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vendredi 16 mars 2012

Nelly Labère/ Aurélia Frey : Calle del Barco 13, sous le signe d'Oulipo



Calle del Barco 13 est un livre édité à Madrid et c'est pourquoi il est présenté dans une édition bilingue français-espagnol. Le texte est de Nelly Labère et les photographies d'Aurélia Frey*. Toutes deux ont réalisé cet ouvrage lorsqu'elles étaient en résidence d'artistes à la Casa Velasquez.
La rue de la Barque, c'est là que Nelly Labère aménage quand elle arrive à Madrid, dans un quartier en pleine mutation, un aquarium ouvert à mon imagination.  

De ses eaux troubles, je n'ai gardé que le meilleur : ses habitants curieux, ses chapelles ardentes, ses prostituées en résille, ses junkies hallucinés, ses églises baroques, ses vieux commerçants suspicieux et ses jeunes entrepreneurs investissant le quartier.

Le livre est né de sa fascination pour ce quartier envoûtant et de sa passion pour l'écrivain George Perec :  
Autrefois j'ai aimé un homme. Mais il est mort avant que je naisse, un vendredi 13. Cet homme m'a donné le goût de la lecture. Il est pour moi, la vie mode d'emploi et l'envie d'aller voir toujours derrière les choses. C'est à lui que je dédie non pas le 11 rue Simon-Crubellier mais ce Calle Del Barco 13.
Cette envie d'aller voir toujours derrière les choses, Nelly Labère l'a transmise à la photographe Aurélia Frey. C'est le début de leurs découvertes de lieux riches dans leur diversité, du couvent à la maison close, des bars branchés aux églises baroques, de rencontres étonnantes, de portraits chaleureux. Treize portraits : de l'autochtone à l'émigré, de l'espagnol à l'argentin ou au bolivien, du prêtre, de l'ouvrière, du transsexuel, la Mère supérieure, le commerçant, la prostituée, un brassage de populations de tous les milieux sociaux, 13 destins  qui parlent et livrent leur vie, leurs rêves.
  
Aucun de nous ne fait rien tout seul dans ce monde sauf mourir.

Quelques extraits

ROUGE

Moi je suis rouge depuis le plus profond de mes artères, je n'ai de père que celui que ma mère m'a donné, je n'ai pour frères que ceux qui ont le poing levé..
 

christ fusillé pendant la guerre civile espagnole

LA CHE 
Mon nom à moi, c'est Romina. C'est mon nom de scène. Et maintenant, c'est mon nom à moi. Parfois on m'appelle Che à cause de mon accent. Mais mon nom de baptême, c'est Diego. (...)
Quand je le lui ai annoncé ma mère a beaucoup pleuré. Mais je lui ai dit : "Ton fils est mort mais ta fille vient de naître. Je serai toujours là, maman".


 Diego

 LE FOU D'ELSA

J'aime quand Elsa se farde.  Son visage d'enfant se transforme alors sous la poudre et les couleurs pour devenir cette autre que je ne connais pas, que je ne reconnais plus, qui m'entraîne dans le sillage de son parfum...

Elsa

 Quelques personnages
 Le père Pedro :
 Caractéristiques :  Laisse l'église ouverte toute la nuit les samedis, comme les bars, pour que les gens aient la possibilité de prier.

Laura : 76 ans retraitée. Elle travaillait dans le textile, du petit matin à la nuit tombée.
Rêves : Elle pensait que quand elle allait s'arrêter de travailler, elle casserait le réveille-matin. Mais elle ne l'a jamais fait....
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* Oui, je sais Aurélia est ma fille et la maman n'est pas peu fière de la sortie de ce premier livre. J'ai longtemps hésité à présenter cet album pour cette raison et puis... j'ai craqué! Que celui qui n'a jamais péché me lance...  Aïe!

Des mots une histoire : Extra-Vagance ou le Futurisme italien


Umberto Boccioni : Le bruit de la ville


      Extra-Vagance ou le Futurisme italien

Cacophonie, Grégrégré... sillement
Aboie qui? Aboie Ment! Amer aboiement 
Extra Voyance? Extra quoi? Extravagance!
Que de bruit, que de bruit
                              Que de bruit
Bruit, bruit! Bruissent fantôme de la brousse
Fantôme des bois, des forêts,
 Bruisse l'absence de la mousse,
Des champignons et des genêts
Jettatura! Jettetura! Sorcière aux noirs volets
Héroïne en haillons,
Ville, je te vis comme une blessure!
 Je suis épuisée de toi, de  tes balcons,
De tes néons, de tes crachats de C02
Deucé? Deux cé? Decé oooh!  deux!
De tes cochons,
                     de tes cochons pas si  cochons,
Humains qui fouillent dans la fange
des pavés
 dans la rouille de l'espoir
dans la mobilisation des trottoirs.

Lassitude!
                   tremblement! 
                                           égarement!

Blessure pourpre signature
Rouge Feu, Rouge sang, Rouge
Epuisée, je puise dans ma solitude
Je me trémousse, comme un cycliste libellule,
Comme une danseuse andalouse,
Et sur l'écran de ta dévotion
Je me trousse, je .. tu .. nous.. Co Co Co
Co- pulons. 
Et le printemps? Le printemps dans tout ça?
Il obéit à la virgule,
Il vient faire sa promotion dans la meilleure tradition
De la ville, la vie vile, de la vie vite
De la ville
Qui tourne et qui me chamboule
Qui part en vrille et tourneboule,
Et qui perd la boule... la Ville!

Dans tout ça? le printemps? Ben! il s'emmerde le printemps!

Le futurisme est un mouvement artistique et littéraire moderne né  en Italie au début du XX siècle qui exalte la ville,  le progrès, le mouvement , la vitesse, les couleurs vives, le bruit.


Le Futurisme italien Gino Severini : La danseuse bleue


Le futurisme italien Umberto Boccioni : Pavés de la rue


Umberto Boccioni : La ville se lève



Umberto Boccioni : Dynamisme d'un cycliste



 Les mots imposés pour l’édition 58 de Des mots, une histoire d'Olivia sont
 cacophonie – (cicatrice remplacé par) cochon – grésillement - jettatura – aboiement – printemps – cycliste – blessure – amer – signature – mobilisation – promotion – tradition – balcon – héroïne – solitude – écran – tremblement – bredouille – égarement – oral – dévotion – extravagance – copuler – lassitude – virgule – brousse – épuisée
Je n'ai pas utilisé bredouille et oral.