Pages

Affichage des articles dont le libellé est Rentrée littéraire 2020. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Rentrée littéraire 2020. Afficher tous les articles

dimanche 6 décembre 2020

David le Bailly : L’autre Rimbaud

J’avais repéré ce livre, L'autre Rimbaud de David Le Bailly,  à la rentrée littéraire en septembre et je voulais le lire parce que, bien sûr … Rimbaud !
Cette biographie ne porte pourtant pas sur Arthur mais sur son frère aîné Frédéric, celui qui figure sur la photo de communiants des deux frères qui n’ont qu’un an de différence. L’auteur, David le Bailly, a été surpris de découvrir que la présence de Frédéric avait été effacée de l’image pour ne laisser la place qu’au petit génie, au poète précoce, bref ! à Arthur.

Frédéric et Arthur Rimbaud
 Pourquoi ce silence autour de Frédéric ? Qu’a-t-il fait pour provoquer le rejet de la mère qui n’admire qu’Arthur, le mépris de sa soeur Isabelle qui se fait l’exécutrice testamentaire du poète et, au passage, fait main basse sur l’héritage d’Arthur au détriment de l’aîné.

David le Bailly mène l’enquête pour savoir comment expliquer la disparition de ce frère dont Arthur a pourtant partagé les jeux, liés par une complicité qui les réunit, enfants, autour de la détestation de la mère.

Dès l’enfance où les deux frères fréquentent le même lycée, l’un se révèle si doué qu’il force l’admiration non seulement de ses condisciples mais aussi de ses professeurs. L’autre, Frédéric n’a pas la même aptitude aux études, de là à dire qu’il est idiot, il n’y a qu’un pas qu’ont allègrement franchi les biographes d’Arthur plein de mépris pour l’humble Frédéric et son métier, conducteur de coche et porteur de bagages.
Les portraits croisés des personnages nous font découvrir un Frédéric, modeste, malheureux, poursuivi par la vindicte de sa mère, dominatrice, orgueilleuse, avare, imbue de sa personne et de son rang social (c’est une riche propriétaire terrienne). Haineuse, elle mène un combat épique pour empêcher Frédéric d’épouser la femme qu’il aime, de trop basse extraction selon elle. Ce sont des  scène fortes dans le livre, étonnantes tant elles montrent la haine qu’elle peut porter à son fils, son délire de supériorité, mais aussi, à cette époque, la toute puissance des parent sur les enfants. Intérêt historique : Frédéric a plus de trente ans et la loi l’empêche de se marier si sa mère ne l’y autorise pas !

L’hypocrisie de la société bourgeoise, bien pensante, qui va à la messe tous les dimanches mais obéit à une morale conventionnelle et dénuée de sincérité, est aussi très bien décrite. La soeur et la mère s’appliquent, à la mort d’Arthur, à réécrire la légende du poète, gommant ses frasques de jeunesse, les scandales qu’il a provoqués, la rébellion qu’il affichée, faisant de lui une repenti qui se rachète par une vie de pureté tout en exerçant le métier respectable de commerçant. C'est dégoulinant de bonnes pensées !

Arthur lui-même n’en sort pas grandi qui participe par ses lettres à sa mère ou à sa soeur au mépris du frère à qui il n’écrit jamais. Si l’on n’a pas de réponse sur le fait qu’il ait abandonné brutalement la poésie, on voit cependant que sa préoccupation essentielle, devenir riche, est bien loin des aspirations du jeune homme visionnaire et inspiré qu’il a été jadis.  
Ajoutez que l’on y rencontre Verlaine, un autre allumé, celui-là aussi !

L’auteur, en suivant les traces de son personnage qui l’intéresse aussi à titre privé, mêle à son enquête des considérations personnelles - mais en même temps universelles- qui l’amènent à s’interroger sur les rapports entre mère et fils, et ceux , ô combien conflictuels, entre frères.

Un livre intéressant !

samedi 10 octobre 2020

Sébastien Spitzer : La fièvre Rentrée littéraire 2020


Par ces temps de coronavirus, il n’est pas inintéressant, en cette rentrée littéraire, de lire La fièvre de Sébastien Spitzer sur l’épidémie de  fièvre jaune qui a touché Memphis en 1878. La fièvre jaune dont on sait de nos jours qu’elle est due à un flavivirus transmis par un moustique comme on l’apprend dans ce roman. Sébastien Spitzer nous dit qu’il commencé ce livre avant que ne se propage l’épidémie du coronavirus et qu’il a donc été rejoint par l’actualité au moment où il le terminait.
Là encore, comme dans La peste écarlate de Jack London, en l’absence de réponse médicale comme nous en avons de nos jours, la panique fait fuir la presque totalité de la population la vouant à une mort certaine. L’auteur raconte, à travers le personnage de la petite Emmy, métisse, et de sa mère, ce voyage cauchemardesque dans des trains bondés qui favorise la propagation de la maladie. Ceux qui cherchent à y échapper sont accueillis à leur descente du train par des hommes armés de fusils qui leur tirent dessus impitoyablement pour les empêcher  de répandre la maladie. C’est ainsi que la mère d’Emmy est tuée. La fillette parvient à rejoindre Memphis où la vie s’organise tant bien que mal tandis que l’épidémie fait des milliers de morts en quelques jours.
Ce récit se fait autour de personnages principaux comme Emmy dont le père, blanc, est le premier à mourir de la fièvre jaune en venant retrouver sa fille après sa sortie de prison. Au drame de l’épidémie s’ajoute celui du racisme, des exactions du Ku Kux Klan et des exécutions sommaires des noirs dans une région encore marquée par la guerre de sécession et par la haine du Nord. Il y a aussi Keathing, journaliste, proche de ses amis racistes, touché par la maladie et qui va peu à peu évoluer devant tant de peurs et de souffrances. Puis un belle figure féminine, Anne Cook, maquerelle, tenancière d’une maison close, qui fait de son lupanar un hôpital et soigne les malades avec dévouement. Enfin, un personnage qui a réellement existé et à qui Sébastien Spitzer dédicace son livre, Raphaël T. Brown, ancien esclave noir, libéré par la guerre, qui prend les armes et organise une milice pour défendre les habitants des hordes de pillards qui volent, violent et tuent à la faveur du désordre et de la maladie.  

Les personnages, leur humanité, nous permettent d’entrer dans ce récit et de vivre avec eux cette tragédie qui nous touche, au-delà des siècles, car toujours malheureusement actuelle. Un bon roman et qui devrait nous permettre de nous interroger sur la chance que nous avons, au XXI siècle, selon les pays où nous habitons mais aussi les milieux sociaux -car nous ne sommes pas tous égaux- d’avoir des hôpitaux à la pointe du progrès, des soignants compétents et dévoués, des chercheurs qui travaillent sans relâche sur les médicaments adéquats, des gouvernements, du moins ceux qui en ont le courage et la lucidité, pour nous protéger en prenant des mesures pas toujours populaires mais nécessaires malgré les grognements et les vitupérations des jamais contents ! 



jeudi 8 octobre 2020

Marie-Hélène Lafon : Histoire du fils Rentrée littéraire 2020


Le fils, c'est André. La mère, c'est Gabrielle. Le père est inconnu. André est élevé par Hélène, la soeur de Gabrielle, et son mari. Il grandit au milieu de ses cousines. Chaque été, il retrouve Gabrielle qui vient passer ses vacances en famille. Entre Figeac, dans le Lot, Chanterelle ou Aurillac, dans le Cantal, et Paris, Histoire du fils sonde le coeur d'une famille, ses bonheurs ordinaires et ses vertiges les plus profonds, ceux qui creusent des galeries dans les vies, sous les silences. (Quatrième de couverture)

Le fils, c’est André nous dit la quatrième de couverture, André  heureux dans sa famille adoptive, il aime ceux qu'il considère comme ses vrais parents, Hélène et Léon. S'il n'a qu’indifférence pour sa mère, Gabrielle, toujours absente, il est toujours à la recherche de ce père inconnu de lui.
Mais André n’est pas le seul fils, témoin ce Paul Lachalme que nous connaissons, nous, lecteurs, lorsqu’il était jeune lycéen, fils d’un notable de Chanterelle, maire de la ville, riche et ambitieux aubergiste, lui-même fils de paysans du Cantal. Et puis il y a Antoine, fils d’André, qui se chargera de terminer la quête du père menée par André. Une succession de générations ! Histoire des fils, histoire des rapports des fils à leur père !

Il est de règle de nos jours si l’on ne veut pas s’attirer les foudres des critiques d’éviter le schéma narratif chronologique jugé trop simpliste par certains d’entre eux. Marie-Hélène Lafon, tout en obéissant à ce qui semble être devenu un impératif, déconstruit son récit qui s’étale de 1908 à 2008 et en en tire parti  d'une manière non seulement brillante mais qui fait sens et donne de la densité et du corps au récit. Un siècle pour raconter une histoire qui telle un cercle se referme sur elle-même et dont tous les éléments se mettent en place jusqu’au dernier à la recherche des pans du passé qui nous échappent. Il y a de plus une émotion qui naît du fait que l’on retrouve les personnages qui vivaient au début du XX siècle par le regard que portent sur eux leurs descendants du XXI siècle à la recherche de leurs racines. Le poids du passé, la nostalgie pèsent sur le lecteur car ces personnages dont certains sont très attachants, nous les connaissions déjà. A la différence de leurs descendants, nous les avions rencontrés sans savoir ce qu’ils étaient devenus. Ainsi en est-il de l’adorable petit Armand et de la servante Antoinette dont nous n’apprenons l’histoire qu’après coup.  
j’ai vraiment adoré cette construction qui d’abord déroute, puis peu à peu nous entraîne, nous fait entrer dans une histoire et ses ramifications sans trop savoir où nous en sommes, rythmé surtout par la marche du temps, déchiré par les  deux guerres, puis nous implique et nous touche comme si nous faisions partie nous-mêmes de l’histoire. Le tout dans un style apparemment simple mais travaillé, ciselé, où chaque mot fait mouche. Un beau livre !

lundi 28 septembre 2020

Jon Kalman Stefansson : Lumière d'été puis vient la nuit


Jon Kalman Stefansson est un des grands écrivains contemporains de la littérature islandaise. Son oeuvre a reçu nombreux prix et il est traduit dans une vingtaine de langues. Pour ma part, Lumière d’été puis vient la nuit, est le premier livre que je lis de lui et j’ai aimé ce style poétique, cette nostalgie douce-amère, parfois pleine de dérision mais aussi de tendresse, qui retrace la vie quotidienne des habitants d’un petit village des fjords de l’ouest,  village qui se meurt de mort lente, au déclin de ses quelques activités économiques. L’atelier de tricot ferme, la coopérative n’est plus ce qu’elle était.
Réalité augmentée de tout ce qui est possible, nous entrons dans un monde surprenant où la raison bascule parfois. Le directeur de l’atelier du  tricot se met à rêver en latin, une langue qu’il ne connaît pas et devient L’astronome, la tête près des étoiles, projetant le village au centre du cosmos, en équilibre au bord des trous noirs, dans cette nuit d’été shakespearienne où les fantômes des morts assassinés reviennent hanter l’entrepôt de la coopérative. On pénètre dans une forêt que traverse un fleuve majestueux, une petite robe de velours noir électrise l’assemblée… masculine. On est gagné par l’absurdité de la vie, la déraison qui s’empare des humains pas seulement en Islande mais dans l’ensemble de  notre planète. il y a dans le roman de Jon Kalman Stefansson la conscience de l’abîme, à la manière de Pascal, « un néant par rapport à l’infini. », sans en appeler obligatoirement au divin, et en moins pessimiste, peut-être, parce que l’intérêt porté aux êtres humains donne une teinte chaleureuse au récit.  
Vous n’êtes pas non plus sans savoir qu’ici et là, nos précisons en Islande, à la surface de ce petit grain de terre posé sur un ciel infini et béant, certains désirent plus que tout se hisser sur les épaules des hommes pour sentir la chaleur qui remonte du col de leurs vêtements. Nous aimerions bien qu’on nous explique pourquoi : parce que nous sommes désorientés, parce que le sol s’est dérobé sous nos pieds, il n’y a plus que le vide pour nous empêcher de sombrer, et ce n’est pas une pensée rassurante.»
Il y a aussi la conscience de la fin possible d’une civilisation car nous scions la branche sur laquelle nous sommes assis.

 Mais en attendant, ce qui intéresse l’écrivain, c’est donc et avant tout l’homme. Il raconte  au gré des saisons, neige, vent et soleil, entre clarté pâle et longue obscurité, l'histoire des villageois. Et tous ces récits forment une chronique attachante qui entre rires, surprises, émotions, entre amours et deuils, peint un pays, des mentalités, un mode vie mais aussi capte tout ce qu’il y a d’universel dans la nature humaine : jalousie terrifiante de Asdis, trahie par son mari Kjartan, premiers émois amoureux d’un jeune homme naïf, David,  bonheur d’un homme simple, Jakob, chauffeur routier, « peu de choses, en effet, sont plus plaisantes que de conduire un camion », curiosité d'Agusta la postière qui nourrit le vide de sa vie des lettres qui passent entre ces mains, désespoir d’un homme veuf, Hannes, solitude angoissée de Benedikt, caractère joyeux de Puridur et son rêve secret… Et tant d’autres. Jon Kalman Stefansson nous offre en microscome un tableau complet d'une société islandaise qui pourrait être aussi la nôtre !

Le temps passe, nous vivons, puis nous mourons. Mais qu’est-ce que la vie ? La vie, c’est quand Jonas pense à la courbe de l’aile d’un oiseau, c’est quand il s’endort, bercé par la respiration profonde de Porgrimur, oui, c’est tout à fait ça, mais pas uniquement et quelle est la largeur de l’espace qui sépare cette vie de la mort, d’ailleurs cet espace existe-t-il, et si oui, quel nom lui donner ?

Un beau livre au rythme lent comme la vie au bord du fjord mais qui nous projette au milieu des étoiles, nous maintenant toujours en équilibre au bord du vide.

Lumière d’été puis vient la nuit est le premier livre  de Jon Kalman Stefansson. Paru en 2005, il n'a été traduit que cette année par Eric Boury et paraît chez Grasset pour cette rentrée littéraire.


Voir Dominique A sauts et à gamabades ICI

jeudi 24 septembre 2020

Marie-Sabine Roger : Loin-Confins Rentrée littéraire 2020


Belle rencontre avec Marie-Sabine Roger et son roman Loin-Confins, paru aux éditions du Rouergue ! Quel livre plein d’humanité et de poésie pour décrire une réalité poignante, celle de la maladie mentale, d’un quotidien gris, fermé à l’espoir par les barres d’une HLM.
Marie-Sabine Roger a un don pour nous emporter dans le rêve, dans le royaume de Loin-Confins, archipel situé dans l’océan Frénétique. Les récits fabuleux du père de Tanah, petite fille de neuf ans, la transporte vers ces rivages merveilleux. Et elle admire ce père, Agapito 1er, magnifique conteur, roi déchu, privé de son royaume par un frère cupide qui a usurpé le trône. En attendant elle est princesse et se prépare à régner mais dans un avenir lointain. Et ce ne sont pas les récriminations de sa mère qui cherche à la ramener à la vraie vie qui vont y changer quelque chose !

Tanah grandit ainsi, petite fille seule mal partagée entre une mère ancrée dans le réel au point de ne voir dans les histoires pour enfants qu’un ramassis de mensonges stupides, et qui méprise au plus haut point tout ce qu’elle appelle « des imaginations », et un père divaguant comme d’autres respirent. »

Mais de son père ou sa mère, la plus prisonnière des deux, n’est-ce pas la mère, « les pieds soudés au sol » « bétonnée dans le concret, le vrai , le quantifiable, les vérités sans poésie »?
Pourtant l’écrivaine, à travers la narration de Tanah devenue adulte, porte aussi un regard compréhensif sur cette femme qui a élevé seule ses sept enfants. Car si l’un vit ailleurs, il faut bien que ce soit elle qui assure les difficultés de tous les jours. La mère, qui, comme toujours, a le mauvais rôle ! Celle que Tanah n’aime pas ! De même qu’elle n’aime pas ses frères qui ont fui la maison dès qu’ils ont été en âge de partir, de fuir la folie.

Loin-Confins est une belle histoire d’amour entre un père et sa fille, un amour triste et tendre qui survit à l’écroulement des rêves, à la révélation de la vérité. Pauvre Agapito, une nouvelle fois déchu de son trône et enfermé dans un asile psychiatrique ! Et pourtant ces « mensonges »  ont construit un lien indéfectible entre les deux personnages  à qui il suffit, parfois, de les évoquer pour partir à nouveau sur les îles lointaines. D’ailleurs, n’est-ce pas les récits de son père qui, en l’arrachant à la tristesse, lui ont donné sa force, l’ont orientée vers le métier qu’elle aime et ont fait d’elle une femme libre et aimante.  « Tanah, elle, se souvient d’une enfance inventée qu’elle garde secrète. Une enfance qui lui donne une force incroyable. La force des enfants choyés. »

Merveilleux roman ! Il décrit une réalité sociale humble et difficile avec finesse, il montre combien le regard des autres sur la maladie mentale est une souffrance pour ceux qui le subissent … Il parle avec sensibilité et intelligence de l’importance de l’imagination qui pare la terne réalité de couleurs scintillantes et permet de vivre. Encore un coup de coeur de cette rentrée littéraire !

« Lorsqu’il est l’heure de s’en aller, Tanah serre tendrement son père dans ses bras, dans un geste très doux et très précautionneux. Elle n’est pas sûre qu’il s’aperçoive de son départ, une fois refermée la porte. Elle n’oublie jamais de lui dire qu’elle l’aime.
C’est un amour de larmes aux yeux. »

mercredi 16 septembre 2020

Caroline Fives : Térébenthine Rentrée littéraire 2020


Térébenthine, c’est le surnom péjoratif que les étudiants ont donné au groupe de la narratrice et de ses deux compagnons, Luc et Lucie, qui ont choisi d’étudier la peinture dans les années 2000 à l’école des Beaux-Arts de Lille. Car, sachez-le ! La peinture est morte ! On ne parle plus que performances et installations. Je n’ai rien contre l’art conceptuel que je trouve parfois passionnant malgré certains excès, ni contre les artistes conceptuels mais contre ceux qui considèrent l’art comme un marché, contre ceux qui font de l’art une question de « mode », contre les théoriciens dictatoriaux, enseignants, philosophes de l’art, qui la plupart du temps sont incapables de créer eux-mêmes, mais imposent leur point de vue et mettent dans un même moule uniforme et sans personnalité les jeunes créateurs en formation. 

 Apprendre à dessiner, à peindre, est passé de mode ainsi l'ont-ils décrété !

 Carole Fives raconte, c’est son expérience personnelle, comment elle et ses compagnons peintres sont relégués dans les sous-sol de l’école. Ils n’ont pas de professeur de peinture (le dernier n’a pas été remplacé) et subissent le mépris des enseignants comme de leurs condisciples. 

 « La figuration est morte, dit un des professeurs, tout autant que la défiguration… C’est l’objet qui nous parle le mieux du monde contemporain, pas l’image ! » ou encore «  dans l’échelle du développement psychique, les peintres ne dépassent jamais le stade anal. La peinture, c’est la merde avec laquelle jouent les petits enfants . »

C’est pour ce thème que ce livre m’a intéressée car il questionne notre rapport à l’art et il montre que non seulement les artistes sont pris au piège des « décideurs » mais le public aussi ! Où est notre liberté? Je me le demande ! L’art, après tout, n’est qu’un enjeu économique aux yeux de certains ou une affaire de snobisme, de domination d'une "élite" qui se pose comme intellectuelle et méprise ceux qui ne leur lèchent pas les bottes !

 Que nous laissions aux imbéciles, aux snobs et aux « marchands » le soin de faire la « mode » dans l’art est grave. Grave, car il décide de la vie et la mort des artistes. De ces trois étudiants ostracisés, Caroline Fives raconte comment elle-même se tourne vers l’écriture, l’autre vers l’enseignement, et le dernier qui a voulu vivre de sa peinture se suicide. Aucun peintre n’a donc émergé de la formation des Beaux-Arts de Lille dans les années 2000 ! 

Grave, car il crée, sous prétexte d’innovation et de modernité, une autre forme d’académisme. La hiérarchisation des genres picturaux établie  par l’académie plaçait la peinture historique au sommet de l’échelle. On ne pouvait pas être un grand peintre si l’on ne s’illustrait pas dans le Grand genre... Maintenant, l’art doit être « conceptuel » ou il n’est pas  ! C’est la même rigidité que l’on retrouve de nos jours qui brime la sensibilité (Ah! Bannissez ce mot que je ne saurais voir ! ), l’imagination, la liberté d’expression de chacun. Il faut accompagner son travail d’un discours qui prime sur l’oeuvre elle-même. Que ce discours soit sincère ou non, peu importe ! Caroline Fives s’en aperçoit bien vite ! Si elle veut réussir à ses concours de fin d'année qui sanctionnent ses études, peu importe le travail qu’elle présente, ce qui est important, c'est d'entrer dans le moule.

L'émotion dans l'art 

Les images noires de Christina Boltansky : effacement du souvenir


 
Parler d’émotion à propos de l’art ? Ringard ! Ridicule ! Dépassé ! 

Les écoles d'arts, en France, contribuent donc, largement, par leur enseignement à ce nouvel académisme ! Si je trouve cet état de choses lamentable, c’est parce qu’aucune de ces formes d’art ne devrait s’éliminer. Je ne vois pas pourquoi la peinture ne pourrait pas être elle aussi conceptuelle, et pourquoi l’art conceptuel ne pourrait pas provoquer l’émotion ! C’est le but même de l’art : impliquer l’esprit et le corps, faire naître des sensations, susciter des réactions, parler à l’imagination, émouvoir, toucher, questionner, provoquer…

 L’art est irréductible au pur concept, l’art ne peut se passer du corps et de son intuition écrit  l'auteur.

Pipilotti Rist

 Personnellement, quel que soit le mouvement contemporain auquel appartient un artiste, je ne m’y intéresse que s’il me touche, me parle, me retient ! Le discours qui accompagne l’oeuvre ne peut m’intéresser que si je ressens quelque chose devant elle. Le nouveau réalisme d’Arman, le land art d’Andy Goldworthy ou de Nancy Holt, les installations de Christian Boltasnsky, d’Annette Messager, les oeuvres lumière de Claude Levêque, ou de Pippilotti Rist font naître des émotions, tout comme certaines peintures ! Celles de Rotko par exemple ! Caroline Fives parle avec beaucoup de justesse de ce qu’elle a éprouvé à New York devant les oeuvres de ce peintre. C’est une expérience que j’ai eu la chance vivre aussi. Lisez ce qu’en dit Caroline Fives et vous comprendrez pourquoi j'en veux à ceux qui veulent nous en priver. Les étudiants sortant des Beaux-Arts ne savent ni peindre, ni dessiner et on leur en a fait passer l’envie, voire on les a poussés à mépriser cet art !

Et puis il y a Rotko, le choc Rotko. Tu avais déjà vu les toiles immenses de ce peintre sur des catalogues, dans des magazines. Jamais en vrai. Tu flottes au milieu des monochromes en suspension, tu te perds, tu oublies pourquoi tu es là. C’est une pure expérience de la couleur, du silence, puis finalement une grosse envie de chialer. Tu sais que beaucoup de gens ressentent ça, tu sais que tu n’es pas la première à craquer devant Rotko,, ses toiles sont connues pour faire éclater les gens en sanglots, lui faire baisser les armes. Ce que l’art conceptuel s’emploie depuis des années à détruire, ce que l’art conceptuel refoule depuis des années, éclate sur les toiles de Rotko : l’émotion. Toute l’intelligence du monde ne peut rien y faire, l’art est avant tout une affaire d’émotion. 

Mark Rokto

La place des femmes dans l'art

 Le deuxième thème du roman - il me touche aussi - est celui de la place de la femme dans l’art. Les artistes féminines sont nombreuses et elles aussi ont influencé l’art contemporain. Aucune n’est présentée dans le cours du professeur d’histoire de l’art à l’école des Beaux-Arts de Lille, nous dit Caroline Fives. Malheureusement, ceci est trop vrai et dans tous les arts ! Allez aux Rencontres de la photographie d’Arles et, en dehors de quelques rares élues, vous constaterez que les photographes représentés sont en majorité des hommes, choisis, bien sûr, par un jury masculin.

 Si vous intéressez à l’art, en particulier à la peinture, lisez Térébenthine, le livre de Caroline Fives. Il est au coeur des questionnements de l’art contemporain et de son devenir. 

 Enfin bonne nouvelle ! Il paraît qu’en 2020, la peinture est à nouveau à la mode !!

lundi 14 septembre 2020

Pat Barker : Le silence des vaincues Rentrée littéraire 2020

Le silence des vaincues de Pat Barker 

Qui a dit que la rentrée littéraire n’était pas intéressante ? Pas moi en tout cas ! Le silence des vaincues est un coup de coeur.

 J’en aime le sujet : la guerre de Troie revue par une femme, Briséis, la captive d’Achille, son trophée, l’enjeu de sa rivalité avec Agamennon, la raison de sa colère et de son refus de se battre ! Et je trouve audacieux et intelligent de la part de Pat Barker cette Iliade débarrassée des ors de la légende, du grandissement épique qui auréole les guerriers grecs ou troyens. Les héros sont ramenés à leur condition d’hommes, les combats ne sont plus orchestrés par les dieux. Pat Barker refuse l’épopée parce qu’elle magnifie la guerre et elle nous ramène à ce que nous sommes, près de la terre ! Ce thème est introduit dès l’incipit du roman qui claque comme une gifle :
« Le GRAND ACHILLE, LE BRILLANT ACHILLE, le bouillant Achille, le divin Achille… Comme les épithètes s’accumulent ! Nous ne l’appelions jamais par aucun de ces noms; nous l’appelions « le boucher ».

La guerre, donc, vue à hauteur de femme : tuerie de masse, ivresse du meurtre et de la violence, la guerre et ses horreurs sans gloire qui révèle les pires instincts, folie, cruauté, qui peint les combattants tels qu’ils sont, couverts de sang et de souillures organiques, cervelles éparses, intestins déversés. Et le sort des des vaincues, toujours le même, éventration des femmes enceintes, assassinat de leurs enfants, viol, servitude sexuelle, esclavage, humiliations, maltraitance, avilissement, désespoir… Pat Barker nous révèle une autre réalité sous la richesse affichée des vainqueurs. Achille mange dans une vaisselle d’or mais la saleté et la misère règnent dans le camp des Grecs, odeurs délétères des latrines et de l’hôpital, amoncellement des dépôts d’ordure qui entraîne la peste, réinterprétation du récit homérien qui décrit l'épidémie comme une vengeance du dieu Apollon offensé en la personne de son prêtre Chrysès.

 Ajoutez à ces propos, un roman passionnant, addictif, plein de compassion, qui nous fait découvrir des êtres vivants, complexes, tourmentés, divisés, tout en nous plongeant au coeur de l’humanité, de ses souffrances, de ses contradictions. C’est aussi une grande réussite de l’écrivaine d’avoir évité le manichéisme, d’avoir su montrer la fragilité de ces « héros » devenus machines à tuer. Achille, enfant abandonné par sa mère, la déesse Thétys, quand il était enfant, souffrant toujours d’un manque affectif, Patrocle, empathique, mais se transformant en tueur sur le champ de bataille. Les rapports ambivalents des deux amis, entre domination, soumission et amour indéfectible. 

L’écrivaine connaît son Iliade sur le bout des doigts et nous fait partager le plaisir érudit, mis à la portée de tous, même de ceux qui ne connaissent par l’oeuvre d’Homère, de retrouver les personnages illustres, Hécube, Hélène, Cassandre, Ulysse, Nestor, Ajax…et d’assister aux grands sommets de l’histoire de Troie : la visite de Priam à Achille pour réclamer son fils Hector mort sur le champ de bataille, celle de de Chrysès, le prêtre d’Apollon, venu chercher sa fille Chryséis, la dispute entre Agamemnon et Achille, sa mort … Mais en même temps, elle démystifie tous ces personnages et nous parle des victimes, de ces femmes obscures, livrées à la soldatesque, battues, survivant dans la peur et dans la violence. 

C’est ainsi que le récit de Pat Barker offre une vision féminine ( féministe ? mais pas obligatoirement, tous les pacifistes peuvent se reconnaître dans cette proposition) de la guerre de Troie mais elle décrit aussi avec réalisme ce que sont toutes les guerres. A travers l’Iliade, elle nous parle de notre époque ou plutôt de toutes les époques et donne une vision universelle de la guerre avec sa corrélation, la violence faite aux femmes. Elle nous oblige à réfléchir à notre humanité qui n’a jamais pu et su éviter que les conflits dégénèrent en boucherie et qui n’a jamais su gagner en sagesse ! 

Un beau roman, au style efficace, sensible et vibrant, qui, tout en nous renvoyant à l’actualité, donne pour la première fois la parole aux femmes, reines déchues, filles violées, arrachées à l’enfance, esclaves battues, victimes d’hier et d’aujourd’hui. Une belle réussite !

samedi 12 septembre 2020

Lola Lafon : Chavirer rentrée littéraire 2020


Chavirer de Lola Lafon chez Actes Sud

Depuis La petite communiste qui ne souriait jamais, je lis les romans de Lola Lafon avec attention et décidément, c’est un écrivain que j’aime ! Elle traite de thèmes qui ne sont pas toujours ma tasse de thé, à priori, mais auxquels elle parvient à donner une intensité qui vous tient captive, en haleine, thèmes qui sont toujours intégrés dans la société et répondent à vos questionnements.
Il en est ainsi pour « chavirer « .
J’ai d’abord eu peur du sujet découvert en lisant la quatrième de couverture : 1984. Cléo, treize ans, qui vit entre ses parents une existence modeste en banlieue parisienne, se voit un jour proposer d’obtenir une bourse, délivrée par une mystérieuse Fondation, pour réaliser son rêve : devenir danseuse de modern jazz. Mais c’est un piège, sexuel, monnayable, qui se referme sur elle et dans lequel elle va entraîner d’autres collégiennes.
Mais connaissant Lola Lafon, je savais que ce thème n’avait pas été choisi par opportunisme, à l’heure du mouvement du Me too,  mais parce qu’elle avait beaucoup à dire sur la question!

                                                          Culpabilité et innocence

Danseuse de modern jazz


On lit toute la première partie du livre en apnée sans pouvoir refermer le livre. Il y est racontée le piège qui se referme sur la jeune fille et sur celles qu’elle entraîne avec elle. Alors que dès le début nous savons ce qui va se passer, une impression d’angoisse naît, liée à notre impuissance à arrêter ça ! « Ça »? le saccage de l’enfance, du rêve et de l’innocence.
Le roman pose le problème de la culpabilité. Quand cesse-t-on d’être une victime pour devenir coupable? C’est la question que toute sa vie Cléo se posera, elle qui a envoyé ses camarades de collège dans le piège, sachant ce qui allait leur arriver. Pourquoi les fillettes n’en ont jamais parlé ? Honte, peur d’être jugées, coupables quelque part de ce que « on » leur a fait subir.
Mais Lola Lafon montre aussi que ce sont les classe sociales modestes qui sont les plus touchées. Cléo a pour consigne de ne viser que les enfants des milieux et des quartiers  populaires, dont elle fait partie elle-même  : le milieu social, les fins de mois difficiles, les problèmes d’argent, l’ignorance de la famille désarmée, l’impossibilité de s’attaquer à des hommes haut placés, puissants, riches, intouchables, l’acceptation aussi de certains parents comme seul moyen pour leur fille d’échapper à la misère sociale, le laxisme de l’époque vis à vis des prédateurs, ces hommes âgés qui font de bons « fiancés » argentés. Nous sommes dans les années 80.

 Culpabilité  individuelle mais aussi collective, et par delà ce thème, celui du pardon. Cléo pourra-t-elle un jour être pardonnée et surtout se pardonner ?

                                                       Une construction savante

La dame de Shangaï Orson Wells
                                 La dame de Shangaï Orson Wells/ Rita Hayworth : jeu de miroirs

La construction du roman qui ne respecte pas l’ordre chronologique  introduit tout une galerie de personnages qui croisent la vie de Cléo :  Yonaz son ami de collège, qui ne « veut pas être juif », Claude, son habilleuse, si proche d’elle, comme une seconde « maman » et qui pourtant la déçoit, Betty jeune danseuse noire, victime comme elle, Ossip son Kiné, Lara son amante…
Ces nombreux personnages sont autant de portraits individuels, intéressants en eux-mêmes, mais qui ont aussi une fonction narrative puisqu’ils qui reflètent comme dans jeu de miroirs multiples les différentes personnalités de Cléo et nous donnent des points de vue différents. Mais c'est parfois Cléo qui nous renvoie l'image des autres.

Le milieu de la danse

Danseuses du Lido

 Et puis nous pénétrons dans le milieu de la danse, non celle du classique, celle qui se produit sur la scène de Garnier, adoubée par la bourgeoisie mais celle des plateaux télévisés de Drucker, des danseuses du Lido :   strings et  paillettes. La danse populaire, la danse méprisée par la « bonne » société !

"Tout était faux, là résidait la beauté troublante de ce monde-là... Les filles faisaient semblant d'être nues, elles surjouaient leur joie sur scène quatre-vingt-dix minutes durant Ca c'est Paris, elles venaient d'Ukraine, d'Espagne ou de Clermont-Ferrand. La sueur ternissait le satin de leurs bustiers, des traces jaunâtres persistaient en dépit des nettoyages, les strings étaient pulvérisés de spray antibactérien, les résilles s'incrustaient dans le tendre des cuisses, elles laissaient des ratures quadrillées : de loin, on n'en apercevait rien. (...) La lumière escamotait les accrocs, les faux plis, les traces de cellulite, les cicatrices, elle atténuait les rides et le roux criard d'une coloration bon marché. Les bustiers en tissu à paillettes laissaient des plaques vermillon sur les flancs de Cléo, des estafilades bordeaux sous ses aisselles : des débris de plastique que la sueur aiguisait. De loin, on n'en apercevait rien." 

Savez-vous que les danseuses du Lido sont d'excellentes danseuses qui ont des années de travail assidu derrière elles, souvent issues du classique, mais trop grandes pour interpréter le répertoire ? Elles sont traitées comme des objets, dans les mains des chorégraphes, des directeurs des revues, des décideurs de tout bord et parfois d’un certain public.  Un taxi vient les chercher à la sortie de leur loge pour les soustraire aux empressements de ces messieurs libidineux.  Si, en plus, elles sont noires, alors, elles ne peuvent prétendre à faire du classique ! Une sylphide ou une Gisèle pourrait-elle être noire ?
Savez-vous qu’il n’y a jamais leur nom sur les programmes comme il est d’usage pour n’importe quel artiste ? qu’elles sont payées des clopinettes, qu’elles risquent leur place si elles se blessent et s'arrêtent, que leur sécurité n’est pas assurée! 

Lola Lafon, avec son style efficace, sensuel, réaliste et élégant à la fois, sait comme nulle autre nous montrer l’envers du décor, la souffrance sous le sourire obligatoire, les odeurs de sueur et de pommade de camphre, les irritations des aisselles, le sang sous les paillettes, tout un monde de faux-semblant dans lequel, toujours, les femmes sont des victimes. 

Et pourtant, l’amour de leur art les pousse à endurer la souffrance, à repousser les limites de leur corps pour un dépassement d’elles-mêmes avant que la désillusion, l’amertume, l’échec, les poussent au renoncement.

Un beau roman, très bien écrit, riche en émotions ! Une des belles découvertes de cette rentrée littéraire 2020 !

 

jeudi 10 septembre 2020

Rentrée littéraire 2020 : Mes choix

 

Certains livres de la rentrée littéraire 2020 m'ont tentée et j'ai "craqué" sur ces titres qui ne sont pas obligatoirement ceux qui sont en tête de la course aux prix, je crois...

Et j'en ai déjà lu deux avec beaucoup de bonheur : Chavirer de Lola Lafon  et Le Silence des vaincues de Pat Barker que je vous présenterai bientôt. Je ne regrette pas mon choix  !

Chavirer de Lola Lafon

1984. Cléo, treize ans, qui vit entre ses parents une existence modeste en banlieue parisienne, se voit un jour proposer d’obtenir une bourse, délivrée par une mystérieuse Fondation, pour réaliser son rêve : devenir danseuse de modern jazz. Mais c’est un piège, sexuel, monnayable, qui se referme sur elle et dans lequel elle va entraîner d’autres collégiennes.

2019. Un fichier de photos est retrouvé sur le net, la police lance un appel à témoins à celles qui ont été victimes de la Fondation.

Devenue danseuse, notamment sur les plateaux de Drucker dans les années 1990, Cléo comprend qu’un passé qui ne passe pas est revenu la chercher, et qu’il est temps d’affronter son double fardeau de victime et de coupable.

 Le silence des vaincues de Pat Baker éditions Charleston  : Une Illiade écrit par une femme, Briséis.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

"Elle était reine. Briséis de Lyrnessos, vénérée et respectée. Mais, hors des murs du palais, la guerre de Troie fait rage et bientôt la cité de Lyrnessos tombe sous les assauts grecs. En quelques heures, Briséis voit son mari et ses frères massacrés ; de reine, elle devient esclave. Un trophée parmi d’autres pour l’homme qui l’a conquise : le divin Achille dont les générations futures chanteront les exploits. Captive du camp grec, Briséis doit choisir : se laisser mourir ou survivre. 

J'ai très envie aussi de lire le roman de Barbara Kingsolver, Des vies à découvert et de David Bailly, L'autre Rimbaud Ariane de Tant qu'il y aura des livres voir ici  

 ou encore Richard Russo Retour à Marha'sVineyard dont Ingammic propose une LC voir ici  J'espère avoir l'un des trois demandés chez Masse Critique Babelio! J'attends la réponse  avant d'acheter !

* remarque ajoutée le 12/09  ; je n'ai eu aucun des livres ! Des romans de la rentrée littéraire, tout le monde a dû s'y précipiter ! Et comme c'est tiré au sort !

Comment je choisis mes livres ? Je lis les critiques, bien sûr, et en particulier les vôtres, amies blogueuses ainsi les billets que vous avez rédigés sur Des vies à découvert de Barbara Kingsolver m'ont donné envie de découvrir le livre ! Keisha voir ici

Ensuite le nom de l'auteur peut emporter l'adhésion mais il y a aussi le thème général.  Pour Chavirer, le thème me faisait peur mais j'ai fait confiance à Lola Lafon, et j'ai eu raison ! Pour Le silence des vaincues, c'est le thème qui m'a emballée, je ne connaissais pas l'auteur.  Et quelle belle découverte! C'est un coup de coeur !

 Pour Loins-Confins, le résumé de la quatrième de couverture m'a intéressée et puis j'aime beaucoup la première de couverture de ce livre publié dans les éditions La Brune aux Rouergue. Et oui, l'attrait du livre compte aussi !

Loin-Confins
Marie-Sabine Roger

Il y a longtemps de cela, bien avant d’être la femme libre qu’elle est devenue, Tanah se souvient avoir été l’enfant d’un roi, la fille du souverain déchu et exilé d’un éblouissant archipel, Loin-Confins, dans les immensités bleues de l’océan Frénétique. Et comme tous ceux qui ont une île en eux, elle est capable de refaire le voyage vers l’année de ses neuf ans, lorsque tout bascula, et d’y retrouver son père. Il lui a transmis les semences du rêve mais c’est auprès de lui qu’elle a aussi appris la force destructrice des songes. 
Dans ce beau et grave roman qui joue amoureusement avec les mots et les géographies, Marie-Sabine Roger revient à ce combat perdu qu’on nomme l’enfance et nous raconte l’attachement sans bornes d’une petite fille pour un père qui n’était pas comme les autres.

Térébenthine choisi pour le débat sur la peinture considérée comme dépassée. Il faut dire que c'est un art que j'aime énormément et ce rejet me paraît stupide. Comme si l'art conceptuel et l'art pictural ne pouvaient pas coexister.  Ceux qui dictent  "la mode" dans l'art créent des formes d'académisme.  C'est dire que le sujet m'intéresse !

Térébenthine


 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Collection Blanche, Gallimard
Parution : 20-08-2020

J'ai eu envie de découvrir Lumière d'été puis vient la nuit parce que le livre parle de l'Islande,  un pays que je rêve de visiter après la Norvège, la Suède et la Finlande. Il a l'attrait des pays nordiques que j'aime tant. La photo de la première de couverture introduit le rêve.

Lumière d'été, puis vient la nuit

Dans un petit village des fjords de l’ouest, les étés sont courts. Les habitants se croisent au bureau de poste, à la coopérative agricole, lors des bals. Chacun essaie de bien vivre, certains essaient même de bien mourir. Même s’il n’y a ni église ni cimetière dans la commune, la vie avance, le temps réclame son dû.
Pourtant, ce quotidien si ordonné se dérègle parfois  : le retour d’un ancien amant qu’on croyait parti pour toujours, l’attraction des astres ou des oiseaux, une petite robe en velours sombre, ou un chignon de cheveux roux. Pour certains, c’est une rencontre fortuite sur la lande, pour d’autres le sentiment que les ombres ont vaincu - il suffit de peu pour faire basculer un destin. Et parfois même, ce sont les fantômes qui s’en mêlent…
En huit chapitres, Jón Kalman Stefánsson se fait le chroniqueur de cette communauté dont les héros se nomment Davíð, Sólrún, Jónas, Ágústa, Elísabet ou Kristín, et plonge dans le secret de leurs âmes. Une ronde de désirs et de rêves, une comédie humaine à l’islandaise, et si universelle en même temps. Lumière d’été, puis vient la nuit charme, émeut, bouleverse.

Traduit de l'islandais par Éric Boury

Et Frank Buysse, Buveurs de vent, pour le thème, le résumé, le titre (que je trouve beau) mais je n'ai pas lu de critiques.

Buveurs de vent - Cover image

Ils sont quatre, nés au Gour Noir, cette vallée coupée du monde, perdue au milieu des montagnes. Ils sont quatre, frères et sœur, soudés par un indéfectible lien.

Marc d’abord, qui ne cesse de lire en cachette.

Matthieu, qui entend penser les arbres.

Puis Mabel, à la beauté sauvage.

Et Luc, l’enfant tragique, qui sait parler aux grenouilles...

Tous travaillent, comme leur père, leur grand-père avant eux et la ville entière, pour le propriétaire de la centrale, des carrières et du barrage, Joyce le tyran, l’animal à sang froid…

Dans une langue somptueuse et magnétique, Franck Bouysse, l’auteur de Né d’aucune femme, nous emporte au cœur de la légende du Gour Noir, et signe un roman aux allures de parabole sur la puissance de la nature et la promesse de l’insoumission.