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jeudi 28 mars 2019

Festival In d'Avignon : Premières impressions sur le thème de l'Odyssée


C'est Miryam Haddad, une peintre syrienne, qui a réalisé l'affiche de la 73ème édition du festival d'Avignon. Elle s'est inspirée de l'Odyssée d'Homère, le thème de cette année. L'artiste sera également exposée tout au long du festival, du 4 au 23 juillet 2019, à la collection Lambert d'Avignon. voir Ici : Le sommeil n'est pas un lieu sûr. Quelle belle affiche !



Le festival In d'Avignon 2019 aura lieu du 4 juillet au 23 juillet sur le thème annoncé par le directeur artistique Olivier Py le 27 mars : Odyssées contemporaines. Ce thème qui visitera tous les pays mais aussi toutes les époques, relie l'antiquité et le voyage d'Ulysse à notre époque contemporaine qui est celle de l'exil, des migrations, du déracinement.
 « L’odyssée, c’est le voyage en général, explique Olivier Py, le voyage d’un migrant, des exilés, dans la Méditerranée, qui ressemble de nos jours à une tragédie ; c’est aussi une aventure d’après-guerre […] C’est la rencontre de l’autre, de l’étranger. » voir article ici)
Des sous-thèmes apparaîtront comme ceux du colonialisme, de l'écologie, de l'Histoire, explique Olivier Py.
Un théâtre donc, qui joue son rôle, celui d'interroger sur notre monde actuel, celui de réveiller les consciences, voire de les déranger.  
Quarante trois spectacles au programme et je ne vais pas tous les présenter. Seulement ceux qui m'intéressent et que j'ai, à priori, envie de voir. Evidemment, d'ici le mois de Juillet, d'autres possibilités apparaîtront et il me faudra alors choisir !
Architecture

 
Je retiens comme d'habitude le premier spectacle de la Cour d'Honneur car j'aime trop ce lieu pour y manquer !
Architecture, spectacle présenté par le metteur en scène et chorégraphe Pascal Rambert. Il s'agit d'une famille au début du XX siècle jusqu'à l'Anschluss. Le thème me plaît qui inscrit la Petite histoire dans la Grande, d'autant plus que l'on compare la pièce aux Damnés d'après Visconti, pièce que j'avais eue le plaisir de voir sur cette même scène, il y a trois ans. La distribution qui réunit quelques grands noms du théâtre et du cinéma est attirante : Emmanuelle Béart, Jacques Weber, Stanislas Nodley, Denis Polyadès, Marina Hands... 
 
La nuit des Odyssées
Ensuite j'aimerais bien assister aux trois spectacles qui portent le titre de L'Odyssée, point de départ du thème du festival : Blandine Savetier présentera un "feuilleton théâtral" sur L’Odyssée d’Homère, au jardin Ceccano : « Chaque île où Ulysse s’échoue va lui permettre d’acquérir un savoir nouveau et le transformer, explique-t-elle. Le récit d’une continuité dans la métamorphose. Homère ne déroule pas une vision du monde, il met en regard diverses visions du monde. »
et La Nuit des odyssées de Sonia Wieder-Atherton à la Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon
et aussi L'odyssée de Alexandra Badea au théâtre Benoît XII. Je n'ai pas plus de renseignements sur ces trois pièces mais j'aurai le temps de me faire une idée plus tard.

Et encore, parmi les spectacles qui m'intéressent : L'Orestie avec les élèves du conservatoire national de Strasbourg mis en scène par Jean-Pierre Vincent, un Hommage à Patrice Chéreau avec des textes lus par Dominique Blanc.
 Et pourquoi pas Phèdre  par François Grémaud ?
 Et puisque la Chine est à l'honneur au festival, voici deux spectacles qui pourraient m'intéresser : ordinary people au théâtre benoît XII ou la maison du thé à Opéra Confluence.




Enfin un spectacle pour jeune public avec ma petite-fille. Il s’agit d’une pièce de Maeterlinck : La république des abeilles mis en scène par Julie Schaeffer à la chapelle des Pénitents blancs.




Allez lire aussi les billets d'Eimelle qui prépare son festival d'Avignon 2019 sur son blog Ici 

mardi 13 novembre 2018

Sénèque : Thyeste au festival d'Avignon 2018 Mise en scène Thomas Joly

Thyeste de Sénèque mise en scène par Thomas Joly festival d'Avignon juillet 2018
Thyeste festival d'Avignon juillet 2018
 Rappel : Cette année, j’ai suivi le festival d’Avignon de Juillet 2018 avec autant de plaisir que les années précédentes mais je n’ai pas eu le temps d’écrire des billets. J’ai tout de même envie de parler ici de quelques spectacles, ce que je ferai sporadiquement, ne serait-ce que pour m’en souvenir et vous parler d’auteurs, d’acteurs, de metteur en scène qui méritent bien que l’on aille les voir. Si je le peux, je vous donnerai les dates des représentations en France en 2019. 
***
Cette fois-ci,  c'est d'une pièce du festival in dont je vais parler :  Thyeste de Sénèque  qui raconte l'histoire de la vengeance d'Atrée!  Pour punir son frère Thyeste qui a cherché a usurpé son trône et séduit sa femme, Atrée fait venir son frère à la cour sous prétexte de pardon puis il tue les enfants de Thyeste et les lui fait manger.

Thyeste de Sénèque : Mègère, Tantale et le choeur (source)
Quand on pénètre dans la Cour d'Honneur à Avignon, le décor donne déjà la tonalité de l'oeuvre de Sénèque puisque gisent, dispersés de part et d'autre de l'immense scène, une tête à la bouche ouverte dans un dernier cri et une main tout aussi gigantesque au doigt accusateur. Des restes humains dépecés. Tout ceci pour nous rappeler, avant même que l'indicible soit accompli, le festin sanglant offert à Thyeste par son frère Atrée.
D'abord, l'arrivée de Mégère, ombre toute de blanc et de sang vêtue, puis celle de Tantale, sinistre aïeul de la famille, s'extrayant du Tartare, dans sa carapace verte, semblable à celle d'un monstre couvert d'écailles, tout ruisselant de l'eau des Enfers. Leurs voix imprécatrices qui se projettent vers le ciel, lancées au-dessus des créneaux du palais des papes, bien au-delà des spectateurs, emportées au loin par leur puissance, ouvrent cette  pièce qui semble nous plonger dans un monde écrasant, nous, les extrêmement petits.

Mégère à Tantale: "Ombre funeste, va, souffle sur ton palais détesté la rage des Furies ; qu'il s'engage entre tes descendants une lutte de crimes, et qu'ils s'arment tour-à-tour du glaive homicide. Point de mesure à leur fureur, point de honte qui les arrête : qu'une aveugle colère s'empare de leurs esprits ; que la rage des pères ne s'éteigne point avec eux, mais que leurs crimes passent, comme un héritage, à leurs fils : qu'aucun d'eux n'ait le temps de se repentir d'un attentat commis, mais qu'il en commette chaque jour de nouveaux, et que le châtiment d'un crime soit un crime plus grand."  Traduction  ME Geslou

La mise en scène de Thomas Joly traite avec une férocité impressionnante, avec une emphase dans l'horreur, cette tragédie aux accents à la fois lyrique et réaliste, qui parle de vengeance mais aussi de démesure. Quand l'homme cesse-t-il d'être un humain ? La langue de Sénèque est belle dans la traduction de Florence Dupont. La musique, la beauté des jeux de lumière sur la scène et sur le mur de fond du palais, celle des costumes, peuvent nous paraître très (trop?) esthétiques mais cette idée est bien vite démentie : Ainsi, le choeur composé d'enfants, à première vue purs et fragiles dans leur longue robe blanche, nous fait reculer à l'aspect de leur bouche ensanglantée d'où sortent des prières et des lamentations.

Lors de la mise à mort des enfants de Thyeste découpés en morceaux, le texte de Sénèque est d'une précision insoutenable mais si évocatrice que le spectateur se dit qu'il est heureux que le texte ne soit pas illustré par l'action ! Pas de redondance !

 Atrée a le courage de manier les fibres, et d'y lire la destinée; il observe attentivement les viscères encore tout pénétrés du feu de la vie. Satisfait des présages qu'il y trouve, il s'occupe tranquillement du festin qu'il veut offrir à son frère. Il coupe les corps en morceaux, il sépare du tronc les épaules et les attaches des bras, met à nu les articulations, brise les os, et ne laisse en leur entier que la tête et les mains qu'il avait reçues dans les siennes en signe de fidélité. Une partie des chairs est embrochée et se distille lentement devant le feu ; l'autre est jetée dans une chaudière que la flamme fait bouillonner et gémir : le feu laisse derrière lui ces effroyables mets, il faut le replacer trois fois dans le foyer pour le forcer enfin à s'arrêter et à brûler malgré lui. Traduction  ME Geslou

Mais rien ne nous sera épargné. Thomas Joly a pris le parti de l'indélicatesse; je veux dire que pour communiquer la terreur qui s'empare de la terre, du feu, et des cieux devant ce crime, il ne peut choisir la demi-teinte, la litote. La mort des enfants se matérialise avec décalage par rapport à l'action, sous la forme de sacs sanguinolents dans lesquels le père infortuné découvrira les restes non apprêtés pour le banquet : la tête et les mains. La suggestion est si forte que j'ai été prise de dégoût quand Thyeste mange la chair des enfants et boit leur sang croyant que c'est du vin, en portant des libations.

Comment sort-on de ce spectacle ? Pour ma part, j'ai été plutôt secouée et je dois avouer que j'ai  parfois eu envie de fuir ! Envers les deux personnages, je n'ai pu ressentir que de la répulsion, peut-être parce que les comédiens ne laissent apercevoir aucune faille qui pourrait même momentanément nous toucher? On pourrait, par exemple, éprouver de la compassion pour le père des enfants sacrifiés, Thyeste ; on pourrait voir Atrée hésiter, tenté de renoncer à sa terrible vengeance. Il n'en est rien ! Non, ce que j'ai ressenti, c'est du malaise. Pourtant, en assistant à cette pièce si éloignée dans le temps, qui pourrait paraître en dehors de nos préoccupations,  j'en ai senti l'actualité. Je n'ai pu m'empêcher de penser à toutes les périodes horribles de l'Histoire dont l'acmé est pour moi les camps de concentration nazis, la haine poussée au dernier degré de la monstruosité. 
Une représentation impressionnante, donc, qui convient bien à la Cour d'Honneur car celle-ci a les dimensions d'un théâtre antique. Je me demande l'effet que fait ce spectacle ramené à une scène de théâtre normale? Si vous y assistez, dites-le moi !

Thyeste de Sénèque mise en scène Thomas Joly  festival d'Avignon juillet 2018
Thyeste festival d'Avignon juillet 2018


La tournée de la pièce en France en 2018/2019

    Nantes
    du 14-11-2018    
    du 26-11-2018
    au 01-12-2018
 
    Paris
    La Villette
    au 20-11-2018
    Le Grand T

    Strasbourg
    du 05-12-2018
    au 15-12-2018
    Théâtre National de Strasbourg - TNS

    Martigues
    du 19-12-2018
    au 20-12-2018
    Théâtre des Salins

    Charleroi
    du 25-01-2019
    au 26-01-2019
    Palais des Beaux-Arts de Charleroi

    La Rochelle
    du 31-01-2019
    au 01-02-2019
    La Coursive

    Lyon
    du 12-02-2019
    au 16-02-2019
    Célestins, Théâtre de Lyon

    Caen
    du 06-03-2019
    au 08-03-2019
    Théâtre de Caen

    Antibes-Juan-les-Pins
    du 15-03-2019
    au 16-03-2019
    Anthéa - Antipolis

    Toulon
    du 22-03-2019
    au 23-03-2019
    Le Liberté, scène nationale

    Marseille
    du 28-03-2019
    au 30-03-2019
    La Criée

    Châtenay-Malabry
    du 03-04-2019
    au 04-04-2019
    Théâtre Firmin Gémier/La Piscine

    Lille
    du 24-04-2019
    au 28-04-2019
    Théâtre du Nord
.................................
  
Thomas Jolly
Enfant du théâtre public, révélé au Festival d'Avignon avec Henry VI et avec le feuilleton sur l'histoire du Festival, Thomas Jolly est passé en moins de dix ans du statut de jeune espoir à celui de metteur en scène d'envergure et populaire. Son approche des grands textes joue de la figure du monstre, de la difficulté de représenter l'irreprésentable et des grands formats. Avec La Piccola Familia, il pense le théâtre comme un art citoyen et cherche à interroger le fondement de l'être humain.



Sénèque

À la fois philosophe, auteur de tragédies, précepteur puis conseiller de Néron, Sénèque exerce une influence profonde sur la pensée occidentale.  Stoïcien, sa philosophie est censée assurer la consolation et la maîtrise de soi.

 

Pour ceux que la mythologie intéresse, l'histoire des Atrides par Florence Dupont

Egysthe, le fils de Thyeste qui vengera son père
"Voici les éléments mythologiques grecs auxquels se réfère la tragédie de Sénèque. La dynastie qui règne sur Argos,Mycènes, Pisa et Corinthe a été fondée par Tantale, venu d’Asie mineure. Tantale avait un fils, Pélops, qu’il avait tué et servi en repas aux dieux venus banqueter chez lui. Précipité dans le Tartare, il y subit le châtiment des grands damnés et souffre éternellement de la soif et de la faim ; à portée de sa main, de l’eau fraîche et des fruits s’éloignent dès qu’il veut les saisir.
Pélops convoita Hippodamie, la fille du roi de Pisa, tricha pour gagner la course de char qui l’opposait à son père, Oenomaos,et le tua. Puis il tua Myrtile, le cocher du roi qui avait été son complice en changeant la cheville de bois d’une roue de son char par une cheville en cire qui avait fondu pendant la course. Pélops fonda les Jeux olympiques à cet endroit. Il eut de nombreux enfants parmi lesquels Atrée et Thyeste. Ils se disputèrent le trône d’Argos. Zeus avait établi que le roi serait celui qui aurait dans ses étables un bélier à la toison d’or. Atrée, l’aîné, serait monté sur le trône si Thyeste n’avait séduit la femme d’Atrée, afin qu’elle volât pour lui le bélier dans les étables de son mari. Zeus, furieux en voyant Thyeste l’emporter, ordonna au soleil de faire demi-tour afin de dénoncer par ce signe le tricheur. Atrée reprit le pouvoir et exila son frère.
C’est ici que se place la vengeance d’Atrée, le sujet de Thyeste. Atrée fait revenir son frère à Argos, en lui offrant le pardon et la moitié du trône. Puis il s’empare de ses trois fils et les lui donne à manger dans un banquet. De nouveau, le soleil fait demi-tour.
Plus tard, Thyeste aura un fils avec sa fille, Égisthe, destiné à le venger. Les deux fils d’Atrée, Agamemnon, roi de Mycènes, et Ménélas, roi de Sparte, partiront pour la guerre de Troie. Agamemnon aura sacrifié sa fille Iphigénie, pour obtenir à Aulis les vents favorables au départ de la flotte grecque. À son retour, Agamemnon sera tué par sa femme Clytemnestre, avec l’aide d’Égisthe devenu son amant. Enfin, Oreste et Électre, les enfants d’Agamemnon, vengeront leur père en tuant leur mère et son amant, ce qui est le sujet de l’Agamemnon. Voilà l’histoire des Atrides qu’on devrait appeler plutôt les Tantalides, car tout a commencé avec le crime de Tantale."

Sénèque, Thyeste, traduction de Florence Dupont, Actes Sud, 2012, 928 p.
© Actes Sud, 2018


Vu aussi dans le cadre du festival In 2018

Arctique Anne-Cécile Vandalem (Bruxelles)


2025. Quelque part dans les eaux glacées internationales. Intérieur nuit. Froid. Salle de réception d'un paquebot de croisière. Extérieur plus froid encore. Inquiétante embarquée pour sept passagers clandestins, entre Danemark et Groenland. Très loin de s'amuser, cette croisière navigue à vue dans un environnement hostile sur fond de réchauffement climatique. Qu'allaient-ils donc faire dans cette galère ? Une ancienne ministre du Groenland, son ex-conseiller, une activiste écologiste, un journaliste, la veuve d'un homme d'affaires, le commandant du bateau et une adolescente cherchent à savoir qui les a mystérieusement réunis là et pourquoi. Polar politique ? Fiction écologique prémonitoire ? Huis clos à l'humour cinglant ? Mortelle traversée ?

Mon avis :
Un polar nordique au fond d'un paquebot, une atmosphère inquiétante et bizarre, de l'humour ... noir !  Un huis clos au fond d'une cale mais le spectateur peut voir à l'extérieur par l'intermédiaire de  la caméra qui suit les acteurs, mêlant théâtre et cinéma. Un spectacle original.
  
Calendrier :

Période Lieu Réservation
Hérouville-Saint-Clair
Du jeu. 15/11/18 au ven. 16/11/18
Comédie de Caen

En partenariat avec Festival Les Boréales
Tel. +33 (0)2 31 46 27 29
Liège
Du mer. 21/11/18 au sam. 24/11/18
Théâtre de Liège Réservation en ligne

Tel. + 32 4 342 00 00
Compiègne
Du jeu. 29/11/18 au ven. 30/11/18
Espace Jean Legendre Tel. +33 (0)3 44 92 76 76
Lyon
Du mar. 08/01/19 au ven. 11/01/19
Célestins, Théâtre de Lyon Tel. +33 (0)4 72 77 40 00
Paris
Du mer. 16/01/19 au dim. 10/02/19
Odéon-Théâtre de l'Europe Tel. +33 (0)1 44 85 40 40
Saint-Etienne
Du jeu. 14/02/19 au ven. 15/02/19
La Comédie de Saint-Etienne
Tel. +33 (0)4 77 25 14 14
Berlin
Du jeu. 04/04/19 au ven. 05/04/19
Schaubühne

 

 Story water  de Emanuel Gat et Ensemble Mode


« Une histoire, c'est comme l'eau
Que tu fais chauffer pour ton bain

Elle porte les messages entre le feu

Et ta peau »
Comme l'eau du poème soufi – donnant son nom à la pièce – porte les messages du feu, le corps est le véhicule entre Emanuel Gat et la danse. Story Water réunit sur le plateau de la Cour d'honneur du Palais des papes danseurs et musiciens pris sous les feux d'une même lumière, intensément blanche, qui sublime via les mouvements, une histoire en temps réel, jamais exactement la même chaque soir.

Mon avis : La chorégraphie m'a laissée perplexe et, décidément, je n'aime pas la musique de Boulez.

 

 Romances inciertos, un autre Orlando François Chaignaud et Nino Laisné


 À la fois concert et récital, Romances inciertos, un autre Orlando s'articule en trois actes, à l'instar d'un souvenir d'opéra-ballet. Successivement la Doncella Guerrera, figure médiévale qui nous emmène sur les traces d'une jeune fille partie à la guerre sous les traits d'un homme, le San Miguel de Federico Garcia Lorca, archange voluptueux et objet de dévotion, et la Tarara, gitane andalouse, mystique, séductrice, portant le secret de son androgynie. 



Mon avis : j'ai été intéressée par la découverte de la culture espagnole; le travesti, François Chaignaud qui danse la Doncella est convaincant mais... beaucoup de froideur dans ce spectacle très esthétisant.

vendredi 19 octobre 2018

Marivaux et Marilyn Mattei : Les Préjugés / Le préjugé vaincu et Fake


Cette année, j’ai suivi le festival d’Avignon de Juillet 2018 avec autant de plaisir que les années précédentes mais je n’ai pas eu le temps d’écrire des billets. J’ai tout de même envie de parler ici de quelques spectacles, ce que je ferai sporadiquement, ne serait-ce que pour m’en souvenir et vous parler d’auteurs, d’acteurs, de metteur en scène qui méritent bien que l’on aille les voir. Si je le peux, je vous donnerai les dates des représentations en France en 2019. 
Les préjugés, pièce composée de deux textes courts, un de Marivaux Le préjugé vaincu, un autre contemporain Fake de Marylin Mattei, est un spectacle proposé aux adultes mais aussi aux adolescents à partir de 13 ans.
Qu’ils se nomment Angélique, Lisette, Dorante Lépine ou bien Théo, Hector, Léna et  Mina, ils sont amoureux et même si trois siècles les séparent, ils se ressemblent, ô combien ! Et c’est ce qu’il y a de plus bluffant dans cette confrontation, le sentiment amoureux est toujours le même chez de très jeunes gens et procurent les mêmes délices et surtout les mêmes affres, les mêmes questions, les mêmes troubles et angoisses, entre peur et désir, consentement et refus, d’une époque à l’autre… Quant aux préjugés, s’ils sont différents, ils sont pourtant toujours présents.

Marylin Mattei et Marie Normand : l'auteure et la metteuse en scène
Dans le texte contemporaine qui commence le spectacle, la langue est proche de celle des adolescents du XXI siècle et de leurs préoccupations. Les préjugés sont là aussi, moins avoués, plus complexes, subordonnés aux réseaux sociaux, aux SMS, à Facebook, qui propagent les fausses nouvelles, qui décident de la réputation d’une fille, de l’exclusion de l’un ou de l’autre. Il y a les jeunes branchés, qui dominent, qui sont populaires, et les autres, les marginaux, ceux dont on se moque. La société n’est pas plus tendre que celle du XVIII et si les raisons sont différentes, ceux qui n’entrent pas dans le moule sont exclus. La conclusion de cette comédie à la fois vraie et légère provoque un éclat de rire. L’auteure Marylin Mattei connaît bien les adolescents si l’on en juge par la justesse du ton et des sentiments. Nul doute que les potaches de France et de Navarre ne s’y retrouvent et ne s’identifient à leurs semblables !


Le texte de Marivaux qui suit, nous le connaissons, avec cette belle langue du XVIII, si élégante quand ce sont les maîtres qui la parlent, et la finesse de l’analyse des sentiments. Angélique refuse d’épouser Dorante qu’elle aime mais qui n’est pas noble. Son père, le marquis, bien loin de s’opposer au mariage, serait fort aise d’accueillir Dorante, riche bourgeois et jeune homme brillant et prometteur mais le préjugé nobiliaire est trop fort pour Angélique. Il faudra toute la ruse et la malice des serviteurs Lisette et Lépine qui, amoureux eux aussi, ont tout intérêt à ce que leurs maîtres s’accordent.
Le décor reste le même, représentant d’abord le lycée, le CDI, la cour de l’école où se rencontrent les élèves, puis, avec Marivaux, l’intérieur du château d’Angélique. Les jeunes comédiens s’habillent sur scène dans une joyeuse et tumultueuse chorégraphie, endossant les costumes du XVIII. Ils rendent sympathiques et attachants leurs personnages qu’ils interprètent avec entrain dans l’un et l’autre texte. La mise en scène de Marie Normand est pleine d’énergie, de vivacité et d’empathie envers les amoureux et souligne le propos avec beaucoup d’humour. Elle met en évidence par la similitude de la gestuelle et des rapports amoureux, l’universalité de la nature humaine à travers les âges.

Les Préjugés : Fake de Marilyn Mattei  et le préjugé vaincu de  Marivaux

 Créé à Mirecourt en mai 2016, ce spectacle a été déjà représenté soixante-quinze fois et emporté l’adhésion enthousiaste de plus de 10 000 spectateurs en ville, en banlieue, et dans les territoires ruraux. Avec ce spectacle, la compagnie "Rêve général ! " est pour la première fois présente à Avignon.

    •    Metteuse en scène : Marie Normand
    •   Interprète(s) : Ulysse Barbry, Bruno Dubois, Martin Lenzoni, Clotilde Maurin, Apolline Roy
    •    Régisseur général : Jean-Luc Malavasi
    •    Régisseur : Paul Laborde-Castex
    •    Responsable billetterie et réseaux sociaux : Elisabeth-Anne Defontaine
    •    Chargé de production / diffusion : Jean-Michel Flagothier


Tournée : Du 1 au 15 décembre 2018, tournée dans la Communauté d’Agglomération d’Épinal (88) 26 janvier 2019, La Courée à Collégien (77) du 19 au 21 mars 2019 (4 représentations), Comédie de l’Est, CDN de Colmar (68)


LA CASERNE DES POMPIERS pendant le festival d'Avignon reçoit les spectacles de l'EST de la France. Voilà les spectacles que j'y ai  vus en 2018.


 Loin et si proche

 Vu avec ma petite fille  
Où vont les objets perdus ?
Nous avons tous vécu ce moment où l’on se demande : « Où a bien pu passer ma deuxième chaussette préférée ? »
Chaque jour, nous perdons quelque chose : des clés, l’équilibre, une dent, la mémoire, la tête parfois…
 







 Romance
Vu avec ma petite fille 
Sur le chemin qui nous mène de l’école à la maison, notre regard s’ouvre sur le monde. Jour après jour, au fil de notre imagination, le quotidien bascule dans la grande aventure. On rencontre un Inconnu au grand cœur, un Oiseau, un Farfadet, une Reine, une Sorcière… Un sort est jeté et le monde se renverse ! Déjouant alors mille embûches, il faudra coûte que coûte retrouver le chemin de la maison pour que le jour puisse à nouveau se lever.
En adaptant Romance, l’imagier étonnant et inventif de Blexbolex (Pépite d'or du salon de Montreuil 2017), la SoupeCie déploie avec effervescence un vaste univers de machineries, d’images découpées et projetées, de marionnettes et de trouvailles visuelles. 





Possession

Possession est une forme marionnettico-magique, où l'on plonge au milieu de ce qui se tapit dans les recoins de nos pensées les plus noires... Un temps suspendu où la folie et l’étrange prennent corps, sous les traits d’Antonin Artaud. Une convocation à rencontrer son fantôme, de l’autre côté du miroir... 









Rêve de printemps

Jeune ressortissant de Platoniun, A est fasciné par la Terre. Il rejoint la France et entame des études universitaires. Le rêve de l’étrange étranger à la peau bleue se frotte à la réalité des terriens.
Métaphore contemporaine, cette fable construite en miroir et imaginée au travers du prisme de la jeunesse aborde des questions essentielles : l’acceptation de l’Autre dans sa différence, l’ouverture aux mondes.








Voir aussi les pièces vues au théâtre ARTEPHILE ICI

dimanche 24 juin 2018

Music Hall de Jean-Luc Lagarce Théâtre Artéphile Festival d'Avignon 2018



Music Hall est une pièce de Jean-Luc Lagarce qui est le témoignage des années de galère qu’il a vécues au cours de ses tournées en France, officiant dans des salles inadaptées et sordides, recevant un accueil qui ne fut pas toujours chaleureux. C’est son double théâtral, la Fille -à qui il donne la parole - qui est chargée de transmettre cette expérience. Et c’est ainsi que se construit devant nous et peu à peu, comme un puzzle dont on retrouve les morceaux, ce personnage d’actrice fragile, usée, qui chante des chansons démodées (Joséphine Baker ?) et qui pourtant lutte pour maintenir son image tout en ne recevant plus qu’un accueil teinté de dérision, voire de mépris… jusqu’au moment où abandonnée par ses collaborateurs, dans une salle minable, devant une salle vide, les feux de la rampe s’éteindront.
La langue de Jean-Luc Lagarce est très particulière, bribes de phrases parfois sans sujet,  mots qui reviennent comme un leitmotiv pour caractériser le personnage et peut-être le figer dans le temps : « indolent »« goguenard » ou proverbes « qui peut le plus… »,  refrain lancinant qui rend le personnage à la fois dérisoire et émouvant.
Il y a quelque chose de très beau dans ce personnage interprété avec finesse par Héléna Vautrin, c’est son refus de se laisser aller, sa lutte pour renvoyer une image glamour d’elle-même, et même si l’on devine qu’elle se grise d’une gloire passée qui n’a peut-être jamais existé, qui le sait ? la Fille conserve sa dignité et l’on se sent le coeur serré, envahi par la nostalgie de l’échec.  Un bel hommage de Jean-Luc Lagarce aux comédiens !

D’habitude, le rôle est confié à une actrice plus âgée, mais la jeunesse de Héléna Vautrin n’est pas gênante et l’on peut imaginer l’actrice telle qu’elle a été et telle qu’elle veut toujours être pour paraître devant son public.  Elle est seule en scène car l’on n’entend que la voix de deux hommes de la troupe symbolisés par deux micros. Là et déjà plus là ! Tout repose donc sur sa présence et elle est à la hauteur !

La mise en scène de Florian Simon dont la gestuelle est réglée avec précision, au millimètre près, souligne le manque de naturel de la Fille qui semble rejouer devant nous et éternellement la gloire des années passés.  Elle n’est pas elle-même mais l’image qu’elle veut donner d’elle. Ses manières compassées, sa sophistication, montrent qu’elle est toujours sur scène dans un spectacle qu’elle se donne à elle-même : changement de perruques,  robes pailletées, ongles laqués que l’on abandonne un à un sur le plancher comme une petite part de soi-même, bras émaillés d’argent et d’or, contrastent brutalement avec la mesquinerie de l’accueil, le tabouret qu’on lui refuse ou qu’on lui fait payer très cher, l’abandon du public et la solitude qui est la sienne. A noter la beauté des costumes, l'harmonie des couleurs, volonté de souligner plutôt que l'échec de l'artiste, sa grandeur ou tout au moins son panache même s'il est construit sur du vent.
Une très belle scénographie de Léa Mathé avec des jeux de lumière qui mettent en relief chaque déplacement, chaque geste jusqu'au bout des doigts, des clairs-obscurs qui sculptent l'espace scénique. C’est aussi la lumière qui matérialise la fameuse porte indispensable à l’entrée de l’artiste mais qu’on lui refuse si souvent, et illumine le voile qui sert de décor, le rideau de scène qui va se fermer à jamais.

Un très beau spectacle. Un coup de coeur !



MUSIC HALL de Jean-Luc Lagarce
 
Durée : 1h
Théâtre ARTÉPHILE
5 bis, rue Bourg Neuf

à 17h35 : du 6 au 27 juillet - Relâches : 8, 15, 22 juillet

CIE 03

Metteur en scène : Florian Simon 
Interprète(s) : Héléna Vautrin 
Scénographie : Léa Mathé
Création Lumière : Fabien Colin 
Création Musicale : Seb Lanz 
Voix : Bertrand Beillot, Etienne Delfini-Michel 
Costumes : Les costumes de Lie 
Diffusion : Elodie Couraud

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 MON GRAND PERE

Les tragédies et l’accessoire. Les secrets que l’on enfouit d’une génération à l’autre et les codes familiaux que l’on se passe, d’un mot, d’une bribe de chansons, d’une expression dont on a perdu l’origine… Une famille… Celle qui traverse le très beau texte de Valérie Mréjen est au-delà de la banalité des convenances : on y a l’adultère flamboyant, la méchanceté ostensible, l’extravagance assumée, le dédain des conventions…







LA MENINGITE DES POIREAUX

Qui se souvient de François Tosquelles ? De ce Don Psyquichotte qui révolutionna la psychiatrie asilaire du XXe siècle ? Voici la joyeuse épopée de ce psychiatre catalan, membre du POUM, résistant, surréaliste… qui offrit aux malades un journal en guise de médicamental. Une invitation à faire la révolution permanente au ralenti, pour être sûr de n’oublier personne.

lundi 16 octobre 2017

Victor Hugo : La forêt mouillée



La forêt mouillée  de Victro Hugo appartient au recueil de Théâtre en liberté. C’est une comédie en un acte écrit en 1854 pendant l'exil de Hugo à Guernesey et qu'il n'a pas jugé assez bonne à publier ! J'avoue  que je suis assez d'accord avec lui ; j’ai du mal à en voir l’intérêt si bien que je n’ai pas grand chose à en dire !
 Hugo montre ici un homme ridicule que la nature accable de sarcasmes. Le personnage Denarius (qui signifie denier et rime avec niais) «sous des apparences de contemplateur, est à l’évidence un grotesque qui se méprend entièrement sur la réalité de la vie naturelle.»  Son lyrisme est entaché de pédantisme et la nature n’a de cesse de se moquer de lui.

et cela donne ceci  :

Denarius :
Yeux purs qui vous ouvrez dans l’ombre au bleu  matin,
Douces fleurs, je ne veux aimer que vous.

Choeur des fleurs
Crétin !

Une pierre
Fossile !

L’âne
Âne !

Une grenouille
Crapaud !

Les fleurs
Porte ailleurs tes semelles !

Je sais bien que Hugo voulait écrire une comédie à la Shakespeare et que ces papillons et fleurettes qui parlent peuvent rappeler Le songe d'une nuit d'été mais on est loin de la poésie du Songe et la réflexion ne va pas aussi loin.
Le thème traité est léger, presque inexistant : Denarius n’a jamais été amoureux et a horreur des femmes qu’il accable de sarcasmes. Apparaît dans la forêt Balminette accompagnée de madame Antioche qui discutent de leur protecteur respectif. Balminette a trouvé « un vieux », riche, qui lui promet une vie somptueuse. Elle est décidé à abandonner son amant en titre Monsieur Oscar qui est pauvre.
Denarius s’amourache d’elle au premier regard. Ainsi, lui qui méprisait les femmes tombe amoureux à première vue d’une grisette vénale et sans coeur. Il s'agit donc d'une satire de ce genre d'homme qui feint d'aimer la Nature mais ne la comprend pas et qui affirme ne pas s'intéresser aux femmes mais ne les connaît pas ! Evidemment, il s'agit d'une réminiscence transposée du Songe de la nuit d'été, pièce dans laquelle la reine des Fées, Titania, tombe amoureuse d'un homme à tête d'âne.

Peut-être la pièce aurait-elle dû avoir une suite ? Telle qu’elle est, elle s’arrête là. Et il me semble que c’est bien mince pour y trouver un grand intérêt !

La pièce n’a été mise en scène pour la première fois qu’en 1930 et l’on comprend pourquoi !

 Lecture commune avec : Margotte, Nathalie






mardi 1 août 2017

Fausse note de Didier Caron Festival OFF d'Avignon



Comment vivre confortablement avec son passé ? Faut-il l’effacer ou l’assumer ?
Nous sommes au Philharmonique de Genève, dans la loge du chef d’orchestre de renommée internationale, Alexandre Miller. A la fin d’un concert, ce dernier est importuné à maintes reprises par un spectateur envahissant, Léon Dinkel, qui prétend être un grand admirateur venu de Belgique pour l’applaudir.
Cependant, plus l’entrevue se prolonge, plus le comportement de ce visiteur devient étrange et oppressant. Jusqu’à ce qu’il dévoile un objet du passé…
Qui est cet inquiétant Monsieur Dinkel ? Que veut-il réellement ?
Un face à face poignant entre deux acteurs saisissants. 

La pièce paraît reposer sur un suspense mais il n'en est rien. Dès que Leon Dinkel est là, on comprend de quoi il retourne! Le spectateur sait que Alexandre Miller est nommé à l'orchestre de Berlin dont il est originaire. Il est fait allusion au chef d'orchestre Karajan qui était membre du parti nazi, et donc l'on comprend tout de suite que l'envahissant personnage vient démasquer la véritable identité d'Alexandre Miller. Il ne faut pas être grand devin pour deviner qui il est et ce qu'on lui reproche.
 J'ai trouvé cette pièce un peu lourde dans sa démonstration et la mise en scène plate, sans changement de rythme. Les réapparitions de l'importun visiteur auraient pu être traitées avec plus humour  et de fantaisie pour devenir de plus en plus inquiétantes. Faire rire pour mieux asséner la vérité. Un crescendo accompagné d'une montée de l'angoisse aurait donc été le bienvenue. Il n'en est rien ou seulement esquissé. Tout est sur le même ton et Christophe Malavoy est raide comme la justice (qu'il incarne, c'est vrai) d'un bout à l'autre de la pièce comme le veut la mise en scène. Quant au dénouement de la pièce, il paraît bien consensuel, avec le pardon magnanime du juif martyrisé envers le criminel nazi.
Un bon moment pourtant, quand Alexandre Miller s'empare du revolver et révèle ce qu'il pense vraiment des juifs alors qu'il avait protesté de son innocence et invoqué sa jeunesse au moment du drame. Cela rend le personnage plus complexe, plus trouble et pose le problème de la liberté humaine et de la responsabilité.
Bien sûr, Christophe Malavoy et Tom Novembre sont de grands acteurs et ont une présence indéniable. C'est pour les voir que j'ai choisi ce spectacle. Mais la pièce ne m'a pas entièrement convaincue.

Fausse Note
Théâtre du chien qui fume
  • Interprète(s) : Christophe Malavoy, Tom Novembre
  • Co-metteur en scène : Didier Caron, Christophe Luthringer
  • Assistante mise en scène : Isabelle Brannens
  • Lumières : Florent Barnaud
  • Scénographie : Marius Strasser
  • Costumes : Christine Chauvey
  • Son : Franck Gervais

lundi 31 juillet 2017

Quand souffle le vent du nord de Daniel Glattauer mise en scène Judith Wille Festival OFF d'Avignon


"Une faute de frappe... Et les e-mails d’Emmi atterrissent chez un parfait inconnu, Léo. De ce quiproquo, un dialogue s'engage. Tour à tour drôles, sensibles et piquants, ils se dévoilent avec humour et malice. Au fil des mots, sans se voir, ils s'attirent. Finiront-ils par se rencontrer ?
Après son succès à Paris et au Festival d'Avignon, la comédie contemporaine adaptée du best-seller de l’écrivain autrichien Daniel Glattauer revient pour notre plus grand plaisir !"


La pièce Quand souffle le vent du nord s’annonce agréable : Charmants comédiens, pétillants et pleins d’humour, dialogue vif, malicieux où chaque partenaire fait preuve à la fois d'une drôlerie et d’un esprit acéré. Décor modulable et ingénieux qui devient, en un tour de main,  bureau, lit, table de café, canapé…  Oui, tout partait bien ! Et puis… Pourquoi faut-il que ce qui aurait pu être une comédie légère, certes, bulle de savon, peut-être, mais agréable divertissement, prenne peu à peu le ton du mélo, avec vieux mari malade, enfants impotents ? J e n'ai pas lu le roman mais au théâtre je vous assure que cela ne passe pas. Du coup, l’on ne peut plus croire à cette histoire d’amour par correspondance qui vire au tragique et le tout devient un peu prétentieux. L’humour n’est plus là et l’on s’ennuie en trouvant la fin longuette.
Bon, les comédiens, eux, n’y sont pour rien. Ils étaient très bons dans la fantaisie et je me suis bien amusée en leur compagnie dans la première partie de la pièce.

Condition des soies
Quand souffle le vent du nord
À 19h00
Durée : 1h15
 du 7 au 30 juillet    
 Matriochka productions
 Interprète(s) : Caroline Rochefort, Stéphane Duclot
 Metteur en scène : Judith Wille

dimanche 30 juillet 2017

30 juillet dernier jour du festival OFF d'Avignon, dernière pièce...



1830, Sand, Hugo, Balzac Tout commence...  est la dernière pièce que je vais aller voir ce soir au festival  OFF d'Avignon 2017 ...  en fait dans un peu plus de deux heures !


 30 Juillet ! Dernier jour du festival OFF d'Avignon !  Mais cela fait déjà quelques jours que les rues d'Avignon se vident, que certains théâtres sont fermés, que les affiches disparaissent peu à peu...

Ce matin, en allant voir  le spectacle Orphans à l'Essaïon théâtre, j'entendais les compagnies qui se plaignaient du manque de spectateurs de cette dernière semaine surtout depuis jeudi. Effectivement le public qui doit retourner dans le nord essaie de devancer le fameux week end du mois d'août avec ses bouchons interminables.
Restent le public avignonnais et les courageux venus d'ailleurs, les irréductibles, qui vont jusqu'au bout. J'en fait partie.

Ce soir, à 18H30, je vais voir 1830 Sand Hugo Balzac tout commence de la compagnie Chouchenko au Théâtre Pandora. Espérons que je ne serai pas seule et que le spectacle me plaira pour finir en beauté. Vous le saurez dans les deux jours qui suivent ! J'ai encore quelques billets théâtre en retard avant de partir en Lozère. A bientôt !

Défaite des maîtres et des possesseurs de Vincent Message mise en scène Nicolas Kerszenbaum Festival OFF d'Avignon



« Il y a pour résumer trois catégories d'hommes : ceux qui travaillent pour nous ; ceux qui s'efforcent de nous tenir compagnie ; ceux que nous mangeons. Nous les traitons, tous, comme des êtres à notre service. »

"La compagnie "franchement, tu", dirigée par Nicolas Kerszenbaum, adapte "Défaite des maîtres et possesseurs", le trop lucide roman de Vincent Message, lauréat du Prix Orange du Livre 2016 : roman dystopique où l'espèce humaine n'est plus au sommet de la chaîne alimentaire, où nous ne sommes plus les maîtres et possesseurs de la nature, et où les nouveaux venus nous imposent le sort que nous réservions quelque temps plus tôt aux animaux. Roman d'épouvante, donc, mais aussi roman d'amour brechtien, où la puissance des sentiments permet la remise en cause radicale de l'ordre de notre monde. "

Je n'ai pas lu le roman Défaite des maîtres et des possesseurs mais je sais que Aifelle l'a beaucoup aimé aussi j'ai eu envie de voir l'adaptation. 
Dans un décor noir juste éclairé par des néons rouges ou blancs, évolue un couple : lui le monstre, venu d'ailleurs, d'une intelligence et d'une force supérieure à celles des humains, elle l'humaine, son "animal" de compagnie. Et l'amour entre eux. L'on comprend très vite le propos de l'auteur et la dénonciation de notre attitude vis à vis des animaux.  On pense, bien sûr, au roman de Pierre Boulle, La planète des singes qui offre aussi ce changement de point de vue.  Les comédiens disent très bien le texte qui a l'air poétique et descriptif.  Mais je n'adhère pas.  Les personnages sont désincarnés, le texte est froid, l'on ne peut ressentir de sentiments et de ce fait tout paraît être une démonstration et non pas une histoire réelle.  C'est dommage pour les comédiens qui méritent l'intérêt mais je suis restée en dehors.

Collège de la Salle
Durée : 1h30
à 13h15 : du 7 au 28 juillet
  • Interprète(s) : Marik Renner, Nicolas Martel
  • Musique : Guillaume Léglise
  • Lumières : Nicolas Galland
 

Une maison de poupée de Henrik Ibsen mise en scène Philippe Person, festival OFF d'Avignon

Une maison de Poupée : Philippe Calvario et Florende Le Corre
Voilà la note d’intention du metteur en scène d'Une maison de poupée, Philippe Person, qui interprète aussi un des personnages, l’avocat Krogstad.

« C’est Noël chez Torvald et Nora Helmer et Monsieur vient d’être nommé directeur de banque. Mais son employé Krogstad, menace de révéler le lourd secret de Nora. La Maison de poupée se transforme en cage de verre, le drame bourgeois en thriller hitchcockien. »

J'ajouterai le résumé rapide de l'intrigue que j'ai publié dans mon blog pour ceux qui sont intéressés :

Dans Une maison de poupée, Nora est considérée par son époux Torvald Helmer comme une femme-enfant, jolie, délicieuse, gaie mais puérile et sans cervelle et surtout… très dépensière. Mais enfin, l’on ne demande pas à une femme d’être intelligente et le couple s’entend bien, le mari bêtifiant à qui mieux mieux avec son « petit écureuil »  et sa charmante «  alouette », bref sa poupée. Pourtant Nora quand elle se confie à son amie madame Linke, Christine, est beaucoup plus sérieuse qu’il ne paraît. Pour sauver son mari, malade et à qui il fallait un séjour dans un pays chaud, elle a emprunté en secret de l’argent à un avocat véreux, Krogstad. Et pour cela elle a fait une fausse signature, celle de son père, puisqu’elle n’a pas le droit en tant que femme de signer. .. Suite ICI

La pièce mise en scène par Philippe Person n’est pas intégrale. Le personnage du docteur Rank est supprimé ainsi que les scènes avec les enfants et la nourrice. Certaines répliques sont élaguées et j’ai trouvé que la pièce n’avait pas assez de continuité, le rythme étant coupé, haché, par une présentation en tableaux successifs. Ce qui m’a paru gênant pour voir l’évolution des personnages.

La manière de traiter certains personnages secondaires m’a surprise aussi : Christine et Krogstad. Christine (Nathalie Lucas) qui représente une autre facette de l’aliénation de la femme et mériterait, à ce titre, d’être plus mise en valeur est assez effacée. Et Philippe Person qui joue Krogstad paraît prendre de la distance par rapport à son personnage et ne pas y croire du tout. Le dénouement heureux pour eux qui se sont aimés dans leur jeunesse est traité avec dérision, semble-t-il, par le comédien et metteur en scène. Peut-être parce que cela arrive trop brutalement, sans transition. Si on s’intéresse à ces deux personnages, il faudrait leur laisser plus de temps.

Reste donc le couple principal : Nora et Torvald Helmer. C’est sur eux que le metteur en scène a resserré l’intrigue. La comédienne Florence Le Corre qui interprète la femme-enfant, Nora, charmante et mutine, est convaincante et la scène finale nous permet de découvrir un Torvald  humain (Philippe Calvario) qui comprend, mais trop tard, ses torts envers son épouse. Ce sont des moments qui m’ont touchée. Je l'avais jugé trop brutal dans les scènes précédentes.
La cage de verre dont parle Philipe Person est peut-être ce huis-clos du salon de Nora qui permet aux spectateurs de s’immiscer dans l’intimité du couple, c’est aussi cette vitre qui coupe le décor et derrière laquelle se cache la boîte à lettres fatale.  J’avoue, par contre, qu’à aucun moment, je n’y ai vu le thriller Hitchcockien annoncé par le metteur en scène.
 Je n’ai donc pas tout aimé dans cette version de la pièce mais le spectacle, comme je l’ai souligné, a des qualités, en particulier  le jeu de Florence Le Corre, Nora.

Une maison de poupée de Ibsen
Mise en scène de Philippe Person
Théâtre de l’Oulle
Durée : 1h20
à 15h10 : du 7 au 30 juillet
Compagnie Philippe Person
Interprète(s) : Florence Le Corre, Nathalie Lucas, Philippe Calvario, Philippe Person



samedi 29 juillet 2017

Clouée au sol de George Brant mise en scène Gilles David festival OFF d'Avignon


"Une femme pilote qui n’a pas de nom, qui s’est construite à force de courage et de volonté avec pour seul objectif : devenir pilote de chasse pour l’US Air Force. Une rencontre de hasard, une grossesse accidentelle, mais acceptée avec joie. Puis l’appel du ciel qui se fait de plus en plus irrésistible. Quand elle se présente pour reprendre du service, c’est un drone qu’elle devra désormais piloter depuis une base militaire située à Las Vegas. La réalité de la guerre est bien là et malgré le danger de mort écarté, la frontière qui sépare sa vie de famille et la guerre devient de plus en plus poreuse. Enfermée dans une prison pour désobéissance, elle redécouvrira son humanité."

Cette pièce Clouée au sol  écrite par l’auteur américain George Brant, mise en scène par Gilles David, a  bénéficié du fameux bouche à bouche d’Avignon et de bonnes critiques si bien que j’ai voulu aller la voir. Je dois dire que cette pièce m’a mise mal à l’aise.

J’ai cependant tout de suite compris pourquoi elle a été plébiscitée. Le texte est porté avec  force par une actrice impressionnante, Pauline Bayle. Seule en scène, sur un plateau nu, sans aucun autre artifice que la lumière et le son,  elle interprète ce rôle difficile avec une implication totale. Elle entre dans la peau de ce personnage féminin à qui elle prête l’innocence de son visage et sa jeunesse. Pilote de chasse, major, ayant sous ses ordres des hommes qui la respectent, elle vit sa passion du vol, du « bleu » comme elle dit, son amitié virile entre « mecs », son mépris des femmes Barbie, son orgueil de châtier les « coupables ». Elle capte l’attention du spectateur et l’entraîne dans son drame.

Mais… cette femme qui largue ses bombes en Irak avec légèreté et insouciance m'a mise mal à l'aise.  Un jeu d’enfants :  « et Boum! » s’écrie-t-elle !  On se demande ce qu’elle a dans le cerveau, si elle est intelligente et si elle est humaine. Ce n’est que lorsqu’elle est amenée à piloter des drones et à voir ses victimes de près que son insensibilité va se fissurer.  Peut-être est-ce la maternité qui l’a rendue plus apte à éprouver de l’empathie? Peut-être est-ce parce qu’il n’y a plus de frontière entre la guerre et  la maison et qu’elle exerce ce  « travail »  comme n’importe qui, style métro boulot dodo. Plus de danger pour les militaires puisqu’ils sont très loin du théâtre de la guerre.

 Ce qui est super dans la pièce, c’est de voir la comédienne se transformer, perdre ses certitudes, avoir des doutes, glisser dans la dépression, le rejet. Mais ce qui est m'a gênée, quant au personnage, c'est  que son évolution ne peut avoir lieu que parce qu'elle est "clouée au sol". Si elle avait continué à piloter son Tiger, en plein ciel, aurait-elle continué à faire "boum" allègrement ?
Ce qui m’a interrogée aussi c’est que cette  pièce pose le problème au niveau individuel mais jamais collectif. L’auteur remet-il en cause les certitudes des américains et leur notion de Bien et de Mal ? Remet-il en cause les méthodes de l'armée américaine? Quand une bombe tombe, elle tue les "coupables". Et les autres ?

Je lisais la mise au point suivante dans une critique de la pièce :

" Les États-Unis, on le sait, disposent plus de 7.000 drones en service depuis plus de vingt ans ! Dont environ 200 appareils de haute altitude comme les  Predator, Repaer, etc. ce qui nécessite des budgets importants. Amnesty International accuse les États-Unis d’utiliser clandestinement ces drones pour des exécutions en violation absolue du droit international, et en faisant de très nombreuses victimes, comme au Pakistan, civils innocents ou proches des personnes visées… Elimination garantie ou presque de personnalités et chefs de guerre ennemis mais aussi… dommages collatéraux sans réplique possible donc sans aucun danger physique pour les équipes américaines ultra-compétentes et expérimentées qui les commandent bien à l’abri dans un désert, à des milliers de kilomètres de distance." Voir ICI


Le nouveau ring
Clouée au sol de George Brant
À 16h20
Durée : 1h20
du 7 au 28 juillet
  • Interprète(s) : Pauline Bayle
  • Traduction : Dominique Hollier
  • Mise en scène : Gilles David
  • Scénographie : Olivier Brichet
  • Eclairagiste : Marie-Christine Soma
  • Costumes : Bernadette Villard
  • Son : Julien Fezans