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vendredi 18 octobre 2024

Normandie : le charme des villes du Pays d'Auge dans le Calvados


Le gîte Les Pommiers ( le bien nommé !) Calvados

En Normandie nous avons logé dans un gîte près de Pont-L'Evêque en pleine campagne. Je me demande si les Normands sont blasés et s'ils ont encore conscience, à force de les voir, du pittoresque et de la beauté que représentent pour nous, habitants du midi, la longère à pans de bois avec ce grand pré d'un vert incroyablement vert ou poussent.. quoi donc ? des Pommiers, forcément, l'odeur de mon pays ! et avec en prime au fond du pré une petite mare qui promène ses canards. En bref ! J'ai adoré !


Pont-L'Evêque

 

Pont-L'Evêque : L'église Saint Michel


Pont-L'Evêque : L'église Saint Michel


Pont-L'Evêque : L'église Saint Michel : La sortie de l'église tableau de Jules Grün


Une huile sur toile de Jules Grün (1868-1938) représentant la sortie de la messe du Breuil-en-Auge se trouve dans la tour. Certains habitants ont reconnu leurs ancêtres sur le tableau. Le peintre y apparaît lui-même (de profil devant le garde Suisse). Moi ce qui m'a intéressée dans ce tableau, c'est l'époque et le contexte, pendant la guerre de 1914-18. On y voit une veuve en grand deuil avec sa fille vêtue de noir, un jeune poilu en uniforme bleu horizon (en permission ?) descendant les marches, et sur la droite, détail poignant, une foule patientant, attendant de pouvoir accéder au cimetière. On devine que l'hécatombe a déjà bien commencé. Les détails de toilette de tous ces gens endimanchés disent aussi leur milieu social. On remarque le groupe de notables sur notre gauche avec un jeune homme qui n'est pas uniforme (réformé ? Je suppose), le vieux mendiant en retrait à l'arrière, le paysan de belle prestance, en blouse traditionnelle... Tout une leçon d'histoire et de sociologie dans ce tableau !


Pont-L'Evêque : L'église Saint Michel Tableau de Jules Grün


 Touques
 
Touques : ruisseau des Ouïes

Près de notre gîte à quelques kilomètres de Pont-Lévêque, Touques est une jolie petite ville en Pays d'Auge, Calvados. Touques était une ville importante au Moyen-âge, extrêmement active. Située sur  l'estuaire de la rivière de la Touques, elle est un port qui a accès à la mer et au commerce maritime jusqu'en 1825. Les salines aussi font la richesse de la ville. Plus  tard, au XIX siècle, alors que la Touques  est ensablée, elle bénéficie de la proximité des stations balnéaires de Trouville-sur-Mer et de Deauville et de la ligne de chemin de fer au moment de la mode des bains de mer. 

Au Moyen-âge, Touques, était divisée en deux paroisses rivales séparées par le douet Mont Blanc, aujourd'hui appelé ruisseau des Ouïes regroupées autour de l'église Saint Pierre et l'église Saint Thomas

 

Touques : l'église Saint Pierre

 

L'église saint Pierre représente une belle architecture romane dont la construction remonte à Guillaume le Conquérant  (XI siècle). Surmontée  d'une tour octogonale, elle est érigée dans  ce qui était le beau quartier de la ville avec des  maisons de maître et des hôtels particuliers. Ses habitants étaient des notables et de riches commerçants. 

 

Touques : l'église Saint Pierre tour octogonale

 

Touques : l'église Saint Pierre intérieur roman

 

Touques : l'église Saint Pierre intérieur roman

 

Touques Eglise Saint Pierre statuaire


L'église Saint Thomas porte le nom de Thomas à l'issue de la visite de Thomas Becket à Touques; Elle a été édifiée au XII siècle et présente plusieurs styles, roman, gothique et classique. La tour du XII siècle a été modifiée par la suite. La flèche date de 1870. Le portail est de style classique Louis XIV mais les statues des niches ont disparu.


 Touques : Eglise Saint Thomas


Touques : Eglise Saint Thomas

Touques : Eglise Saint Thomas : la nef

 La nef de l'église saint Thomas a été souvent remaniée et ne conserve plus de son origineque le choeur gothique.

 Autour de l'église Saint Thomas la population, plus nombreuse, était pauvre. A la révolution la suppression de la paroisse Saint Pierre n'améliore pas la situation entre les deux parties de la ville malgré  la nomination de son curé comme premier maire élu de la commune. 


Touques

 

Touques
 

Touques

 

Touques :  Le lavoir

 

Eugène Boudin : laveuses au bord de la Touques

 Beuvron- en- Auge

Beuvron- en- Auge

 

Un arrêt rapide à Beuvron-en-Auge qui est considéré comme l'un des plus beaux villages de Normandie, ancien fief, nous dit-on de la puissante famille d'Harcourt. Et c'est vrai qu'il l'est, beau,  avec ses maisons à colombages, cette place Vermughen qui présente des façades d'architecture augeronne du XVI au XVIII siècle. Le nom de Beuvron viendrait de Biber qui signifie Castor en latin, référence, au Beuvronnet et au Doigt, deux rivières ou abondent ces animaux

 

Beuvron- en- Auge Manoir du XVI siècle (détail)


Beuvron- en- Auge Manoir du XVI siècle (détail)


Beuvron- en- Auge Manoir du XVI siècle (détail)


Beuvron- en- Auge


Beuvron- en- Auge

 

Beuvron- en- Auge

 

La chapelle Saint Michel de  Clermont-en-Auge

la chapelle Saint Michel de Clermont-en-Auge

 

Après Beuvron-en-Auge nous sommes allés visiter la chapelle de Clermont en Auge. Il faut laisser la voiture sur le bord de la route et prendre un petit sentier de randonnée au coeur d'un hétraie et de nombreuses autres espèces, frênes, charmes... Des arbres magnifiques. Une marche aisée et agréable. Nous sommes seuls ( au mois de Juin) dans ce sentier verdoyant et paisible qui domine la commune de Beuvron et offre un panorama sur toute la plaine de la vallée de Dives aux colline de Mont Pinçon, aux reliefs forestiers de l'Orne.

 

Sentier vers la chapelle de Clermont-en-Auge

 

la chapelle Saint Michel de Clermont- en -Auge

 La chapelle Saint Michel de Clermont-en-Auge est une chapelle romane construite au XII siècle par la famille de Pouchin, sires de Clermont-en-Auge jusqu'à la révolution. Simplicité dans ce merveilleux écrin de verdure !

 

la chapelle de Clermont en Auge

 

la chapelle de Clermont en Auge nef centrale

 


 


la chapelle de Clermont en Auge : La Vierge et l'enfant (XV )

 

la chapelle de Clermont -en- Auge La Statue de Saint Marcouf

 
la chapelle de Clermont-en-Auge : Statue de Saint Jean Baptiste

Cette statue est en pierre polychrome du XV siècle. Saint Jean Baptiste, le visage émacié, porte un agneau sur un livre. Manquent la main droite du saint, la tête de l'agneau, la tête du donateur qui figure à ses pieds.

lundi 16 septembre 2024

Normandie : Pont Audemer et l'exposition Adolphe Binet


Adolphe Binet : la Convalescente ou taches de soleil (1893) Musée des Beaux-arts de Rouen
 

Adolphe Binet : Convalescence (détail) le chien de l'artiste  Black


Pont-Audemer ses ruisseaux, ses maisons à Colombage

 

Pont-Audemer
 

Pont-Audemer est située dans le département de l'Eure en Normandie  dans le Val de la Risle, un affluent de la Seine. La ville est traversée par d'étroits canaux constitués par les bras de la Risle.

Pont-Audemer
 

 

Pont-Audemer
 

Pont-Audemer
 

 

Pont-Audemer

 

 L'église Saint Ouen

 

Pont-Audemer église de Saint Ouen

L'église saint Ouen n'a jamais été terminée. Elle présente différents styles roman, gothique et Renaissance. Ces  beaux vitraux du XVI siècle sont très riches.

 

Pont-Audemer église de Saint Ouen



Pont-Audemer montage de deux vitraux église Saint Ouen
 

Pont-Audemer église de Saint Ouen


 

Pont-Audemer église Saint Ouen

 

Pont-Audemer L'orgue de Saint Ouen
 

 

 Le musée Alfred Canel : Exposition Adolphe Binet, les dernières lueurs

 

Adolphe Binet : le vieux jardinier

C'est dans le musée Alfred-Canel qu'a lieu, dans le cadre du festival Normandie-Impressionnisme, l'exposition consacrée au peintre normand Adolphe Binet (1854-1897) et ceci jusqu'au 1er Décembre, l'exposition ayant été prolongée. Le musée est installé dans la demeure de l'écrivain normand Alfred Canel consacré à l'art et aux sciences et qui possède une bibliothèque d'archives.

Encore une belle découverte que ce peintre, Adolphe Binet dont l'oeuvre évolue du naturalisme au néo-impressionnisme au symbolisme. Dans le Vieux jardinier l'artiste joue avec les lumières comme il le fait avec un autre tableau La convalescente ou les taches de soleil, ou encore dans Avant le déjeuner, tableaux dont l'esthétique se rapproche de l'impressionnisme. Même dans ses oeuvres naturalistes on voit qu'il attache une grande importance aux variations de la lumière et à l'atmosphère en demi-teinte qu'elles créent. 

L'exposition est accompagnée de petits cartons qui expliquent bien chaque toile et l'évolution de l'artiste, ce dont je me sers pour commenter ces tableaux.

 

 Le vieux jardinier (détail) les jeux de la lumière et des taches d'or

A l’école des beaux-Arts de Paris, dans l’atelier de Jean-Léon Gérôme, Adolphe Binet a d'abord peint la ville de Paris en pleine transformation, la tour Eiffel en construction, la gare Saint-Lazare, les travaux pour l'exposition universelle qu’il traite dans une veine naturaliste.

 

Tailleurs de pierre pour pour l'exposition universelle de 1889

Mais Binet est aussi un observateur attentif de ses contemporains, il peint la bourgeoisie parisienne dans ses loisirs. Ainsi il s'intéresse particulièrement aux courses de chevaux, à ceux qui en vivent comme les jockeys, les propriétaires, les parieurs et tous les gens de la haute société qui fréquentent les champs de course ainsi que les milieux interlopes. (La pelouse ou quelques types d'amateurs)

 

Le paddock 1890

 

Adolphe Binet La pelouse ou quelques types d'amateurs 1890

 

A la façon d’Emile Zola, en littérature, la peinture naturaliste d’Adolphe Binet décrit le monde du travail. Originaire lui-même du monde paysan, du côté de sa mère, le peintre est attentif aux petites gens, aux ouvriers qu’il met en scène dans de grandes compositions destinées au Salon.

 

Adolphe Binet Le déjeuner des terrassiers (grande composition)

 

Adolphe Binet Le déjeuner des terrassiers(1888)
 

Le déjeuner des Terrassiers  est une grande composition dans le goût naturaliste qui décrit avec réalisme et précision les travailleurs, ici saisis dans un moment de repos. Mais Binet y introduit dès cette époque quelques détails qui annoncent son glissement, plus tard, vers le symbolisme et la spiritualité. La femme debout avec son chemisier constellé d'étoiles tenant l'enfant dans ses bras symbolise la Vierge Marie et Jésus. Les cheveux de ces deux personnages sont nimbés de lumière. Sur la droite, à côté du jeune garçon, assis en retrait, figure le chardon, fleur souvent présente dans l'oeuvre d'Adolphe Binet, qui symbolise les peines terrestres supportées par l'Homme.

 

Adolphe Binet Le déjeuner des terrassiers (détail)

Adolphe Binet Le déjeuner des terrassiers (détail) le chardon

 

 La peinture naturaliste à laquelle adhère Adolphe Binet retranscrit un monde en profonde mutation technique et humaine, ce qui  correspond aux  préoccupations du régime républicain en 1880.

 

Adolphe Binet: les chevaux de Halage


Adolphe Binet: les chevaux de Halage

 

De 1892 à 1896 Adolphe Binet peint une série de chevaux de Halage qui a pour cadre Lagny-sur-Marne. Le sujet est toujours le même mais le peintre varie ses points de vue, l'heure de la journée, et fixe les variations de lumière, les reflets dans l'eau, l'atmosphère qui s'en dégage et ceci dans une recherche tout à fait impressionniste. Ces tableaux sont aussi un hommage aux chevaux que le peintre, issu d'un milieu rural, aime beaucoup. Il choisit de montrer la beauté et la noblesse des hommes et des bêtes qui travaillent  plutôt que la dureté du métier.
 

Adolphe Binet :  Crépuscule

Crépuscule raconte le retour au logis des pêcheuses de crevettes après une journée de travail. Ce sont les femmes ( ou des vieillards et des enfants) qui pêchent les crevettes pour assurer la subsistance. Il s'agit d'un rude labeur et assez misérable. On le voit à la démarche pesante des personnages, les têtes baissées, les pieds nus et rougis par l'eau de mer, le bas des robes détrempées qu'une jeune fille cherche à essorer. Toute la scène est éclairée et colorée par les dernières lueurs du soleil couchant.



 

 A l'entrée de la demeure, près du muret, un chardon symbolisant la condition du travailleur.

 

Diptyque : la Leçon à la poupée, le déjeuner des poupées

 

Vivant à Paris l’année, Adolphe Binet retourne en Normandie tous les étés où il séjourne, avec son frère, dans la maison familiale à Saint-Aubin-sur-Quillebeuf. Une atmosphère sereine et lumineuse enveloppe les scènes qu’il réalise dans la sphère familiale. Ombres colorées, couleurs vives, touches presque pointillistes témoignent d’expériences néo-impressionnistes. Il est probable qu’Adolphe Binet ait côtoyé le groupe de Lagny (Maximilien Luce, Cavallo-Péduzzi et Léo Gausson).

Le Groupe de Lagny, formé en 1885 était composé de quatre néo-impressionnistes Émile-Gustave Cavallo-Péduzzi, Léo Gausson, Maximilien Luce et Lucien Pissarro, fils de Camille Pissarro).

Avant-gardistes, ils furent un temps, adeptes d'une technique dite le divisionnisme qui est plus connue sous le nom de pointillisme inventée par Georges Seurat. Ils travaillèrent ensemble et mettant en commun leur impression sur la technique. Ils peignaient principalement les berges de la Marne, le monde rural.

Ils organisèrent en 1889, le salon des Beaux-Arts à Lagny-sur-Marne jusqu'à sa disparition en 1907.

Ils furent rejoints dans cette technique par Édouard Cortès, Paul-Émile Colin et et Henri Lebasque (wikipédia)

 

Adolphe Binet : la leçon à la poupée
 

 Le peintre fait le portrait de sa nièce Marie jouant avec la poupée qu'il lui a apporté de Paris. Touche impressionniste des éclats de lumière et des ombres bleues.


Adolphe Binet : le déjeuner des poupées
 

 
 
Adolphe Binet : Avant le déjeuner
 

 
Adolphe Binet Avant le déjeuner


A partir des années 1890, Adolphe Binet représente souvent ses scènes dans les dernières lueurs du jour. Ces effets de lumière tantôt douce, tantôt incandescente sont remarqués par la critique et confèrent un caractère tout à fait original à son œuvre. Puis, ses tableaux glissent progressivement vers une voie plus mystique dans la mouvance du Symbolisme, courant artistique alors en plein essor.


Adolphe Binet : Marie- Madeleine

Adolphe Binet peint des sujets religieux qu’il ancre dans des scènes contemporaines comme cette Marie-Madeleine penchée sur le Christ.

  Curieuse Marie-Madeleine nue, penchée sur le corps de celui qui pourrait être Jésus mais qui est en même temps le cadavre d'un communard tué sur les barricades et à qui des hommes du peuple, ouvriers, rendent hommage. Manière de dire que Christ serait, à cette époque,  du côté des victimes de la répression sanglante de la Commune menée par Adolphe Thiers qui a fait 20 000 morts parmi les Communards  en 1871 ?

 La mort d'Adolphe Binet  en 1897 (à l’âge de 43 ans) ne  permet pas de savoir si le symbolisme de sa peinture était un essai ou une réorientation profonde de sa peinture.

 

Sur Pont-Audemer voir Miriam