J'aime les romans d'Arnaldur d'Indridason, écrivain   islandais né à Reikjavik. C'est même, je crois, mon préféré parmi les   écrivains "venus du Nord", selon l'expression consacrée, depuis que j'ai   lu La dame en vert.
Hypothermie raconte une enquête du commissaire   Erlendur. Ici, pourtant, ce n'est pas sur un meurtre, du moins en   apparence, mais sur un suicide qu'enquête Erlendur. Maria, une jeune   femme, épouse du médecin Baldvin, fragilisée par la mort de sa mère   Eléonore, est retrouvée pendue, dans son châlet d'été sur les bords du   lac Thingvellir. L'affaire est classée mais Erlendur continue ses   recherches car  Karen, une amie de Maria,  lui apporte la preuve que la   jeune femme, très attirée par l'idée de la vie après la mort, est allée   consulter un médium avant son suicide et que le passé de la jeune  femme  et son entourage, en particulier son mari, sont loin d'être aussi  clairs  que ce qu'ils paraissent l'être!
Parallèlement, Erlendur, reçoit la visite d'un vieil homme qui se sait mourant et qui le remercie de l'attention et de la gentillesse dont il à fait preuve envers lui depuis la disparition restée inexpliquée de son fils, David, il y a trente ans. Poussé par l'envie de donner une réponse à ce père qui n'a jamais cessé de souffrir, Erlendur rouvre le dossier de David, bientôt lié à celui d'une jeune fille nommée Gudrun.
Parallèlement, Erlendur, reçoit la visite d'un vieil homme qui se sait mourant et qui le remercie de l'attention et de la gentillesse dont il à fait preuve envers lui depuis la disparition restée inexpliquée de son fils, David, il y a trente ans. Poussé par l'envie de donner une réponse à ce père qui n'a jamais cessé de souffrir, Erlendur rouvre le dossier de David, bientôt lié à celui d'une jeune fille nommée Gudrun.
Un récit complexe
L'intrigue du roman est complexe puisque Erlendur  mène de front deux  enquêtes qui, sans être liées sont enchevêtrées  l'une dans l'autre et  finissent même par se recouper. De plus, à  l'intérieur de ces deux  récits intervient l'histoire d'Erlendur  lorsqu'il était enfant à la fois  vécue par le principal protagoniste  mais aussi reprise par un  journaliste dans un livre qu'Erlendur lit à  sa fille.
Un retour dans le passé et l'impossible oubli
Tous les romans d'Arnaldur  Indridason présentent une  intrigue qui trouve sa  solution dans des évènements anciens et  distille ainsi une nostalgie en  demi-teintes, douce-amère, que nous  partageons  avec les personnages  pour qui l'oubli est impossible. Car  les recherches entreprises par  Erlendur sur la disparition de ces  jeunes gens n'est pas une enquête  mais une quête comme  celle qu'il a toujours menée pour retrouver  le corps de son petit  frère, Bergur, disparu dans une tempête de neige  et jamais retrouvé.  C'est cette perte, ce sentiment de culpabilité aussi  (il est vivant  alors que Bergur est mort) qui expliquent la  personnalité du policier.
-Parfois  j'aimerais qu'il me laisse tranquille, qu'une journée entière passe  sans qu'il vienne dans mes pensées.
- Et ça n'arrive jamais?
- Non, ça n'arrive jamais.
- Et ça n'arrive jamais?
- Non, ça n'arrive jamais.
Le personnage d'Erlendur, d'aspect plutôt revêche à  priori, gagne à être  connu, un peu comme un ami qui ne se livre pas  facilement, avec ses  pudeurs, ses secrets. Il s'enrichit de roman en  roman. Les rapports  qu'il entretient avec sa fille Eva Lind et son fils  Sindri évoluent.  Dans Hypothermie, il parvient enfin, lui qui  est incapable  d'exprimer ses sentiments, à se rapprocher de sa fille,  elle aussi,  marquée douloureusement par le divorce ses parents et  l'abandon de son  père. Le père et la fille essaient chacun de faire un  pas l'un vers  l'autre malgré le mur dressé entre eux par la blessure  originelle  d'Erlendur. Les liens qui se créent avec Eva Lind sont très  beaux et  c'est un des aspects le plus passionnant du roman.
La présence d'un pays
Dans Hypothermie comme dans les  autres  romans, l'Islande a une présence très forte avec ses hivers  plongés  dans  la nuit propice aux suicides mais complice d'Erlendur :
L'obscurité et le  froid ralentissait le passage du temps que le nuit couvrait d'un voile  paisible
Et puis il y a ces lacs si nombreux et si beaux qui  forment le paysage  islandais, personnages eux aussi de l'action  puisqu'ils président à la  vie et à la mort de ceux qui leur font  confiance : celui de Thingviller   ou celui d'Uxavatn ...
Fillette, elle   écoutait le clapotis de l'eau, assise seule au bord du lac. Jeune femme,   elle promenait son regard au loin à la surface, goûtant toute la  beauté  et la clarté qui en émanaient.
 
