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mercredi 1 juin 2011

Le jeudi c’est citation : Nikos Kazantzaki, Zorba le Grec


Dans le très beau roman de Nikos Kazantzakis, Zorba le Grec, le narrateur, un jeune intellectuel perdu dans ses livres, engage Zorba le Grec comme contremaître dans sa mine de lignite en Crète. L'homme a exercé de nombreux métiers. Il  n'est pas instruit mais c'est lui qui va bien vite devenir le maître à penser de son patron. Celui-ci enfermé dans ses livres et ses méditations, coupé de la réalité, de l'action, en lutte contre sa sensualité, passe à côté de la vie, refusant sa condition d'homme. Zorba va lui réapprendre à vivre.
 Ma vie avait fait fausse route et mon contact avec les hommes n'était plus qu'un monologue intérieur. J'étais descendu si bas que si j'avais eu à choisir entre tomber amoureux d'une femme et lire un bon livre sur l'amour j'aurais choisi le livre.

Voici quelques "leçons" de Zorba à son maître :
- Quel est ton métier? lui demandais-je.
-Tous les métiers : du pied , de la main, de la tête, tous. Manquerait plus que ça, qu'on choisisse.

 *
Quand je joue du santouri, on peut me parler, je n'entends rien et même si j'entends, je ne peux pas parler. J'ai beau vouloir, rien à faire, je ne peux pas.
Mais pourquoi, Zorba?
-Eh! la passion!

*
Les bons comptes font les bons amis. Si tu me forces, ce sera fini. Pour ces choses-là, il faut que tu le saches, je suis un homme.
-Un homme, Qu'est-ce que tu veux dire?
-Eh bien, quoi, libre!
*

Ne ris pas patron! Si une femme couche toute seule, c'est de notre faute à nous, les hommes. On aura tous à rendre des comptes le jour du jugement dernier. Dieu pardonne tous les péchés, comme on a dit, il a l'éponge en main, mais ce péché-là, il ne le pardonne pas! Malheur à l'homme qui pouvait coucher avec une femme et qui ne l'a pas fait! patron.

*

Tu ne veux pas d'embêtements? fit Zorba stupéfait et qu'est-ce que tu veux alors?
Je ne répondis pas.
- La vie, c'est un embêtement, poursuivit Zorba, la mort, non. Vivre sais tu ce que ça veut dire? Défaire sa ceinture et chercher la bagarre.

 *
Pourquoi? Pourquoi? On ne peut donc rien faire sans pourquoi? Comme ça  pour son plaisir.
*
Tu n'as pas faim! dit Zorba en se frappant les cuisses. Mais tu ne t'es rien mis sous la dent depuis ce matin. Il faut s'occuper de son corps aussi, aie pitié de lui. Donne-lui à manger, patron, donne lui à manger, c'est notre bourricot, tu vois. Si tu ne le nourris pas, il te laissera en plan au beau milieu de la route.

 *
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"Tous les hommes ont leur folie, mais la plus grande folie, m'est avis que c'est de ne pas en avoir"

 citation Initiée par Chiffonnette
Le film de Michael Cacoyannis, adapté du roman, s'impose quand on lit le roman. On ne peut imaginer Zorba sans penser à Antony Quinn et la veuve sans voir la belle Irène Papas.

Dimanche Poétique : Nul n'entend mes cris...


Brancusi : la muse endormie


Après mon article précédent du samedi 21 Mai sur la charte des droits de la femme, j'ai eu envie de vous faire connaître ce poème qui décrit encore, hélas! la condition de la femme dans de nombreux pays de notre planète.
Je suis celle que chantent les poètes,- l'intarissable source ou puise le génie-, l'apparition, la madone, l'égérie-celle qui suscite le rêve, qui purifie l'eau trouble,-je suis le creuset, la matrice,- la vasque d'où jaillit le vers triomphant,-où résonne l'image de la musique;-je suis celle qui enfante, qui materne, celle qui enchante, l'omniprésente. -Les Hommes me pleurent et me désirent, les poètes me crient, me soupirent,-Tous me portent aux nues... Mais je ne suis pas entendue. Je suis parlée mais je ne parle pas,- je suis écrite, mais je n'écris pas.- Je suis peinte, dépeinte, sculptée,- le pinceau et le ciseau me sont étrangers.- Nul n'entend mes cris silencieux,- ne voit ma bouche béante et muette, - mes doigts crispés, mes mains ouvertes,- Mes larmes de pierre, mon coeur saigne... Je suis celle qui n'a pas de langage, celle qui n'a pas de visage, celle qui n'existe pas.. La Femme...

J'aime beaucoup cette poésie que j'ai copiée il y a bien des années dans un recueil personnel mais j'ai oublié quel en est l'auteur. Et vous, le connaissez-vous?


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Sculpture de Linda Le Kinff 

Les compagnons Troubadours du dimanche de Bookworm :

Secrets de famille d. La source cachée. L'objet du scandale



Secrets de famille  de Louisa May Alcott Editions Interférence.
Louisa May Alcott ne fut pas seulement l'auteur du betseller que nous connaissons tous,  Quatre filles du Docteur March. Elle écrivit aussi sous des pseudonymes des romans que l'on peut déjà qualifier de thrillers et qui racontent de ténébreuses histoires.
A Nurse Story  paru sous le titre français Secrets de famille illustre parfaitement ce genre littéraire. Louisa May Alcott y raconte l'histoire d'une infirmière, jeune femme bien née mais sans fortune, engagée pour prendre soin d'une jeune fille, Elinor Carruth, malade mentale. Elle découvre peu à peu qu'un affreux secret pèse sur les divers membres de la famille Carruth. Ceux-ci vivent dans l'attente d'une révélation qui les déshonorera. Un certain jeune homme, Steele, semble exercer sur eux un pouvoir machiavélique. Qui est-il? et pourquoi est-il si puissant?  Or, ce dernier tombe amoureux de la jeune infirmière...
Le récit, très court, se lit vite et agréablement. L'intrigue rappelle les romans de Wilkie Collins et d'Elizabeth Braddon même si Louisa May Alcott  n'a pas l'imagination absolument fabuleuse d'une Braddon et si elle n'ancre pas ses personnages aussi profondément dans la société de son temps qu'un Wilkie Collins. La psychologie des personnages est assez rapide mais le récit est bien mené et décline le thème de la folie et de la mort. Il présente d'autres  thèmes traités d'un manière originale :   la trahison de quelqu'un qui vous fait confiance dans un but que l'on juge moral peut-elle se justifier? Autrement dit la fin justifie-t-elle  les moyens? L'amour n'est pas toujours régénérateur, il peut être aussi source de mal et de perdition.


La source cachée de Hella S. Haasse Actes Sud

Après En la forêt de longue attente que j'ai vraiment beaucoup aimé, je me suis lancé dans la Source cachée de Hella Haasse.
Point de vue de l'éditeur : Au coeur des bois, cernée d'un rempart de végétation luxuriante, se tapit la maison Breskel. A la faveur d'une période de convalescence, Jurgen arrive dans cette ancienne propriété des grands-parents maternels de sa femme, Rina, pour vider la bâtisse inhabitée depuis des années avant de la vendre. Ensorcelé par l'atmosphère exceptionnelle des lieux, intrigué par l'histoire de cette famille qu'il connaît si peu, il se met à creuser dans le passé de ceux qui ont vécu là. Un passé d'où émerge Eline, la mère de Rina, morte des années auparavant dans des circonstances mystérieuses, un caractère passionné et romantique épris de liberté avec lequel il sent peu à peu s'établir une étrange communion. Avec une grande finesse psychologique et une sensibilité pleine de malice, Hella S. Haasse ouvre les portes de son univers très féminin à un homme qui se cherche, s'invente, se découvre et finalement se révèle, dans une maison hantée d'intuitions et de souvenirs, par la grâce magique d'une métaphore mythologique.
J'ai apprécié les descriptions  de la maison Beskel, de cette nature foisonnante, bruissante et mystérieuse.  Le style est magnifique. Pourant, si le roman ne m'a pas déplu, il ne m'a pas accrochée complètement. Pourquoi? Peut-être l'ai-je lu tropvite après En la forêt d'une longue attente alors que j'étais encore imprégnée de ce roman?  Peut-être aussi parce que les personange sont plus des idées que des êtres véritables? Un avis mitigé donc.
Voici deux liens pour aller voir des billets qui rendent pleinement hommage à ce livre:
L'or des chambres
Scriptural
                                 

L'objet du scandale de Robertson Davies Rivages

Point de vue de l'éditeur : Les mémoires de Duston Ramsay ne devraient a priori rien avoir de bien excitant. Ce délicieux professeur d'histoire affligé d'une jambe de bois n'a qu'une passion, la vie des saints. Mais cet érudit farfelu possède un pouvoir secret. Des événements insignifiants de son existence, comme une simple bataille de boules de neige, déclenchent dans la vie d'autrui, des réactions en chaîne imprévisibles et redoutables. L'objet du scandale est le premier volume de la "Trilogie de Deptford" où l'auteur déploie une maîtrise impressionnante de l'intrigue romanesque. Robertson Davies a véritablement inventé un genre nouveau, une sorte de comédie philosophique où la vie humaine est considérée d'un point de vue supérieur, comme si un démiurge malicieux consentait, pour une fois, à expliquer la manière dont il tire les ficelles de nos pauvres existences terrestres. C'est à la fois drôle et captivant, mené avec un humour et une profondeur de vues qui font de Robertson Davies, mort en 1995, l'un des plus grands prosateurs de langue anglaise.
L'objet du scandale est le premier volume de la  trilogie de Deptford.  C'est un livre complexe, d'une grande richesse et dont il est très difficile de faire un compte rendu car sa signification dépasse le récit et peut recevoir plusieurs  éclairages. La raconter le réduit. La philosophie qui se dégage du roman est passionnante. Un excellent roman.