Pages

mercredi 27 juillet 2016

Festival OFF d'Avignon 2016 : Ca n’arrive pas qu’aux autres de Benoit Moret / Nicolas Martinez au théâtre Les Béliers



Tout est allé très vite. C’était un Mardi. Il était 20h. Ils étaient venus visiter cette maison.
Comment l’alchimie entre quatre personnages peut-elle transformer une simple visite immobilière en un véritable cauchemar ?
Revivez, comme si vous y étiez, la version intégrale non censurée de ce fait divers aussi drôle qu’improbable.
Nomination 2016 Molière
Révélation masculine pour Nicolas Martinez
Je suis allée voir Ca n’arrive pas qu’aux autres de Benoit Moret / Nicolas Martinez avec confiance étant donné toutes les bonnes critiques qui saluaient ce spectacle. Et effectivement la pièce commence bien avec un début surprenant, inattendu, qui provoque le rire.
Un couple de Parisiens un peu coincé vient visiter une maison en vente dans le Calvados. Ils sont reçus par les propriétaires qui vont, tout en dévoilant leurs secrets les plus intimes et leurs propres problèmes, s’immiscer dans leur vie, en révéler les failles et mettre à jour tous les non-dits des visiteurs.
Le couple qui reçoit est d’ailleurs assez inquiétant. La femme ne paraît pas tout à fait normale, le mari est en proie à un véritable délire paranoïaque et la violence paraît toujours prête à éclater. Le comique pourrait se doubler, aussi, d’un thriller. En effet, la TV annonce qu’un massacre a été perpétré dans un pavillon voisin.
Le thème est intéressant et fonctionne bien pendant un certain temps, d’autant plus que les personnages mis face à face sont d’un niveau social et d'une éducation différents! D'où un comique de contraste! Cette confrontation entre le prolétaire et le bourgeois BCBG pourrait aboutir, d’ailleurs, à une réflexion approfondie sur notre société. Malheureusement, il n’en est rien! A partir d’un certain moment, la pièce m’a paru déraper vers un comique lourd qui tourne à la farce « gore ». Les personnages deviennent caricaturaux. Quant à la piste du thriller, elle est assez vite désamorcée par la nouvelle de l’arrestation du coupable. C'est dommage! Donc, au final, j’ai été assez déçue!

Ki M'aime Me Suive

Coréalisation : Théâtre des Béliers
Interprète(s) : Ariane Boumendil, Pascale Oudot, Nicolas Martinez, Benoit Moret
Collaboration artistique : Benjamin Gauthier
Scénographie : Virginie Destiné
Chorégraphie : Karine Orts-Briançon
Costumes : Bénédicte Defitte
Lumières : Jean-Luc Chanonat
Ambiances sonores : Pierre-Antoine Durand

Festival Off d'Avignon 2016 : Le Cid de Corneille au théâtre Actuel





Après Cyrano de Bergerac, Jean-Philippe Daguerre et la troupe du Grenier de Babouchka nous offrent ici une version fougueuse du Cid et renouent avec tous les ingrédients qui ont fait leurs succès précédents: musique sur scène (violon, guitare, cajon...), combats d'épée et costumes flamboyants!

Le Cid interprété par la compagnie Le grenier de la Babouchka (j’aime ce nom!) est un beau moment de partage pour les grands-parents, parents et enfants! Il y avait, en effet, tous les âges dans la salle, venus assister à cette représentation d’un classique que les plus âgés connaissent par coeur pour l’avoir appris sur les bancs de l’école. Les plus jeunes, eux, manifestement, le découvraient avec beaucoup de plaisir. Et puis, c’est tellement rare de nos jours, avec les restrictions économiques qui taillent des coupes sombres dans le budget de la culture, d’avoir une troupe entière dans un spectacle du Off. Mais venons en .. à la pièce!

Et à la mise en scène de Jean-Philippe Daguerre! Celui-ci a pris le parti de pratiquer le mélange des genres et de faire du Cid une tragi-comédie. Cela peut choquer les puristes car le XVII siècle prône la séparation et la hiérarchisation des genres donc la supériorité de la tragédie sur la comédie. Mais depuis, Victor Hugo et le drame romantique sont passés par là et le théâtre élisabéthain avec Shakespeare nous a permis de nous y habituer. D’autre part, Corneille est aussi un auteur de comédies et rien de plus tragique, parfois, que le comique de Molière!
Don Fernand, roi de Castille, devient donc un personnage comique peut-être un peu forcé, me direz-vous, mais son personnage ainsi conçu est une charge contre le pouvoir absolu que Corneille n’aurait pu, bien évidemment, se permettre. Les autres personnages secondaires assez effacés jusqu’alors dans les représentations classiques que j’ai pu voir prennent de l’ampleur. Ainsi, Elvire, la suivante de Chimène devient une soubrette à la Molière, provoquant le rire avec son bon sens absolu lorsqu’elle admoneste sa maîtresse.
Dans cette mise en scène, Chimène et Rodrigue sont de très jeunes gens amoureux, fougueux, sincères, un peu ridicules parfois dans leurs effusions et leurs contradictions mais la charge reste légère et si l’on rit, c’est avec eux et non contre eux. Du coup, ils sont des personnages sympathiques et proches de spectateurs, débarrassés de la grandeur liée à la tragédie. Bien sûr, tout n’est pas parfait. On aimerait parfois plus d’intériorisation et de subtilités, moins de fougue donc, dans certains passages comme dans les stances de Rodrigue où l’on ne sent pas assez les doutes du jeune homme, ses atermoiements, son désespoir dans ce combat entre l’amour et l’honneur. Là, j’aurais eu envie de plus d’émotion! Mais les personnages restent touchants et émouvants et il en est de même pour l’infante. J’ai beaucoup aimé aussi l’affrontement entre Don Diègue et Don Gomès dont les interprètes sont excellents.
Si vous ajoutez à cela des combats à l’épée très bien réglés, de la musique sur scène (guitare, violon), de beaux costumes, vous comprendrez que ce spectacle est vraiment complet et réussi.


Compagnie Grenier de la Babouchka 
Le Cid Corneille
Interprète(s) : A. Bonstein, S. Dauch, M. Gilbert, J. Dionnet, K. Isker, M. Jeunesse, D. Lafaye, A. Matias, C. Matzneff, C. Mie, T. Pinson, S. Raynaud, Y. Roux, P. Ruzicka, E. Rouland, M. Thanaël
Metteur en scène : J-Ph Daguerre
Maître d'armes : C. Mie
Compositeur : P. Ruzicka
Costumière : V. Houdinière