Je m’étais promis d’espacer la lecture des livres de Michel Bussi depuis que je n’ai pas trop aimé On la trouvait plutôt jolie mais je m’étais engagée à lire un livre de lui pour le blogoclub au mois de mars, aussi le revoici avec un autre titre : Un avion sans elle. Oui, le jeu de mots est voulu, référence à la chanson de Charlélie Couture : comme un avion sans ailes.
Le récit se déroule sur deux époques et sur dix-huit ans :
23 septembre 1980 : Un avion s’écrase dans le Jura sur le Mont Terrible et prend feu. Une seule survivante éjectée de l’appareil, une fillette de trois mois, autour de laquelle deux familles vont se déchirer. Les parents sont morts dans l’avion et ce sont les grands-parents qui revendiquent la garde du nourrisson. Les Vitral, Nicole et Pierre, d’origine modeste, sont persuadés qu’il s’agit de leur petite-fille Emilie, Léonce de Carville, riche industriel, et son épouse Mathilde affirment que la fillette est Lily-Rose. A une époque où les tests d’ADN n’existent pas encore, c’est à la justice de trancher et elle le fera en faveur des Vitral.
2 Octobre 1998 : Mais dix-huit ans tard, à l’anniversaire de celle que l’on appelle Lylie, compromis entre les deux prénoms, le doute subsiste encore et c’est d’autant plus tragique que Marc, le frère supposé d’Emilie, est amoureux de la jeune fille et réciproquement. Les tests d’ADN devraient pouvoir trancher ! Mais au contraire, c’est là que les choses se compliquent !
Le détective privé, Crédule Grand-Duc, qui a passé dix-huit ans à enquêter sur l’affaire à la demande de Mathilde de Carville découvre pourtant enfin la vérité avant d’être assassiné. C'est à travers son carnet et des notes prises pendant l'enquête que nous découvrons le récit.
Je retrouve dans ce roman ce que fait la force de Michel Bussi mais aussi ce que je n'aime pas.
Michel Bussi est un bon conteur qui sait embarquer son public et le livre est d’un abord agréable, facile ; je me suis laissé prendre par l’histoire. Les 573 pages du pavé se lisent donc volontiers mais... le récit finit par traîner en longueur et devient parfois lassant. En effet, le procédé qui consiste à toujours différer les révélations est souvent irritant et coupe l’action. Le livre pourrait être plus court et éviterait ainsi les ficelles employées pour allonger le récit, ce qui nuit à la vérité psychologique. Je prends pour exemple, la scène où Marc vient trouver sa grand-mère Nicole de toute urgence pour avoir des explications et qu’ils prennent le repas ensemble sans en discuter. Et quand il a enfin le test qui va tout révéler, il le laisse tomber de surprise et il faut attendre un chapitre de plus pour savoir la suite alors qu’à ce stade-là on a compris du moins en partie ! Parfois, il me semble que si l’auteur allait plus vite au but, il maintiendrait le suspense jusqu’au bout et gagnerait en efficacité… De plus, je ne peux m’empêcher de trouver invraisemblable le dénouement qui fait penser à une romance du XIX siècle.
Quant aux personnages, ils manquent de profondeur et sont souvent trop attendus : la preuve, c'est que les de Carville coupables d'avoir trop d'argent, sont antipathiques mais raffinés, musiciens, alors que les Vitral prolétaires, courageux et sympathiques, sont peu intelligents et peu cultivés. En effet, s'il y a des des doutes sur l'identité d'Emilie, c'est parce qu'elle est trop brillante, trop artiste, trop fine, pour être une Vitral. Il est vrai que ce déterminisme social recevra un pied de nez mais, en attendant, comme il se doit, Emilie lit et fait de brillantes études, Marc ne lit pas et est moyen en classe.
En bref ! Le sujet est intéressant au départ, le livre se lit bien mais je ne suis pas entièrement convaincue par cette lecture.
Lecture commune du blogoclub : Un roman de Michel Bussi