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mardi 7 janvier 2014

Paul Vacca : La petite cloche au son grêle



Il y a mille façons d'aller vers un livre. Pour celui-ci, La petite cloche au son grêle de Paul Vacca, c'est l'image de la couverture qui m'a conduite à lui. Car il s'agit d'une photographie d'Aurélia Frey, ma fille. Une raison comme une autre, et pas des moindres, de le choisir, vous en conviendrez! Et puis il y aussi le titre du livre qui sonne comme une petite musique verlainienne et enfin le thème noté en quatrième de couverture : Un jeune garçon de 13 ans découvre Marcel Proust. Finalement, beaucoup de raisons pour ce choix d'un roman que j'ai beaucoup aimé.

Sous le signe de Marcel Proust


La clochette au son grêle, c'est celle de la porte qui tinte chaque fois que le jeune narrateur pénètre dans le café tenu par ses parents au retour de l'école, salué par la voix claire de sa mère. Une mère qui voudrait tant que son fils lise et que ce garçon si sensible soit reconnu à sa juste valeur par son professeur de français. Or un jour, le garçon découvre à La recherche du temps perdu. Je ne vous explique pas comment mais disons que, parfois, l'amour fait bien les choses! Lecture qu'il va partager avec sa mère. Et le "petit Marcel", Swann, Odette, Charlus et tant d'autres personnages de la Recherche vont envahir leur vie comme s'ils étaient vivants et qu'ils s'incarnaient dans les habitants du village.
"Et on finit par  se sentir comme chez nous dans le salon de Verdurin ou les soirées des Guermantes".
 J'aime les livres qui sont à la gloire de la littérature, qui la montrent telle qu'elle est, parfois plus vraie que la vie et nous font toucher du doigt son importance et sa force dans notre quotidien!
 Cela ne va pas sans incompréhension de la part du père excédé par ce Proust dont il n'a jamais entendu parler et qui mène son enquête sur l'écrivain d'une manière réjouissante et pleine d'humour.

Un petit son grêle

Mais le ton plaisant, léger et humoristique du roman est peu à peu couvert par un petit son grêle, nostalgique comme la cloche qui sonne à la porte du bar. Un tintement qui introduit une dissonance dans le cours du récit. Peu à peu, l'on découvre la maladie de la mère, sa lutte contre la maladie. Le roman est donc aussi le récit d'une disparition. Il parle du courage, de la force morale de cette femme, de l'amour du mari et du fils pour rendre plus beaux les derniers moments de sa vie, de la solidarité des voisins qui finissent tous par se mettre sous le signe de Proust pour l'aider à mourir.
Le récit qui s'adresse à elle est donc un émouvant hommage sensible, poétique, à cette femme aimante, imaginative et digne.
Et c'est alors que la photo de la couverture prend son sens. Si je n'avais pas vu au début le rapport existant entre la petite cloche au son grêle et l'image de ce fauteuil à moitié libre, de cette femme dont on ne voit plus que le bras et un pan de la robe, le sens s'impose par la suite. Une silhouette à moitié visible, qui se dérobe, qui s'efface, qui va bientôt laisser le siège vide!




 La petite cloche!
En poussant la porte, je l'ai réveillée.
Alors, les visages anonymes disparaissent, la vacarme du bar s'évanouit, les brumes tabagiques se dissipent; et, au bout, du comptoir, tu m'apparais.
Oui, le tintement de la clochette a redonné vie à ton sourire, celui que tu m'adressais lorsque je revenais du collège.