Dans son roman Les gardiens du Phare, Emma Stonex s’appuie sur un fait divers réel qui est toujours demeuré un mystère.
En 1895, sur les îles Flannan, au large de l’Ecosse, au coeur de l’archipel des Hébrides, la construction d’un phare dans cette zone pleine de récifs, réputée dangereuse, commence. C’est en décembre 1899 que le phare d’Eilean Mor, qui se dresse sur un rocher inhospitalier, inhabité, battu par les vagues et le vent, s’illumine pour la première fois
Pour assurer sa maintenance, il faut quatre hommes, dont trois doivent rester en permanence sur l’île, le quatrième partant en congé sur la terre ferme toutes les six semaines. En Décembre 1900, un capitaine de navire signale que le phare est resté éteint. Quand on envoie des secours, les trois gardiens restés sur place, James Ducat, Thomas Marshall et Donald MacArthur, ont disparu sans laisser de traces.
L’enquête a conclu que les gardiens avaient dû s’approcher trop près du bord pour sécuriser une grue et avaient été emportés par une vague géante. Mais cette conclusion est restée à l’état d’hypothèse n’ayant jamais pu être confirmée.
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Les trois gardiens disparus d'Eilean Mor
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C’est cette histoire que raconte Emma Stonex dans Les gardiens du phare en la transposant en 1972 et en situant le phare sur les îles Maidens, au nord de l’Irlande.
Les trois hommes, Arthur Black, le gardien-chef de la Maiden, Bill Walker son second et Vince dont c’est le premier poste - et à qui l’on essaiera de faire porter le chapeau parce qu’il a fait de la prison - disparaissent. La société des phares cherchent rapidement à clore l’enquête, refusant de creuser plus avant, de crainte de détruire la bonne réputation de la Société, plutôt paternaliste, qui exige la fidélité et la bonne conduite de ses employés dont elle veut donner une image héroïque et qui prend soin de leur famille en retour.
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L'île Flannan : Eilenn Mor
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C’est l’occasion pour l’écrivaine de présenter la vie dans le phare et la dureté du métier de gardien qui exige des nerfs solides, une bonne santé mentale et une entente entre les trois personnes qui sont obligés de vivre ensemble de jour comme de nuit. Si l’une de ces conditions n'est pas réunie, les agacements deviennent vite antipathies, les tensions naissent, les risques d’affrontement s’exacerbent. La journée est rythmée par les travaux d’entretien du phare et de l’optique de la lanterne, les nuits exigent des quarts de veille pour assurer le bon fonctionnement de la lumière. Il faut imaginer la monotonie de la nourriture et des occupations, la solitude qui ébranle le moral, la séparation d’avec la famille, les tempêtes, effrayantes, avec des vagues gigantesques qui se brisent sur le phare dans un vacarme incessant, la responsabilité des vies humaines qui pèse sur les gardiens s’il y a un dysfonctionnement.
Dans le roman, Emma Stonex imagine que vingt ans après, un journaliste décide d’écrire sur cette histoire et demande à rencontrer les femmes des disparus, Helen, Jenny et Michelle. Car ce qui intéresse aussi l'écrivaine, c’est de donner une explication à ces disparitions ou tout au moins d’avancer une autre hypothèse que celle retenue officiellement. Les femmes parlent, en effet, et se dessinent des secrets de couple, des mésententes, des jalousies, des non-dits… Une analyse psychologique assez fine qui fait apparaître les caractères et les sentiments de chacun, sous laquelle, en filigane, se dessine une réponse au mystère et à la tragédie ! Un roman intéressant !
Tout seul
Je vous signale la magnifique BD intitulée Tout Seul de Christophe Chabouté sur les gardiens de phare.
Voilà ce que j'en écrivais : "Tout seul, bande dessinée de Chabouté, est un petit bijou d'émotion, de poésie, de beauté, de tendresse, d'espoir. .. Si vous n'avez pas encore lu cette BD, faites-le vite ! Et si vous ne deviez en lire qu'une dans votre vie, que ce soit celle-là!
Cet album est presque sans paroles, les personnages qui y vivent sont soit des marins taciturnes, soit un solitaire, séparé de la civilisation, prisonnier volontaire dans un phare en pleine mer. Le dessin en noir et blanc, jouant sur le lumières de la nuit et du jour, prend alors toute son importance, c'est lui qui raconte tout ce qui n'est pas dit, c'est pourquoi il faut être attentif aux moindres détails, et il est fantastique. Les variations des points de vue nous permet une approche toujours renouvelée de l'histoire. Nous sommes oiseaux et nous nous laissons porter par le vent pour nous poser sur la lanterne du phare, poisson dans un bocal nous contemplons la solitude d'un autre être, solitude qui n'a d'égale que la nôtre, marin, nous essayons de percer le mystère du phare.. A cela s'ajoutent les variations des cadrages, d'un gros plan qui éveille en nous la curiosité à un plan d'ensemble qui nous révèle la réalité… Le dessinateur joue ainsi sur le mystère, éveille notre imagination. Chabouté suggère aussi le mouvement par le procédé cinématographique d'un plan fixe qui permet de voir s'éloigner le bateau ou au contraire de le voir se rapprocher, venant droit sur nous, pour créer l'impression de durée dans le temps. Car l'histoire a un rythme, celui de la lenteur, de l'égalité des jours qui se traînent et se ressemblent, sauf quand survient un évènement, quand il y a irruption de la vie dans le quotidien." VOIR la suite ICI
La Tour d'amour
"La tour d'amour de la "sulfureuse" Rachilde est un roman qui
sidère, qui laisse pantelant. Jamais en ouvrant le livre de quelqu'un
qui était pour moi une inconnue, jamais je n'aurais pensé découvrir un
texte d'une telle force, servi pas un style puissant aux images
hallucinatoires. Je comprends, bien sûr, que le récit ait fait scandale
et je ne suis pas sûre qu'il ne choque pas, même de nos jours, les
lecteurs sensibles tant il est morbide et nous entraîne dans la spirale
d'une folie qui tient de la perversion. Si vous êtes de ceux-là, tant
pis, mais ne dites pas que Rachilde est un médiocre écrivain" Voir Ici
Le gardien du feu
J'ai aimé aussi : Le gardien du Feu de l'écrivain breton Antoine Le Braz
"Je
vous l'ai dit à propos du roman de Rachilde La Tour d'amour, les phares
bretons inspirent aux écrivains des romans sombres et tourmentés tout
comme le sont les personnages qui y vivent! Dans Le gardien du Feu
d'Anatole Le Braz, c'est le phare de Gorlébella en plein Raz qui sert de
décor pour cette histoire d'amour et de jalousie proche de la folie." Voir Ici
Les disparus du phare
J'ai moins aimé Les disparus du phare de Peter May mais lisez le premier volet de la trilogie L'île des chasseurs d'oiseaux !
"Peter May, je l’ai découvert avec sa trilogie écossaise qui se situe dans l'archipel des Hébrides, dans l’île Lewis, et c’est de loin L’île des chasseurs d’oiseaux, le premier, qui demeure mon préféré. Il offre des pages d’une force étonnante qui raconte le quotidien des hommes de cette île et décrit leur mentalité ancrée dans le passé, si loin de la civilisation urbaine actuelle.
Avec Les disparus du Phare, Peter May retourne dans les Hébrides, plus précisément dans les îles Flannan à une vingtaine de kilomètres de l’île Lewis. L’auteur s’empare d’un fait divers réel, survenu en 1900 : la disparition jamais élucidée des trois gardiens du phare d’Eilean Mor." Voir Ici
Tadloidu ciné chez Dasola conseille aussi les titres suivants et Je lis Je blogue une BD. Merci à eux ! Je ne les ai pas encore lus mais cela me donne envie de les découvrir.
Robert Louis Stevenson : Journal de la construction d'un phare
Au large de l’Écosse, en mer du Nord, à la croisée de plusieurs routes
maritimes, se trouve un récif meurtrier, où les navires s’abîment par
dizaines. En 1807, un homme décide de mettre fin à cette malédiction.
Ingénieur pour la Compagnie des Phares du Nord, Robert Stevenson se
lance dans une entreprise périlleuse : ériger un phare sur un récif
immergé vingt heures par jour. Trois années durant, dans des conditions
chaotiques, il coordonne le chantier de Bell Rock. Animés par la volonté
de rendre la mer plus sûre, ses hommes et lui luttent contre vents et
marées pour mener à bien ce projet ambitieux.
En racontant
l’histoire de sa famille et en publiant les carnets de son grand-père,
Robert Louis Stevenson rend non seulement hommage à la dynastie de
pionniers et de bâtisseurs dont il est issu, mais il révèle aussi au
public une formidable aventure collective. (quatrième de couverture)
Jules Verne : Le Phare du bout du monde
L’île des États : un îlot désertique au large de la Terre de Feu, à
plusieurs dizaines de milles de tout espace civilisé. Les autorités
argentines viennent d’y inaugurer un phare, pour permettre aux navires
de franchir le cap Horn par une route plus rapide et plus sûre. Trois
gardiens de phare sont déposés sur l’îlot pour y séjourner, seuls,
durant les trois mois de l’hiver austral. Seuls ?... (quatrième de couverture)
Emmanuel Lepage : Ar -Men BD
Au large de l’île de Sein, à la pointe Finistère, Ar-Men émerge des
flots. Construit en 1867, on surnomme ce phare mythique «L’enfer des
enfers». Sa lumière veille les navires, et les protège des récifs
menaçants. Les hommes se sont succédés pour l’entretenir, sentinelles
d'une côte déchiquetée que les marins redoutent. Germain, dans les
années 1960, est l’un de ces gardiens téméraires et solitaires. Dans
l'édifice isolé, contre vents et marées, il a trouvé son exacte place,
emportant là ses blessures et son abandon d’une vie sur terre, avec les
autres hommes. ( quatrième de couverture ) Editions Futuropolis