Demain dès l'aube.... Photo Aurélia Frey source |
Mon poème préféré de Victor Hugo est peut-être le plus connu de son auteur, celui que tout enfant finit par apprendre à l'école, celui que tout Hugolâtre ou Hugophile ne peut ignorer! Pourtant rien ne peut entamer l'impression de redécouverte que j'éprouve à chacune de mes lectures de ce poème, ni empêcher le flot d'émotions qu'il suscite en moi!
Chaque fois que je le lis, en effet, je suis émue par la douleur de ce père qui part à la rencontre de la tombe de sa fille, Léopoldine, morte noyée. Je ressens l'élan qui le pousse, l'énergie qui l'anime comme si il répondait à un appel urgent : "je sais que tu m'attends". Le paysage auquel le poète reste insensible, perdu en lui-même, me paraît d'une telle beauté qu'il contribue à renforcer l'impression de solitude et de perte de conscience du monde ressenti par le père en deuil. Il y a une telle pureté dans l'expression de la souffrance symbolisée par un bouquet de houx vert et bruyère en fleurs, un tel décalage entre le paysage séducteur nimbé de l'or du soir et le poète enfoncé dans la nuit, entre la lumière et l'ombre, et le jour sera comme la nuit, entre le paysage intérieur et le paysage mental ... que je me sens toujours touchée à vif comme à ma première lecture.
Demain, dès l'aube...
Photo Aurélia Frey source
Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.
J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.
J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
Victor Hugo, extrait du recueil «Les Contemplations»
Pour le challenge Victor Hugo : Ont participé au choix du poème préféré :
Aaliz
Valentyne : Insomnie
Océane qui proposent deux poèmes : Paris bloqué (qui paraît d'actualité!)
et Demain dès l'aube...
Océane qui proposent deux poèmes : Paris bloqué (qui paraît d'actualité!)
et Demain dès l'aube...
Prochain Rendez-vous pour le challenge Victor Hugo :
Hernani pour le 10 Mars