Jamais je n'aurais lu Catalina la terrible de Pierre Gaspar-Huit, écrivain et réalisateur de cinéma (l'auteur du film Le Capitaine Fracasse)si la médiathèque d'Avignon n'avait fait une vente de ses livres déclassés. C'est là que j'ai découvert ce roman historique curieux et rare!
Catalina La terrible de Pierre Gaspard-Huit porte ce sous-titre évocateur : La vie extraordinaire de la nonne conquistador. Le lecteur sait donc dès le départ qu'il a devant lui un roman qui va lui faire partager les tribulations d'une aventurière à la conquête du Nouveau Monde. Que cette femme, déjà hors norme, soit une nonne, pimente encore le récit qui peut nous paraître de prime abord peu vraisemblable.
Le vrai peut quelquefois n'être pas vraisemblable disait Jean Racine. Comme il avait raison car ce roman picaresque, plein de rebondissements, de duels, de batailles, de brigands, de pirates et d'indiens est une histoire vraie.
Le vrai peut quelquefois n'être pas vraisemblable disait Jean Racine. Comme il avait raison car ce roman picaresque, plein de rebondissements, de duels, de batailles, de brigands, de pirates et d'indiens est une histoire vraie.
Dona Catalina de Erauso est née en 1585 à Saint Sébastien de Guipuzcoa, en Biscaye, d'une noble famille d'hidalgos espagnols, orgueilleux de leur race mais ruinés. C'est pourquoi, à l'âge de 15 ans, faute de dot, la jeune fille est mise au couvent d'où elle s'enfuit pour échapper aux persécutions d'une autre novice. Alors commence le début des aventures qui vont conduire la jeune fille travestie en garçon à travers l'Espagne, une fois au service d'un maître qui lui apprend l'escrime, d'un aveugle qui l'initie à la mendicité, au jeu, à la tricherie, étudiante à Saragosse, actrice dans une troupe de théâtre à Valladolid ou Madrid, prisonnière de brigands de la Sierra Morena qui l'enrôlent de force dans leur bande, menacée par l'inquisition à Séville... Ce dernier épisode l'obligeant à embarquer clandestinement sur un galion, le San Cristobal, à combattre des pirates, à aborder le Nouveau Monde où elle s'engage dans l'armée et devient Alférez, porte-bannière, décimant les populations d'indiens autochtones, arpentant au gré de ses aventures le Pérou, la Bolivie, le Chili, rendant justice parfois, parfois assassinant ... Une vie hors du commun rendu possible par le secret bien gardé de son identité sexuelle qui ne sera découverte que tardivement. La nonne retournera alors en Espagne, sera reçue par le roi Philippe III, obtiendra le pardon du pape, écrira ses mémoires avant de repartir pour le Nouveau-Monde où elle périra comme elle a vécu, dans la violence.
Au cours de ma lecture, j'ai retrouvé avec plaisir la saveur du roman picaresque. La nonne Alférez à pour frères Lazarillo del Tormes et Gil Blas. Dans la première partie qui s'intitule Espana , on retrouve les "types" attendus de cette littérature : le faux aveugle, le mendiant, le tire-laine, le brigand, l'étudiant miséreux, l'actrice légère, le noble batailleur et insouciant.. Les situations rocambolesques vécues par l'héroïne n'en correspondent pas moins à une société bien réelle, décrite avec précision. On apprend donc beaucoup, tout en s'amusant sur les moeurs de l'époque. La vie de Catalina nous permet de connaître la hiérarchie sociale du bas au haut de l'échelle puisque l'aventurière fréquente tour à tour les grands d'Espagne ou la lie du peuple. Le fait que cette histoire ait réellement existé et que ces faits soient attestés, donnent, de plus, du piquant à la lecture.
La deuxième partie consacrée au Nouveau-Monde : Indias est passionnante aussi car elle nous fait découvrir toute l'horreur de la conquête, les massacres d'indiens Araucans au Chili, l'exploitation inhumaine des populations obligées de travailler dans les mines en Bolivie, esclaves des nouveaux riches espagnols à Potosi. Nous découvrons avec Catalina la somptuosité des paysages péruviens, la splendeur du lac Titicaca et sa légende, le mythe des enfants du Soleil.
Enfin la troisième partie : le Bout de la route, beaucoup plus brève, narre le retour de Catalina en Espagne où son histoire est révélée à tous et fait grand bruit, et sa mort tragique au Mexique où elle est attaquée par des brigands au pied du Popocatepetl.
Un agréable et inattendu roman d'aventures.
Au cours de ma lecture, j'ai retrouvé avec plaisir la saveur du roman picaresque. La nonne Alférez à pour frères Lazarillo del Tormes et Gil Blas. Dans la première partie qui s'intitule Espana , on retrouve les "types" attendus de cette littérature : le faux aveugle, le mendiant, le tire-laine, le brigand, l'étudiant miséreux, l'actrice légère, le noble batailleur et insouciant.. Les situations rocambolesques vécues par l'héroïne n'en correspondent pas moins à une société bien réelle, décrite avec précision. On apprend donc beaucoup, tout en s'amusant sur les moeurs de l'époque. La vie de Catalina nous permet de connaître la hiérarchie sociale du bas au haut de l'échelle puisque l'aventurière fréquente tour à tour les grands d'Espagne ou la lie du peuple. Le fait que cette histoire ait réellement existé et que ces faits soient attestés, donnent, de plus, du piquant à la lecture.
La deuxième partie consacrée au Nouveau-Monde : Indias est passionnante aussi car elle nous fait découvrir toute l'horreur de la conquête, les massacres d'indiens Araucans au Chili, l'exploitation inhumaine des populations obligées de travailler dans les mines en Bolivie, esclaves des nouveaux riches espagnols à Potosi. Nous découvrons avec Catalina la somptuosité des paysages péruviens, la splendeur du lac Titicaca et sa légende, le mythe des enfants du Soleil.
Enfin la troisième partie : le Bout de la route, beaucoup plus brève, narre le retour de Catalina en Espagne où son histoire est révélée à tous et fait grand bruit, et sa mort tragique au Mexique où elle est attaquée par des brigands au pied du Popocatepetl.
Un agréable et inattendu roman d'aventures.