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mercredi 29 juillet 2015

Caché dans son buisson de lavande Cyrano sentait bon la lessive compagnie basque Hecho en casa

Caché dans son buisson de lavande Cyrano sentait bon la lessive. photo Guy Labadens

Voici  un article avec lequel je terminerai mon festival 2015 qui fut un bon cru aussi bien dans le In que dans le Off, dans les spectacles pour les adultes comme pour les enfants. Je n’ai pas pu écrire sur tous mais je vais juste dire une petit mot sur Caché dans son buisson de lavande Cyrano sentait bon la lessive.



Vous connaissez peut-être le merveilleux album de Taï-Marc Le Thanh illustré par Rébecca Dautremer : Cyrano. Il s’agit d’un Cyrano qui n’est plus de Bergerac. Il est transposé au japon et adapté aux enfants. Les illustrations sont splendides avec les décors la ville, les costumes, les masques. Le récit y est conté simplement et en prose. Il s’agit d’une belle histoire d’amour qui montre aux enfants qu’il ne faut pas s’arrêter à l’apparence extérieure mais chercher, au-delà, la beauté intérieure. Ou plus simplement pour les tout-petits qu’il ne faut pas se moquer des autres car ils en souffrent beaucoup et qu’il faut savoir accepter la différence.


Cyrano illustré par Rébecca Dautremer

Le metteur en scène, Hervé Estebeteguy, de la compagnie basque Hecho en casa, adapte cet album au théâtre sous le titre qui est un extrait du texte : Caché dans son buissons de lavande Cyrano sentait bon la lessive. 
 
Caché dans son buissons de lavande Cyrano sentait bon la lessive.  photo Guy Labadens

Il s’agit d’un spectacle d'un grande beauté qui compte parmi mes préférés et que Léonie, ma petite fille, (5 ans) a bien aimé. Le titre, d'ailleurs, l'a beaucoup amusée et nous avons lu l'album ensemble avant d'assister à la représentation. 
 Les costumes, de splendides kimonos, les masques, la chorégraphie épurée et stylisée nous transportent dans le Japon ancien.  C'est un régal pour les yeux. De jolies inventions de mise en scène, pleines de poésie, montrent les conteuses, jardinières qui font pousser des plantes et des histoires avant de devenir les personnages de la pièce. Peut-être peut-on reprocher une certaine froideur dans l’expression des sentiments car tout est en retenue. Pour ma part, j’aurais aimé ressentir un peu plus d’émotion au dénouement.  Un beau spectacle à voir  absolument malgré cette remarque.

Récapitulation spectacle enfants

NINI (5 ans) dans l’ordre de ses préférences (14 spectacles, 15 représentations)

  Son top 3   
                                                                    
1 Molière dans tous ses éclats
2 Qanta                                                         
3 La sorcière la Trouille

Parmi ses préférés
 
4 Ninika (vu deux fois)
5 Le chat botté
6 Cyrano
7 Un bon petit diable

 
Ceux qu'elle a bien aimés

8 Mozart (vu dans de mauvaises conditions)
9 Momart
10 Vagabundo 
: Nini a trouvé l'histoire trop triste; un beau spectacle pourtant!
11 Augustin pirate

Ceux qu'elle n'a pas aimés
 
12 Peau d’âne (le texte de Perraut est difficile et le prologue en vers trop long et pas assez mis en action pour un enfant de cet âge) Mais le spectacle a des qualités.
13 voyage au centre la terre : à partir de 7 ans, pas de son âge et puis on ne voyait pas assez les dinosaures (elle y était allée pour eux!)


14  Index  un spectacle Hip hop qui l'a beaucoup déconcertée, elle qui n'a vu que des classiques et un peu de contemporain. Mais je ne désespère pas de lui faire aimer ce style de danse qui était interprétée  par la compagnie Pyramid au théâtre Golovine d'une manière éblouissante et avec beaucoup d'humour. Il fait partie pour ma part de mon top 3 avec tout de suite après Molière dans tous ses éclats et Cyrano.

 


Sa grand mère 13 représentations

Mon top 3 :

1 Ninika (billet ici)
2 Vagabundo (billet ici)
3 Index (voir ci-dessus)

Parmi mes préférés
 
4  Molière dans tous ses éclats (billet ici)
5 Cyrano (billet)

Ceux que j'ai bien aimés

6 Mozart vu dans de mauvaises conditions (billet)
7 la sorcière La Trouille ( billet)


8 Peau d’âne En hommage au film de Demy les comédiens chantent des chansons issues du film.
Une très belle idée pour les trois robes, du jour, de la lune et du soleil :   un tissu blanc sur lequel sont projetées des vidéos du temps, de la nuit, du soleil, des lumières changeantes ...






Ceux pour lesquels je n'ai pas tout aimé


9 Qanta  ou la terrible histoire de Lulu Schödringer : de beaux décors; je n'aime pas les chansons.
 









10 Voyage au centre de la terre : de bons moments mais des passages parfois ennuyeux pas assez théâtralisés.
11 Un bon petit diable

Ceux que je n'ai pas aimé

12 Le chat botté : une mise en scène tirée vers la farce qui plaît beaucoup aux enfants mais ne présente aucune poésie, aucun éclairage du sens. Le conte traditionnel est un récit d'initiation :  quand le metteur en scène conçoit les personnages comme des imbéciles qui n'évoluent pas, du début à la fin,  il perd le sens du conte et manque de finesse et de discernement. Certes, la pièce fait rire le jeune public mais ne lui apporte rien.
 
13 Momart : une histoire de l'art très mauvaise, un niveau amateur.
 



Fugue de Samuel Achache festival In d'Avignon

Fugue de Samuel Achache : le cloître des Célestins sous la "neige".

Ce jour-là il fait jusqu’à 45°dans les rues d’Avignon et quand j'arrive au cloître des Célestins pour assister au spectacle de Samuel Achache : Fugue, la température avoisine encore le 40° même à 22H. Enfin installée dans ce lieu qui est l'un des plus beaux du festival In, je relis les notes du metteur en scène :
   
 À partir d'une forme musicale existante et ancienne, la fugue, le spectacle du même nom en dissèque les principes pour en révéler le squelette. L'histoire évidemment musicale, peut être même opératique, s'appuie sur la question de l'accord et du tempérament de Pythagore. Son paradoxe : le cycle de quintes qui le fonde est impossible à clore. Un comma manque à la dernière. Le rapport mathématique est parfait et pourtant, dans son application, le cycle se décale en spirale. Pour incarner cette question, s'en amuser et peut-être en résoudre l'impossible harmonie, les musiciens comédiens chanteurs réunis par Samuel Achache mêlent leurs voix, comme les sujets et les contre-sujets d'une fugue, et se penchent sur les notions d'accord et de malentendu.

Accablée par la chaleur, le découragement me gagne : mais qu’ai-je fait? Pourquoi avoir choisi ce spectacle s’il faut sortir de polytechnique pour le comprendre!

Fugue de Samuel Achache : en plein pôle sud
 Entrent les comédiens : gros pull, anorak, bonnet, gants, écharpe, fourrure.. Et là, je comprends que la surface blanche de la scène n’est pas faite de graviers comme je le croyais mais de glace et de neige. Le froid s’intensifie. Nous sommes au pôle sud, les hommes creusent la calotte glaciaire pour découvrir un lac située à des profondeurs insoupçonnées. La vie s’organise à l’intérieur de la petite base rudimentaire où travaillent les scientifiques. Les situations les plus farfelues se déroulent sur scène. Les explorateurs affrontent le blizzard, se perdent dans les grandes étendues arctiques, se disputent, noient leur doute dans l’alcool, rencontrent des pingouins, disparaissent dans des trous. Nous sommes en pleine farce et les comédiens sont d’un comique inénarrable. Le burlesque à la Keaton est irrésistible de drôlerie surtout dans la scène de la baignoire qui est un véritable moment d’anthologie théâtrale, l’apothéose!

Fugue Samuel Achache : la fameuse scène de la baignoire (source)
Et la musique dans tout cela? On y vient, on y vient, les comédiens sont musiciens et chanteurs, ils interprètent de la musique baroque entre les péripéties mouvementées de leur vie trépidante. Et s’il y a manque d’accord et dissonance c’est surtout dans les rapports humains : le chef traite le stagiaire avec hauteur, toujours sur le mode comique, la scientifique ne lui adresse pas la parole et ratiocine et pontifie même dans ses rapports amoureux..
Quelques petites remarques critiques, cependant. Il m’a semblé que le rythme, après cette fameuse scène de la baignoire ralentissait et parfois piétinait un peu (au moment où ils boivent ensemble par exemple), des idées sont abandonnées en cours de route  et c’est dommage (l’amoureux mort dont la scientifique ne peut se débarrasser) et j’aurais apprécié que les rapports humains soient peut-être un peu plus méchamment accentués sans abandonner le mode de la farce, bien sûr.
Mais ne boudons pas notre plaisir! J’ai aimé cet humour iconoclaste qui vient secouer le discours parfois un peu trop sérieux du In. J’ai aimé que le metteur en scène et ses comédiens soient en plein délire et provoquent ainsi l’hilarité des spectateurs. Ce spectacle musical est très inventif et très drôle.

Mise en scène Samuel Achache

Collaboration Sarah Le Picard

Direction musicale Florent Hubert

Scénographie Lisa Navarro, François Gauthier-Lafaye

Lumière Viara Stefanova, Maël Fabre

Costumes Pauline Kieffer avec l'aide de Dominique Fournier

Arrangements musicaux collectifs
De et avec Vladislav Galard, Anne-Lise Heimburger, Florent Hubert, Léo-Antonin Lutinier, Thibault Perriard et Samuel Achache