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lundi 7 juillet 2025

Beaumarchais : Le Barbier de Séville


Le Petit Louvre Le barbier de Séville de Beaumarchais Mise en scène : Justine Vultaggio

À Séville, Rosine, une jeune fille orpheline, est retenue captive par son tuteur, le docteur Bartholo. Promise à un mariage forcé à ses 18 ans, elle tombe amoureuse d’un mystérieux amant qui la courtise en secret. Ce n’est autre que le comte Almaviva, qui, aidé de son ancien valet, le malicieux Barbier Figaro, va tenter de la libérer…  Dans une mise en scène virevoltante, musicale, drôle et enlevée, ce Barbier de Séville fait la part belle au panache, à l’amour, à l’audace et à l’irrévérence de ses personnages ! Le Barbier de Séville est une ode à la liberté.

Mon avis

Sérénade à la fenêtre, guitare et flamenco, le décor est planté. Nous sommes en Espagne. Figaro et le comte Almaviva se jouent du vieux tuteur Bartolo et des fureurs de sa jalousie. Je n'avais jamais réalisé que le rôle de Figaro était si peu étendu dans le Barbier. Certes, il occupe largement l'acte I et dans les premières scènes  le comédien Oscar Voisin qui interprète Figaro avec élégance et désinvolture lance avec bonheur ses répliques les plus célèbres ...

 Aux vertus qu'on exige dans un domestique, Votre Excellence connaît-elle beaucoup de maîtres qui fussent dignes d'être valets ?

"persuadé qu’un grand nous fait assez de bien quand il ne nous fait pas de mal! "

 "Je me presse de rire de tout, de peur d’être obligé d’en pleurer."

  "Oh ! ces femmes ! voulez-vous donner de l’adresse à la plus ingénue ? enfermez-la."

" Monseigneur, la difficulté de réussir ne fait qu’ajouter à la nécessité d’entreprendre."

Le Comte.

"Fi donc ! tu as l’ivresse du peuple.

Figaro.

C’est la bonne ; c’est celle du plaisir."

Il dit avec beaucoup de justesse et de conviction ce  texte brillant :

"Voyant à Madrid que la république des lettres était celle des loups, toujours armés les uns contre les autres, et que, livrés au mépris où ce risible acharnement les conduit, tous les insectes, les moustiques, les cousins, les critiques, les maringouins, les envieux, les feuillistes, les libraires, les censeurs, et tout ce qui s’attache à la peau des malheureux gens de lettres, achevait de déchiqueter et sucer le peu de substance qui leur restait ; fatigué d’écrire, ennuyé de moi, dégoûté des autres, abîmé de dettes et léger d’argent ; à la fin convaincu que l’utile revenu du rasoir est préférable aux vains honneurs de la plume, j’ai quitté Madrid ; et, mon bagage en sautoir, parcourant philosophiquement les deux Castilles, la Manche, l’Estramadure, la Siera-Morena, l’Andalousie ; accueilli dans une ville, emprisonné dans l’autre, et partout supérieur aux événements ; loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, aidant au bon temps, supportant le mauvais, me moquant des sots, bravant les méchants, riant de ma misère et faisant la barbe à tout le monde ; vous me voyez enfin établi dans Séville, et prêt à servir de nouveau Votre Excellence en tout ce qu’il lui plaira de m’ordonner.  "

Mais Figaro est beaucoup moins présent dans l'acte II, il ne revient qu'au cours de l'acte III et c'est dommage car c'est le personnage que j'aime et qui porte les idées de l'auteur. 

Pour le reste, place à l'intrigue imitée de L'école des femmes qui permettra de berner le barbon. Le spectacle enlevé et plaisant, joyeux et vif,  est un bon moment de comédie.

 

 Le Petit Louvre Le barbier de Séville de Beaumarchais

Adaptation : Mathieu Rannou et Justine Vultaggio

Mise en scène : Justine Vultaggio – Assistants mise en scène : Alexis Rocamora

Avec : Victor O’Byrne ou Jules Fabre, Oscar Voisin, Michaël Giorno-Cohen, Justine Vultaggio et Alexis Rocamora

Décors : Marion Canivet

Costumes : Marion François

Lumières : Raphaël Bertomeu

Musique et Son : Mathieu Rannou

Production : Les Modits Compagnie

Télérama • TTT « La pièce de Beaumarchais révèle ici tout son comique et sa profondeur. Magnifique !  “

Figaro Magazine • “Mise en scène précise et rythmée, tout est fait pour servir le comique de situation, avec de la fantaisie brochant sur le tout, pour notre plus grand plaisir ! “

La Théâtrothèque • “Une mise en scène pétillante et pleine d’audace où chaque détail est pensé pour émerveiller et faire réfléchir.”

Le monde du ciné • “Jubilation et admiration sont au rendez-vous de ce Barbier de Séville.”

Tatouvu • “Ce barbier virevoltant et pittoresque est une pépite ! Une mise en scène entre vaudeville et comedia dell’arte qui offre un vent de liberté salutaire“

Molière : Le malade imaginaire

 

 

Le chêne noir :  Le malade imaginaire de Molière Mise en scène :  Tigran Mekhitarian   

 

L'intention du metteur en scène 

Ici, Argan ne souffre plus d’hypocondrie mais d’une dépression nerveuse, née de son incapacité à parler, à se confier, à être écouté. Cette solitude meurtrière le rend odieux avec ses proches. Angélique, sa fille, incarne une parole forte : elle se libère du carcan patriarcal et revendique ses droits. Ne prouverait-elle pas que Molière était féministe bien avant l’heure ? Que la force d’aimer est un choix, que le féminisme et l’amour combattent le patriarcat. Et Toinette, issue d’un milieu populaire, n’est-elle pas une militante éclairée ? Qui a force d’user d’ingéniosité pour survivre, mettra ses talents au service d’Angélique, pour la sauver des mains de son père et d’un mariage baigné de traditions qui n’ont plus lieu d’être ?

Serait-ce pure folie que de vouloir raconter les maux d’un homme de notre époque tout en se laissant porter par l’origine des mots de celui qu’on ne nomme plus ? Le Malade Imaginaire, œuvre majeure de Molière, est ici transposée dans notre monde actuel, tout en gardant le texte d’origine, afin de l’inscrire dans la société contemporaine. L’idée est de transposer sa langue, de sublimer son langage dans nos mémoires contemporaines.

C’est ce voyage que propose Tigran Mekhitarian.

Créée en mars 2024 au Théâtre des Bouffes Nord et suite à son succès, l’aventure continue au Théâtre de de la Concorde et poursuit son ascension au Festival Off D’Avignon.

C’est une lecture moderne, sensible et engagée qui est proposée.

Un conte urbain et actuel.

Une fable où le féminisme se revendique et se libère du patriarcat.

Un réquisitoire qui insuffle une modernité radicale, grâce à la danse, au chant, et à sa verve.

 

 « Voilà un Malade imaginaire qui requinque ! Joyeusement adapté et mis en scène » – Le Canard enchaîné

« Moderne et féroce » – Le Figaro 

 Mon avis

Une scénographie originale qui utilise le rap, ce qui prouve que le texte Molière fonctionne à toutes les époques, un décor réaliste qui nous fait vivre la maladie d' Argan jusque sur ses toilettes, une parole "féministe" portée par Angélique qui tout en respectant le texte de Molière en montre la modernité. C'est la première fois que j'entends le  passage suivant ainsi mis en valeur.

"Chacun a son but en se mariant. Pour moi, qui ne veux un mari que pour l’aimer véritablement, et qui prétends en faire tout l’attachement de ma vie, je vous avoue que j’y cherche quelque précaution. Il y en a d’aucunes qui prennent des maris seulement pour se tirer de la contrainte de leurs parents, et se mettre en état de faire tout ce qu’elles voudront. Il y en a d’autres, madame, qui font du mariage un commerce de pur intérêt ; qui ne se marient que pour gagner des douaires, que pour s’enrichir par la mort de ceux qu’elles épousent, et courent sans scrupules de mari en mari, pour s’approprier leurs dépouilles. Ces personnes-là, à la vérité, n’y cherchent pas tant de façons, et regardent peu à la personne. "  Acte II scène 7

Du bon théâtre mais il y manque pourtant le petit quelque chose, l'étincelle qui provoque le rire et emporte totalement l'adhésion. Certaines scènes comme celle "du poumon" manquent de relief. 

Le Chêne noir :  Le malade imaginaire 15H  Molière    

Du 5 au 26 juillet 2025 à 15h Relâches les mardis 8, 15 et 22 juillet

Durée : 1h20            

Mise en scène :  Tigran Mekhitarian      

Compagnie: La compagnie de l’Illustre Théâtre           

Interprètes : Tigran Mekhitarian, l’Eclatante Marine, Justine Vultaggio, Brigitte Guedj ou Isabelle Gardien, Cédric Welsch, Etienne Paliniewicz, Sébastien Gorski, Mélanie Ferrara 

Création sonore et musique Sébastien Gorski

Chorégraphies Camila Halima Filali

Scénographie Georges Vauraz

Création vidéo Jérémy Vissio

Costumes :  Axel Boursier                  

Lumières :  Denis Koransky

Production : En Scène ! Productions ; A Mon Tour Prod ; Tcholélé Théâtres

Coréalisation : Théâtre du Chêne Noir

Avec le soutien de l’ADAMI