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mercredi 7 avril 2010

Henri Ridder Haggard : Elle, Celle-qui-doit-être-obéie

Henri Rider Haggard (1856- 1925 )


Le roman de Henri Ridder Haggard, Elle, parut en 1886. Rédigé par son auteur à une vitesse record comme si une force extérieur -quelque chose dira Kipling-  écrivait à sa place, il obtint un succès foudroyant.
Il faut dire que l'auteur de Elle, après un premier ouvrage intitulé Les Mines du roi Salomon qui eut beaucoup de succès aussi, donne naissance à un genre littéraire très particulier, le roman d'aventures qui s'appuie sur les thèmes du voyage, de l'ethnologie, de l'archéologie mais pour mieux le transposer dans un monde imaginaire faisant appel au fantastique. Freud  et Yung  furent intéressés par ce récit et par la puissance de l'imagination qui semble révéler les forces de l'inconscient et Henri Miller, lui-même, lui consacre un essai admiratif.
Après Elle, le voyage à la recherche de civilisations mythiques, disparues, de trésors enfouis, de créatures hors du commun, n'a cessé d'inspirer de nombreux romanciers et réalisateurs de films. Pierre Benoît, déjà, avec son Atlantide  fut accusé de plagiat en 1919. Des adaptations filmiques n'ont cessé de fleurir dans le monde et de nos jours  l'un des films les plus marquants  à la manière de Elle ... est Indiana Jones

Le sujet?  Horace Holly, un professeur éminent de l'université de Cambridge,  et son fils adoptif Léo partent sur les traces d'une civilisation disparue depuis deux mille ans en Afrique, dans l'actuelle Tanzanie. Ils sont  guidés par des inscriptions figurant sur des tessons de poterie que leur à confiés le père de Léo avant de mourir. Accompagné de leur fidèle domestique, ils recherchent  Asheya, reine mystérieuse et d'une beauté redoutable, qui semble avoir découvert le secret de l'éternelle jeunesse. C'est Elle, Celle-qui-doit-être-obéie. Il y a deux mille ans elle a poignardé son amant, Kallitratès, un prêtre du culte d'isis qui lui avait été infidèle. Depuis, elle attend le retour de son bien-aimé qui doit se réincarner et la retrouver.


Quant à moi, j'ai lu ce roman plus par curiosité historique et littéraire que par réel intérêt même si je suis consciente des qualités qui lui ont valu de devenir un modèle. L'auteur fait preuve, en effet, d'une grande puissance d'imagination et certaines scènes ne manquent pas de force d'évocation : la découverte des momies qui ont l'air de dormir, intactes dans la mort car leur corps ne peut se corrompre, le bain d'Ashaya dans la Flamme de Vie qui va la consumer en abolissant ses deux mille ans d'existence en quelques secondes... Il faut reconnaître aussi la fascination que peut exercer l'omniprésence de la mort et la réflexion sur les civilisations englouties qui aboutissent à une méditation philosophique sur l'inexorabilité du Temps qui passe. Henri Ridder Haggard est, de plus, très érudit, il connaît les civilisations et les langues antiques, il a voyagé en Afrique et même s'il commet quelques erreurs sur la faune ou la flore, le livre est très documenté et savant.
Pourtant, certains aspects du livre ont un peu vieilli : le sentiment de supériorité britannique sur les peuples "sauvages";  la condescendance éprouvée envers ces civilisations africaines qui s'étend d'ailleurs aux classes sociales avec l'infériorité "obligée" des domestiques (Pourtant Haggard ne manque pas d'humour lorsqu'il s'agit de se moquer des habitudes anglaises et même françaises!); les non-dits sur la sexualité, thème pourtant bien présent  dans le roman. Mais nous sommes à l'époque victorienne  et, après tout, l'on ne peut pas vraiment faire un grief à Haggard de refléter le puritanisme et les préjugés de son temps.  Malgré tout et peut-être parce que  j'ai trop lu ou vu ce genre de romans ou de films, ou parce que je l'ai lu trop tard et non dans mon enfance, je ne suis pas arrivée à me passionner.


L'homme qui voulut être roi est un roman de Kipling adapté par John Huston. Le livre et le film sont excellents.