Pages

Affichage des articles dont le libellé est Editions Gaïa. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Editions Gaïa. Afficher tous les articles

jeudi 31 août 2017

Anne-Cathrine Riebnitzsky : Les guerres de Lisa


De retour de mission en Afghanistan pour l’armée danoise, dans l’avion qui la ramène au Danemark, Lisa se retrouve aux côtés d’Andreas, médecin, à qui elle décide de raconter l’histoire de sa vie. Une histoire familiale lourde à ­porter : une mère manipulatrice et dépressive, un père violent, la tentative de suicide de sa jeune sœur… Mais aussi l’histoire de quatre frères et sœurs liés par un même combat : survivre — à la guerre comme dans la vie.
Lisa dévoile de terribles secrets, comme les cir­constances exactes de la mort accidentelle du père, et les conséquences tragiques d’une mission para­chutiste en ­Russie à laquelle son petit frère Peter a participé. (Quatrième de couverture)

 Si le livre Les guerres de Lisa de Anna-Cathrine Riebnitzsky aux éditions Gaïa commence en Afghanistan où Lisa et son frère Ivan, tous deux soldats comme le fut l’auteure elle-même, mènent leur guerre, le roman nous ramène bien vite au Danemark au chevet de la petite soeur Marie, musicienne, qui vient de faire une tentative de suicide. Et l’on s’aperçoit que la guerre ne cesse pas mais se déplace de l’extérieur vers l’intérieur, au sein de la cellule familiale où la fratrie, deux frères, deux soeurs dont Lisa est l’aînée, est unie dans la lutte pour la survie qui les a opposés à leurs parents et dont ils porteront toujours les marques. Le roman alterne, en effet, les retours dans le passé et les moments présents.
La mère admirée mais malade, suicidaire, dont on découvre comment elle joue avec l’affection de ses enfants disant à chacun d’eux qu’il est le préféré ; le père violent et brutal qui attise la haine de ses enfants. Haine qui unit aussi les époux qui ne se sont jamais aimés, jamais entendus. Oui, la guerre est à l’intérieur. C’est ce qu’exprime Marie, la jeune soeur artiste, plus fragile que ses aînés : « Elle dit que les munitions, dans cette maison, ce sont les gifles et les mots. »
L’auteure dont il semble que le récit soit en partie autobiographique crée une atmosphère pesante autour de cette famille sur laquelle pèse, même après la mort du père, des non-dits, ce que l’on soupçonne sans jamais le formuler. Une version des Atrides au Danemark qui permet de comprendre pourquoi deux des enfants Lisa et Ivan se réalisent dans les combats de l'armée danoise qui mettent leur vie en danger, vie que les poussées d’adrénaline rendent précieuse tandis que le second frère Peter est sur un fauteuil roulant. On y voit aussi comment les névroses se forment d’une génération à l’autre, de la grand-mère de Lisa à sa mère qui dès l’âge de huit ans avait la conviction: « que la seule façon de rendre sa mère heureuse était de mourir. »  L’écrivain arrive à rendre la complexité des rapports humains mais j’ai trouvé que les enfants étaient singulièrement tendres entre eux contrairement à ce que leur enfance à la dure laissait attendre !

Si l’enfance malheureuse et ses séquelles est un thème largement exploité dans la littérature, Anne-Cathrine Riebnitsky, écrivaine danoise, a une manière personnelle de traiter ce sujet grave qui se termine contre toute attente par une note optimiste.