Pages

Affichage des articles dont le libellé est festival d'Avignon 2013. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est festival d'Avignon 2013. Afficher tous les articles

samedi 10 août 2013

festival Off d'Avignon : L'Avare Molière/ Alain Bertrand; Racine par la Racine/ Serge Bourhis; Salle 6 Tchekov/Gérard Thebault

L'avare de Molière

L'avare de Molière Compagnie  Alain Bertrand

L'Avare de Molière compagnie Alain Bertrand qui est aussi le metteur en scène, cour du Barouf
L'adaptation de la comédie de Molière L'Avare par Alain Bertrand et Carlo Boso  pour la Commedia Dell'arte est un spectacle agréable. Les acteurs sont dynamiques et la mise en scène amusante. Les actes sont interrompus par des chants, ponctués par des allusions à l'actualité et les spectateurs sont appelés à participer.  Le jeu des acteurs est homogène, leur enthousiasme communicatif. Je pense que cette production est un moyen idéal pour faire découvrir la pièce à des ados  (il y a en avait dans la cour du Barouf ce jour-là) et leur prouver que les classiques ne sont pas obligatoirement empesés.

Racine par la Racine




Racine par la Racine  La caravane rouge metteur en scène Serge Bourhis à l'Essaïon Théâtre d'Avignon.
Vous ne verrez pas une pièce de Racine si vous allez voir Racine par la Racine mais des extraits de onze pièces reliées entre elles par une mise en scène amusante et parodique mais pas que… Si le metteur en scène Serge Bourhis et les comédiens s'amusent (et nous avec eux) et pastichent volontiers le grand dramaturge, ils sont aussi des amoureux de ses vers. Et cela se sent quand l'humour cède la place à la tragédie. Les comédiens sont bons et nous réservent des surprises agréables comme la scène de Phèdre jouée par un rôle masculin ou celle du songe d'Athalie, toutes deux interprétées avec beaucoup d'émotion. L'ennuyeux c'est que nous vient une nostalgie du théâtre de Racine et qu'on aimerait voir des extraits plus larges!  J'en suis sortie avec l'envie de revoir une pièce de Racine entière sur scène. Et c'est là la réussite de la compagnie, nous faire aimer Racine!

 Salle 6 d'Anton Tchekhov



Salle 6 d'Anton Tchekhov  Compagnie l'Etincelle à l'Essaïon Théâtre Avignon

Salle 6 est une pièce inédite d'Anton Tchekhov, un auteur que j'aime beaucoup, c'est pourquoi je n'ai pu résister à aller la voir. Je ne pouvais pas encore une fois aller revoir La Mouette! Il faut découvrir autre chose!

La salle 6 est une annexe de l'hôpital psychiatrique d'une province russe dans laquelle les fous sont enfermés. Le docteur Raguine  ne se fait aucune illusion sur la possibilité de guérir ses malades  et laisse tout aller dans cet hôpital qui n'est rien d'autre qu'une prison à peine améliorée. Il préfère méditer et boire un verre  en solitaire. Pourtant, lorsqu' il découvre l'intelligence et la sensibilité de Gromov, un des patients, il  est impressionné et son indifférence l'abandonne, sa quiétude le quitte.
Voilà de quoi le faire passer pour fou lui aussi, surtout quand on a, comme ses collègues, de bonnes raisons de vouloir se débarrasser de lui!

Le sujet est intéressant à priori mais la pièce est bavarde et démonstrative. Je comprends pourquoi elle est restée inédite. Je me suis ennuyée. Je n'ai ni aimé la mise en scène, ni les acteurs qui débitaient leur texte d'un ton monocorde.


Challenge Eimelle

vendredi 9 août 2013

Théâtre enfants au festival Off d'Avignon : Les coups de coeur de Léonie et de sa grand mère (3): Si Loin, Si haut, Gudulliver



Si loin, si haut :  metteur en scène Laurence Belet

Avec Léonie, ma petite fille âgée de 3 ans et 4 mois (il ne faut pas que je les oublie ces mois si je ne veux pas la vexer) nous avons vu 10 pièces pour enfants, plus un spectacle (qu'elle a adoré) donné par le ballet de l'Opéra d'Avignon, en direction d'un public adulte, chorégraphié par Eric Bellaud. Et parmi ces pièces, les petits  bijoux dont je vous ai parlé précédemment ICI et ICI . Ce qui est amusant c'est que pour nous deux, la première et la dernière pièce dans l'ordre des préférences sont les mêmes. Pour les autres, il y a des variantes, légères.

Parmi les spectacles que nous aimons toutes les deux, il y a encore : 

Si loin, si haut par la compagnie Rouges les Anges

Le beau castelet de Pierre Gosselin pour Si loin, si haut



Si loin si haut par la compagnie Rouges les Anges s'inspire des albums pour enfants de W. Van Reek : "Mauvais temps" et "La grande échelle". Les personnages sont Grand-Bec, un drôle d'oiseau qui ressemble un peu à un humain et Touki qui est un chien. Ce sont deux adorables marionnettes qui sont manipulées à vue, avec délicatesse et humour, par les comédiens qui interviennent aussi en tant que personnages, clowns maladroits, un peu lunaires. Les histoires sont très simples, à la portée des tout-petits à partir de trois ans. Léonie à particulièrement aimé le premier récit et la construction de la cabane en toile dans la forêt inondée par la pluie. J'ai trouvé personnellement que le second récit manquait un peu de rythme et traînait en longueur.  Les décors qui jouent sur les différents espaces délimités par les ouvertures d'un grand castelet-maison en bois et métal (magnifique) crée l'illusion de la profondeur et nous fait voyager d'un lieu à l'autre. L'utilisation de la vidéo et du dessin animé est ingénieuse et très belle.  Un très bon spectacle.

 Gudulliver
Spectacle pour grandes personnes à partir de trois ans

Gudulliver cueille un fruit et arrache l'arbre. Fureur du lilliputien!

Gudulliver est l'adaptation pour les enfants du Gulliver de Jonathan Swift  par la Compagnie Danglefou. 
Emporté par la tempête, Gulliver se retrouve dans une île où vivent de petits êtres. Tous vont apprendre à se connaître, à ne pas avoir peur les uns des autres jusqu'à ce que Gulliver commette une bévue de trop et se fasse chasser. Il arrive alors sur l'île des géants ou c'est lui désormais qui va devenir le petit, objet de curiosité des Grands. Une réflexion sur la relativité et l'acceptation de la différence.

Gulliver et les lilliputiens

Dans la première partie, Gulliver est interprété par le comédien Serge d'Angleterre et les petits hommes sont des personnages-objets manipulés par  Kham-Lhane Phu qui leur insuffle la vie et les fait parler. Le début de la pièce est un peu trop bavard, mais l'arrivée de ces petites personnages attendrissants, les soldats, le général, la reine, leurs gesticulations amusantes, la visite du village miniature sont tout à fait réussies. Ils parlent un drôle de langage proche de l'onomatopée mais qui exprime tous les sentiments, la peur, la colère, l'indignation, l'étonnement devant l'apparence, les agissements et les bévues du grand homme! Léonie a adoré ce langage inarticulé qu'elle s'amuse maintenant encore à imiter. Elle s'est beaucoup amusée lorsque Gulliver veut cueillir un fruit et déracine l'arbre lilliputien! Le propriétaire qui arrive et abreuve d'insultes le géant la fait tordre de rire. Elle a eu peur quand la maison s'est mise à brûler! Bref! elle a vécu pleinement l'émotion théâtrale!
Dans la seconde partie les géants sont incarnés par les deux acteurs et Gulliver, lui, est une petite marionnette à la ressemblance de Serge Dangleterre. C'est une très bonne idée mais je ne sais pourquoi cette partie est moins réussie que la première. Peut-être y-a -t-il beaucoup trop de paroles et moins d'action, moins d'humour. Il aurait fallu que Gulliver-marionnette devienne, comme s'est annoncé dans le résumé de la pièce, un jouet pour les enfants peut-être en invitant les petits spectateurs à venir sur scène? Le comique aurait pu venir alors du mécontentement de Gulliver  qui ne veut pas être considéré comme une poupée? Bref! quand Léonie nous parle de cette pièce qui  occupe une place chère à son coeur, c'est toujours de la première partie.
Des qualités donc dans ce ce spectacle qui montre que l'on peut mettre les grandes oeuvres classiques à la portée des enfants.


Léonie a vu aussi  :


La flûte enchantée de Mozart adapté  pour les enfants à partir de quatre ans par le Théâtre du corbeau blanc .... Papageno  a un très joli masque et de jolies plumes que Léonie aurait bien aimé emporter. Elle a été très attentive mais n'a pas manifesté ses sentiments.

Peter Pan et le pays imaginaire  mis en scène par Elric Thomas. Tout repose sur l'imagination de deux écoliers qui veulent partir pour le pays imaginaire. Les pupitres deviennent crocodiles, Wendy est représentée par un manteau rose, le crochet du capitaine est un rapporteur cassé... Léonie a été déçue parce qu'elle voulait voir la "vraie" fée clochette,  le "vrai" capitaine Crochet ... L'imagination n'a pas fonctionné contrairement à son habitude!




Je veux voir mon chat par la compagnie Arthéma : Robin par à la recherche de son chat avec son chien. Mais celui-ci est mort. Il croit le reconnaître dans la forme des nuages. Mais c'est le souvenir que nous conservons d'eux qui permet à ceux qu'on aime de rester en vie.  De très jolis marionnettes et décors. Mais le sujet, la mort, n'a pas touché Léonie ou ne lui a pas fait plaisir. Elle a refusé d'en parler. Il me semble que c'est une pièce qui demanderait une préparation pédagogique comme c'est manifestement le cas pour le public scolaire.


Challenge théâtre d'Eimelle



jeudi 8 août 2013

Festival Off d'Avignon : Mon Nom est rouge de Orhan Pamuk/; Le mariage de Figaro de Beaumarchais/ Jean hervé Appéré


Mon nom est rouge Orhan Pamuk Compagnie Papierthéâtre

Mon nom est rouge Orhan Pamuk à La Caserne des pompiers par la compagnie Papierthéâtre .

J'ai lu Mon nom est rouge, le long roman de Orhan Pamuk, prix Nobel de littérature, il y a quelques années et j'ai donc éprouvé l'envie d'aller voir cette adaptation à La Caserne des pompiers par la compagnie Papierthéâtre .

Le récit se déroule dans l'empire ottoman du XVI° siècle. L'intrigue peut être considérée comme policière puisqu'il y est question d'un cadavre jeté au fond d'un puits qui parle aux lecteurs/spectateurs pour mieux guider la recherche. Mais il est aussi tout autre chose! Il présente une histoire d'amour et  surtout il est une réflexion sur les différences fondamentales entre l'art occidental et l'art oriental, sur l'influence de l'un, l'occidental, sur l'autre, et les passions exacerbées que ces interférences déchaînent puisque cela peut aller jusqu'au crime.

Le théâtre de papier et d'ombres présente une belle recherche esthétique, les personnages sont des formes découpées qui évoluent dans des décors de papier. Le spectacle est accompagné par la musique d'un maître iranien mais l'animation reste limitée et répétitive. Le découpage de ce roman complexe en tableaux ne permet pas une mise en scène dynamique. J'ai trouvé l'ensemble assez lent et ennuyeux. Seules les interventions d'un des acteurs présentant les réflexions sur l'art mises en scène d'une manière originale, relancent l'intérêt et rompent la monotonie de ce spectacle.



Le mariage de Figaro Comédiens et compagnies au théâtre des Lucioles mis en scène Jean Hervé Appéré

La pièce de Beaumarchais Le mariage de Figaro est une pièce immense, d'une importance primordiale dans la littérature par sa critique sociale des grands, son annonce de la révolution française, mais aussi par la complexité psychologique des personnages, par sa portée philosophique. Quand Mozart la reprend pour en faire un opéra, il subit la censure de la cour de Joseph II et doit faire en sorte que le livret soit expurgé de tous les passages jugés révolutionnaires parce qu'ils remettent en cause la noblesse et la société monarchique. Qu'à cela ne tienne c'est dans sa musique que Mozart mettra tout le sens de la pièce.
La pièce présentée par Comédiens et compagnie est entrecoupée d'airs de cet opéra mais subit des coupes sombres dans les monologues de Figaro qui contiennent le sens de la pièce. Et finalement ce n'est ni la pièce, ni l'opéra qui sont représentés ici. La mise en scène de Jean Hervé Appéré gomme toute la puissance du Mariage de Figaro pour en faire un divertissement sympathique mais sans grande portée. Certes, il tire le maximum de ses acteurs mais si Figaro bouge bien et peut être comique, il n'est pas à la hauteur pour incarner le tragique de Figaro, ce personnage hors du commun, ni sa portée révolutionnaire; quant au comte  c'est un nigaud  dont on rit mais qui devrait aussi nous effrayer! Il n'a rien du grand seigneur méchant homme que Beaumarchais a imaginé. Alors, pourquoi ne pas monter une pièce plus légère? Pour moi, une grosse déception!

mercredi 7 août 2013

Festival Off d'Avignon 2013 : Building de Léonore Confino / Regardez mais n'y touchez pas! de Théophile Gautier


Building Compagnie Productions du sillon

Building de Léonore Confino : Compagnie productions du Sillon metteur en scène Catherine Schaub au théâtre du Balcon
Sujet :
Un Building. 13 étages. Nous sommes chez Consulting Conseil, une entreprise qui a pour absurde mission de coacher les coachs, de conseiller les conseillers.
Le président directeur général amorce la pièce en motivant ses employés avec un discours démagogique, superposant avec éloquence  banalités et techniques de communication.
Puis, suivant la chronologie d’une journée de travail, on se hisse dans le building au rythme soutenu d’une scène par étage ..
...

On le comprendra cette pièce est une satire du monde l'entreprise avec ses méthodes absurdes, son absence d'éthique, ses actionnaires cupides, ses directeurs inhumains..  Les ridicules  de cet univers étouffant sont ici soulignés, les noirceurs aussi, la concurrence entre collègues, la hiérarchie étouffante et  méprisante, l'inhumanité des rapports humains ... 
La mise en scène est inventive, drôle, animée, légère et cruelle à la fois. Les interprètes sont excellents et plus vrais que nature dans les rôles de chef outrecuidant, de stagiaire naïve, de collègue hypocrite, de  subalterne humilié ou de macho immonde. Un bon moment de théâtre!

Regardez mais n'y touchez pas !Théophile Gautier Compagnie Abraxas

Regardez mais n'y touchez pas! de Théophile Gautier mise en scène par Jean-Claude Penchenat Compagnie Abraxas au théâtre du Chien qui fume

Montée en 1847 et jamais plus rejouée depuis, cette pièce de Théophile Gautier est un pastiche du drame romantique en même temps qu'une comédie de cape et d'épée avec cape... mais sans épée comme le veut la mise en scène de Jean-Claude Penchenat qui renchérit dans le pastiche pour le plus grand plaisir des spectateurs.
 Admirateur idolâtre de Hugo, Jeune France au gilet rouge de la bataille d'Hernani, Théophile Gautier n'en fait pas moins preuve d'un humour ravageur quand il raconte dans son Histoire du romantisme les frasques et les enthousiasmes juvéniles et romantiques de lui-même ou de ses amis, Gérard de Nerval, Pétrus Borel, Jehan du Seigneur... Il en est de même dans cette pièce complètement échevelée, à l'intrigue loufoque, que le spectateur aurait tort de vouloir prendre au sérieux. 
Pastiche de l'action du drame romantique avec des poursuites, des amours contrariés, un héros maudit marqué par le destin, une reine espagnole, des Hidalgos au coeur généreux ou fourbe, (on sait l'engouement de Hugo pour l'Espagne), Regardez mais n'y touchez pas est un "remake" (mais oui!) de  Hernani mâtiné  de Ruy Blas jusque dans le style! Mais pour faire rire!  Je me demande ce qu'en  a pensé Hugo s'il l'a vu! Le drame romantique, dix sept ans après le triomphe de Hernani (1830) était sur son déclin après l'échec des Burgraves de Hugo en 1843.
Une Espagne de convention voire de pacotille apparaît, ce que les décors et les costumes de ce spectacle rendent plaisamment : Les personnages drapés dans leur cape noire et masqués ressemblent à des Zorros et les espagnoles manient l'éventail avec fougue. Un spectacle léger et divertissant pour passer un bon moment à rire au dépens de notre grand Totor!

Comédie de cape et d'épée... sans épée!

Challenge d'Eimelle








mardi 6 août 2013

Théâtre enfants au festival d'Avignon 2013 : Les coups de coeur de Léonie et sa grand mère(2) : Grat'moi la puce que j'ai dans l'do, La Baba Yaga et la Sorcière Latrouille


Grat'Moi la puce que j'ai dans l'do Cie Minute papillon

Avec Léonie, ma petite fille âgée de 3 ans et 4 mois (il ne faut pas que je les oublie ces mois si je ne veux pas la vexer) nous avons vu 10 pièces pour enfants, plus un spectacle (qu'elle a adoré) donné par le ballet  de l'Opéra d'Avignon en direction d'un public adulte chorégraphié par Eric Bellaud. Et parmi ces pièces, des petits  bijoux. Je vous parle d'abord de nos coups de coeur à toutes les deux pour le théâtre enfants :

Petite divergence entre Léonie et sa grand mère : si le N° 1 est Pogo pour toutes les deux, (voir Ici)

               le  N° 2 est La Baba Yaga  de Carabistouilles et Cie pour Léonie et  pour moi Grat'moi la puce que j'ai dans l'Do  de la Cie Minute papillon. Pas étonnant que la Baba Yaga tienne une telle place dans l'imaginaire de Léonie qui adore les histoires de sorcières. C'est tellement bien d'avoir peur quitte à faire des cauchemars toute la nuit après le spectacle!


La Baba Yaga

La Baba Yaga d'Héloïse Martin

La Baba Yaga d'Héloïse Martin (qui interprète aussi la conteuse et Baba Yaga), mis en scène par Philippe Ferran, est la sorcière des contes russes. Elle est méchante, bien sûr, puisqu'elle croque les enfants, mais pas entièrement méchante... Rassurez-vous tout de suite, elle ne mangera pas Vassilissa, la petite fille envoyée par sa marâtre dans la forêt pour chercher du feu.  La fillette a une poupée magique donnée par sa maman pour lui permettre de surmonter les épreuves. Elle finira par apprécier la vieille sorcière et par la secourir. Grâce à son aide, Vassilissa se libèrera de sa marâtre, grandira et et sortira de ces épreuves plus forte. 

Le conte est destiné aux enfants à partir de quatre ans, peut-être est-ce pour cela que les énigmes données par la Baba Yaga n'ont pas beaucoup marquée Léonie du haut de ses trois ans. Mais ce qui l'a enchantée (et terrifiée) c'est Baba Yaga elle-même ...  que l'on ne voit pas, en fait, car elle reste cachée dans la cabane. Son nez tordu et ses mains d'araignée sortent de la maison par des trous et lorsqu'elle se soulève, ses pattes de poules lui permettent de se déplacer.  (Dans le conte russe, c'est la maison qui a des pieds de poules).  Et ses yeux flamboient! Voilà de belles trouvailles! Succès assurée chez les tous les petits quand ils la voient arriver! Léonie saute dans mes bras et replie ses jambes sous elle de peur d'être attrapée. Les décors et les costumes d'inspiration russe sont très réussis, les couleurs chaudes, les lumières créent une belle ambiance.

Grat'-moi la puce que j'ai dans l'do

Compagnie Minute papillon mise en scène de Margot Dutilleul

Do Ré Mi fa sol la si do
 Gratte-moi la puce que j'ai dans le dos
Si tu m'lavais gratté plus tôt,
Elle ne n'serait pas monte si haut.

Léonie n'était pas peu fière de chanter cette chanson à son grand père en revenant de ce spectacle musical au cours duquel elle est restée bouche bée, étonnée, tout ouïe aussi car les airs d'opéra défilent gaiement, chantés, fredonnés, transformés en onomatopées, rythmés avec des cuillères en bois,  accompagnés à l'accordéon par trois comédiens, chanteurs d'opéra et musiciens très plaisants.

Le prétexte de la pièce est la journée des tout-petits, du réveil au petit déjeuner, au départ à l'école, en passant par les jeux de récréation, le bain, le coucher... La mise en scène est inventive, amusante, animée, à la fois douce et enlevée. L'imprégnation musicale où l'enfant découvre Bizet, Brahms, Mozart, Offenbach, Vivaldi...  s'accompagne d'une découverte picturale, d'un bain de couleurs et de formes qui rappellent Joan Miro et ses personnages insolites.  La  poésie des décors créés par des images, des projections de taches de couleurs, des silhouettes d'ombre  fait de ce spectacle une belle initiation à l'art. Un coup de coeur!


             La sorcière Latrouille




Dans la famille sorcière, il faut que je vous présente un autre coup de foudre de Léonie : La Sorcière Latrouille de (et avec) Frédérique Bassez ,  Compagnie Apremont Musithéa. J'y suis allée un peu à reculons, ayant peur que la pièce ait un humour un peu lourd et puis non, le spectacle était agréable et a bien amusé les enfants.

 Le sujet  : Maman est une sorcière renommée. Elle voudrait que sa fille lui succède.
Mais la petite Latrouille a peur de tout : des cafards, des araignées, des grenouilles, des souris, des crapauds et de toute la panoplie des sorcières. Le grand bal des sorcières approche, elle doit préparer une potion. Parviendra-t-elle à vaincre ses peurs ?

La jeune actrice, Frédérique Bassez, est charmante et amusante. Elle n'en fait pas trop, tour à tour petite sorcière trop gentille qui rêve de robes de princesse et a peur de tout puis "concocteuse" de  potion magique dégoûtante à base de crottes de nez de limaces, baves de crapaud, pattes d'araignée et j'en passe. Berk! Les enfants sont dégoûtés et ravis, ils adorent! Mais comme Latrouille a peur de tout et qu'elle attire la sympathie des jeunes spectateurs qui la prennent sous leurs ailes, ils doivent monter sur la scène pour attraper les araignées géantes et les cafards albinos. Un spectacle interactif donc et qui fonctionne très bien car la comédienne rebondit avec aisance selon les réactions des gamins et les intègre bien dans la pièce.
 La mise en scène de Patrick Wessel tire le maximum de la scène exiguë du Théâtre des Amants qui est l'ancienne (et très jolie) chapelle du XVIII siècle des Pénitents Violets d'Avignon. J'ai juste trouvé la dernière scène un peu longue après le bal des sorcières quand la petite Latrouille est amoureuse et qu'elle doit à nouveau subir les interdictions de sa terrible maman.  Belle idée cependant que la représentation de la mère! Mais c'est peut-être parce que c'est là que Léonie a décroché. Il faut dire que la pièce s'adresse aux enfants à partir de cinq ans. Un spectacle amusant qui a mis en joie le jeune public.

Challenge d'Eimelle

lundi 5 août 2013

Festival Off d'Avignon 2013 : Le Horla de Maupassant mis en scène de Slimane Kacioui avec Florent Aumaitre




Théâtre du roi René : Le Horla de Maupassant au festival off d'Avignon mis en scène par Slimane Kacioui, interprété par Florent Aumaitre, par Les créations d'aujourd'hui.

Je viens juste de lire La maison du docteur Blanche de Laure Murat.  C'est pourquoi j'ai eu envie d'assister à ce spectacle sur une oeuvre que je connais bien. Dans cette clinique psychiatrique, Guy de  Maupassant a fini sa vie dans des souffrances inouïes, le corps paralysé, le cerveau peu à peu détruit par la maladie. La syphilis a cette époque faisait des ravages sans qu'on ait encore vraiment établi le lien entre cette maladie et les conséquences terribles qu'elle entraînait.

 Le Horla est une nouvelle fascinante où  Guy de Maupassant étudie et analyse avec minutie l'emprise de la folie sur son personnage, les rémissions suivies par de violentes attaques qui détruisent peu à peu le cerveau. Le jeune homme en proie à ces crises croit percevoir une sorte d'entité invisible, effrayante, monstrueuse, Le Horla,  qui rôde autour de lui,  le guette sans cesse, le traque, et s'assoit sur sa poitrine pour mieux l'étouffer. Le Horla finira par avoir raison de lui. Ce conte comme de nombreux autres prouve la fascination que la folie exerçait sur l'écrivain comme une anticipation de sa propre  fin. Il n'est pas étonnant que les psychiatres en est fait un objet d'étude clinique. Mais au-delà,  il s'agit  d'une très belle oeuvre littéraire, au style parfaitement maîtrisé,  qui joue sur la frontière entre réalité et fantastique.

Une mise en scène minimaliste nous place nécessairement dans un huis-clos, l'intérieur de la maison, lieu d'internement, qui reflète ce qui se passe à l'intérieur du personnage, de son cerveau dérangé. Une chaise et c'est tout!  La représentation du Horla joue essentiellement sur l'interprétation.  Seul le texte nous présente l'extérieur que l'acteur Florent Aumaitre a le don de faire vivre pour nous : ce qu'il voit le paysage qui s'étale devant ses yeux ou ce qu'il a vu quand il parvient à s'échapper comme si l'extérieur - où le Horla ne peut le suivre- était un lieu de guérison.
C'est aussi au comédien de nous montrer les attaques de panique, la progression de la maladie, la prise de possession par le Horla de l'esprit et du corps du malade.  Le comédien possède bien son texte, le dit très bien et sait nous tenir en haleine! Mais... j'ai malgré tout eu l'impression que la gradation n'était pas assez nettement marquée, la tension psychologique ne nous amène pas à un paroxysme insupportable et  l'émotion ne surgit pas! En bref, une bon spectacle auquel il manque un petit quelque chose pour faire vibrer le spectateur.


Challenge chez Eimelle

Challenge l'ogresse de Paris

dimanche 4 août 2013

Théâtre enfants au festival OFF d'Avignon : les coups de coeur de Léonie et de sa grand mère (1) : POGO

Pogo, de Groupes Noces/Danse images

Avec Léonie, ma petite fille âgée de 3 ans et 4 mois (il ne faut pas que je les oublie ces mois si je ne veux pas la vexer) nous avons vu 10 pièces pour enfants, plus un spectacle (qu'elle a adoré) donné par le ballet  de l'Opéra d'Avignon en direction d'un public adulte. Et parmi ces pièces, des petits bijoux. Je vous parle d'abord de nos coups de coeur à toutes les deux pour le théâtre enfants :

Notre numéro 1 à toutes les deux :  POGO, danse bagarre étoiles filantes




Pogo, danse, bagarres, étoiles filantes... est un spectacle jeune public* du Groupe Noces, chorégraphié et mis en scène par Florence Bernad.
Il s'agit d'une petite merveille, un ballet poétique, léger et bondissant comme les deux danseurs, un garçon et une  fille qui nous entraînent au coeur d'une forêt, à la rencontre des biches, des ours et des oiseaux. Ils évoluent dans un décor de rêve constitué par les images du photographe  animalier, Vincent Munier, projetées sur la toile de fond. Les lumières pastels, délicates, les sons, les chants des oiseaux, les musiques très variées, créent une atmosphère féerique. Il s'agit d'une danse énergique, vivante, animée. Les deux interprètes sont tour à tour ours majestueux à la souple démarche,  biches en attente, frémissantes d'inquiétude...  Ils miment les jeux, les bagarres des oursons dans l'eau de la rivière,  les bonds prodigieux des animaux féroces, l'envol des tourterelles dans le ciel. Un appel à l'imagination des enfants!
Les danseurs ont avec eux un vrai lapin vivant qui obtient un succès considérable auprès du jeune public. Le spectacle fait l'unanimité entre les parents et les tout-petits fascinés.


Pogo chorégraphié et mis en scène par Florence Bernad
* A partir de trois ans
**  définition de Pogo :  danse et bousculade lors des concerts de rock où tout le monde saute et se  pousse les uns contre les autres

Challenge chez Eimelle

samedi 3 août 2013

L'importance d'être Wilde de Philippe Honoré au festival Off D'Avignon 2013


Emmanuel Barrouyer, Anne Priol et Pascal Thoreau  dans L'importance d'être Wilde

 L'importance d'être Wilde, une pièce de Philippe Honoré mise en scène par Philippe Parson, était donnée au théâtre du Balcon pendant le festival Off d'Avignon... Le titre joue bien sûr sur celui d'une des plus célèbres pièces d'Oscar Wilde  : "L'importance d'être Constant".
L'importance d'être Wilde  présente la vie et l'oeuvre de cet auteur provocateur et non-conformiste qui a payé durement le fait d'être homosexuel et surtout de ne pas s'en cacher. Le personnage apparaît donc dans toute sa complexité, un homme supérieurement doué, à l'humour lapidaire, intelligent, spirituel,  mais aussi  un dandy  qui attache beaucoup d'importance au paraître, volontiers méprisant et convaincu de sa supériorité à la fois sociale et intellectuelle. Pas toujours sympathique donc mais tellement brillant! Pas assez prudent et trop sûr de lui, pourtant, pour comprendre qu'il ne pouvait se permettre de braver la morale victorienne à une époque où l'homosexualité était interdite et passible de prison.
 Les moments clefs de sa vie s'animent devant le spectateur grâce au jeu des trois bons comédiens,  Emmanuel Barrouyer, Anne Priol et Pascal Thoreau  :  ainsi  son procès qui le met au ban de la société et non seulement lui mais aussi sa femme et ses deux enfants, la prison, l'exil en France, sa rencontre avec Gide, sa mort à Paris, solitaire et démuni,  et son enterrement à la sauvette, sans amis ni famille,  au Père Lachaise. Ces scènes alternent avec des extraits de ses oeuvres, des aphorismes pleins d'humour, réjouissants, ou profonds et désabusés,  qui sont une gourmandise pour le spectateur. La mise en scène est enlevée. La pièce,  sans être être pour moi un coup de coeur, m'a permis de vivre un moment de théâtre très agréable.


Oscar Wilde né à Dublin en 1854
Le public est extrêmement tolérant. Il pardonne tout sauf le génie . ( Le critique en tant qu’artiste )

Perdre un parent c'est un malheur mais les deux, c'est de la négligence (L'importance d'être constant)

L'appellation de livre moral ou immoral ne répond à rien. Un livre est bien écrit ou mal écrit et c'est tout. (préface Dorian Gray

Les femmes se divisent en deux catégories : les laides et les maquillées, les mères étant à part.

Les enfants commencent à aimer leurs parents; devenus grands, ils le jugent; quelquefois, ils leur pardonnent. (Dorian Gray)

Qu'on parle de vous, c' est affreux mais  il y a une chose pire : qu'on n'en parle pas!

Une chose n'est pas nécessairement vraie parce qu'on meurt pour elle.


Chez Aymeline


Chez Eimelle

vendredi 2 août 2013

Lear In town d'après Shakespeare au festival In d'Avignon : une grande déception!


Lear In town d'après Shakespeare metteur en scène Ludovic Lagarde


Même si le festival d'Avignon 2013 est terminé (j'éprouve toujours une petite nostalgie lorsque c'est la fin, chaque année) je vais continuer à écrire sur les spectacles que j'ai pu voir.

Lear in town d'après Shakespeare avait tout pour me plaire et d'abord Shakespeare, bien sûr, et ensuite la pièce elle-même Le roi Lear que j'aime beaucoup et enfin ce lieu magnifique qu'est la Carrière de Boulbon, vaste scène en plein air comme dans un théâtre grec, encadrée par de hautes falaises de pierre. Il est vrai que le mot "d'après" m'inspirait au départ une inquiétude ainsi qu'un autre terme à la mode dans la scène contemporaine : " déstructuré ".  Mais la curiosité a prévalu! Après tout, je ne demande qu'à être convaincue!

Et il s'agit bien en effet d'un roi Lear "déstructuré"c'est à dire non de  la pièce complète mais d'une création du metteur en scène Ludovic Lagarde.

Nous avons dû assister à un spectacle qui réunissait trois acteurs, le roi Lear, Cordélia, le Fou, littéralement perdus dans ce vaste espace de la Carrière Boulbon. Planté au milieu de la scène, un objet noir, sorte de grande sono, d'où sortaient les voix des autres personnages. Economie d'acteurs? Non déstructuration! La pièce nous est présentée par fragments, dans le désordre. De temps en temps les trois acteurs mettent des écouteurs sur les oreilles et les voix des autres personnage nous permettent de comprendre ce qui s'est passé avant .. ou après … Du coup, l'évolution du personnage du roi Lear, son glissement vers la folie, sa lucidité finale ne sont pas apparentes.
Je laisse à d'autres le soin d'admirer cette "déstructuration " de l'intrigue et du temps, ce passage du présent au passé! La mise en scène me paraît étriquée, l'intrigue incohérente, les thèmes sacrifiés, les acteurs ne me touchent pas, je n'aime ni la voix de Cordélia, ni les gesticulations (mettre, enlever sa veste et vice versa) et les vociférations du roi Lear !  Seul le traitement sonore qui évoque la tempête au-dessus de nos têtes laisse une part à l'imagination. Pour ma part, je me sens lentement gagner par l'ennui comme de nombreux spectateurs autour de moi. Une grande déception pour mon avant-dernier spectacle du IN!

PS : je me demande pourquoi les metteurs en scène n'écrivent pas et ne montent pas leurs propres pièces s'ils veulent faire une création plutôt que d'esquinter les pièces des autres et en particulier de l'immense Shakespeare!


Chez Maggie et Claudialucia


Challenge Eimelle

vendredi 26 juillet 2013

Partita 2 avec Anna Teresa De Keersmaeker et Boris Charmatz : Une cour d'Honneur divisée!


Anna Teresa de Keersmaeker et Boris Charmatz (source de l'image L'express)

Partita 2  de Jean Sébatien Bach est une création chorégraphique donnée dans la Cour d'Honneur  du Palais des Papes avec  les danseurs Anne Teresa De Keersmaeker  (qui est aussi la chorégraphe de ce spectacle), Boris Charmatz et la violoniste Amandine Boyer.  Les avis sont partagés à la fin de ce spectacle qui est le dernier du festival In 2013. Les spectateurs sont divisés entre ceux qui huent et ceux qui applaudissent. Je fais partie de ceux qui ont un avis mitigé.

Je ne suis pas grande habituée de la danse contemporaine mais j'avais envie de voir Anna Teresa De Keersmaeker, chorégraphe belge que ma fille adore, et de découvrir Boris Charmatz qui a été antérieurement l'invité du festival. On dit que ATDK pratique une "danse qui danse" et Boris Charmatz  "une danse qui ne danse pas"! A priori, ce genre de terminologie m'inquiète!

J'adore la Cour d'Honneur, c'est un lieu magique, d'une beauté impressionnante. Etre assise  là  entre les hautes murailles du grand Palais, avec le ciel pour témoin, c'est déjà en soi, un bonheur. Aussi lorsque la musique de Bach retentit, c'est avec émotion que je l'écoute. La scène n'est pas éclairée et la violoniste  n'est pas visible  aussi il n'y a rien qui s'interpose entre nous et la musique si ce n'est les étoiles qui s'allument les unes après les autres dans la nuit qui tombe peu à peu. Pourtant,  je suis un peu frustrée car j'aimerais bien que la danse commence et que l'union des deux arts se réalise. Puis la musique cesse et les danseurs commencent à évoluer en silence et dans la semi pénombre, un seul côté de la scène est éclairé! Frustation à nouveau! la danse sans la musique ne me convainc pas, je vois à peine les interprètes, je m'ennuie. Est-ce que cela va continuer ainsi?

 Non! La violoniste revient sur scène, danse et musique sont enfin réunies!  Je n'aime pas toutes les évolutions des danseurs mais certaines me touchent en particulier celles d'Anne Teresa De Keersmaker qui parlent à l'imaginaire : elle est si attentive, il y a une si parfaite adéquation entre le geste et la musique qu'elle nous la donne à voir tandis que la belle interprétation d'Amandine Beyer nous la donne à écouter.. 

Dans l'entretien que les deux danseurs ont donné, Boris Charmatz  affirme :  "Ce qui m'intéresse, c'est que d'une part, la danse permette de visualiser la structure de la partition, ses fondations en quelque sorte." et il dit aussi  "nos corps suivent la partition, ils matérialisent davantage des énergies ou des rythmes que des corps psychologisés.".
  C'est ce que j'ai pu ressentir par moments mais hélas! parfois trop rarement et trop éphémèrement. Et c'est bien dommage! Mon dernier spectacle du In!



Demain :  Billet sur Lear in Town d'après Shakespeare metteur en scène Ludovic Lagarde à la carrière de Boulbon. Festival IN

jeudi 25 juillet 2013

La dame d'Ithaque de Isabelle Pirot et David Pharao

Marie Frémont, une Pénéloppe pleine de sensibilité

Ce spectacle du festival OFF  d'Avignon 2013 : La dame d'Ithaque par les Théâtres de Saint-Malo et Productions du Dauphin est donné au théâtre du Balcon à 19H jusqu'au 28 Juillet.

La dame d'Ithaque, vous l'avez reconnue, c'est Pénéloppe et pour une fois celle-ci devient le personnage important de la pièce car Homère est bien gentil avec son Ulysse mais en dehors de sa tapisserie, vous savez ce que fait Pénéloppe? Vous savez qui elle est? Non, bien sûr!

Il est vrai que rester à sa maison, cela n'a rien d'exaltant! Je vous l'accorde! Il vaut mieux être charmée par les sirènes, coucher avec Calypso, faire son jolie coeur avec Nausicaa! Et pourtant si c'était Pénéloppe, la véritable héroïne, celle qui a le courage d'éduquer son fils, d'attendre, de résister patiemment à l'usure du temps et de subir en les repoussant les violences des prétendants.  Et si les femmes étaient les détentrices de la sagesse, celles qui refusent la violence et la guerre? La pièce raconte donc l'histoire de Pénéloppe, l'enfant, la jeune fille éduquée par Homère qui est son précepteur (Laurent Montel), sa rencontre avec Ulysse, son mariage, la naissance de son fils, le départ de son mari et puis la suite... que nous croyons connaître mais cette fois-ci sous un autre éclairage, le sien!

Ce texte intéressant, à la fois plein d'humour mais aussi d'émotion, sur ce thème surprenant, est écrit par Isabelle Pirot et David Pharao qui est aussi le metteur en scène. Une scénographie agréable avec de beaux éclairages et un décor stylisé font de cette représentation un moment de théâtre réussi. Mais il faut donner une mention spéciale à l'actrice,  Marie Frémont, qui interprète avec humour, malice et sensibilité le personnage de cette femme forte et courageuse. Marie Frémont fait vivre pour nous, tour à tour, le bébé, l'élève capricieuse, l'amoureuse, la mère. Elle peut passer  de la joie à la tristesse, du comique au tragique et rendre ainsi tous les registres du texte. On peut dire que la pièce repose sur son interprétation et que c'est elle qui donne tout son charme à ce spectacle original.

La dame d'Ithaque : Le retour d'Ulysse



Demain :  un billet sur Partita 2  spectacle de danse sur la musique de Bach dans la cour d"honneur du Palais des Papes. C'est le denrier spectacle du festival IN.




Challenge Eimelle

mercredi 24 juillet 2013

Binari, mémoire d'une mère par la compagnie Mac Théâtre : une petite merveille coréenne


Binari un beau spectacle donné au Festival d' Avignon par la compagnie coréenne Mac Theatre
En coup de coeur du festival Off 2013, vu à La condition des soies, Binari-souvenirs d'une mère est un spectacle coréen dont Jungnam Lee est l'auteur et le metteur en scène. J'ai eu envie de découvrir la culture coréenne à travers cette pièce qui emprunte aux danses chamaniques (portant le nom de Binari) de la côte est de la Corée et à la traditionnelle danse masquée du sud de la Corée.
Si les explications données avant le début de la représentation sur le sens du rituel, le KUT, qui apaise l'âme des humains, sur la signification des objets, ne sont pas inutiles, l'on peut aussi, tout simplement, se laisser emporter par la beauté de la musique, des chants et des danses, des costumes et des lumières.

Thématique de la pièce : Binari ou souvenirs d'une mère  raconte l'histoire d'une vieille femme qui attend entre le monde des vivants et le monde des morts, refusant le passage dans l'au-delà. Elle raconte l'histoire  de sa vie à une femme chaman, la mudang, qui lui permettra en effectuant le rituel chamanique de partir l'âme apaisée. 
Binari : danses chamaniques

Nous sommes entraînés dans un monde magique où tous les gestes, les objets, les chants et la musique ont un sens précis. Le masque à quatre yeux qui permet de chasser les mauvais esprits,  le palanquin où est installé le défunt, le bateau qui symbolise la traversée de l'âme, la toile blanche qui est le pont permettant d'atteindre le ciel sont l'expression d'une grande spiritualité. Accompagné par les chants de de regret ou de résignation, rythmé par les percussions, mis en valeur par les éclairages, le spectacle transmet une pure émotion. Le déroulement des rites funèbres est entrecoupé par des scènes de comédie très réussies qui racontent avec beaucoup d'humour la vie de la mère, son mariage, la naissance des enfants, l'infidélité du mari..
Je suis sortie ravie du voyage dans le temps et l'espace, de cette errance entre la vie et la mort vers les portes de l'au-delà...

La Compagnie coréenne MAC théâtre a été fondée en 1986 et sa création s’enracine dans le riche patrimoine artistique de la Corée, engendré par une civilisation cinq fois millénaire. Son travail se concentre sur l’histoire du pays, sur le folklore coréen, le chamanisme... les créations présentées mêlant en général, artistement, le théâtre, la musique et la danse. Depuis ces dix dernières années, la compagnie a beaucoup tourné à l’étranger et y a remporté nombre de succès et de distinctions, notamment à Montréal, en Bosnie et en Turquie.
Spectacle récompensé meilleures création, direction et comédienne au Festival de théâtre de Gomanaru en 2008.



Demain : billet sur La dame d'Ithaque au Théâtre du Balcon
Etant donné que je n'aurais peut-être pas le temps de parler de tous les spectacles que j'ai vus, je commence, comme vous le voyez, par mes coups de coeur...








Chez Eimelle