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lundi 30 novembre 2015

De quelques peintres vénitiens et de quelques romans qui parlent d'eux (2)

Le Titien

Le Titien (1488_1576)

Le Titien : La Vénus d'Urbino (détail) 1538 une de ses  oeuvres les plus célèbres

Tiziano Vecelli dit Le Titien, d'abord influencé par Giorgione, acquiert la maîtrise de son art qu'il mène à son apogée au début du XVI siècle en soulignant l'importance à la couleur et à la lumière. En 1529 il devient le peintre officiel de la république de Venise.


Le Titien : La présentation de Marie au Temple

Le Titien  La présentation de Marie au temple 

Le Titien : L'homme à la manche bleue

Véronèse (1528_1588)

 Véronèse :  Le repas de Levi (détail)

Paolo Calieri est né à Vérone en 1528 d'où son surnom de Véronèse. Il a étudié la peinture dans sa ville de naissance avant de venir Venise où il s'impose comme un des grands noms du cinquecento à côté du Titien et du Tintoret. Il décore de fresques les grands palais et villas de Venise et se rend célèbre pour ses grandes compositions en trompe-l'oeil et ses talents de coloriste. Les noces de Cana, un de ses tableaux les plus célèbres, est exposé au Louvre.
Le vert véronèse : Véronèse utilise ce vert très particulier qui tire sur le jaune et qui était fabriqué à l'origine à partir d'arséniate de cuivre  qui est un poison très dangereux.

Véronèse (détail)
Véronèse : les noces de Cana


 Tintoret (1518-1594)

Jacopo Robusti est né à Venise vers 1518. Il est appelé Il Tintoretto car son père a été teinturier sur tissu de soie et de velours.  Le Titien a été son maître mais trente années le séparent de lui. Il joue dans ses oeuvres sur les forts contrastes entre obscurité et lumière et est considéré pour cela comme le précurseur  de Rembrandt.

Tintoret (1518-1594): La Cène

Giovanni Battista Tiepolo (1696-1770) et son fils 

Giandomenico Tiepolo(1727-1804 )

Giovanni Tiepolo est un des plus grands artistes du XVIII siècle. Il est l'auteur de grandes compositions allégoriques  ou religieuses qui allient  le mouvement, le sens du théâtre, l'hyperbole.

Son fils Giandomenico Tiepolo après avoir imité les oeuvres grandiloquentes de son père se tourne vers des compositions plus sobres en peignant des scènes plus réalistes. Giandomenico était moins célèbre que son père Giambattista, mais personnellement c'est celui des deux que je préfère.

Venise Giovanni battista Tiepolo : 1696-1770 Le sacrifice d'Isaac Plais des Doges
Giovanni Battista Tiepolo : 1696-1770 Le sacrifice d'Isaac Palais des Doges

Giamdomenico Tiepolo : 1727-1804  Polichinelles et acrobates

  
Giandomenico Tiepolo  : La fresque du Monde Nouveau


Giovanni Antonio Canal dit Canaletto (1697-1768)

Canaletto ; Le palais des Doges

Giovanni Antonio Canal dit Le Canaletto naît dans la paroisse de San Lio, près du Rialto. Il est fils d'un artiste vénitien, Bernardo Canal, peintre de scénographies et de décors de théâtre. C'est d'abord dans l'atelier de son père qu'il apprend la peinture. Il va se spécialiser dans les panoramas urbains de Venise (vedute), de Rome, d'Angleterre. Il est avec Guardi un des maîtres du védutisme. Il allie à un sens aigu de l'observation, un goût pour la composition géométrique nette et précise. j'ai vu l'été dernier l'exposition d'Aix en Provence qui lui était consacrée ICI

Canaletto : La place Saint Marc

 

Pietro Longhi (1701-1785)

Pietro Longhi La leçon de géographie

Pietro Longhi  s'est intéressé à la vie quotidienne des vénitiens dans une intention morale et satirique. C'est pourquoi son nom est souvent associé à Goldoni.  Ses tableaux réalistes peignent l'intérieur de des maisons riches, nobles  et nous donnent un aperçu de ce qu'il s'y passe : leçon de danse, de géographie,  concerts, fiançailles, mariage. Les classes inférieures ne sont pas exclues : l'arracheur des dents, les prostituées..

Pietro Longhi (1701-1785) Le rhinocéros
Pietro Longhi (1701-1785) Il ridotto la maison de jeu

Francesco Guardi (1712-1793)

Francesco Guardi : Piazza San Marco la tour de l'Horloge et la cathédrale
Francesco Guardi : Piazza San Marco
Francesco Guardi est un  des maîtres du védutisme (de vedeta : peinture de paysage urbain)  et de Venise avec Canaletto. Son style est moins froid et moins géométrique que celui de Canaletto, les couleurs sont plus chaudes, les lumières plus diffuses.

(1712-1793)

Guardi : La place San Marco

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Roman lu et commenté ICI Claude Delerme La bulle de Tiepolo (Il s'agit de Giandomenico)

Dans La bulle de Tiepolo Philippe Delerm met en scène deux personnages, une Vénitienne, Ornella Malese, écrivain en visite à Paris pour la promotion de son livre et  Antoine Stalin, parisien, historien de l'art. Tous deux vont être réunis par le tableau d'un artiste peu connu, découvert dans une brocante. Antoine hésite à l'acquérir séduit par la qualité de l'oeuvre et Ornella l'achète pour des raisons que nous découvrirons plus tard. Tous deux sont à un moment difficile de leur vie : Antoine a perdu sa fille et sa femme dans un accident de voiture et il ne s'en remet pas. Ornella complètement déboussolée, devenue subitement célèbre, s'interroge sur les raisons de son succès et sur sa vocation d'écrivain!
Antoine n'aime pas Venise mais lorsque la directrice de sa revue d'art lui donne l'occasion de partir pour travailler sur Il Mondo Nuovo, une fresque de Giandomenico Tiepolo, il n'hésite pas!
 

Roman que j'aimerais lire :  Le Testament du Titien d'Eva Prud'Homme 

Dans la Venise du XVIe siècle ravagée par la peste, Virgile Preudhomme et son ami Pierre assistent par hasard à l'agonie de Tiziano Veccellio, dit le Titien, l'illustre peintre presque centenaire, qui leur confie un secret : dans l'une de ses toiles il a immortalisé le plus horrible des meurtres.
...... l'auteur nous entraîne à travers une poursuite policière haletante dans une succession de péripéties rocambolesques où l'amour côtoie les plus noirs desseins.   

Roman lu et commenté ICI : Le Turqueto de Metin Arditi

Le Turquetto de Metin Arditi nous fait voyager dans l'espace, de Constantinople à Venise, et dans le temps pendant la Renaissance au début du XVI ème siècle. Nous suivons les aventures d'un jeune garçon, Elie Soriano d'origine juive qui vit à Constantinople. Son père et Arsinée qui lui tient lieu de mère sont tous deux des vendeurs d'esclaves. Passionné par le dessin, Elie sait que sa religion lui interdit la représentation figurative. Aussi à la mort de son père, il s'enfuit et gagne Venise où il se fait passer pour chrétien. Ses talents exceptionnels lui permettent d'entrer dans l'atelier du Titien et bien vite d'égaler son maître voire de le surpasser. Elie surnommé le Turquetto devient le peintre le plus couru de Venise et réalise de magnifiques tableaux pleins de sensibilité. Hélas! toutes ces oeuvres seraient promises au bûcher et lui-même condamné à mort si l'on découvrait qu'il est juif! 


BD à découvrir (à partir de 9 ans) L'or du vénitien : Le peintre Jacopo Robusti, dit le Tintoret, et son assistant Sebastian Casser Album
Basé sur le testament d’Ottavia Robusti, la fille du Tintoreto, qui atteste de son mariage avec le « peintre capable » Sebastian Casser, cette Bande Dessinée raconte de façon romanesque la vie d’une garçon vacher qui quitte son village du sud de l’Allemagne actuelle, pour devenir, à Venise, apprenti du Tintoret. Les dix dernières pages de l’album constituent une partie documentaire rédigée par Christina Buley-Uribe, pour mieux comprendre ce qui a été évoqué dans l’histoire qui vient de nous être racontée.
Les dessins, à la manière de gravures est dynamique, et l’histoire rondement menée, bien que l’on puisse déceler des failles, font de cet album un livre agréable à parcourir. Mais la vie de ce Sebastian Casser étant un immense mystère (de lui on sait très peu de choses), cela pouvait permettre toutes les fantaisies. C’est fait de façon intelligente. Voir suite ici.



Si vous connaissez d'autres oeuvres qui se rapportent à des peintres vénitiens, n'hésitez pas à me donner des titres! 



dimanche 29 novembre 2015

De quelques peintres vénitiens et de quelques romans qui parlent d'eux (1)


Giovanni Bellini

Les peintres vénitiens sont nombreux si bien que je ne citerai ici que ceux que je connais bien pour les avoir maintes fois rencontrés dans les musées, à Venise, en Italie ou ailleurs, ou dans les livres.
Je vous parlerai aussi des romans que j'ai lus ou que j'aimerais lire à propos de ces peintres.

Giovanni Bellini (1425-1516) et son frère Gentile Bellini (1429_1507)

La Vierge et l'enfant Jésus entourés de Saintes

Les frères Bellini, fils du peintre Jacopo Bellini, fondent un atelier à Venise. Giovanni Bellini rompt avec le style gothique et est considéré comme le chef de file de l'école vénitienne. Il se tourne vers la peinture à l'huile et apporte de profonds bouleversements dans l'art européen. G. Bellini est à la fois imprégné par l'art byzantin et l'art flamand très présents à Venise et il subit l'influence de Mantegna qui était son beau-frère. J'aime ce moment de la peinture où les personnages, cessent d'être icônes pour devenir humains; j'aime cette invention du portrait réaliste qui représente vraiment la personne peinte mais en conservant encore quelque chose de hiératique hérité de l'art byzantin, beauté, noblesse et fierté.  Bref! j'aime beaucoup ce peintre qui est un de mes favoris! Au cours de cette première Renaissance, au début du XV siècle, où seuls les nobles riches et puissants se faisaient portraiturer, Giovanni devient  le peintre officiel de la Serenissime en 1483. Il est aussi le maître de nombreux peintres qui travaillent avec lui dans ses ateliers, en particulier le Giorgione et le Titien sur lesquels il exerce une grande influence.

Giovanni Bellini  peintre vénitien, chef de file de la première  renaissance vénitienne: la présentation de Jésus au temple
Giovanni Bellini : la présentation de Jésus au temple
Giovanni Bellini le doge Loredan  (1425 ?-1516)
Giovanni Bellini (1425 ?-1516) : femme à sa toilette (détail)

Gentile Bellini, frère de Giovanni Bellini : Portrait d'un jeune homme (1429_1507)
Gentile Bellini : Portrait d'un jeune homme (1429_1507)

Vittorio Carpaccio (1465_1526)

VVVenise Musée de l'Académie Légende de Saint Ursule : arrivée des pèlerins (détail)
Légende de Saint Ursule : arrivée des pèlerins (détail)
J'ai une longue histoire d'amour avec le Carpaccio après avoir découvert son Saint George terrassant le dragon quand j'étais ado dans la scuola San Giorgio degli Schavioni.  j'aime qu'il raconte des histoires comme il le fait pour La légende de Sainte Ursule au musée de l'Académie, j'aime le mélange de réalisme et de naïveté de ses peintures, j'aime quand qu'il ancre ses tableaux dans Venise et sa vision de la cité et des vénitiens à cette époque, son sens de la précision et des détails qui fait de chacun de ses tableaux un témoignage historique.
Carpaccio (1460_1526) Le miracle de la relique de la Sainte Croix

Carpaccio (1460_1526) Venise Le miracle de la relique de la Sainte Croix (détail) le pont en bois ancêtre du pont du Rialto
Carpaccio (1460_1526) Le miracle de la relique de la Sainte Croix (détail)
Détail du pont en bois qui deviendra le Pont du Rialto quand il sera rebâti en dur. Il un pont levis en son centre pour permettre le passage des mâts des bateaux dans le Grand canal.

Vittorio Carpaccio : Les deux vénitiennes

Giorgione (1477_1510)

Giorgione :Les trois âges de l'homme

 Giorgione  représente, avec le Titien, un tournant : celui du XVI siècle, qui amène à une autre manière de peindre que Vasari a appelé la "maniera moderna" à la Michel Ange, Léonard de Vinci et Raphaël. Disciple de Bellini,  Giorgione a  été le maître du Titien avant de devenir son rival. Il peut peindre des portraits très réalistes comme Il Vecchia ou mystérieux, pleins de symboles comme La Tempête.

Giorgione (1477_1510) La tempête
Giorgione (1477_1510) Il Vecchia portrait de la mère du peintre


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ROMANS

Carpaccio 

Un essai que j'aimerais lire : L'ennui de deux vénitiennes du Carpaccio de Eduoard Dor

Mais qui sont donc ces deux Vénitiennes? Deux prostituées attendant le client? Deux aristocrates prenant le frais sur leur terrasse? Cette œuvre du plus " intellectuel " et du plus mystérieux des peintres de la Renaissance, Vittore Carpaccio, a été considérée comme "le plus beau tableau du monde " et a, entre autres, séduit Marcel Proust. Ce que l'on sait c'est que ce tableau n'est, en fait, que l'une des parties d'une composition beaucoup plus grande dont un autre morceau a été retrouvé... en Californie et dont d'autres existent encore quelque part dans le monde ! Ce que tente ce court essai c'est d'imaginer ce que pouvait être cette composition dans son ensemble et qui sont ces deux femmes, en essayant notamment de comprendre où va leur regard... sans doute beaucoup plus loin qu'on ne l'a pensé et écrit jusque-là.

Giorgione

Roman lu et commenté ICI  : La Tempête de Juan Manuel de Prada

Si j'ai choisi ce roman de Juan Manuel de Prada, c'est pour la référence à l'oeuvre du Gorgione qui allait m'amener inévitablement à Venise! Bingo!  Je suis arrivée dans la Serinissime en plein mois de Janvier avec  Alejandro Ballesteros, universitaire espagnol, qui a "dilapidé sa vie", dit-il, à l'exégèse de ce tableau. Une fois sa thèse finie, Ballesteros se rend à Venise pour voir l'oeuvre. Enfin! A peine parvenu dans sa chambre d'hôtel, il téléphone, impatient, au directeur du musée de l'Accademia, Gilberto  Gabetti qui doit lui servir de cicerone et lui donner son avis de spécialiste sur sa thèse. Mais voilà que, de sa fenêtre, il assiste en direct à un meurtre.

Roman Lu et commenté ICI  : Claude Chevreuil : Les Mémoires de Giorgione

Dans les Mémoires de Giorgione, Claude Chevreuil raconte, à partir des quelques données biographiques glanées dans la Vie des meilleurs peintres, sculpteurs, architectes, de Vasari, la vie  du grand peintre vénitien, Giorgio de Castelfranco, plus connu sous le pseudonyme de Giorgione : Le Grand George, l'unique, le seul.
On sait peu de choses sur ce  peintre qui reste, à la fois par sa vie et par ses oeuvres, l'un des plus mystérieux de la Renaissance. D'origine modeste -ses parents sont paysans- il est né près de Venise à Castelfranco, vraisemblablement en 1477. Il est mort de la peste en 1510 au moment où il atteignait la pleine maîtrise de son art à l'âge de 33 ans.



 Encore un roman que j'aimerais lire : Les maîtres mosaïstes de George Sand

Que diriez-vous de faire un voyage à Venise ? Pas la Venise d'aujourd'hui, grouillante de touristes malappris et de deux roues pétaradants ! Non, la Venise triomphante du milieu du 16e siècle, celle des arts florissants et de la "dolce vita".
Imaginez-vous, en cette fin de chaude journée de printemps, flânant dans le quartier Saint-Marc, favori des Dieux… Vous traversez sa place immense et majestueuse ébloui(e) par l'architecture resplendissante… Puis vous vous dirigez tranquillement vers la basilique, et vous pénétrez alors, dans le Cœur de Venise…
Vous déambulez maintenant dans l'édifice, ému(e) par tant de magnificence… Mais soudain, des voix venues du ciel vous sortent de votre contemplation… Ça chante, ça crie, ça s'interpelle !
Très joli roman sur les artistes et les jalousies entre les arts et les artistes. Sand l'a écrit pour son fils Maurice, adolescent, on peut le lire dès 12/13 ans.
Citation : « La plus ardente des jouissances humaines, c'est l'amour ; la plus sensible, c'est l'amitié ; la plus âpre, c'est en effet la gloire. Mais qui dit âpre dit poignant, terrible et dangereux. »
Considéré par André Maurois comme un des meilleurs romans de George Sand, Les Maîtres Mosaïstes, roman vénitien, tout de charme et de vivacité, est aussi un texte d'histoire de l'art qui met en scène la querelle et le procès opposant deux ateliers de mosaïstes à Venise, en 1563. Le récit et les théories esthétiques sont intimement liés, l'argument principa portant sur la liberté de création, et d'interprétation du mosaïste par rapport au peintre qui donne le carton de la composition. En filigrane, apparaissent également les préoccupations esthétiques de l'entourage de George Sand.



samedi 28 novembre 2015

Théophile Gautier : Variations sur le carnaval de Venise, poésie, peinture et musique


Giandomenico Tiepolo : Carnaval de Venise

Variations sur le Carnaval De Venise de Théophile Gautier

Monet
Sur les Lagunes
" Tra la, tra la, la, la, la laire ! "
Qui ne connaît pas ce motif ?
A nos mamans il a su plaire,
Tendre et gai, moqueur et plaintif

L'air du Carnaval de Venise,
Sur les canaux jadis chanté
Et qu'un soupir de folle brise
Dans le ballet a transporté ! 

Renoir : la gondole

Il me semble, quand on le joue,
Voir glisser dans son bleu sillon
Une gondole avec sa proue
Faite en manche de violon. 

Véronèse

Sur une gamme chromatique,
Le sein de perles ruisselant,
La Vénus de l'Adriatique
Sort de l'eau son corps rose et blanc.

Les dômes, sur l'azur des ondes
Suivant la phrase au pur contour,
S'enflent comme des gorges rondes
Que soulève un soupir d'amour. 

Monet : Venise

L'esquif aborde et me dépose,
Jetant son amarre au pilier,
Devant une façade rose,
Sur le marbre d'un escalier. 

Turner

Avec ses palais, ses gondoles,
Ses mascarades sur la mer,
Ses doux chagrins, ses gaîtés folles,
Tout Venise vit dans cet air. 

La Venise de Canaletto

Une frêle corde qui vibre
Refait sur un pizzicato,
Comme autrefois joyeuse et libre,
La ville de Canaletto ! »
 
Théophile Gautier - Émaux et Camées


 Le carnaval de Venise de Francisco Tarrega


Francisco Terraga : 

Guitariste et compositeur espagnol (1852_1909)

L'interprète

Emmanuel Rossfelder (né en 1973) est un guitariste classique français. Débute la guitare à l'âge de 5 ans, il commença la guitare en étant l'élève de Raymond Gellier. A l'âge de 8 ans il entre au Conservatoire de musique d'Aix en Provence dans les classe de Bertrand Thomas. À 14 ans il obtient la médaille d'or du conservatoire d'Aix-en-Provence et devient élève d'Alexandre Lagoya au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris. Il est alors le plus jeune guitariste à intégrer les classes du maître Alexandre Lagoya. A seulement 18 ans il obtient son prix du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. En 2004, il est nommé Révélation soliste instrumental de l'année des Victoires de la musique classique.



mercredi 11 novembre 2015

Venise : Instants parfaits

Venise : façades typiques

Au cours du mois italien d'Eimelle, en Octobre, Albertine a publié un billet sur les instants parfaits vécus en Italie que vous pouvez lire ICI :

" Dans la vie, il y a des "instants parfaits" où l'on se sent pleinement exister, animé de l'idée qu'on est exactement au bon endroit au bon moment. L'Italie est le pays qui m'a offert le plus de ces parenthèses enchantées, de celles que la mémoire peut reconstituer dans les moindres nuances. Je vous en dévoile un, et puis ce sera votre tour..."

Je me suis souvenue avoir rédigé un texte sur le même thème; il a disparu de mon blog à l'occasion de son transfert. Certes, il s'agit de prose mais j'espère que Asphodèle l'acceptera pour son jeudi poétique;  elle, qui nous a demandé de rédiger nous-mêmes notre texte pour Jeudi 12 Novembre.  

Voici deux instants parfaits à Venise, une ville qui a vite fait de vous retourner le coeur et la tête et de vous emporter au loin. Mais il y en a bien d'autres, je pourrais être intarissable sur ces instants priviligiés en Italie et vous?

Le nouveau Monde (1961)

Venise : un canal
Le premier souvenir remonte à mon adolescence et à ma première visite à Venise. Le soir de notre arrivée, ma mère et moi, nous partons vers la place San Marco. Nous sommes logées loin du centre, près de la gare, et nous prenons plaisir à nous perdre dans ces ruelles qui s'arrêtent brusquement sur des corti, petites places presque fermées sur elles-mêmes, ou sur des campielli à la Goldoni avec leurs maisons aux crépis rouges ou ocres qui s'effritent, leurs façades qui regardent vers l'intérieur, leurs  hautes cheminées à la Carpaccio. C'est un véritable plaisir, ce cheminement dans ces petites calli obscures qui s'étranglent et qui de solides se terminent en chemins liquides. Et puis cette succession de ponts en dos d'âne qui nous transforment en petits chèvres des montagnes, escaladant, descendant, encore et encore!
Mais rien, aucune photographie, aucun film, aucun récit, rien, ne peut préparer à la rencontre d’une telle beauté quand on débouche pour la première fois sur la place San Marco. Dans la semi-obscurité qui peu à peu enveloppe la place, les dentelles blanches du palais des Doges, les scintillements des mosaïques d’or de la cathédrale, les lignes élancées du campanile s'estompent doucement. Les lumières dorées qui éclairent les élégantes arcades des constructions entourant la place prennent le relais. La Piazza brille d’un éclat étrange, plein d'attente. Sur une estrade, au milieu de la place, un orchestre symphonique donne un concert d’été ouvert à tous. La foule est dense. Certains restent debout, recueillis, d’autres s’assoient à même le sol... une émotion ressentie par tous tandis que se déroulent les thèmes de La Symphonie du Nouveau Monde. La musique se déploie, monte jusqu'au ciel noir au-dessus de la Place de lumière et de la marée humaine qui observe un silence attentif. Par la suite, lorsque j’écouterai la musique de Dvorjak, ce ne sont pas les images des grands espaces du Nouveau Monde qui surgiront devant mes yeux. Ce sont les ors chauds de la Piazza San Marco qui viendront à moi et le sentiment éprouvé alors de beauté parfaite, partagé par chacun d’entre nous dans la magie de ce lieu.

Une fillette sous la pluie (1981)

Venise: place Saint Marc la nuit source

Des années plus tard quand je reviendrai à Venise avec mon mari et Aurélia, ma fille âgée de 4 ans, se reproduira un instant de grâce comme seule la Piazza peut nous réserver. Ce soir-là, il pleut. L’immense place est déserte, les promeneurs se sont réfugiés sous les arcades. Ils regardent la pluie, patiemment. Discussion, brouhaha... Les orchestres des cafés du Quadri et du Florian jouent sans conviction quelques airs languissants. Mezzo Voce... Attente. La pluie scintille sur le sol dallé qui devient miroir et reflète les lumières qui parent les arcades des Procuratie Vecchie de feux tremblotants.  Soudain, Aurélia s’élance, petite elfe minuscule sur l'immense place et commence à danser; elle tournoie sur elle-même, les bras écartés, la tête levée vers le ciel, heureuse. Les musiciens la voient, s’animent et entament une valse de Strauss, vive, légère. L'enfant suit le rythme, valse, valse, se grise de liberté et de musique. Les gens s’arrêtent de parler, la montrent du doigt et tous observent, silencieux, avec un sourire amusé, la jolie fillette blonde vêtue d’un ciré bleu, qui virevolte sur la place mouillée dans un ruissellement d'ors et de lumières.

Venise : café du Florian






Pour le challenge italien d'Eimelle il Viaggio dites-nous quels instants parfaits vous avez vécus  à Venise ou ailleurs en Italie. Alors, qui  se lance?