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samedi 10 octobre 2020

Sébastien Spitzer : La fièvre Rentrée littéraire 2020


Par ces temps de coronavirus, il n’est pas inintéressant, en cette rentrée littéraire, de lire La fièvre de Sébastien Spitzer sur l’épidémie de  fièvre jaune qui a touché Memphis en 1878. La fièvre jaune dont on sait de nos jours qu’elle est due à un flavivirus transmis par un moustique comme on l’apprend dans ce roman. Sébastien Spitzer nous dit qu’il commencé ce livre avant que ne se propage l’épidémie du coronavirus et qu’il a donc été rejoint par l’actualité au moment où il le terminait.
Là encore, comme dans La peste écarlate de Jack London, en l’absence de réponse médicale comme nous en avons de nos jours, la panique fait fuir la presque totalité de la population la vouant à une mort certaine. L’auteur raconte, à travers le personnage de la petite Emmy, métisse, et de sa mère, ce voyage cauchemardesque dans des trains bondés qui favorise la propagation de la maladie. Ceux qui cherchent à y échapper sont accueillis à leur descente du train par des hommes armés de fusils qui leur tirent dessus impitoyablement pour les empêcher  de répandre la maladie. C’est ainsi que la mère d’Emmy est tuée. La fillette parvient à rejoindre Memphis où la vie s’organise tant bien que mal tandis que l’épidémie fait des milliers de morts en quelques jours.
Ce récit se fait autour de personnages principaux comme Emmy dont le père, blanc, est le premier à mourir de la fièvre jaune en venant retrouver sa fille après sa sortie de prison. Au drame de l’épidémie s’ajoute celui du racisme, des exactions du Ku Kux Klan et des exécutions sommaires des noirs dans une région encore marquée par la guerre de sécession et par la haine du Nord. Il y a aussi Keathing, journaliste, proche de ses amis racistes, touché par la maladie et qui va peu à peu évoluer devant tant de peurs et de souffrances. Puis un belle figure féminine, Anne Cook, maquerelle, tenancière d’une maison close, qui fait de son lupanar un hôpital et soigne les malades avec dévouement. Enfin, un personnage qui a réellement existé et à qui Sébastien Spitzer dédicace son livre, Raphaël T. Brown, ancien esclave noir, libéré par la guerre, qui prend les armes et organise une milice pour défendre les habitants des hordes de pillards qui volent, violent et tuent à la faveur du désordre et de la maladie.  

Les personnages, leur humanité, nous permettent d’entrer dans ce récit et de vivre avec eux cette tragédie qui nous touche, au-delà des siècles, car toujours malheureusement actuelle. Un bon roman et qui devrait nous permettre de nous interroger sur la chance que nous avons, au XXI siècle, selon les pays où nous habitons mais aussi les milieux sociaux -car nous ne sommes pas tous égaux- d’avoir des hôpitaux à la pointe du progrès, des soignants compétents et dévoués, des chercheurs qui travaillent sans relâche sur les médicaments adéquats, des gouvernements, du moins ceux qui en ont le courage et la lucidité, pour nous protéger en prenant des mesures pas toujours populaires mais nécessaires malgré les grognements et les vitupérations des jamais contents !