Avec ma plongée dans la littérature latino américaine, j’avais envie de lectures plus faciles et j’ai avalé quelques polars. Certes, l’univers des polars n’est jamais très réjouissant mais il reste du domaine du « pas vrai», du style « je peux trembler de peur bien en sécurité sous mon plaid ». Ce n’est pas le même ressenti que lorsque l’on se projette en Argentine, au Chili, bref ! en Amérique latine… par temps de dictature. Des lectures qui secouent de tout autre manière !
Je parle, bien sûr, des polars distraction, aventure, et non de ceux qui nous donnent une vision approfondie, critique, lucide et souvent noire de la société.
Ragnar Johnasson, écrivain islandais : j’avais bien aimé avec Snjor aussi c’est avec plaisir que je suis entrée dans ce livre A qui la faute.
Quatre amis d’enfance, Daniel, Helena, Armann, Gunnelaugur se donnent rendez-vous pour une excursion sur les hauts plateaux de l’Est de l’Islande. Mais une drôle d’ambiance s’installe entre eux et la partie de chasse tourne mal. Pris dans la tempête, ils se perdent et cherchent à se réfugier dans une cabane ou une vision effrayante (vraiment ?) les attend.
Bien sûr, le huis clos dans la neige n’est pas forcément original mais l’on sait bien que tout dépend de la manière dont il est traité. Et là, je dois dire que j’ai été assez déçue.
La forme y est pour beaucoup. L’auteur a choisi de faire parler ces personnages les uns après les autres. C’est un procédé courant qui permet de faire des allers-retours du présent au passé. Mais ici ce n’est pas très réussi. Les passages de chacun d’entre eux sont parfois si rapides qu’il en résulte une impression de décousu. De plus, la vision macabre annoncé paraît plus bizarre que macabre. D’autre part, pour ménager la surprise de la fin, l’écrivain ne peut nous expliquer certaines situations qui paraissent alors peu crédibles. Par exemple, on ne comprend pas, avant le dénouement, pourquoi Daniel et Helena repartent dans la nuit et la tempête après avoir trouvé enfin un refuge. Rien ne les y obligeait même pas ce qu’ils avaient découvert dans la cabane.
Enfin tous les personnages sont antipathiques, donc, on ne parvient pas vraiment à s’attacher à l’un d’entre eux, d'autant plus qu'ils sont trop rapidement esquissés. Pour toutes ces raisons je n'ai pas vraiment accroché ! A qui la faute va certainement être porté à l'écran. Je pense que le suspense marchera mieux si l'adaptation est bien faite. Par l'image on peut traduire cette impression de malaise qui pèse sur le groupe sans avoir à l'expliquer.
Avec Blanc mortel, j’ai découvert cet écrivain Robert Galbraith, qui n’est autre, cachée sous un pseudonyme, que JK Rowling. Et oui, cette dernière n’est pas seulement l’auteur de Harry Potter mais aussi d’une série de polars qui mettent en scène un détective privé Cormoran Strike dont on sait qu’il a perdu une jambe dans un combat en Afghanistan. Il est accompagné dans ses enquêtes par une jeune femme Robin Ellacott, avisée et passionnée, mais qui, au début de ce roman, se marie avec Matthew, bellâtre qui voit d’un mauvais oeil le travail de son épouse.
Le roman se déroule pendant les jeux olympiques de Londres en 2012, ce qui nous permet de connaître (et l'écrivain le fait non sans humour !) les angoisses des Britanniques quant à la réussite des jeux qui ne sont pas sans rappeler les nôtres en 2024 ! On ne s’étonnera pas d’apprendre que les méchants de l’affaire (entre autres) sont les syndicalistes, les anarchistes, tous des fêtards ou des drogués, mais finalement pas des méchants très sérieux, ( JK Rowling enfile les lieux communs de bonne conservatrice sur ces milieux populaires), eux qui remettent en cause les jeux olympiques pour des raisons financières, les restrictions du budget de la santé qui en ont découlé, et soulèvent les problèmes écologiques. Mais les hauts milieux politiques aussi sont dans le collimateur.
Enfin Blanc Mortel est la quatrième volume des aventures de Cormoran Strike et de Robin et on sent qu’ils ont beaucoup vécu avant nous ! Mais cela n’empêche pas de comprendre l’action même si l'on ne commence pas par le premier.
Pendant près de 700 pages, on est tourneboulé par les aventures plus ou moins rocambolesques des deux enquêteurs, avec leurs hauts et leurs bas, leurs déboires professionnels et sentimentaux. Cela se lit bien, très vite, facilement et c’est distrayant. J’ai bien aimé.
Lisa Gardner
Lisa Gardner est l’auteure de thrillers regroupés en trois séries : D. D. Warren, une commandant de la criminelle du Boston Policy department ; FBI Profiler où, parmi les personnages récurrents, on retrouve les profileurs Pierce Quincy et sa fille Kimberly Quincy, aidés par Rainie Conner, ancienne policière devenue enquêtrice privée ; et Tessa Leoni, ancienne subordonnée de D. D. Warren désormais détective privée.
J'ai lu dans n'importe quel ordre les titres suivants : Le saut de l'ange, Juste derrière moi, n'avoue jamais et Retrouve-moi appartenant parfois à des séries différentes. Peu importe, chaque récit est construit indépendamment les uns des autres et l'on apprend vite ce qui est nécessaire pour comprendre les personnages. L'important, ici, c'est l'histoire, haletante, les rebondissements, les aiguillages vers de fausses pistes. Le lecteur malin croit avoir tout compris et il est souvent trompé et le suspense fonctionne bien !