L'hiver est arrivé.
Dimanche soir, la presse annonçait la neige dans certaines régions françaises et consacrait une émission aux sans abris, à la mortalité de ceux qui vivent dans des abris précaires ou tout simplement dans la rue, aux solutions toujours insuffisantes pour essayer de remédier à cet état de choses. De plus six français sur dix, nous dit-on, avouent avoir peur de tomber dans la précarité à la suite de la perte de leur emploi.
Ce soir, Lundi, la presse nous informe que le DAL (militants pour le droit au logement) est condamné à 12 000€ d'amende pour avoir installé un campement dans Paris et les Enfants de Don Quichotte se voient confisquer les tentes.
Douce France!
Je lisais justement cette après midi ce passage dans Les Soliloques du Pauvre écrit, il y a plus d'un siècle, par Jehan Rictus (1867-1933) pour "Faire enfin dire quelque chose à quelqu'un qui serait pauvre, ce bon pauvre dont tout le monde parle et qui se tait toujours".
Merd'! V'là l'hiver et ses dur'tés,
V'là l' moment de n' pus s' mettre à poils :
V'là qu' ceuss' qui tiennent la queue d'la poêle
Dans le Midi vont s' carapater!
V'là l' temps ousque jusqu'en Hanovre
Et d' Gibraltar au cap Gris-Nez,
Les Borgeois, l' soir vont plaind' les Pauvres
Au coin du feu... après dîner!
Et v'là l' temps ousque dans la Presse
Entre un ou deux lanc'ments d'putains,
On va r'découvrir la Détresse,
La Purée et les Purotains!
Et faut ben qu'ceux d' la Politique
Y s' gagn't eun' popularité!
Por, pour ça, l'moyen l' pus pratique
C'est d' chialer su' la Pauvreté.
Moi, je m' dirai : ""Quiens, gn'a du bon!"
L' jour où j' verrai les socialisses
Avec leurs z'amis Royalisses
Tomber de faim dans l' Palais-Bourbon.
Théophile Alexandre Steinlen