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jeudi 27 octobre 2022

Murielle Szac : Eleftheria

 

   

Eleftheria, le roman de Murielle Szac, est paru aux éditions Emmanuelle Collas. Je sais bien que la première de couverture ne préjuge pas de la qualité du roman, mais je ne sais pas si vous êtes comme moi, cette photographie d'Oleg Gekman, avec cette silhouette élancée prenant son envol, (sa liberté ?), dans ce  paysage d'une grande beauté, ce contraste entre le rouge, synonyme de violence, et le bleu qui évoque la vie, m'ont irrésistiblement attirée.

En 1940, les deux communautés juives et chrétiennes qui vivent en Crète, en bonne intelligence, ont encore quelques moments d’insouciance. Certes, Stella, la jolie juive, qui épouse Yorgos, le chrétien, s’attire réprobation et commérages. Mais dans cette île, on célèbre les cultes respectifs dans des bâtiments religieux dressés côte à côte, et il n’est pas rare que les enfants se mêlent pour célébrer la fête des uns ou celle des autres.

Eleftheria ou Liberté, c’est celle que réclament les hommes et les femmes de ces communautés en cette année 1941qui voit la Grèce envahie par les allemands. Certains vont fuir, d’autres resteront prisonniers sur l’île ne pouvant échapper à leur destin. 

Le roman est conçu autour de plusieurs personnages qui vivront parallèlement ou ensemble la tragédie de l’occupation nazie : Rebecca et son amie chrétienne Réna, Ariadni qui s’attache à Isaac, le petit garçon de ses maîtres, Judith et Yakov, Nikos et Rachel, Petros, le photographe polonais, Luigi, l’officier  italien dont la garnison occupe l’est de la Crète et qui rejoint les résistants crétois à la mort de Mussolini… Et bien d’autres, tous des habitants de la Crète qui aiment leur île et vont être emportés par la violence de l’occupation, la privation des libertés, les massacres de la population, la déportation des juifs et des résistants dans le Tanaïs, bateau grec réquisitionné par l’armé allemande...

L’écrivaine Murielle Szac, tout en nous montrant la réalité de la guerre, s’attache aussi à faire revivre les populations, en peignant les coutumes et les croyances de ces communautés, qu’il s’agisse des juifs célébrant le Tashlikh, le Mikhev, ou des orthodoxes célébrant une noce et dansant la pentozalia, danse guerrière.
A côté des descriptions des paysages de l’île, l’auteure brosse aussi de beaux portraits des villageois, descendants des grands résistants crétois qui ont chassé l’envahisseur turc de leur île, et que Petros photographie dans des poses pleines d’une fierté farouche. J'ai aimé que l'écrivaine souligne ainsi le rôle de la photographie, comme témoin mais aussi comme conservateur de la mémoire, thème secondaire, peut-être, mais important car l'image est le seul le souvenir qui demeure de toutes ces personnes tragiquement disparues.
 

Peut-être manque-t-il dans ce livre, un souffle, une puissance qui en feraient pour moi un coup de coeur. Mais Eleftheria est un bon roman, bien écrit, présentant des qualités et qui a le mérite de nous remémorer un épisode terrible et peu connu de la seconde guerre mondiale en Crète. A lire ! 



 

Lu pour le Prix littéraire des Avignonnais

 

La Ville d’Avignon lance le premier Prix littéraire des Avignonnais. À partir du 1er octobre et jusqu’au 12 novembre, les avignonnais et tous les amoureux de la littérature sont invités à élire, parmi les cinq ouvrages sélectionnés par les bibliothèques, les librairies d'Avignon, un professeur de lettres du lycée René Char et la directrice des bibliothèques d'Avignon, leur roman préféré issu de la rentrée littéraire d’automne. Lectures, tables rondes, midi-sandwichs et de nombreuses animations permettront de mieux faire connaître ces cinq ouvrages et de voter pour celui qui emportera le premier Prix.
Les cinq romans sélectionnés sont disponibles en prêt dans les bibliothèques de la Ville et à la vente dans les librairies partenaires.
 



 

« Qu’est-ce qui peut bien faire qu’une femme soudain abandonne celle à qui elle vient de dire, Quels merveilleux moments j’ai passés auprès de toi, aujourd’hui encore : je veux ça tous les jours de la vie ? » Tel est le questionnement auquel est confrontée Jenny après le départ d’Ève. Toutes deux apprendront que l’ on peut vivre une même histoire de deux façons totalement différentes ».

 
 

 

Le pion 
Paco Cerdà
  Éditions La Contre Allée 

 


Stockholm, hiver 1962. Deux hommes de mondes adverses se font face. Arturo Pomar, l’enfant prodige espagnol, affronte sur l’échiquier Bobby Fischer, un jeune Américain excentrique et ambitieux.
En pleine guerre froide, l’un était le pion du régime franquiste, l’autre sera celui des États-Unis.
    •    Première sélection du Prix du Meilleur Livre Étranger - catégorie non-fiction.

 
 

 

Eleftheria 
Murielle Szac  
Éditions Emmanuelle Collas 

 


 
1940, au nord de la Crète. La communauté juive célèbre Rosh Hashana. Rebecca écoute les commérages sur le futur mariage de Stella. On s’interroge aussi sur la guerre qui a commencé en Europe. Metaxas, le dictateur au pouvoir à Athènes, saura-t-il résister à Mussolini et à son allié, Hitler ? Bientôt, le bateau de Nikos, le Tanaïs, est réquisitionné par l’armée grecque. Malgré la menace, la vie continue… Jusqu’au matin du 20 mai 1941, lorsque le 3e Reich lance sur la Crète une invasion aéroportée. Faut-il fuir ou rester ? C’est l’heure de savoir si l’on est libre de choisir son destin.


 

 

Des rêves d’or et d’acier
 Émilie Tôn
 Éditions Hors d’atteinte 

 


 

 Je veux savoir comment mon père est arrivé dans cette Lorraine où l’acier s’écoule, comprendre comment il est devenu cet homme au destin plusieurs fois brisé, qui n’a jamais abandonné. Il l’a toujours dit : « Quand on a tout perdu plusieurs fois, on n’a plus peur de se lancer. »
 


 

 

 

L’invention du diable
 Hubert Haddad
 Éditions Zulma 

 



Papillon de Lasphrise s’est retiré dans sa tour d’ivoire angevine. Après une existence dédiée à l’amour et à la guerre, le voilà tout entier habité par le démon de l’écriture. Au soir de sa vie, il pactise avec le diable : tant que ses Poésies n’auront pas accédé à la postérité, il ne connaîtra pas le repos éternel. L’immortalité sera sa malédiction.
 

 

 



mardi 25 octobre 2022

Hubert Haddad : L'invention du diable



 L’invention du diable de Hubert Haddad aux éditions Zulma raconte l’histoire de Marc Papillon,  seigneur de Lasphrise, poète. Vous avouerez qu’avec ce nom étrange, voire un peu ridicule, Papillon est un parfait personnage de roman. Erreur, car il a existé ! Il est né en 1555 près d’Ambroise. Son oeuvre poétique a survécu au temps même si elle est est moins connue que celle de ses illustres aînés, le "divin" Ronsard, Joachim du Bellay, Maurice de Scève, François Rabelais… Petit hobereau sans fortune dans son domaine tourangeau, Papillon, avant d’être poète, acquit une renommée de bravoure ainsi que moult balafres, cicatrices et coutures, au service des ducs de Guise pendant les guerres de Religion. Quand le capitaine Lasphrise, tout "envieilli", se retire dans son fief, sachez que le "rancuneux" Henri IV lui refuse même une pension pour ses exploits héroïques, preuve que la conversion du roi au catholicisme n’a pas complètement effacé son parpaillotisme … même si Paris vaut bien une messe ! Papillon se consacre à la poésie et à l’éducation de sa fille bien-aimée Marguerite. Il meurt en 1599. Enfin, il meurt ? Mais non ! il survit, comme nous l'apprend Hubert Haddad, car il fait un pacte avec le diable : il ne mourra pas tant que son oeuvre, enfin reconnue, ne  lui aura pas permis d’atteindre à la notoriété.

C’est dans ces vers que l’écrivain a trouvé le sujet du roman :

Démon témoin de mon jugement
Au risque d’en perdre âme et sang
Une plume à ma veine trempée
Scelle un contrat d’immortalité
Tant que gloire enfin me soit donnée
 Jamais serai-je en l’ombreux tombeau.


C’est donc ainsi que nous suivons les aventures de Papillon à travers les siècles, traînant avec lui la pesanteur de l’éternité et le désespoir d’un amour toujours renaissant et toujours mourant. L’éternité au goût de rien, à l’oublieuse mémoire qui laisse surgir, comme un éclair, un visage perdu dans les limbes du souvenir : "La sainte nature m’avait donné une enfant sur le tard. C’est à elle que je pense quelque fois." Sinon, rien !  L’éternité comme une "lassitude", comme une «"érosion", une "usure" qui "réduit à l’os" car  "On n’arrive pas à la gloire sans fatigue ". L’immortalité vécue comme une condamnation et, comble de dérision, condamnation que l’on s’est imposée à soi-même.

" A quelle étrangeté à soi faut-il accéder pour lâcher prise et devenir pareil aux vagues de la mer, à la neige vermeille de l’aube ou au bruissement des feuilles dans la lumière du soir. "  

L'invention du diable,  au-delà du fantastique, est donc la métaphore du Temps ou plutôt de ce rêve que tout être humain, même le plus humble, partage : faire échec au temps, laisser des traces, demeurer dans la mémoire des vivants. Or si cette recherche est commune à tous, elle l'est plus encore, à fortiori, pour le poète, l’écrivain. Ce que Boileau résume ainsi avec ironie :

"Sans cesse poursuivant ces fugitives fées
On voit sous les lauriers haleter les Orphées".

Au terme de son éternité Papillon se demandera si le jeu valait la chandelle, arrivant à la conclusion, après sa rencontre avec Napoléon et sa statue, que même l’immortalité est mortelle :

« Mais les statues vous ignorent : on les brise pour en élever d’autres qui subiront le même sort. ».

Le style de Hubert Haddad est poétique, recherché, brillant et riche avec ce rien de désuet dans la phrase et le vocabulaire qui permet d’évoquer le parler ancien de chacune des époques qu'il visite. Nous sommes au XVI siècle, avec Montaigne et Rabelais comme proches voisins, et nous passons de siècle en siècle, chez la marquise de Rambouillet, dans le salon des Précieuses, avec Voiture et Racan, séjournant à la Bastille dans la tour de la Bertaudière où notre Papillon mange à la table du marquis de Launay, gouverneur de la Bastille, juste avant les assauts de la Révolution. Nous parcourons l’Empire et découvrons son empereur déchu,  la Commune, la Grande Guerre, jusqu’à nos jours. Nous traversons les remous de l’Histoire tout en allant à la rencontre des écrivains, artistes, hommes célèbres.

Ce roman avait donc tout pour me plaire :  la réflexion philosophique sur le Temps soulignant l’éphémérité de la vie humaine, la dérision de l’immortalité; la découverte de ce poète du XVI siècle, Marc Papillon de Laphise, que j’aime beaucoup à travers les extraits qui nous sont proposés ; puis le  retour dans le passé avec  l’Histoire de la France, enfin l’introduction du fantastique.

Et pourtant j’ai éprouvé de la distance, parfois même  de l’ennui, en lisant ce livre. Certes, j’ai bien senti la nostalgie qui imprègne ces pages, j’ai été sensible à la souffrance du personnage, à l’horreur de l’immortalité qui dépossède de la mémoire, qui gomme les êtres que l’on a aimés. Mais en même temps je suis restée en dehors.  A force de  survoler les siècles, on en a une vision au pas de course, trop rapide, réduite souvent à des noms qui font plaisir au lecteur quand il les connaît sans que cela ne les fasse exister. Chaque période nous ramène aux sentiments du personnage, à son engluement dans la vase du Temps comme une sorte de leit-motiv. Voulu, peut-être ? pour évoquer  le lent passage du temps  et l'usure qu'il provoque. Mais cet effet répétitif nuit à l’intérêt du récit. Aussi, je ne suis pas parvenue à rester toujours "accrochée" même si j’ai ressenti de l’admiration pour le style. C’est déjà beaucoup, certes, mais, j’aime bien que l’on me raconte une histoire à laquelle j’adhère complètement et qui m’emporte.  Alors, à vous de lire ! Et vous me direz !


 

Lu pour le Prix littéraire des Avignonnais

 

La Ville d’Avignon lance le premier Prix littéraire des Avignonnais. À partir du 1er octobre et jusqu’au 12 novembre, les avignonnais et tous les amoureux de la littérature sont invités à élire, parmi les cinq ouvrages sélectionnés par les bibliothèques, les librairies d'Avignon, un professeur de lettres du lycée René Char et la directrice des bibliothèques d'Avignon, leur roman préféré issu de la rentrée littéraire d’automne. Lectures, tables rondes, midi-sandwichs et de nombreuses animations permettront de mieux faire connaître ces cinq ouvrages et de voter pour celui qui emportera le premier Prix.
Les cinq romans sélectionnés sont disponibles en prêt dans les bibliothèques de la Ville et à la vente dans les librairies partenaires.
 



 

« Qu’est-ce qui peut bien faire qu’une femme soudain abandonne celle à qui elle vient de dire, Quels merveilleux moments j’ai passés auprès de toi, aujourd’hui encore : je veux ça tous les jours de la vie ? » Tel est le questionnement auquel est confrontée Jenny après le départ d’Ève. Toutes deux apprendront que l’ on peut vivre une même histoire de deux façons totalement différentes ».

 
 

 

Le pion 
Paco Cerdà
  Éditions La Contre Allée 

 


Stockholm, hiver 1962. Deux hommes de mondes adverses se font face. Arturo Pomar, l’enfant prodige espagnol, affronte sur l’échiquier Bobby Fischer, un jeune Américain excentrique et ambitieux.
En pleine guerre froide, l’un était le pion du régime franquiste, l’autre sera celui des États-Unis.
    •    Première sélection du Prix du Meilleur Livre Étranger - catégorie non-fiction.

 
 

 

Eleftheria 
Murielle Szac  
Éditions Emmanuelle Collas 

 


 
1940, au nord de la Crète. La communauté juive célèbre Rosh Hashana. Rebecca écoute les commérages sur le futur mariage de Stella. On s’interroge aussi sur la guerre qui a commencé en Europe. Metaxas, le dictateur au pouvoir à Athènes, saura-t-il résister à Mussolini et à son allié, Hitler ? Bientôt, le bateau de Nikos, le Tanaïs, est réquisitionné par l’armée grecque. Malgré la menace, la vie continue… Jusqu’au matin du 20 mai 1941, lorsque le 3e Reich lance sur la Crète une invasion aéroportée. Faut-il fuir ou rester ? C’est l’heure de savoir si l’on est libre de choisir son destin.


 

 

Des rêves d’or et d’acier
 Émilie Tôn
 Éditions Hors d’atteinte 

 


 

 Je veux savoir comment mon père est arrivé dans cette Lorraine où l’acier s’écoule, comprendre comment il est devenu cet homme au destin plusieurs fois brisé, qui n’a jamais abandonné. Il l’a toujours dit : « Quand on a tout perdu plusieurs fois, on n’a plus peur de se lancer. »
 


 

 

 

L’invention du diable
 Hubert Haddad
 Éditions Zulma 

 



Papillon de Lasphrise s’est retiré dans sa tour d’ivoire angevine. Après une existence dédiée à l’amour et à la guerre, le voilà tout entier habité par le démon de l’écriture. Au soir de sa vie, il pactise avec le diable : tant que ses Poésies n’auront pas accédé à la postérité, il ne connaîtra pas le repos éternel. L’immortalité sera sa malédiction.
 

 

 

vendredi 21 octobre 2022

Paco Cerda : Le Pion et Fanny Chiarello, Wendy Delorme : L'évaporée

 


  Le Pion de Pablo Cerda paru aux éditions La contre allée fait partie de la sélection du prix littéraire des avignonnais.

Le 10 Février 1962, Bobby Fisher et Arturo Pomar disputent une partie lors d’un tournoi d’échecs interzonal de Stockholm. L’un est américain, l’autre espagnol. L’un a dix-huit ans, marqué par la pauvreté, ambitieux, l’autre trente et un ans, issu d’un milieu modeste, ancien enfant prodige adulé, déjà résigné, délavé, fini. Tous deux sont des pions, tous deux manipulés par des « rois » qui les mettent en mouvement sur l’échiquier du monde, l’un contre les soviétiques pendant la guerre froide, l’autre par le Caudillo, servant la dictature, tous deux manipulés, puis rejetés quand l’on n’a plus besoin d’eux.  Car, il faut le savoir :  "Un pion n’est pas seulement un pion. Confiné dans ses mouvements par sa condition grégaire, il intègre un camp, il sert un roi, il obéit à une main".

 

Pomar et Fisher : Stockholm

 

Et comme dans toutes les langues le mot pion a la même résonance, celle de l’humilité, Paco Cerda,  tout en relatant cette partie d’échec et la vie de ces deux partenaires, nous raconte l’histoire de tous ces hommes ou femmes qui, aux Etats-Unis ou en Espagne, pendant cette année 1962, ont été des pions voués au sacrifice : "Un pion, seulement un pion. Avec le regard de ton roi sur la nuque. Avec ce dédain souterrain de l’aristocratie de ton camp. L’insignifiance d’une babiole, une bagatelle inscrite dans les gênes."

Ainsi en est-il du pion James Meredith, le premier noir qui a pu a accéder à une université réservée aux blancs grâce à sa volonté, son courage, sa persévérance, son refus de céder à la peur, et de même de tous les américains sacrifiés à la toute puissance des Etats-Unis, à leur volonté de domination sur le monde. Ainsi en est-il de Julien Grimau, dernier mort de la guerre civile, emprisonné puis exécuté pour avoir défendu jusqu’au bout la démocratie, comme le sont tous les espagnols qui ont payé le prix fort, exil, emprisonnement, tortures, assassinats, entre les mains de Franco.

A travers les  histoires que Paco Cerda nous raconte, nous découvrons le poids du déterminisme social, religieux, politique qui font un pion de l’être humain :  "Sachant que les cinq ou six pas à faire pour te défaire de ton pesant destin sont tout un monde quand l’échiquier n’est pas fait à la mesure de tes forces, quand les règles te condamnent au rang de pion, quand les dangers sont à l’affût, démultipliés par les inégalités d’une origine viciée. Tu n’as pas choisi d’être pion.". De toutes les pièces du jeu d'échec, remarque Pablo Cerda, roi, dame, fou, tour, cavalier, seul le pion ne peut changer de trajectoire et ne peut revenir en arrière : " C'est irréversible".

Mais j’aime aussi qu’il nous laisse un espoir en citant en exergue Ezequiel Martinez Estrada : «  Ils sont les jouets du destin, même si, parfois, par ironie, c’est d’eux dont dépend le destin ». Car seuls les pions, remarque Paco Cerda dénotent un esprit de solidarité : « C’est l’éternel idéal de l’union et la force. Le jonc fragile qui, au milieu d’une touffe, ne peut être arraché». C’est ce qui arrive quand les mineurs des Asturies se mettent en grève dénonçant leurs conditions de travail et les salaires de misère entrainant la fermeture de toutes les mines en Espagne ou quand les femmes américaines s’unissent pour exiger l’arrêt des essais nucléaires qui empoisonnent le lait de leurs enfants. Et puis les pions peuvent devenir dames, faible espoir, cependant, pour lequel il faut réaliser de grands sacrifices. Enfin, ce qui rétablit l'équilibre mais c'est une conclusion bien pessimiste, l'auteur partage avec nous un proverbe italien : " A la fin de la partie, le roi et le pion retournent dans la même boîte". Seule la mort égalise les pièces de l'échiquier.

J’aime les écrivains qui savent relier ainsi l’idée philosophique au vécu, à l’histoire des hommes, et qui parviennent à nous impliquer en nous faisant sentir le tragique de la condition humaine. Non pas des personnages désincarnés mais des êtres de sang et de chair. Pablo Cerda est de ceux-là !

J’aurais voulu dire que ce roman était un coup de coeur mais je l’ai trouvé malheureusement trop dense. A force de multiplier les histoires, l’auteur m’a un peu perdue. Même si j'ai beaucoup aimé ce livre, j’ai éprouvé de temps à autre une lassitude et c’est vraiment dommage car cet écrivain - c’est son deuxième roman - a quelque chose d’important à dire sur l'être humain et l'Histoire. Son style est d’une force qui me touche ainsi que sa tendresse et son respect pour les humbles. Donc, malgré cette restriction,  c'est un vrai, beau roman, qui vaut la peine d'être lu.


L'évaporée  de Fanny Chiarello, Wendy Delorme

 


 Juste un mot sur L'évaporée paru aux Éditions Cambourakis. Comme j'ai abandonné la lecture, je me dois d'être rapide pour expliquer pourquoi. 

L'écriture est due à deux écrivaines Fanny Chiarello et Wendy Delorme. Ce sont  des  textes qui se répondent et parlent de la rupture d'un amour, de la souffrance de l'une et de l'autre femme, du manque, de la difficile guérison de celle qui a été abandonnée et de celle qui est partie, qui s'est évaporée. Le roman est bien écrit, l'analyse des sentiments est fouillée, le processus de perte et de résilience décortiquée, mais voilà cela ne m'intéresse pas. C'est trop intellectuel ou plutôt trop cérébral. On dirait que le plaisir de l'analyse prend le pas sur l'humain. On dit de quelqu'un qui parle "qu'il s'écoute parler", que pourrait-on dire de quelqu'un qui écrit ?  Bref! je n'ai  pas ressenti d'émotion. C'est intelligent, presque trop !  Mais je conçois que l'on puisse apprécier ce livre, rien à redire sur sa qualité. D'ailleurs j'ai lu deux critiques positives dans Babelio ICI.


 

Lu pour le Prix littéraire des Avignonnais

 

La Ville d’Avignon lance le premier Prix littéraire des Avignonnais. À partir du 1er octobre et jusqu’au 12 novembre, les avignonnais et tous les amoureux de la littérature sont invités à élire, parmi les cinq ouvrages sélectionnés par les bibliothèques, les librairies d'Avignon, un professeur de lettres du lycée René Char et la directrice des bibliothèques d'Avignon, leur roman préféré issu de la rentrée littéraire d’automne. Lectures, tables rondes, midi-sandwichs et de nombreuses animations permettront de mieux faire connaître ces cinq ouvrages et de voter pour celui qui emportera le premier Prix.
Les cinq romans sélectionnés sont disponibles en prêt dans les bibliothèques de la Ville et à la vente dans les librairies partenaires.
 



 

« Qu’est-ce qui peut bien faire qu’une femme soudain abandonne celle à qui elle vient de dire, Quels merveilleux moments j’ai passés auprès de toi, aujourd’hui encore : je veux ça tous les jours de la vie ? » Tel est le questionnement auquel est confrontée Jenny après le départ d’Ève. Toutes deux apprendront que l’ on peut vivre une même histoire de deux façons totalement différentes ».

 
 

 

Le pion 
Paco Cerdà
  Éditions La Contre Allée 

 


Stockholm, hiver 1962. Deux hommes de mondes adverses se font face. Arturo Pomar, l’enfant prodige espagnol, affronte sur l’échiquier Bobby Fischer, un jeune Américain excentrique et ambitieux.
En pleine guerre froide, l’un était le pion du régime franquiste, l’autre sera celui des États-Unis.
    •    Première sélection du Prix du Meilleur Livre Étranger - catégorie non-fiction.

 
 

 

Eleftheria 
Murielle Szac  
Éditions Emmanuelle Collas 

 


 
1940, au nord de la Crète. La communauté juive célèbre Rosh Hashana. Rebecca écoute les commérages sur le futur mariage de Stella. On s’interroge aussi sur la guerre qui a commencé en Europe. Metaxas, le dictateur au pouvoir à Athènes, saura-t-il résister à Mussolini et à son allié, Hitler ? Bientôt, le bateau de Nikos, le Tanaïs, est réquisitionné par l’armée grecque. Malgré la menace, la vie continue… Jusqu’au matin du 20 mai 1941, lorsque le 3e Reich lance sur la Crète une invasion aéroportée. Faut-il fuir ou rester ? C’est l’heure de savoir si l’on est libre de choisir son destin.


 

 

Des rêves d’or et d’acier
 Émilie Tôn
 Éditions Hors d’atteinte 

 


 

 Je veux savoir comment mon père est arrivé dans cette Lorraine où l’acier s’écoule, comprendre comment il est devenu cet homme au destin plusieurs fois brisé, qui n’a jamais abandonné. Il l’a toujours dit : « Quand on a tout perdu plusieurs fois, on n’a plus peur de se lancer. »
 


 

 

 

L’invention du diable
 Hubert Haddad
 Éditions Zulma 

 



Papillon de Lasphrise s’est retiré dans sa tour d’ivoire angevine. Après une existence dédiée à l’amour et à la guerre, le voilà tout entier habité par le démon de l’écriture. Au soir de sa vie, il pactise avec le diable : tant que ses Poésies n’auront pas accédé à la postérité, il ne connaîtra pas le repos éternel. L’immortalité sera sa malédiction.
 

 

 


mardi 4 octobre 2022

Le premier Prix littéraire avignonnais : Venez me rejoindre !


  

Le premier Prix littéraire des Avignonnais

 

La Ville d’Avignon lance le premier Prix littéraire des Avignonnais. À partir du 1er octobre et jusqu’au 12 novembre, les avignonnais et tous les amoureux de la littérature sont invités à élire, parmi les cinq ouvrages sélectionnés par les bibliothèques, les librairies d'Avignon, un professeur de lettres du lycée René Char et la directrice des bibliothèques d'Avignon, leur roman préféré issu de la rentrée littéraire d’automne. Lectures, tables rondes, midi-sandwichs et de nombreuses animations permettront de mieux faire connaître ces cinq ouvrages et de voter pour celui qui emportera le premier Prix.
Les cinq romans sélectionnés sont disponibles en prêt dans les bibliothèques de la Ville et à la vente dans les librairies partenaires.
 

Comment élire votre livre préféré ?

En votant jusqu’au 12 novembre !
   

 •    sur jeparticipe.avignon.fr
 .   en déposant un bulletin dans une des urnes des bibliothèques de la ville
 

Remise du prix à l’écrivain lauréat
Le samedi 3 décembre à 15h30 au Théâtre des Halles

Si ces titres vous tentent venez me rejoindre pour la lecture de ces livres jusqu'au 12 Novembre. Vous pouvez voter en ligne si vous lisez les cinq romans puisque le vote est ouvert à tous les amoureux de la littérature ou  seulement vous joindre à moi pour quelques-uns de ces livres lors de Lectures Communes avec pour logo : le blason d'Avignon.

Je commence Lundi 10 Octobre avec le livre de l'édition Zulma (édition que j'aime) :  L’invention du diable
 Hubert Haddad



Liste les livres sélectionnés



L’évaporée 
Fanny Chiarello, Wendy Delorme
 Éditions Cambourakis 

 


 

« Qu’est-ce qui peut bien faire qu’une femme soudain abandonne celle à qui elle vient de dire, Quels merveilleux moments j’ai passés auprès de toi, aujourd’hui encore : je veux ça tous les jours de la vie ? » Tel est le questionnement auquel est confrontée Jenny après le départ d’Ève. Toutes deux apprendront que l’ on peut vivre une même histoire de deux façons totalement différentes ».

 
 

 

Le pion 
Paco Cerdà
  Éditions La Contre Allée 

 


Stockholm, hiver 1962. Deux hommes de mondes adverses se font face. Arturo Pomar, l’enfant prodige espagnol, affronte sur l’échiquier Bobby Fischer, un jeune Américain excentrique et ambitieux.
En pleine guerre froide, l’un était le pion du régime franquiste, l’autre sera celui des États-Unis.
    •    Première sélection du Prix du Meilleur Livre Étranger - catégorie non-fiction.

 
 

 

 

Eleftheria 
Murielle Szac  
Éditions Emmanuelle Collas 

 


 
1940, au nord de la Crète. La communauté juive célèbre Rosh Hashana. Rebecca écoute les commérages sur le futur mariage de Stella. On s’interroge aussi sur la guerre qui a commencé en Europe. Metaxas, le dictateur au pouvoir à Athènes, saura-t-il résister à Mussolini et à son allié, Hitler ? Bientôt, le bateau de Nikos, le Tanaïs, est réquisitionné par l’armée grecque. Malgré la menace, la vie continue… Jusqu’au matin du 20 mai 1941, lorsque le 3e Reich lance sur la Crète une invasion aéroportée. Faut-il fuir ou rester ? C’est l’heure de savoir si l’on est libre de choisir son destin.


 

 

Des rêves d’or et d’acier
 Émilie Tôn
 Éditions Hors d’atteinte 

 


 

 Je veux savoir comment mon père est arrivé dans cette Lorraine où l’acier s’écoule, comprendre comment il est devenu cet homme au destin plusieurs fois brisé, qui n’a jamais abandonné. Il l’a toujours dit : « Quand on a tout perdu plusieurs fois, on n’a plus peur de se lancer. »
 


 

 

 

L’invention du diable
 Hubert Haddad
 Éditions Zulma 

 



Papillon de Lasphrise s’est retiré dans sa tour d’ivoire angevine. Après une existence dédiée à l’amour et à la guerre, le voilà tout entier habité par le démon de l’écriture. Au soir de sa vie, il pactise avec le diable : tant que ses Poésies n’auront pas accédé à la postérité, il ne connaîtra pas le repos éternel. L’immortalité sera sa malédiction.
 

 

 

 Le Blason d'Avignon

 


 J'ai choisi pour illustrer ce billet le blason d'Avignon même si ce n'est pas le choix du prix littéraire. Le symbole des trois clefs est adopté par le festival d'Avignon.

Voici l'explication du blason :

La ville d'Avignon porte 3 clés parce que,du temps des papes, il y avait alors pour gouverner la ville, trois syndics ou consuls.

 Les trois clefs évoquent l'emblème papal, qui comprend deux clefs en sautoir, et le nombre de trois rappelle que la ville d'Avignon était alors gouvernée par trois syndics.

 Au xve siècle, des gerfauts furent réintroduits en tant que supports à l'écu, sur demande de la population auprès du pape.
La devise de la ville fut adoptée au même moment :
" Unguibus et rostro. "

Sa signification, « à bec et ongles », fait référence aux gerfauts.
Les deux oiseaux portent chacun un grelot à la patte, afin de maintenir symboliquement l'attention des syndics sur les affaires de la cité.https://www.armorial.org/produit/106138/avignon.html