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lundi 14 octobre 2013

La librairie de la pomme verte et autres lieux merveilleux Rentrée littéraire



La librairie de la pomme verte, quel joli titre! Celui d'une des nouvelles écrite par Dave Eggers pour ce recueil de textes d'écrivains américains rassemblés par Ronald Rice et traduits par Hélène Dauniol-Remaud aux éditions Les arènes. Chacun de ces écrivains a été convié à écrire sur sa librairie préférée, une manière de défendre la librairie indépendante, la seule qui permette à la littérature de rester vivante, humaine, la seule qui laisse sa chance aux jeunes écrivains de percer, aux points de vue différents de s'exprimer, à la diversité des genres et des voix de tous les pays, bref! à la littérature de qualité de survivre.
En exergue une phrase de Walt Whitman : Le commerce des livres est le commerce de la vie, précepte totalement oublié, il est vrai, par les ventes massives de livres dont s'est fait le champion Amazon qui est évidemment la cible principale de tous les auteurs qui participent à ce recueil.
A travers la description de ces librairies de rêve, que nous visitons à travers tous les Etats-Unis (mais il y en a une à Londres et une à Paris), c'est aussi un vibrant hommage aux libraires, à ceux qui savent porter haut leur rêve, souvent contre vents et marées, en faisant fi de l'enrichissement personnel.  Un livre nécessaire, donc, et qui fait du bien car si vous n'avez pas trouvé la librairie de vos rêves dans la ville où vous habitez (et même pas de libraire du tout!), le combat pour la librairie indépendante vous paraît peut-être juste mais lointain.
J'ai trouvé les différentes nouvelles du recueil un peu trop répétitives même si elles peignent bien le charme de ces librairies et cela bien que nous soyons en présence de grands auteurs américains (l'occasion de s'apercevoir combien ils sont nombreux et malheureusement peu traduits en français donc inconnus du grand public). Très difficile effectivement d'écrire sur commande : quelle est votre libraire préférée? et d'être original puisque les points communs de ces lieux extraordinaires sont les mêmes : conviviaux, chaleureux, ils rassemblent tous les amoureux des livres (l'impression d'être entre amis), offrent un fouillis désordonné ou ordonné selon une logique délicieuse qui reflète l'esprit du maître du Temple, un endroit où vous êtes accueillis par des libraires à la fois cultivés, puits de science, humains, charismatiques, qui prennent le temps de vous connaître et sont heureux de vous voir! D'où l'impression d'une certaine lassitude à la lecture de toutes ces nouvelles quand on ne connaît pas les librairies en question.
Le style est dans l'ensemble assez classique sauf pour quelques uns qui se différencient des autres par l'humour comme Meg Wayte Clayton qui se décrit pleurant toutes les larmes de son corps à la vue de son premier livre dans sa librairie préférée ou de Rick Brags à qui elle permet de fuir les chats qu'il déteste alors que sa femme les adore; par un ton volontairement provocateur comme Tom Robbins pour qui la librairie a permis de réaliser un de ses fantasmes les plus fous ou Chuck Palahniuk qui décrit l'enfer de la promotion d'un livre; un point de vue tout à fait original comme celle de Ann Haywood Leal , auteur de livres pour enfants et institutrice qui raconte comment un de ses élèves de milieu défavorisé a trouvé le livre idéal grâce à son libraire.
Enfin, un des autres intérêts du livre est de pouvoir servir de guide. Si vous avez l'occasion de voyager aux Etats-Unis, emportez-le car, s'il y a une chose qui est réussie dans ce recueil, c'est l'envie qu'il suscite d'aller voir toutes ces librairies. Quant à moi je commencerai par celle de Paris que vous connaissez certainement : Shakespeare and Company dont parle Emily St John Mandel.

 ET voici pour finir le beau texte de Tom Robbins qui est une ode aux vraies librairies

Baptisé dans l'encre, et emmailloté dans des langes de poussière, je suis l'un de ces types à qui une bonne librairie sert de temple, de sanctuaire, de bosquet sacré, de caravane bohémienne, de nigth-club à Tijuana, de parc de loisirs, de source de santé mentale, de camp de safari, de station spatiale et de champs de rêves intérieur.


Merci à la librairie dialogues et aux éditions Les arènes