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mercredi 13 décembre 2017

Elizabeth Strout : Je m'appelle Lucy Barton



Hospitalisée à la suite d’une opération, Lucy Barton reçoit la visite impromptue de sa mère, avec laquelle elle avait perdu tout contact. Tandis que celle-ci se perd en commérages, convoquant les fantômes du passé, Lucy se trouve plongée dans les souvenirs de son enfance dans une petite ville de l’Illinois – la pauvreté extrême, honteuse, la rudesse de son père, et finalement son départ pour New York, qui l’a définitivement isolée des siens. Peu à peu, Lucy est amenée à évoquer son propre mariage, ses deux filles, et ses débuts de romancière dans le New York des années 1980. Une vie entière se déploie à travers le récit lucide et pétri d’humanité de Lucy, tout en éclairant la relation entre une mère et sa fille, faite d’incompréhension, d’incommunicabilité, mais aussi d’une entente profonde.
Salué comme un chef-d’oeuvre par la critique littéraire aux États-Unis, Je m’appelle Lucy Barton est un grand roman contemporain sur la solitude, le désir et l’amour. (quatrième de couverture éditions Fayard)



Après Mischling d’Affiniy K. dont je parle dans  le billet précédent, j’ai enchaîné avec Je m’appelle Lucy Barton d’Elizabeth Strout... Les hasards de l’emprunt en bibliothèque !

J’ai donc eu du mal à entrer dans le livre au début car de Mischling à Lucy Barton, c’est un grand écart qu’il m’a fallu faire. Après avoir erré dans l’enfer d’Auschtwtiz, j’ai eu l’impression de me retrouver dans un livre léger !
Ce qui est parfaitement injuste. L’écriture d’ Elizabeth Strout est simple, claire et va droit au but mais elle n’est pas légère et elle traite de sujets qui  peuvent tous nous concerner et portent la mélancolie de l’enfance et de ses peurs dont on ne guérit jamais vraiment. Une vie d’enfant où les mots et le mépris blessent tout autant que les coups reçus.

Les thèmes de ce roman ? Les rapports d’une fille et de sa mère et plus généralement ceux que nous entretenons avec notre famille quand nous atteignons l’âge adulte. La béance qui peut se créer entre un enfant qui poursuit des études supérieures par rapport à ses parents et au reste de la fratrie qui n’accède pas au même niveau d’instruction. La difficulté de vivre dans une famille pauvre et marginale, sous le regard indifférent ou cruel de la société. Un regard qui vous suit jusqu’à l’âge adulte et vous fait douter de vous-même. Mais aussi comment l’amour de la lecture, les livres et plus tard l’écriture peuvent vous sauver du désespoir.
Et finalement, au bout du chemin, la solitude, cette impossibilité de dire « je t’aime » malgré l’amour qui déborde et qui s’exprime autrement, dans les actes.

C’est un peu de sa vie que nous livre Elizabeth Strout même si Lucy Baron est un personnage fictif. Et elle le fait avec finesse, émotion et pudeur dans de belles pages où elle parle de sa mère qui reste à son chevet de jour comme de nuit parce qu’elle n’a pas d’autre moyen de d'exprimer son amour à sa fille malade;  où elle dit la souffrance qu’elle-même a infligé à ses enfants par son divorce car personne n'est capable d'un amour parfait. Un roman où elle fait part de son travail d’écriture et de ses débuts dans la littérature.

Un livre sensible et intelligent qui parle d’amour quand on n'a pas les mots pour le dire.

Je l’ai déjà dit : je m’intéresse à la façon dont on peut se sentir supérieur à quelqu’un d’autre ou à un autre groupe de gens. ça arrive partout, tout le temps. Quelque soit le nom qu’on donne à ce besoin de trouver quelqu’un à rabaisser,  je le considère comme ce qu’il y a de plus vil en nous.