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vendredi 30 novembre 2012

Gabriel Jan :Ys, le monde englouti




Dans son roman Ys, le monde englouti Gabriel Jan écrit :

"Cette version libre sous forme de roman est une nouvelle écriture qui respecte toutefois les textes de toutes les époques. j'y ai apporté comme le fait le barde ma part d'imagination, fidèle aux traditions qui veulent que les légendes soient adaptées, remaniées, enrichies afin qu'elles continuent à vivre"

Et c'est ce qu'il fait effectivement. La légende d'Ys qui sert de départ à cette histoire est bien sûr respectée. Gadlon a construit une ville magnifique pour sa fille Dahut mais celle-ci vit dans la débauche et la luxure. Dans son palais, elle accueille des courtisans qui ne pensent qu'au luxe et aux plaisirs. Elle tue ses amants d'une nuit en les précipitant dans un gouffre. Mais elle ne se donne qu'à l'océan, son époux divin. Pourtant un jour, elle a pour amant un étranger qui exerce sur elle sa domination.  Celui-ci, avec l'aide de Dahut, vole la clef des portes de la cité d'Ys au roi Gadlon. Il ouvre les portes à l'océan qui engloutit la ville. Gadlon peut se sauver sur son cheval magique mais Dahut est précipitée dans les flots.

 C'est à partir de cette légende que Gabriel Jan a bâti son récit et imaginé des personnages qui n'ont rien à voir avec elle.

Gélan D'Edarpt, un jeune médecin étranger arrive à Ys avec ses onguents pour exercer son métier et y faire fortune. Attaqué par des brigands, il est défendu par Ceryl, un jeune homme au premier abord sympathique, qui  l'héberge chez son père, le meilleur tailleur de Cornouiailles. La soeur de Céryl,  Cipée, tombe amoureuse de lui mais il ne répond pas à ses avances. En fait, il  aime la fille du barde Nasahben nommée Dryad. Nous comprenons bien vite que Gélan n'est pas tout à fait celui qu'il prétend être et qu'il est investi d'une mission.  Il va s'opposer à trois druides qui sont alliés avec Dahut, pour défendre la cité qu'ils savent menacée.  Mais Gélan, qui est-il vraiment? Quel monde représente-t-il?

En fait la légende de la ville d'Ys devient ici un roman fantasy. L'auteur gomme le merveilleux chrétien de la légende :  le rôle des saints qui convertissent Gadlon est affaibli, le diable est absent du récit, le bal satanique n'a pas lieu, le masque qui se resserre sur le visage des amants de Dahut et les étouffe n'est plus. Mais les personnage possèdent des pouvoirs magiques qui leur permettent de mener le combat entre le Bien et le Mal et ils se disputent le Trémillon ou l'Aigue bleue, pierre magique susceptible de retenir les flots de l'océan.
J'ai cependant trouvé que l'histoire était parfois assez mal ficelée. Par exemple Cipé, l'amoureuse évincée disparaît du récit et le personnage de Céryl est finalement oublié, l'amour entre Dryad et Gelan, style coup de foudre, est un peu fleur bleue. Quant à  Dahut, elle apparaît trop vulgaire et peu intelligente, ce qui lui enlève la force et l'aura qu'elle a dans la légende. Elle cesse d'être le symbole de la religion celtique s'opposant à la christianisation de la Bretagne qui enseigne le péché et l'horreur du plaisir.

Voir Billet de l'oncle Paul ICI

Lecture commune avec Miriam et Aymeline








mercredi 28 novembre 2012

La légende d'Ys de Charles Guyot : Lecture commune avec Aymeline et Miriam


La submersion de la ville d'Ys, advenue au Ve siècle, n' a pas eu la fortune d' inspirer plus tard un Chrestien de Troyes, écrit Charles Guyot, dans son avant-propos, et de prendre place dans le trésor immense des romans du Moyen-âge. Ni la douce Marie de France chantant la départie amoureuse de Gradlon, ni le moine Albert de Morlaix narrant, dans la Vie des Saints de la Bretagne armorique, la juste perdition de la cité maudite, n'auraient sauvé leurs héros de l'oubli. Mais la tradition populaire, profondément attachée à son patrimoine poétique, n a pas laissé périr la plus tragique de ses fables. Nous avons fait leur part, dans ce récit, aux différentes versions de la légende, en donnant à celle-ci tout le développement que méritent son importance et sa beauté.

La légende

 Gradlon, Dahut, Saint Guénolé et le cheval Morvach d' Evariste Luminais

Gradlon est roi de Cornouailles. Il ne se console pas de la disparition de sa femme, une"Walkirie" du Nord, la belle et farouche Malgven qu'il a tant aimée, morte en couches. Face à sa fille Dahut dont la beauté rappelle celle de sa mère, cet homme qui est pourtant un valeureux guerrier fait preuve d'une grande faiblesse.  Bien qu'il soit gagné à la foi chrétienne et qu'il bâtisse de nombreuses églises sur ses terres, il cède à tous les caprices de Dahut et lui fait édifier la cité d'Ys, la plus belle et la plus riche de toute la Bretagne. La ville est protégée de l'océan par un système de digues dont les lourdes portes sont maintenues fermées par une clef d'argent. Dahut  vit dans la débauche, prend un amant chaque soir et le fait périr le lendemain en livrant son corps à la mer. Ses péchés lui feront finalement encourir la colère divine et la cité d'Ys sera engloutie. Seul Gradlon, sur Morvach son cheval magique, parviendra à se sauver à condition qu'il rejette dans les flots sa fille Dahut qu'il porte en croupe :
Gradlon, Gradlon, tu te perds, si tu veux vivre, rejette le démon qui est derrière toi lui demande Saint Guénolé qui d'un coup de bâton rejette Dahut dans les flots.

Le site

 Le site de la cité d'Ys fait l'objet de maintes spéculations mais il est communément admis que son emplacement est à Douarnenez, près de l'île Tristan. On dit que jalouse de sa rivale, Lutèce prit le nom de " Par Ys ", et lorsque l'orgueilleuse capitale sera à son tour engloutie, Ys ressurgira des flots.

L'affrontement de deux religions

La christanisation de la Bretagne

Comme toute légende remontant à des temps reculés, elle peut recevoir plusieurs interprétations. Il s'agit bien sûr d'un combat entre le Bien et le Mal  mais surtout elle raconte l'affrontement entre deux religions,  le paganisme celtique et le christianisme. La christianisation de la Bretagne par des moines irlandais au Ve siècle de notre ère est très présente dans la légende. On y voit, en effet, l'ermite Ronan que Gradlon rencontre dans les forêts de Cornouailles, Corentin que le roi fait évêque de Quimper et qui impose la morale et les lois chrétiennes à la Bretagne, Guénolé à qui il attribue le moustier de Landevennec.

Dahut représente la résistance à la christianisation.

 Mais Dahut ne plia point; comme cavale sous le fouet, elle frémit et se cabra; ses prunelles soudain furent pleines d'orage :
Naguère, s'écria-t-elle, on trouvait en Quimper aise et liberté; chacun portait habits et joyaux à sa guise et il m'advenait d'y rencontrer figures riantes, coiffures de fête, bandes joyeuses. Aujourd'hui ce ne sont que robes de bure, crânes rasés, grises mines. Les jeunes gens ressemblent aux vieillards, gaieté n'a plus d'asile.

Le Merveilleux païen et le merveilleux chrétien

 La cité d'Ys de Lionel Falher

Dahut reste fidèle aux anciennes divinités celtiques, c'est pourquoi, dans cette légende, le Merveilleux païen et le Merveilleux chrétien se répondent et se combattent.
 Dahut va sur l'île de Sein voir les prêtresses du culte ancien d'Armorique, les Sènes. Celles-ci avaient des enchantements pour exciter ou apaiser les tempêtes, dévoiler les aventures périlleuses, guérir les maladies mortelles.
Mais le dieu venu d'Orient avait troublé leurs fêtes et dispersé leur assemblée, et les vierges de l'île, délaissées sur le roc sauvage n'avaient plus pour hôtes que les oiseaux de mer.
Dahut leur demande de construire une digue pour protéger les habitants la ville d'Ys? Ce sont les korrigans qui vont lui venir en aide et bâtir les digues et un château merveilleux pour elle. Ce sont eux qui maintiendront les portes fermées  à l'océan par leurs pouvoirs magiques.
Dahut célèbre ses épousailles avec l'Océan en jetant son anneau d'or dans la mer; dans la grotte où elle se baigne son divin époux vient la caresser de ses vagues.
Le cheval que son épouse, Malgven donne à son bien-aimé Gradlon participe aussi à ce merveilleux païen:
Malgven répondit, j'ai un vivant navire, un cheval enchanté qui nous portera tous deux sur les flots de ta nef fuyante.
Et dans l'écurie Gradlon trouva un étalon noir comme la nuit, sans bride, sans frein dont les naseaux soufflaient une rouge vapeur, dont les yeux jetaient des flammes.

Le Merveilleux chrétien n'est pas en reste! Les saints rencontrés par Gradlon en sont prodigues! Le saint Ermite Ronan apaise des dogues furieux d'un signe de croix et ressuscite une fillette que sa mère avait tuée. Corentin offre un maigre repas à Gradlon qui se transforme en festin. Guénolé empêche une première fois les portes de la ville de s'ouvrir. Et enfin, c'est le diable lui-même qui consomme la perte de la cité en envoyant les courtisans de Dahut en enfer au cours du bal des Trépassés et en volant la clef d'argent qui va ouvrir les portes d'Ys et laisser entrer l'océan déchaîné.

Le style médieval

Charles Guyot imite avec beaucoup d'aisance et d'harmonie le style des lais de Marie de France.  L'emploi du décasyllabe, avec son balancement à la césure 4/6, renforcés par les images poétiques, introduit une musique  et donne à cette légende un air nostalgique.

Le style est médiéval à la fois dans le vocabulaire et dans la syntaxe. Voici comme exemple  la chanson du barde aux  cheveux blancs, intitulée Le lai des amours

Le roi Gradlon, s'apprête à guerroyer
Loin dans le nord; tel est son dur métier.
Là sont cités, châteaux, moutiers et bourgs
bien défendu de remparts et de tours
Là sont aussi greniers et beaux trésors,
Gloire et butin veulent danger et mort.
Dur est le vent, large l'océan vert
long le chemin jusqu'au pays d'hiver
Partout écueils, naufrages et tempêtes.
Au marinier tout est disette et peine.
Combien partis n'ont pas revu leur terre,
sont endormis au tombeau de la mer.
Gradlon le roi a requis tous ses gens
de l'assister par bataille et argent,
gréé sa nef et sa voile éployé
pris son bon glaive et son haubert maillé
quitté le port aux beaux jours francs d'orage
Cent beaux vaisseaux voguent dans le sillage.

L'emploi de termes anciens comme moutier, nef, guerroyer, requis, francs (d'orage), les termes se rapportant à l'habillement glaive, haubert maillé, ou les mots nobles comme vaisseaux,  éployé, la métaphore tombeau de la mer donnent une coloration médiévale au style de Charles Guyot.  La syntaxe emprunte aussi au Moyen-âge avec modifiant l'ordre des mots de la phrase, l'adverbe indiquant le lieu en tête, les sujets étant inversés Là sont aussi greniers et beaux trésorsde même avec l'inversion des adjectifs :  Dur est le vent, large l'océan vert;  long le chemin...  et une construction radicalement différente de la syntaxe moderne Combien partis n'ont pas revu leur terre,/ sont endormis au tombeau de la mer.
 Les énumérations qui amplifient la description : Là sont cités, châteaux, moutiers et bourgs,  le chiffre cent,  l'emploi des mots qui généralisent Partout ou quantifie combien , l'insistance, loin dans le nord, long le chemin ... tous ces effets stylistiques produisent un  grossissement épique qui fait du voyage de Gradlon une Odyssée fantastique dans le temps et dans l'espace très éloignés de notre monde..  D'où une certaine magie du texte!

Une  belle légende, donc, très bien contée et mise en poésie pour ne pas dire en musique par Charles Guyot, auteur inspiré.

Lecture commune avec Aymeline  ICI et Miriam ICI

Le livre est voyageur :  rapide à lire! Qui le veut?




mardi 16 octobre 2012

La légende de la ville d'Ys : lecture commune pour le challenge breton





Quand des flots Ys  émergera
Paris submergera sera

Voilà ce que dit la légende et c'est une excellente raison de  nous intéresser à Ys, cette mythique  et enchanteresse cité engloutie par la mer et dont on situe,  traditionnellement, l'emplacement dans la baie de Douarnenez.

Avec Aymeline-Arieste, nous avons décidé d'une lecture commune  de deux titres qui relatent cette histoire et qui s'intègrera dans nos deux challenges : celui d'Aymeline Les Mondes imaginaires et le mien,  Challenge breton.
Il s'agit de deux versions de La légende de la ville d'Ys  contée par Charles Guyot et du roman de Gabriel Jan : Ys, le monde englouti.

Ces lectures peuvent éventuellement  être poursuivies pour ceux que cela intéresse par une incursion vers les autres versions de la légende d'Ys que cela soit dans le domaine des textes ou des arts, peintures, chants, opéra, musique, BD...


J'ai mis ces titres en livres voyageurs et vous pouvez dès maintenant vous inscrire s'ils vous intéressent.


La lecture est prévue pour Le 25 Novembre mais nous pouvons, s'il en est besoin,  adapter les dates si vous nous rejoignez. Serez-vous des nôtres?




LC :  
Aymeline
 Miriam
  Gwen
Claudialucia
???

dimanche 15 janvier 2012

Terry Prachett : Les romans du Disque-Monde

C'est en 1983 que Terry Prachett, auteur de Fantasy, écrit le premier volume des Annales du Disque-Monde. Le Disque-Monde est  univers imaginaire où règnent les personnages traditionnels de la Fantasy, fées, sorcières, trolls mais détournés par l'absurde et le comique. A travers cet univers Terry Prachett écrit une satire de la société où l'homme et ses comportements sont analysés et tournés en dérision.
Terry Pratchett étant un écrivain très prolixe, j'ai pioché un peu au hasard dans les dizaines de romans qu'il a écrits sur le Disque-Monde, ceux-ci étant divisés en cycle.
j'ai choisi dans le cycle des sorcières une saga pour adolescents qui raconte l'histoire d'une petite fille  Tiphaine Patraque qui vit sur le Causse. Et oui, c'est une sorcière du calcaire même si, comme chacun sait,il s'agit pierre un peu molle sur laquelle  la magie ne prend pas ( en principe!).

Jai lu les deux premiers de la série : Les Ch'tits d' hommes libres  (1) et Un chapeau de ciel (2).


Dans Ch'tits hommes libres, Tiphaine Patraque a neuf ans. Elle est la petite fille de Mémé Patraque, une sorcière qui veille sur le Causse et possède une grande science pour soigner les moutons. Tiphaine, elle, a un art particulier pour fabriquer le fromage. Mais le jour où la Reine enlève son petit frère Tiphaine se met en colère. Elle part à la recherche de l'enfant dans un royaume de neige peuplé de cauchemars qui ont toutes les chances - je veux dire les malchances- de devenir vrais. Elle est aidée en cela par la bande des Mac Nac Feegle appelés aussi Pictsies ou Ch'tits hommes libres. Bref! La vaillante Tiphaine armée de sa poêle à frire devient leur Kelda (leur reine) juste le temps nécessaire à récupérer son frère et au passage un autre garçon, le fils du baron, enlevé lui aussi.

Dans Un chapeau de ciel, Tiphaine a 11 ans. Elle a convaincu ses parents de la placer comme "domestique" chez une vieille dame pour l'aider dans les tâches ménagères, en réalité pour apprendre à devenir sorcière.
 Mais être sorcière, c'est avant tout rendre service aux autres,soigner les maladies et couper les ongles de pieds (malpropres) du vieux voisin valétudinaire. Rien d'exaltant. Cependant quand un dangereux Rucheur s'empare de l'esprit de Tiphaine, il faudra tout le courage et le talent de la fillette, toute la force des Mac Nac Feeegle (imbattables quand ils ne s'arrêtent pas dans un cabaret) et la magie de la plus grande sorcière de tous les temps, Maîtresse Ciredutemps, pour vaincre l'horrible monstre.

Les Mac Nac Feegle sont hilarants, voleurs, menteurs, ivrognes, aimant la bagarre plus que tout! Ils ont un petit pois à la place du cerveau. Ils me rappellent les personanges secondaires des films de John Ford! Ils parlent un drôle de langage (bravo au traducteur Patrick Couton) langage, qui, contrairement à ce que certains croient n'a rien à voir avec du Picard ou du Ch'ti. Lisez-les à voix haute, vous le comprendrez! Certains passages sont d'une drôlerie irrésistible comme lorsque Jeannie la Kelda se met dans la tête d'apprendre à lire à son mari Rob Deschamps.
Tiphaine est une petite fille qui a du caractère et même parfois un (sale) caractère. Elle est curieuse de tout, apprend les mots dans un dictionnaire  et on suit ses aventures avec intérêt. On apprend aussi que la magie ne peut remplacer l'observation, la réflexion et qu'elle doit aider à secourir les autres.
Ces deux livres sont des petits bijoux d'humour décalé à lire sans modération, maman et fille (mais je suppose que cela peut plaire aussi aux garçons), pour un beau partage de lecture, d'émotion et de rire.


Un échantillon du langage des Ch'tits
Malheureusement les Pisctsies étant des individualiste forcenés, chacun avait son propre cri de guerre et Tiphaine ne put ne décrypter que quelques- uns dans ce vacarme :
Qui'ls prennent la vie mais pwint la culotte!
-Et vlan, six sous de mwins!
- Vous preneuz la grand-route et mi vot portaefeuye!
- Peut en resteu que mille!
-Ah! maeteuz-vos cha dans l'trakkan!
.. mais les voix s'unirent peu à peu en un seul rugissement qui ébranla les murs.
-Ni rwa! Ni rinne! Ni djeus! Ni maets! Fini de s'faire avwar!
 
Quelques passages :
Les Mac nac Feegle forment la plus dangereuse des espèce de fées, surtout quand ils sont soûls.  ils volent tout ce qui n'est pas cloué. Si c'est cloué, ils volent aussi les clous. Malgré tout ceux qui ont réussi à les connaître et à survivre affirment qu'ils sont aussi étonnamment loyaux, forts, tenaces, braves et qu'ils ont, à leur façon de la moralité. ( Par exemple , ils ne volent pas ceux qui ne possèdent rien. )
Ce batracien, autrefois avocat (un avocat humain; les batraciens s'en passent sans peine), avait été transformé en, crapaud par une marraine fée qui comptait le changer en grenouille mais faisait mal la différence entre les deux. Il vivait désormais dans le tumulus, où il mangeait des vers et donnait un coup de main aux Feegle pour les sujets de réflexion difficile.
Challenge de Calypso avec Le mot Monde dans le titre


Challenge de Aymeline

jeudi 5 janvier 2012

Robert Sylverberg : Le long chemin du retour


Le long chemin du retour de Robert Silverberg nous entraîne dans une lointaine planète, Patrie, dont le peuplement a été le fait de terriens. Sur Patrie cohabitent désormais trois peuples :  les autochtones dont la civilisation est restée intacte et qui n'ont manifesté ni désir d'intégration, ni opposition aux nouveaux colons;  le Peuple qui correspond à une première vague d'immigration venue de Terre dans des temps immémoriaux, et les Maîtres, humains arrivés plus tard, il y a quelques milliers d'années, qui ont conquis la planète avec des moyens technologiques avancés.  Les Maîtres possèdent désormais toutes les terres et exercent le pouvoir en seigneurs tout puissants sur leurs immenses domaines nommés Maisons. Le Peuple travaille les terres en échange de leur protection et des soins qui leur sont prodigués. L'ordre règne. Joseph Keilloran, un adolescent de 15 ans qui appartient à la caste des Maîtres, en est persuadé. Il est pour l'instant en vacances dans la noble Maison des Geften  située à des milliers de kilomètres de celle de son père. La vie est belle, oisive,  promenades, chasses, jeux, danses avec les jeunes amis de son âge qui ont, de plus, une soeur fort jolie! Tout est donc pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Et pourtant, Joseph est réveillé une nuit par des explosions. Bientôt il comprend que le Peuple s'est rebellé contre les Maîtres, la famille Geften est anéantie. Grâce au soutien d'une servante loyaliste, Joseph parvient à s'enfuir, persuadé qu'il obtiendra de l'aide dans un domaine voisin et un avion pour pouvoir rentrer chez lui. Mais il découvre bientôt que toutes les autres Maisons  nobles ont été détruites et qu'il ne peut compter que sur lui-même. Il entreprend alors à pied le long chemin du retour, des milliers de kilomètre à franchir en affrontant de nombreux dangers...

Le livre est un roman d'initiation transposé dans un monde du Futur. Ce long voyage va transformer l'adolescent et bouleverser sa manière de concevoir l'univers qui l'entoure. Il le constate plusieurs fois au cours de ses épreuves, il vieillit prématurément, quitte le monde de l'enfance pour devenir un homme. Il était jusque-là un jeune maître choyé, déchargé de tous soucis matériels, uniquement préoccupé par ses loisirs et ses heures d'étude où il devait apprendre les devoirs de sa charge en tant qu'aîné, héritier de la Maison Keilloran. Il va devoir alors  à échapper à ses ennemis,  souffrir de la faim et du froid, terribles épreuves qui l'amèneront aux portes de la mort. Sa vie n'est plus qu'une question de survie. Sa conception sociale est aussi complètement bouleversée. Il découvre en ethnologue les moeurs et croyances des autochtones et s'étonne qu'ils aient des croyances religieuses et que, contrairement à ce qu'il pensait, les Maîtres ne soient pas placés au centre de leur univers mais considérés comme inexistants. Il est traité d'ailleurs en esclave, devient la propriété de ces indigènes qui exploitent ses connaissances médicales. Leçon philosophique de la relativité de toutes choses et aussi de modestie qui remet chacun à sa juste place sur la planète Patrie. Recueilli par une famille libre du Peuple, Joseph va prendre conscience de l'exploitation que sa caste fait subir aux autres. Cette découverte remet tout en question pour lui.
Je n'ai pas ressenti en lisant le roman la magie, la poésie,  la complexité des univers mythiques de Tolkien, d'Ursula Le Guin ou de Robin Hobb.  Il manque un souffle, une force,  un élan, à la fois dans le style et dans le récit. Mais les thèmes de Le long voyage de retour  qui proposent une réflexion sur notre propre Monde sont intéressants. L'auteur laisse, par ailleurs, libre cours à son imagination en créant des créatures fantastiques dont on ne sait pas trop distinguer ceux qui ont une conscience même primitive de ceux qui ne sont que des animaux.  Autre sujet de réflexion! Tout ceci devrait plaire à des adolescents qui suivront avec  plaisir les aventures de ce  jeune garçon courageux, sa découverte de l'injustice mais aussi de l'amour.



Première participation au Challenge de Aymeline sur Les Mondes imaginaires. Présentation :


Oyez, oyez, blogueurs, blogueuses, Aymeline a décidé d'organiser son premier challenge ! Qu'on se le dise !
 
En espérant ne pas faire doublon avec un autre challenge et sous la pression (amicale) de certaines blogueuses qui du coup devraient s'inscrire, j'ai décidé de faire un challenge centré sur les lieux et mondes imaginaires.
Autre avantage, vous allez me donner de belles idées de lectures.
Enfin, j'ai envie par le biais de ce challenge de vous faire découvrir d'autres mondes et d'autres univers de lecture...
 
Entendons-nous bien d'abord sur ce qu'est un monde imaginaire.
Dans la définition que j'ai choisie pour ce challenge, un monde imaginaire a ceci de particulier qu'il ne fait pas partie de notre monde connu et cartographié. Ainsi, tous les romans dont l'intrigue se déroule sur une autre planète font de fait partie du challenge.
 Voir La suite  ICI