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dimanche 9 novembre 2014

Clara Dupont-Monod : Le roi disait que j'étais le diable



Le roi disait que j'étais le diable de Clara Dupont-Monod couvre une courte période historique située entre le mariage d'Aliénor d'Aquitaine (elle a 13 ans) avec Louis VII, roi de France en 1137 et sa séparation d'avec lui, quinze ans plus tard, l'église acceptant de reconnaître la nullité du mariage pour motif de consanguinité (1152). Elle se remarie avec Henri de Plantagenêt. Elle a donc été reine de France et Reine d'Angleterre, mère de Richard Coeur de Lion et de Jean Sans Terre.

Aliénor d'Aquitaine, reine de France puis d'Angleterre
Aliénor d'Aquitaine

Petite-fille de Guillaume IX le Troubadour, Alienor d'Aquitaine a reçu une éducation raffinée, nourrie de poésie et de musique dans cette cour d'Aquitaine où naît, sous la plume des troubadours, le fin Amor, l'idéal de l'amour courtois, témoin d'une civilisation plus portée aux subtilités de l'amour qu'aux contritions religieuses. On le voit bien, la reine est un personnage de légende et occupe une place d'un telle importance pour une femme, au Moyen-âge, qu'elle a inspiré beaucoup d'historiens et de romanciers.
Si Clara Dupont-Monod s'appuie sur des faits historiques précis, elle a choisi de meubler les vides de l'histoire en donnant la parole tour à tour à la reine et au roi pour mieux souligner les divergences profondes des deux personnages. Alienor représente la culture d'oc, poésie, musique, troubadours, contre la culture d'Oil plus austère; la sensualité et les couleurs du Sud contre l'ascétisme et les grisailles du Nord. Si elle est "le diable" pour son mari, elle dira de lui : "j'ai cru épouser un homme, j'ai épousé un moine."

Aliénor d'Aquitaine et Louis VII miniature du XIV siècle
Aliénor d'Aquitaine et Louis VII

Mais que penser maintenant du roman? j'avoue que j'ai eu beaucoup de mal à y entrer et je ne me suis intéressée aux personnages et à leur histoire que tardivement.
En choisissant de présenter les personnages de l'intérieur, par leurs pensées intimes, Clara Dupont-Monod a choisi la difficulté. Etant donné notre éloignement de la période médiévale, il est moins difficile de présenter le Moyen-âge en narrateur extérieur plutôt que de chercher à en rendre les mentalités. En lisant ce roman, je n'ai jamais eu l'impression de rencontrer vraiment des personnages du Moyen-âge.

Mais le roman est très bien écrit. On peut même dire que les belles phrases frappées comme des maximes, ciselées, abondent; on peut les collectionner :

"le roi est mon mari. Ce n'est pas un homme de colère mais de mots"

"L'épée, le livre : voilà les objets sacrés disait mon grand père. La première défend la terre, le second chante l'amour."

En parlant de Philippe, frère aîné de Louis qui devait régner : Mais cet idiot mourut fracassée contre les faubourgs de Paris. Un cochon s'est jeté dans les pattes de son cheval. N'est-ce pas un magnifique résumé du royaume de France. Ce sont des porcs qui décident de son destin.

Dans le quartier des boucheries  : Dedans parmi les étals, je devine la mort simple et rapide, donnée sans autre but que celui de manger. La mort utile, la plus belle.
La langue est donc très travaillée mais trop esthétique à mon goût même dans ses descriptions réalistes des quartiers des boucheries et des remugles de la  cité médiévale. Une recherche de la forme qui me détourne des personnages et me laisse froide. Ceux-ci me semblent factices, seulement vecteurs de belles pensées exprimées dans un style impeccable.. 
Je crois que je ne me suis intéressée au récit qu'au moment de la croisade parce qu'il y a alors un souffle épique qui apparaît. On part reconquérir la Terre Sainte comme à une fête, les femmes accompagnent les maris, emportant avec elles tous les objets de luxe pour reproduire le confort de la cour. Et là, oui, la folie de la foule, me paraît rejoindre la chanson de geste, l'épopée, et être à la hauteur de la foi du moyen-âge et de sa démesure.

En bref!! un livre dont je reconnais les qualités d'écriture mais qui n'est pas pour moi.

Merci aux éditions Grasset et à Price Minister



les matchs de la rentrée littéraire Price minister 2014



Voir Liligalipette  qui aime beaucoup ce roman.

LIVRE VOYAGEUR

Alexandre Dumas : Les trois mousquetaires



 Les Trois mousquetaires

Les trois mousquetaires (1844) est le premier livre d'une trilogie avec Vingt ans après, le Vicomte de Braguelonne.
J'ai relu la préface de Alexandre Dumas quant à la genèse de Les trois mousquetaires et j'ai trouvé intéressant de connaitre sa démarche.
Mais avant de vous en parler je vous fais part de la remarque que j'ai lu sur le site d'Alexandre Dumas  une réflexion que je ne m'étais jamais faite et qui m'a amusée et surprise :
Ce qui est étonnant, c'est que l'on fasse lire à notre belle jeunesse une oeuvre aussi joyeusement amorale (si l'on raconte l'histoire du point de vue de Milady, elle se résume ainsi : Athos a tenté de l'assassiner et l'a ratée, d'Artagnan la viole, puis ils se mettent à six hommes pour l'assassiner et ne la ratent pas). Elle est de surcroît antipatriotique : Milady travaille pour Richelieu, c'est-à-dire pour la France, alors que les mousquetaires travaillent pour Anne d'Autriche et Buckingham, c'est-à-dire pour l'étranger!*
 
Les trois mousquetaires : Milady
Milady


Le vrai d'Artagnan

Charles de Bat - d'Artagnan- par Gatien de Courtliz de Sandras
Charles de Batz : D'Artagnan

 

Je rappelle que les trois mousquetaires sont Athos, Porthos et Aramis. D'Artagnan ne deviendra mousquetaire que plus tard, à la fin du roman. Notons que le vrai d'Artagnan se nommait Charles de Batz, né vers 1611 au château de Castelmore en Gascogne, dans l'actuel département du Gers. Il part à Paris en 1640 et entre ces les cadres de la Garde française avant de devenir mousquetaire en 1644. D'Artagnan meurt tué par une balle de mousquet à Maastricht lors de la guerre de Hollande (1673)

Les trois mousquetaires ont-ils existé?

 

Les trois mousquetaires ont-ils existé?
D'Artagnan et Aramis, Athos, Porthos 
Alexandre Dumas a trouvé son sujet dans les Mémoires de M. d’Artagnan, capitaine lieutenant de la première compagnie des Mousquetaires du roi, contenant quantité de choses particulières et secrètes qui se sont passées sous le règne de Louis le Grand, par Courtilz de Sandras.

Ce qui le frappa d'abord ce sont les noms d'Athos, de Portoz et d'Aramis, que d'Artagnan dit avoir rencontrés lors de sa première entrevue avec monsieur de Tréville. Dumas crut ces noms inventés pour servir de pseudonymes à des personnages illustres.
L'écrivain entreprit des recherches qui finirent par aboutir lorsqu'il retrouva ces trois noms dans un manuscrit : Mémoires de monsieur le comte de La Fère.
C'est ainsi que Dumas rédigea sa préface "Dans laquelle il est établi que, malgré leurs noms en OS et en IS, les héros de l’histoire que nous allons avoir l’honneur de raconter à nos lecteurs n’ont rien de mythologique."
Dumas tient donc à établir son roman sur des bases historiques solides et pas seulement avec les personnages indiscutablement historiques comme Louis XIII, Richelieu, Anne d'Autriche mais aussi avec des personnages dont on pourrait douter de l'existence. Ainsi Athos, Porthos et Aramis  ont existé! Ils n'ont rien de mythologique! Soit!

Le vrai Athos

 Les trois mousquetaires  de Dumas : Armand de Sillègue d'Athos d'Autebielle, le vrai Athos
Le vrai Ahtos

 

Son nom est Armand de Sillègue d'Athos d'Autebielle. Il est né vers 1615 à Athos, village qui se situe entre Sauveterre-de-Béarn et Oraas. C'est son frère aîné, Jean, qui doit hériter des seigneuries d'Atos et d'Autebielle, c'est pourquoi Athos entre chez les mousquetaires du roi au début des années 1640 grâce à son oncle, monsieur de Tréville.

Le vrai Porthos

 
Isaac de Portau ou Pourtau : le véritable Pothos de les trois mousquetaires.
Porthos

Isaac de Portau (ou Pourtau) est né à Pau en 1617; Il était le fils d'un notaire aux Etats de Béarn qui acheta ses lettres de noblesse avec ses seigneuries. Lui aussi, en tant que cadet embrasse la carrière militaire dans les Gardes françaises; mais on n'a pas trouvé sa trace chez les mousquetaires.

Le vrai Aramis

Alexandre Dumas : Les trois mousquetaires
Aramis

 

Henri d'Aramis est né vers 1620 sur la terre dont il porte le nom, dans la vallée de Barétous en Béarn. Il est comme son lointain parent Athos apparenté à monsieur de Tréville et rejoint les mousquetaires du roi en 1640. Plus tard, il retourne chez lui et il prend la charge d'abbé-laïc. On situe sa mort entre 1673 et 1675.

Une mentalité romantique

Ceci dit le manuscrit de Courtil de Sandraz publié en 1700, qui a servi de base au roman de Dumas, était déjà très romancé. Nous sommes pour ainsi dire dans le roman d'un roman! Et de plus le récit d'Alexandre Dumas est marqué par l'idée que se font les écrivains romantiques du règne de Louis XIII, qu'ils considèrent comme la dernière époque de liberté avant que Louis XIV et Richelieu imposent l'absolutisme. Les héros de Dumas sont donc romantiques avant tout. Ils ont l'enthousiasme, la fougue et l'amour de la liberté. Ils contestent l'ordre social, s'inscrivent  en faux contre les autorités passéistes, les contraintes sociales, ils sont du côté de l'amour et de la passion et contre la sagesse bourgeoise et la morale.
Les problèmes quotidiens des mousquetaires - être bien mis à peu de frais, ne pas payer son loyer, avoir une maîtresse désintéressée voire généreuse - rappellent d'ailleurs fortement ceux de la bohême romantique du XIXe siècle.*  Donc, si Dumas sans contestation possible, s'intéresse des personnages qui ont existé, il n'en reste pas moins que Les trois mousquetaires se permet de grandes libertés par rapport à l'Histoire et reflète avant tout la mentalité de l'époque- mais aussi ses goûts.

Le goût de l'époque : feuilleton et dramatisation

Le roman de Dumas est paru en feuilleton en 1844. Pour maintenir en haleine ses lecteurs, il fallait que Dumas  joue sur les  ressorts du roman-feuilleton qui empruntait beaucoup au théâtre, rebondissements,  quiproquos et dramatisation de certaines scènes qui se devaient d'émouvoir le fidèle.  On sait que Les trois mousquetaires est un roman foisonnant. Dumas ne plaint pas les coups de théâtre, il invente des  intrigues, il multiplie les aventures, les duels, les complots, les échauffourées…  Ce  faisant, il aura beaucoup d'imitateurs et deviendra le père du roman de cape et d'épée dont les auteurs n'auront aucun intérêt pour l'Histoire, contrairement à lui, et se contenteront de la couleur locale.

(*Vincent Mollet site Alexandre Dumas)


 Enigme 101

Félicitations à : Asphodèle, Adrienne, Shelbylee, Nanou, Aifelle, Eeguab, Dasola, Parchcath, Somaja...  et merci à tous les participants.

La réponse est :
le roman:  Les trois mousquetaires d'Alexandre Dumas
le film : Les trois mousquetaires