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mercredi 22 juillet 2015

Les Noces de Sang de Federico Garcia Lorc


Les Noces de sang de Lorca
 Dans Les Noces de sang écrit en 1931-1932, Federico Garcia Lorca s’inspire d’un fait divers. Un mariage va être célébré entre le fiancé, un fermier aisé, et la fiancée, héritière d’une grande propriété. Mais la jeune fille a  déjà été promise dans le passé à Leonardo, un membre de la famille qui a tué le frère et le père du fiancé. La mère accepte cette union pour le bonheur de son fils mais non sans appréhension. Le mariage a lieu mais Leonardo et la fiancée n’ont jamais cessé de s’aimer et  ils s’enfuient ensemble à cheval pendant la fête. Le mari les poursuit et les noces s’achèvent dans un bain de sang.

Dans Les  noces de sang, pièce mise en scène par William Mesguih au Chêne noir,  les  acteurs principaux  ne m’ont pas convaincue dans leur interprétation de la passion amoureuse qu’ils éprouvent. Le drame qui se joue entre la fiancée et les deux hommes  qui l'aiment ne m’ont pas touchée. Heureusement, la comédienne, Michèle Simonnet, donne à son personnage de la mère une sobriété et une retenue austère qui m’ont enchaînée au récit. Et j’ai aimé l’aspect fantastique de la mise en scène dans la forêt nocturne où se cachent les deux fugitifs, scène surréaliste avec l'apparition de figures allégoriques comme la Lune et la Mort, et les voix mystérieuses déroulant le beau texte poétique de Garcia Lorca qui est vraiment un régal!





Le paquebot Tenacity de Charles Vildrac




Je sors de la représentation de Le paquebot Tenacity de Charles Vildrac, mise en scène de Pierre Boucard, et je suis encore imprégnée par ce texte qui m’a fait penser à Quai des brumes (Carné), à La belle équipe (Duvivier); En arrivant chez moi, après une recherche, je m’aperçois, que cette pièce écrite en 1920 a a été, en effet, adaptée au cinéma par Jacques Duvivier en 1934.

Le texte porte encore tous les stigmates de 14-18 : deux jeunes gens traumatisés par la guerre veulent fuir la société française qui laisse peu d’espoir à la jeunesse pour s’installer et travailler au Canada. Ils vont s'embarquer dans le paquebot Tenacity. Retenus au port par une avarie du bateau, ils tombent tous les deux amoureux de la même jeune fille et l’un d’eux seulement partira.

La pièce se déroule dans le bar d’un port marin, un décor simple, réaliste, avec un comptoir, quelques tables et chaises. Il est fréquenté par des marins, des ouvriers, des hommes du peuple. Un des personnages  principaux, pilier de bar à la Prévert, poète, philosophe et sage, qui devient l’ami des jeunes soldats rescapés de la grande boucherie, présente les pensées de l’auteur, plutôt anar, sur la liberté, les hommes politiques et le gouvernement, sur l’amour et le bonheur. Le texte est beau, très proche du« réalisme poétique » et l’on peut comprendre pourquoi Duvivier s’en est emparé! Les comédiens l’interprètent avec conviction et sensibilité.
Un bon spectacle.
Le théâtre refuse du monde. Pour les derniers jours du festival, Il vaut mieux réserver.

Le paquebot Tenacity
Mise en scène Pierre Boucard
du 4 au 26 Juillet
Théâtre Essaïon 12H45

Nous n’irons pas ce soir au paradis : Dante Alighieri/ Serge Maggiani


Dante Alighieri de Giotto

Nous n’irons pas ce soir au paradis parce qu’il est beaucoup trop loin et aussi parce que le spectacle est beaucoup trop court pour nous permettre d’y parvenir. En revanche nous irons en Enfer avec Dante et Serge Maggiani et quel voyage!

Le début commence comme une conférence et nous écoutons l’orateur disserter sur le poète italien puis peu à peu la magie du théâtre opère et nous nous laissons embarquer dans ce grand voyage aride et douloureux. Nous aussi nous perdons « la voie droite » et nous nous retrouvons « par une forêt obscure », sachant que peu nombreux sont ceux qui en reviennent.
Serge Maggiani distille le texte mêlant italien et français avec bonheur; on a l’impression d’être convié à goûter les mots, les faits comme une gourmandise. Il nous explique la Commedia, nous parle des personnages que l’on y rencontre, de l’époque du grand poète, nous permet de rencontrer Dante et cela avec passion et humour, sans jamais ennuyer ou être pédant.  Et comme il le dit lui-même pas besoin de décor, il faudrait toute la Toscane mais aussi toutes les flammes de l’Enfer pour cela, pas besoin de personnages sur scène, il faudrait convoquer toute la ville de Florence au début du XIV siècle, mais Dante Alhigieri, le Grand, la beauté de la langue italienne mêlée à la française et un comédien qui transmet son amour pour cette oeuvre exceptionnelle.
Si vous aimez le texte de Dante il faut y courir et si vous ne le connaissez pas, ce spectacle est une belle initiation poétique.

Nous n’irons pas ce soir au paradis
Théâtre des Halles (Chapiteau)
17H
durée 1H05
Interprète Serge Magianni