pas fait la triste expérience à travers l'un des siens. L'auteur utilise ses compétences de psychologue clinicienne pour nous livrer des portraits de jeunes adolescentes tourmentées et atteintes dans leur esprit et dans leur corps. L'analyse psychologique se double donc d'une analyse clinique. L'auteure en variant les points de vue, les jeunes filles vues par leurs soignants, leurs parents ou vues de l'intérieur avec les sentiments qu'elles éprouvent, dresse des portraits troublants, faits d'ombre et de lumière, des jeunes victimes. Et ce n'est pas l'un des moindres intérêts.

Un roman à découvrir, donc! Un grand merci à Françoise Guérin de l'avoir mis en livre voyageur.

Voir aussi  les avis de :

Keisha 
Clara
Kathel
Fransoaz