Les Trois mousquetaires
Les trois mousquetaires (1844) est le premier livre d'une trilogie avec Vingt ans après, le Vicomte de Braguelonne.
J'ai relu la préface de Alexandre Dumas quant à la genèse de Les trois mousquetaires et j'ai trouvé intéressant de connaitre sa démarche.
Mais avant de vous en parler je vous fais part de la remarque que j'ai lu sur le site d'Alexandre Dumas une réflexion que je ne m'étais jamais faite et qui m'a amusée et surprise :
Ce qui est étonnant, c'est que l'on fasse lire à notre belle jeunesse une oeuvre aussi joyeusement amorale (si l'on raconte l'histoire du point de vue de Milady, elle se résume ainsi : Athos a tenté de l'assassiner et l'a ratée, d'Artagnan la viole, puis ils se mettent à six hommes pour l'assassiner et ne la ratent pas). Elle est de surcroît antipatriotique : Milady travaille pour Richelieu, c'est-à-dire pour la France, alors que les mousquetaires travaillent pour Anne d'Autriche et Buckingham, c'est-à-dire pour l'étranger!*
Le vrai d'Artagnan
Charles de Batz : D'Artagnan |
Je rappelle que les trois mousquetaires sont Athos, Porthos et Aramis. D'Artagnan ne deviendra mousquetaire que plus tard, à la fin du roman. Notons que le vrai d'Artagnan se nommait Charles de Batz, né vers 1611 au château de Castelmore en Gascogne, dans l'actuel département du Gers. Il part à Paris en 1640 et entre ces les cadres de la Garde française avant de devenir mousquetaire en 1644. D'Artagnan meurt tué par une balle de mousquet à Maastricht lors de la guerre de Hollande (1673)
Les trois mousquetaires ont-ils existé?
D'Artagnan et Aramis, Athos, Porthos |
Alexandre Dumas a trouvé son sujet dans les Mémoires de M. d’Artagnan, capitaine lieutenant de la première compagnie des Mousquetaires du roi, contenant quantité de choses particulières et secrètes qui se sont passées sous le règne de Louis le Grand, par Courtilz de Sandras.
Ce qui le frappa d'abord ce sont les noms d'Athos, de Portoz et d'Aramis, que d'Artagnan dit avoir rencontrés lors de sa première entrevue avec monsieur de Tréville. Dumas crut ces noms inventés pour servir de pseudonymes à des personnages illustres.
L'écrivain entreprit des recherches qui finirent par aboutir lorsqu'il retrouva ces trois noms dans un manuscrit : Mémoires de monsieur le comte de La Fère.
C'est ainsi que Dumas rédigea sa préface "Dans laquelle il est établi que, malgré leurs noms en OS et en IS, les héros de l’histoire que nous allons avoir l’honneur de raconter à nos lecteurs n’ont rien de mythologique."
Dumas tient donc à établir son roman sur des bases historiques solides et pas seulement avec les personnages indiscutablement historiques comme Louis XIII, Richelieu, Anne d'Autriche mais aussi avec des personnages dont on pourrait douter de l'existence. Ainsi Athos, Porthos et Aramis ont existé! Ils n'ont rien de mythologique! Soit!
Le vrai Athos
Le vrai Ahtos |
Son nom est Armand de Sillègue d'Athos d'Autebielle. Il est né vers 1615 à Athos, village qui se situe entre Sauveterre-de-Béarn et Oraas. C'est son frère aîné, Jean, qui doit hériter des seigneuries d'Atos et d'Autebielle, c'est pourquoi Athos entre chez les mousquetaires du roi au début des années 1640 grâce à son oncle, monsieur de Tréville.
Le vrai Porthos
Porthos |
Isaac de Portau (ou Pourtau) est né à Pau en 1617; Il était le fils d'un notaire aux Etats de Béarn qui acheta ses lettres de noblesse avec ses seigneuries. Lui aussi, en tant que cadet embrasse la carrière militaire dans les Gardes françaises; mais on n'a pas trouvé sa trace chez les mousquetaires.
Le vrai Aramis
Aramis |
Henri d'Aramis est né vers 1620 sur la terre dont il porte le nom, dans la vallée de Barétous en Béarn. Il est comme son lointain parent Athos apparenté à monsieur de Tréville et rejoint les mousquetaires du roi en 1640. Plus tard, il retourne chez lui et il prend la charge d'abbé-laïc. On situe sa mort entre 1673 et 1675.
Une mentalité romantique
Ceci dit le manuscrit de Courtil de Sandraz publié en 1700, qui a servi de base au roman de Dumas, était déjà très romancé. Nous sommes pour ainsi dire dans le roman d'un roman! Et de plus le récit d'Alexandre Dumas est marqué par l'idée que se font les écrivains romantiques du règne de Louis XIII, qu'ils considèrent comme la dernière époque de liberté avant que Louis XIV et Richelieu imposent l'absolutisme. Les héros de Dumas sont donc romantiques avant tout. Ils ont l'enthousiasme, la fougue et l'amour de la liberté. Ils contestent l'ordre social, s'inscrivent en faux contre les autorités passéistes, les contraintes sociales, ils sont du côté de l'amour et de la passion et contre la sagesse bourgeoise et la morale.
Les problèmes quotidiens des mousquetaires - être bien mis à peu de frais, ne pas payer son loyer, avoir une maîtresse désintéressée voire généreuse - rappellent d'ailleurs fortement ceux de la bohême romantique du XIXe siècle.* Donc, si Dumas sans contestation possible, s'intéresse des personnages qui ont existé, il n'en reste pas moins que Les trois mousquetaires se permet de grandes libertés par rapport à l'Histoire et reflète avant tout la mentalité de l'époque- mais aussi ses goûts.
Le goût de l'époque : feuilleton et dramatisation
Le roman de Dumas est paru en feuilleton en 1844. Pour maintenir en haleine ses lecteurs, il fallait que Dumas joue sur les ressorts du roman-feuilleton qui empruntait beaucoup au théâtre, rebondissements, quiproquos et dramatisation de certaines scènes qui se devaient d'émouvoir le fidèle. On sait que Les trois mousquetaires est un roman foisonnant. Dumas ne plaint pas les coups de théâtre, il invente des intrigues, il multiplie les aventures, les duels, les complots, les échauffourées… Ce faisant, il aura beaucoup d'imitateurs et deviendra le père du roman de cape et d'épée dont les auteurs n'auront aucun intérêt pour l'Histoire, contrairement à lui, et se contenteront de la couleur locale.
(*Vincent Mollet site Alexandre Dumas)
Enigme 101
Félicitations à : Asphodèle, Adrienne, Shelbylee, Nanou, Aifelle, Eeguab, Dasola, Parchcath, Somaja... et merci à tous les participants.
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La réponse est :
le roman: Les trois mousquetaires d'Alexandre Dumas
le film : Les trois mousquetaires
le roman: Les trois mousquetaires d'Alexandre Dumas
le film : Les trois mousquetaires
j'y avais bien pensé mais c'est la Normandie qui m'a égarée. J'associe cette eouvre aux pays de Loire ou à la Gascogne ...
RépondreSupprimerMais ce sont les chevaux qui sont normands dans l'extrait cité!
SupprimerJe souris également à la remarque. Mon préféré n'était pas Dartagnan mais Athos.
RépondreSupprimerUne super lecture.
Athos? l'alcoolique? C'est le personnage que tu aimes ou l'acteur qui l'interprète?
SupprimerOu Aramis ! C'est lequel déjà qui se retire dans un monastère ? Des films, je ne me souviens plus de leurs têtes.
SupprimerTu sais celui qui était toujours cafardeux. Oui, il buvait... mais après il devient sobre. Il était tourmenté. Je croyais que c'était Athos. Mais c'est peut-être Aramis ! J'attends ta réponse...
Aramis c'est celui qui est si coquet, qui attache beaucoup d'importance à la toilette , un séducteur; Il a une vocation religieuse mais prend beaucoup de libertés par rapport à la religion. C'est un intrigant, un homme de pouvoir. J e ne l'aime pas beaucoup.
SupprimerPorthos c'est le moins raffiné, c'est le bon géant, sympa.
Athos appartient à une grande famille, il a les valeurs de la noblesse, il est chevaleresque mais c'est le plus tourmenté, le plus secret aussi, le mari de Milady, il noie son chagrin et ses angoisses dans l'alcool. Donc c'est bien celui-là que tu préfères.! C'est le héros par excellence, en pleine déchéance mais avec classe! ! C'est tout de même le plus complexe.
Oui, c'est lui. Mmm...
SupprimerTu me donnes envie de le relire !
Je me rends compte que j'ai oublié de t'envoyer le mail, mais c'est parce que mon ordinateur a bloqué hier et j'ai du l'éteindre. J'avais eu le temps d'envoyer la réponse à Wens et je vois que je suis bien dans la liste. Mais la prochaine fois, je t'envoie un mail aussi !
RépondreSupprimerCe n'est pas grave mais c'est sympa de ta part.
SupprimerCoucou :-)
RépondreSupprimerJe n'avais pas trouvé :-)
J'avais pensé au bossu de Paul Feval :-) mais éliminé pour la Normandie puisque cela se passe principalement à paris et à Nevers (si les souvenirs sont bons :-))
Féval est bien dans la lignée de Dumas et un des continuateurs des romans de cape et d'épée. Pas étonnant que tu aies pensé à lui.
SupprimerMerci pour tous ces details si interessants et si complementaires a mes lectures passees.
RépondreSupprimerJ'ai trouvé bien des études intéressantes sur les personnages mais je n'ai eu envie d'écrire que sur les aspects historiques.
Supprimerj'aime l'idée que Dumas est un mec sérieux qui a planché longuement sur des recherches de sources fiables :-)
RépondreSupprimerce n'est pas vraiment l'image qu'on a de lui...
et ce qu'il y a de bien avec cette oeuvre, c'est qu'on peut être sûr que tout le monde la connaîtra, même sans l'avoir lue (comme mes élèves de Flandre, en Belgique, par exemple, qui sont nourris au lait de la culture anglo-saxonne)
C'est vrai. On peut très bien connaître le roman, les personnages, sans l'avoir lu , il est tellement célèbre! Oui, Dumas est un mec sérieux qui fait des recherches et s'intéresse vraiment à l'Histoire même s'il prend des libertés avec elle; après tout c'est son droit, il est romancier! l'imagination au pouvoir!
SupprimerVoilà un roman que je ne lirai sans doute jamais ou alors en version abrégée.
RépondreSupprimerBonne semaine.
Et pourtant, il est très agréable à lire et pas seulement quand on est enfant.
SupprimerJe ne sais pas pourquoi mais l'extrait m'a tout d'abord fait penser à La Reine Margot. C'est la date du film qui m'a remise sur le droit chemin. Je ne savais pas que les personnages avaient vraiment existés (même si Dumas a beaucoup brodé). Et la remarque sur le point de vue de Milady est édifiante ! Merci pour toutes ces précisions.
RépondreSupprimerLa femme décrite dans l'extrait choisi est Milady mais on pouvait bien sûr confondre avec d'autres personnages de Dumas.Le point de vue de Milady, c'est vrai, l'on n'y pense jamais!!
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