Fugue de Samuel Achache : le cloître des Célestins sous la "neige". |
Ce jour-là il fait jusqu’à 45°dans les rues d’Avignon et quand j'arrive au cloître des Célestins pour assister au spectacle de Samuel Achache : Fugue, la température avoisine encore le 40° même à 22H. Enfin installée dans ce lieu qui est l'un des plus beaux du festival In, je relis les notes du metteur en scène :
À partir d'une forme musicale existante et ancienne, la fugue, le spectacle du même nom en dissèque les principes pour en révéler le squelette. L'histoire évidemment musicale, peut être même opératique, s'appuie sur la question de l'accord et du tempérament de Pythagore. Son paradoxe : le cycle de quintes qui le fonde est impossible à clore. Un comma manque à la dernière. Le rapport mathématique est parfait et pourtant, dans son application, le cycle se décale en spirale. Pour incarner cette question, s'en amuser et peut-être en résoudre l'impossible harmonie, les musiciens comédiens chanteurs réunis par Samuel Achache mêlent leurs voix, comme les sujets et les contre-sujets d'une fugue, et se penchent sur les notions d'accord et de malentendu.
Accablée par la chaleur, le découragement me gagne : mais qu’ai-je fait?
Pourquoi avoir choisi ce spectacle s’il faut sortir de polytechnique
pour le comprendre!
Fugue de Samuel Achache : en plein pôle sud |
Entrent les comédiens : gros pull, anorak, bonnet, gants, écharpe, fourrure.. Et là, je comprends que la surface blanche de la scène n’est pas faite de graviers comme je le croyais mais de glace et de neige. Le froid s’intensifie. Nous sommes au pôle sud, les hommes creusent la calotte glaciaire pour découvrir un lac située à des profondeurs insoupçonnées. La vie s’organise à l’intérieur de la petite base rudimentaire où travaillent les scientifiques. Les situations les plus farfelues se déroulent sur scène. Les explorateurs affrontent le blizzard, se perdent dans les grandes étendues arctiques, se disputent, noient leur doute dans l’alcool, rencontrent des pingouins, disparaissent dans des trous. Nous sommes en pleine farce et les comédiens sont d’un comique inénarrable. Le burlesque à la Keaton est irrésistible de drôlerie surtout dans la scène de la baignoire qui est un véritable moment d’anthologie théâtrale, l’apothéose!
Fugue Samuel Achache : la fameuse scène de la baignoire (source) |
Et la musique dans tout cela? On y vient, on y vient, les comédiens sont musiciens et chanteurs, ils interprètent de la musique baroque entre les péripéties mouvementées de leur vie trépidante. Et s’il y a manque d’accord et dissonance c’est surtout dans les rapports humains : le chef traite le stagiaire avec hauteur, toujours sur le mode comique, la scientifique ne lui adresse pas la parole et ratiocine et pontifie même dans ses rapports amoureux..
Quelques petites remarques critiques, cependant. Il m’a semblé que le rythme, après cette fameuse scène de la baignoire ralentissait et parfois piétinait un peu (au moment où ils boivent ensemble par exemple), des idées sont abandonnées en cours de route et c’est dommage (l’amoureux mort dont la scientifique ne peut se débarrasser) et j’aurais apprécié que les rapports humains soient peut-être un peu plus méchamment accentués sans abandonner le mode de la farce, bien sûr.
Mais ne boudons pas notre plaisir! J’ai aimé cet humour iconoclaste qui vient secouer le discours parfois un peu trop sérieux du In. J’ai aimé que le metteur en scène et ses comédiens soient en plein délire et provoquent ainsi l’hilarité des spectateurs. Ce spectacle musical est très inventif et très drôle.
Mise en scène Samuel Achache
Collaboration Sarah Le Picard
Direction musicale Florent Hubert
Scénographie Lisa Navarro, François Gauthier-Lafaye
Lumière Viara Stefanova, Maël Fabre
Costumes Pauline Kieffer avec l'aide de Dominique Fournier
Arrangements musicaux collectifs
De et avec Vladislav Galard, Anne-Lise Heimburger, Florent Hubert, Léo-Antonin Lutinier, Thibault Perriard et Samuel Achache
De la détente, de l'humour! Il nous en faut à tous.
RépondreSupprimerCela fait du bien, en effet!
Supprimercela avait l'air d'être vraiment un très bon moment!
RépondreSupprimerTout à fait loufoque, délirant! ce que l'on a pu rire!
RépondreSupprimerAh oui, ça doit faire du bien un spectacle hilarant. La majorité a l'air plutôt très sombre.
RépondreSupprimerC'est vrai! Pour les spectacles que j'ai vus en tout cas!
SupprimerJe suis allée le voir hier soir, avec des températures plus "raccord" à l'extérieur du théâtre... Nous nous sommes bien amusés, et avons constaté comme toi un petit essoufflement à la fin.
RépondreSupprimerOui c'est dommage pour le rythme, mais on s'amuse bien malgré tout!
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