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dimanche 29 avril 2018

Guido Gezelle : poète flamand


J'aurais aimé en savoir plus sur Guido Gezelle, poète flamand romantique, dont la statue est détruite par un attentat dans le roman de Pieter Aspe : Chaos sur Bruges. Le mois de littérature belge m’a appris combien il est difficile de trouver les traductions françaises des poètes flamands en bibliothèque. j'ai voulu acheter celle de Liliane Wouters de Gezelle mais elle est indisponible. Et je n’ai trouvé que quelques poèmes sur le net. Je vous fais part de ceux-ci.

Ce soir et cette rose
 
Auguste Renoir

Ce soir et cette rose
                                                    À Eugène van Oye.

                                                
Près de toi j’ai passé tant d’heures,
      d’instants élus,
et près de toi jamais une heure
      ne m’a déçu :
pour toi j’ai choisi tant de fleurs,
      avec toi, tel
l’abeille, j’en ai bu le miel,
      avec toi. Mais
jamais heure ne fut plus belle,
      plus triste aussi
au moment du départ que celle
      où j’entendis
ce soir-là, se parler nos âmes
      dans le secret.
Jamais plus douce fleur par toi
      cherchée, élue,
que celle qui brillait sur toi,
      par moi reçue.
Bien que pour toi, bien que pour moi,
      toutes les heures
qui passent entre toi et moi
      trop tôt se meurent,
bien que pour toi, bien que pour moi,
      rare et choisie
cette rose venant de toi
      sera flétrie.
Pourtant mon cœur, tant qu’il vivra,
      de ces trois choses
verra l’image : toi, ce soir
      et cette rose.


Guido Gezelle Poèmes, chants et prières, 1862.

Traduit du néerlandais par Liliane Wouters.

poésie que j'ai lu ici



Petite Mère (Moederke, 1891)

Aurélia Frey


Petite mère,
de ton visage
n'ai pu garder
l'image.
Sur cette terre
pas un dessin,
rien de gravé,
de peint.
Pas un portrait,
pas un cliché,
pas une pierre
sculptée,
hormis les traits
empreints en moi
et que tu m'as
laissés.
O que je puisse
toujours garder
inaltérés
ces traits
jusqu'à ma mort
que leur éclat
demeure encore
en moi.


Traduit par Liliane Wouters


Guido Gezelle


Personnalité riche et complexe, Guido Gezelle, (1830-1899) écrivain belge d'expression néerlandaise, exerça une profonde influence sur l'évolution culturelle des Flandres. Originaire d'un milieu populaire brugeois, il s'orienta vers le sacerdoce, mais ne put devenir missionnaire comme il le souhaitait. Professeur à Roeselare, il eut plus de succès auprès de ses élèves que de ses supérieurs. C'est à cette époque qu'il se tourne vers le lyrisme romantique. Il forme alors une nouvelle école poétique. Mais ses premiers essais personnels demeurent théoriques et didactiques. En revanche, Poèmes, chants et prières (Gedichten, Gezangen en Gebeden, 1862) témoignent d'une inspiration religieuse originale, d'un contact intime avec la nature, d'une intériorité ardente. Entre 1860 et 1880, le folklore, avec Autour du foyer (Rond den Heerd, 1865), le journalisme, les recherches linguistiques ainsi que les traductions semblent prendre la meilleure part de son temps. Il s'agit là en réalité d'une longue période de crise et de maturation d'où son génie poétique ressurgira sous l'influx chaleureux et fraternel du milieu courtraisien (il avait été nommé à Courtrai). La Couronne du temps (Tijdkrans, 1893), sorte de célébration cyclique des saisons... 



jeudi 26 avril 2018

Pieter Aspe : Chaos sur Bruges


Le commissaire Van In, grande gueule au cœur tendre et buveur de bière impénitent, son adjoint, le perspicace Versavel, et la belle Hannelore Martens, substitut du procureur. Un trio de choc pour déjouer une série d'affaires qui sème la panique dans la bourgeoise ville de Bruges. Une fois de plus, le pas très politiquement correct Van In s'apprête à jeter le trouble en haut lieu, où l'on semble peu pressé de le voir résoudre son enquête... (4ième de couverture)
Chaos sur Bruges de Pieter Aspe ne m’a pas entièrement convaincue. Cela tient d’abord au personnage principal, le fameux commissaire Van In avec lequel je faisais connaissance et qui m’a grandement ennuyée. En dehors de son alcoolisme et de son amour immodéré de la bière (cela m’a du moins appris le nom d’une d’entre elles la Duvel ! ), de sa saleté, de ses vêtements froissés et tachés et de son mauvais caractère, je ne sais pas ce que l’on peut lui trouver ! Ajoutons que lorsqu’il sort du lit de la belle Hannelore, c’est pour mieux entrer dans celui d’une prostituée, si bien que lorsqu’il demande Hannelore en mariage, on se dit qu’elle ferait mieux de fuir ! Tout cela pour dire que l’on ne peut pas vraiment croire aux sentiments de l’un ou de l’autre et que l’analyse psychologique des personnages paraît superficielle dans ce roman.
Voyons l’intrigue maintenant. Là aussi, j’ai eu beaucoup de mal à m’y intéressée, du moins au début. Je trouve qu'elle traîne en longueur. Ensuite, je suis bien entrée dans l’histoire mais elle me paraît compliquée. Il y est fait allusion aux différends entre wallons et flamands. Piste abandonnée par la suite.. mais qui m’intéressait.

Bref! En gros, l’alchimie n’a pas eu lieu. Peut-être dans un autre de ses romans ?



dimanche 15 avril 2018

Maurice Carème : Poèmes


Fjaestad Gustav peintre suédois
Maurice Carème est un poète et écrivain  belge né en 1899 à Wavre. En 1918, il devient instituteur à Anderlecht. La découverte des poèmes d'enfants le bouleverse et change son style. Désormais, il recherche la plus grande simplicité. (voir ici)


Le givre
 
Fjaestad Gustav peintre suédois


Mon Dieu ! comme ils sont beaux

Les tremblants animaux

Que le givre a fait naître

La nuit sur ma fenêtre


Ils broutent des fougères

Dans un bois plein d’étoiles,

Et l’on voit la lumière

A travers leurs corps pâles.


Il y a un chevreuil

Qui me connaît déjà ;

Il soulève pour moi

Son front d’entre les feuilles.


Et quand il me regarde,

Ses grands yeux sont si doux

Que je sens mon cœur battre

Et trembler mes genoux.


Laissez moi, ô décembre !

Ce chevreuil merveilleux.

Je resterai sans feu

Dans ma petite chambre.



Il a neigé
 
Pekka Halonen : peintre finnois


Il a neigé dans l'aube rose
Si doucement neigé,
Que le chaton noir croit rêver.
C'est à peine s'il ose
Marcher.

Il a neigé dans l'aube rose
Si doucement neigé,
Que les choses
Semblent avoir changé.

Et le chaton noir n'ose
S'aventurer dans le verger,
Se sentant soudain étranger
A cette blancheur où se posent,
Comme pour le narguer,
Des moineaux effrontés.

                         
Vent




Vent qui rit,
Vent qui pleure
Dans la pluie,
Dans les cœurs ;


Vent qui court,
Vent qui luit
Dans les cours,
Dans la nuit ;


Vent qui geint,
Vent qui hèle
Dans les foins,
Dans les prêles ;


Dis-moi, vent
Frivolant,
À quoi sert
Que tu erres


En sifflant
Ce vieil air
Depuis tant,
Tant d’hivers ?

Il pleut

Van Gogh : la pluie

Il pleut sur les longs toits de tuiles,
Il pleut sur les fleurs du pommier,
Il pleut une pluie si tranquille
Qu’on entend les jardins chanter.

Il pleut comme au temps de Virgile,
Comme au temps de Berthe aux longs pieds,
Il pleut sur les longs toits de tuiles,
Il pleut sur les fleurs du pommier.

Il pleut du bleu doux sur la ville
Il pleut et, dans le ciel ouaté,
Tous les colombiers sont mouillés.
Les pigeons semblent, sur les tuiles
Des bouquets de  fleurs de pommiers

Le brouillard
 
Aurélia Frey

Le brouillard a tout mis

Dans son sac de coton ;

Le brouillard a tout pris

Autour de ma maison

Plus de fleurs au jardin,

Plus d'arbres dans l'allée ;

La serre des voisins

Semble s'être envolée.

Et je ne sais vraiment

Où peut s'être posé

Le moineau que j'entends

Si tristement crier.


                                      
Le soleil et le chat

Jean Luçart
Le chat ouvrit les yeux,
 

Le Soleil y entra.
 

Le chat ferma les yeux,
 

Le Soleil y resta. 

 

Voilà pourquoi le soir,
 

Quand le chat se réveille,
 

J’aperçois dans le noir
 

Deux morceaux de Soleil. 


 

dimanche 8 avril 2018

Julos Beaucarne : En voyant naître cet enfant ...

Paulo, fils de Pablo Picasso

Chaque fois que je lis ou que j'écoute cette chanson de Julos Beaucarne, poète et chanteur belge, je me sens touchée par ces paroles qui célèbrent la naissance comme un miracle :  l'enfant comme une somme de tous ceux qui ont existé avant lui, souvenir de visages aimés;  l'enfant comme une continuité de l'espèce humaine, échappé à tant de dangers;   l'enfant, enfin, qui nous prolonge, comme une promesse de bonheur dans un monde qui va mal.


Pieter Breughel l'Ancien (1525-1569) : Noce paysanne

En voyant naître cet enfant
Je voyais du fin fond des siècles
Tous mes ancêtres, tous mes parents
Dans ce petit corps renaître
Je revoyais leurs maisons
Aujourd'hui en démolition
Et les buildings qui essayaient
De nous les faire oublier

Par quel hasard ce bel enfant
A survécu à toutes guerres
Guerre de Troie, guerre de Cent Ans
Échauffourées meurtrières ?
Par quelle fissure du temps
S'est-il glissé jusque maintenant
Défiant la mort, le fer, le vent
Hérode et les tueurs d'enfants ?

Que le vent souffle d'Afrique
Qu'il souffle du Nouveau Monde
Ce sont fusils qui crépitent
Bazookas pan-pan qui grondent
Échapperons-nous, dites-moi,
À cette grande razzia ?
Mon enfant, viens dans mes bras
Fais dodo tout contre moi

Toi qui cherches, toi qui doutes
La vérité s'étiole
À la croisée des sept routes
Y a le nouveau dieu pétrole
On sacrifie sur l'autel
Des petits enfants à la pelle
Le monde fait hara-kiri
Babel fait florès aujourd'hui

Le trac du monde se détraque
Je ne sais quel parti prendre
Face à la Grande Mitraque
D'un monde malade à pierre fendre
J'essaie vite, en cachette
Avant qu'on ne coupe l'herbette,
De bâtir une maison
Sur le sable de mes chansons


Berthe Morisot : mère et enfant

Poème publié dans le cadre du mois belge organisé par Anne et Mina