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mardi 12 avril 2022

Cracovie : Musée Sukiennice peintres polonais du XIX siècle.


Musée Sukiennice : peintres polonais du XIX siècle : la salle des peintures historiques (source)
 

Je n’ai pas eu le temps de voir le musée national de Cracovie mais je suis allée au musée Sukiennice. C'est une partie du musée national, peut-être pas la plus importante, mais elle a le mérite de faire connaître des oeuvres qui racontent l'histoire du pays (la salle des peintures historiques) et l'évolution de l'art en Pologne au XIX siècle, du  classique au réalisme, puis à l'impressionnisme et au symbolisme.
La collection a commencé avec un premier tableau offert par le peintre Henryk Siemiradzki, la torche de Néron : après l’incendie qui a ravagé Rome, Néron accuse les chrétiens et les supplicie en les brûlant sur des bûchers..

Henryk Siemiradzki, la torche de Néron

 Bien sûr, dans le genre peinture historique, nationaliste, monumentale, exaltant les victoires de la Pologne, on trouve le peintre le plus célèbre de Pologne : Jan Matjeko. Difficile de l'ignorer quand vous allez à Cracovie !

Jan  Matjeko : La bataille de Grunenwald

Si vous ne connaissez pas la bataille de Grunenwald, vous allez passer à côté de nombreuses oeuvres et symboles. En effet,  cette bataille qui a eu lieu en 1410 et qui vit la victoire de la Pologne et du grand duché de Lituanie réunis contre les chevaliers teutoniques est partout. Elle est devenue aussi  le symbole de la résistance contre l'occupation nazie en Pologne. ( Lire les chevaliers teutoniques de Henrik Sienckiewicz et Voir Ici)

Maintenant vous dire que j'aime ce genre de peinture ... je n'irai pas jusque là !!

Jan Matjeko : L'hommage prussien
 

 L'hommage prussien de Jan Matejko : Les Chevaliers Teutoniques défait signe la paix en 1525. Leur territoire devient le duché de Prusse, vassal du Royaume Polono-lituanien.

Jan Matjeko : La Pologne enchaînée 1863

L'insurrection de la Pologne en 1863 contre la Russie qui l'occupe se solde par une défaite et est la dernière des grandes insurrections patriotiques.

Voici maintenant quelques peintres et oeuvres que j'ai trouvées intéressantes.  

Roman Kochanowsky (1857_1945)

Kochanowsky Roman paysage d'hiver (détail)


Kochanowsky Roman :  paysage d'hiver

Stanislas Maslowsky (1853_1926)

Maslowsky Stanislas  Lever de lune lever de lune 1884


Maslowsky Stanislas  Lever de lune (détail) lever de lune 1884

Le tableau suivant n'est pas au musée Sukiennice mais j'ai été stupéfaite  en le découvrant sur le Net de voir l'évolution de la peinture de Maslowsky de 1884 à 1908.  Il y a quelque chose de Munch dans cette peinture et une annonce de Van Gogh.


Maslowsky Stanislas  Lever de lune 1908


Artur Grottger(1837-1867)

Artur Grottger Crossing the border 1865

Artur Grottger  est un peintre romantique particulièrement connu pour ses cinq cycles de dessins, destinés à être gravés, autour de la lutte pour l'indépendance de la Pologne pendant l'insurrection de 1863.

La jeune fille vêtue du  costume  de Cracovie, un panier de framboises à la main, aide des soldats insurgés à franchir la frontière pendant l'insurrection de 1863  sur l'ancien territoire polonais occupé par la Russie. À la suite des trois partages successifs de la Pologne qui ont eu lieu à la fin du XVIIIᵉ siècle, la république des Deux Nations, divisée entre les empires russe, allemand et austro-hongrois, a cessé d'exister. Bien que la république ait disparu de la carte, des générations successives réclament sa reconstruction et bataillent contre les oppresseurs. Le XIXᵉ siècle présente ainsi un enchaînement de soulèvements polonais : l'insurrection de Kościuszko de 1794, la participation aux guerres de Napoléon, l'insurrection de novembre de 1830, le soulèvement de Cracovie de 1846, et l'insurrection de Grande-Pologne de 1848, avec leurs lourds tributs en vies humaines.

 

Witold Pruszkowsky (1846_1896)

Pruszkowsky Witold : Roussalki 1877

Witold Pruszkowsky  est connu pour ses peintures de la vie rurale mais il s'est aussi intéressé aux contes et folklore slaves. Les Roussalki sont des nymphes d'eau ou ondines mais il ne fait pas toujours bon de les rencontrer. On dit que ce sont des filles maudites par leurs parents, suicidées, volées par le diable ou mortes avant le baptême. L'hiver, elles vivent dans leur palais de glace mais au printemps, elles sortent et s'en prennent aux passants; celui qui a l'imprudence de se baigner est noyé ou chatouillé à mort. Si l'une d'elle s'éprend d'un jeune homme, elle en fait son amant et l'entraîne au fond de l'eau.

Aleksander Gierymski (1850_1901)


Gierymski Aleksander  Soir sur la seine

Peintre réaliste, Aleksander Gierymsky fit de longs séjours à l'étranger et à Paris. Son style évolua vers l'impressionnisme. Séduit par les lumières électriques de Paris, il peignit une série de scènes nocturnes.  Les tableaux suivants ne sont pas au musée Sukiennice et j'aimerais bien les voir "en vrai" car je les trouve fascinantes.

Aleksander Gierymski Paris Le Louvre, la nuit

Aleksander Gierymski Paris  l'opéra, la nuit (1891)

Leon Wiczolkowsky (1852-1936)

Wiczolkowsky Leon  arrachage des betteraves

Leon Wiczolkowsky   arrachage des betteraves









Władysław_Podkowiński (1866-1895)

Władysław_Podkowiński quatre tableaux

Władysław_Podkowiński  Les lupins


Władysław Podkowiński Champ de trèfles


Władysław_Podkowiński Le char de foin

Podkowinski Wladyslaw : la Folie ou l'Extase( 1894)
    

 Les peintres polonais de la deuxième moitié du XIX siècle  séjournèrent pour certains en France et furent influencés par l'impressionnisme. Ce fut le cas de Podkowinski qui fut le précurseur de l'impressionnisme en Pologne ; il se tourna vers le Symbolisme à la fin de sa vie : L'extase ou La Folie est la première oeuvre de ce mouvement en Pologne.

Le titre du tableau diffère selon la traduction  adoptée : Extase, Folie ou Frénésie. L'oeuvre causa un scandale car elle symbolise aux yeux de l'artiste l'orgasme féminin : Une femme nue sur un cheval fou. Cette représentation d'un érotisme osé à l'époque fit scandale. Malade, le peintre lacéra la toile à coups de couteau avant de mourir de la tuberculose. Elle fut restaurée peu après sa mort.


Podkowinski Wladyslaw : la Folie ou l'extase ou Frénésie

Au musée contemporain de Cracovie, le MOCAK, le détournement de l'oeuvre de Wladyslaw Podkowinski  par un artiste contemporain,  Marcin Maciejowski,  proclame : We, young artists.

Marcin Maciejowski place dans le tableau la réponse d'un autre peintre polonais Wlodzimierz Tetmajer - appartenant au mouvement de la Jeune Pologne - à la bourgeoisie qui voulait interdire l'accrochage du  tableau de Podkowinski jugé scandaleux : " Nous jeunes artistes, nous accueillons avec joie le chef d'oeuvre de Wladyslaw Podkowinski".

Musée contemporain : Marcin Maciejowski : We, young artists


Et  pour finir un petit portrait par Olga Boznanska que je trouve très moderne et pour cause. Je lis dans Wikipédia : Olga Boznańska, née le 15 avril 1865 à Cracovie, morte le 26 octobre 1940 à Paris, est une peintre polonaise, liée au mouvement du modernisme. Elle fit l'essentiel de sa carrière en France

Olga Boznanska (1865-1940)


 Boznanska Olga  Fillette aux chrysanthèmes



vendredi 1 avril 2022

Cracovie : Mine de sel de Wieliczka

Cracovie : Mine de sel de Wieliczka :  Lac salin

Il est très facile de se rendre à la mine de sel de Wieliczka située à une dizaine de kilomètres de Cracovie. Le touriste n'a que l'embarras du choix : une excursion organisée ou transport en mini-bus avec chauffeur. Plusieurs circuits sont proposés à l'entrée, selon votre forme physique. Les sportifs feront le parcours long. Mais pour parcourir la mine entièrement, il paraît qu'il faudrait une semaine.

La mine est exploitée depuis le XIII siècle mais le sel est récolté depuis cinq millénaires. Il fut la plus grande richesse des rois polonais d'où sa taille gigantesque, neuf niveaux, 30 km de galeries.

Ce que vous ne pouvez éviter, c'est la plongée aux Enfers, toute une volée d'escaliers, 390 marches pour atteindre - 64 m, dans laquelle vous perdez votre libre arbitre  ( S'arrêter ? Renoncer ? impossible !),  on a l'impression que c'est interminable,  descente qui vous plonge dans les entrailles de la terre. Heureusement, un défibrillateur vous attend à l'arrivée ( Je plaisante ... oui, le défibrillateur existe mais on y échappe en général !). Sachez, cependant que vous remonterez en ascenseur (ouf!) enfin si vous en trouvez un qui marche. (Je plaisante ! oui, il y en avait plusieurs en panne, mais, ça va, je suis là !)

En fait, la galerie la plus profonde descend jusqu'à - 327 m, mais le visiteur se contente de passer de - 64 à -135m sur trois niveaux et c'est bien suffisant ! Je m'attendais à un univers blanc, éclatant de gemmes irisées, je me suis retrouvée dans un monde noir (la terre colore le sel), perdue dans des longs couloirs interminables, étayés de rondins, et des passages en clair-obscur, persuadée de me retrouver nez à nez, à un moment ou à un autre, avec l'araignée du Seigneur des anneaux.  Mais non, ce n'est pas allé jusque-là !

Les différents niveaux : une idée de la profondeur (oui, je sais, cela ne rend pas)

La Chapelle Sainte Kinga : 54m de long, 18m de large, 12m de hauteur

Bref, après cette "légère" atteinte de claustrophobie, j'ai pu admirer ces lieux uniques, grandioses, fruits de la nature et du travail de l'homme. Car celui-ci ne s'est pas contenté de creuser des puits et des galeries mais il a façonné d'immenses salles, cathédrale illuminée de lustres salins, autels, il a sculpté des statues, des bas-reliefs, des scènes religieuses, historiques. On peut aussi voir, au passage, des scènes  retraçant le travail des mineurs.

 La chapelle de Sainte Kinga (Cunégonde), dédiée à la patronne des mineurs, est impressionnante par ses dimensions, sa longueur, sa hauteur de plafond, son pavage de dalles taillées dans le sel. Le dimanche, les mineurs et leur famille venaient assister à la messe. Des messes y sont toujours célébrées en particulier à la Noël et on peut assister à des concerts, l'acoustique étant excellente.

Chapelle Sainte Kinga (détail)

 La fuite en Egypte

Autel sculpté : Dieu , La Vierge






Les noces de Cana


La cène d'après Léonard de Vinci sculptée par le mineur Antoni Wyrobek (source)

Soutènement de bois : on a l'impression de voir un temple, vestige d'une civilisation antique

Le soutènement de bois n'est pas seulement utile mais témoigne d'une recherche esthétique

Transport de sel par l'homme


Le travail du cheval : écurie


Mécanisme pour transporter le sel à l'étage supérieur


dimanche 27 mars 2022

Cracovie : Le château de Wawel, appartements royaux

Cracovie  : Le château de Wawel (Wiki)



Le château de Wawel (vu de l'esplanade)

La colline de Wawel, son château et sa cathédrale, ont été pendant des siècles le siège du pouvoir royal et religieux de la Pologne, Cracovie étant la capitale.  C'est là que les rois étaient sacrés, c'est là aussi qu'ils étaient inhumés. Lorsque le roi Sigismond III Vasa décide de transférer la capitale à Varsovie en 1596, la famille royale et tous les grands noms qui illustrèrent l'Histoire de la Pologne continuent de se faire enterrer dans la cathédrale du château.


Le château de Wawel et cathédrale

Le premier château médiéval date du XI ème siècle, puis Casimir III le Grand en fit une puissante forteresse gothique au XIV siècle, détruite en partie par un incendie en 1499.  C'est Sigismond I le Vieux de la dynastie des Jagellon et son épouse la reine Bona issue de la puissante famille des ducs de Milan, les Sforza, qui firent édifier le château Renaissance au début du XVI siècle. L’influence de Bona aussi bien au point de vue économique et artistique transforma le château et au-delà, Cracovie et la Pologne.  Elle fit venir les premiers artistes toscans à la cour du roi de Pologne :  les architectes italiens Francesco Florantino et et Bartolomeo Berrecci qui réalisèrent le château de la Renaissance tel qu'on peut l'admirer aujourd'hui. 

Bona Sforza , reine de Pologne, de Matejko

L'aile nord subit un nouvel incendie en 1595 et Sigismond III avant de quitter Varsovie confia la restauration à un autre artiste italien Giovanni Trevano.

Malgré les destructions, les pillages, les ravages dus aux différents occupants du pays au cours des siècles, Russes, Prussiens, Autrichiens, Suédois et nazis, le château a été restauré et a pu retrouver sa splendeur passée. 


Cracovie Château de Wawel : Cour intérieure de style renaissance

Château de Wawel Cour Renaissance : détail (Wikipédia)

Il y a plusieurs musées à visiter dans le château. Entre deux confinements, nous étions en juin 2021,  tous ne semblaient pas ouverts. Je vous amène dans celui des appartements royaux.

Ce sont, avant tout, les tapisseries de Flandres du XVI siècle qui font la richesse de ce château. Sur les  360 pièces acquises par les Jagellon, seules 136 tapisseries ont survécu. Elles sont l'oeuvre de Willem Tons et Michel Van Coxie et illustrent des scènes de l'Ancien testament comme le Déluge, l'arche de Noé, Adam et Eve dans le jardin d'Eden, la construction de la tour de Babel. 


Accès aux appartements royaux


Cracovie : le château de Wawel : la salle du trône


Château de Wawel : salle des oiseaux (wiki)

 
Château de Wawel : chambre de Vasa (wiki)

Tapisserie : thème ancien testament le Déluge


Le Déluge (détail)  


Noé et ses fils construisant l'arche

L'arche de Noé

Le bonheur du Paradis, atelier de Jan de Kempeneers  vers 1555


 

 

Porte Renaissance